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Hugo, comme beaucoup d’écrivains du XIXe siècle, se voulut éducateur et prophète, et même démiurge, autant que romancier. ‘’Les misérables’’, même s’ils sont un roman d'accès aisé, comme ils présentent des significations nombreuses et riches, ne le laissent pas réduire à un sens, ni même à un objet unique. Ce roman de quelques misérables est devenu une illustration et une explication de la misère, qui, pour Hugo, est tout ce qui défigure I'existence humaine (la détresse historique, la pauvreté, la corruption de Ia conscience, les «effondrements intérieurs»). Avec à la fois cordialité et grandeur, il y montra son pouvoir de s'indigner et d'imposer ses indignations, il y proposa une idéologie généreuse.

- Pour Hugo, «La philosophie ne doit pas être un encorbellement bâti sur le mystère pour le regarder à son aise, sans autre résultat que d’être commode à la curiosité.» (II, 7, 6).

- «Le livre que le lecteur a sous les yeux en ce moment, c’est, d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les exceptions ou les défaillances, la marche du mal au bien, de l’injuste au juste, du faux au vrai, de la nuit au jour, de l’appétit à la conscience, de la pourriture à la vie, de la bestialité au devoir, de l’enfer au ciel, du néant à Dieu.» (V, 1, 20).

- Hugo prétend : «La logique de la révolution […] peut conclure à la guerre, tandis que sa philosophie ne peut aboutir qu’à la paix.» (III, 4, 1).

- ‘’Les misérables’’ se résumeraient ainsi : «Point de départ : la matière, point d’arrivée : l’âme.

L’hydre au commencement, l’ange à la fin.» (V, 1, 20).

Est remarquable la forte propension d’Hugo aux maximes qui sont souvent des définitions paradoxales, des formules laconiques et creuses où il entendait résumer sa pensée.

Maximes :

- «Vrai ou faux, ce qu’on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et surtout dans leur destinée que ce qu’ils font.» (I, 1,1).

- «La nature mêle quelquefois ses effets et ses spectacles à nos actions avec une espèce d’à-propos sombre et intelligent, comme si elle voulait nous faire réfléchir.» (I, 2, 11).

- «L’âme des justes pendant le sommeil contemple un ciel mystérieux.» (I, 2, 11).

- «Le monde moral n’a pas de plus grand spectacle que celui-là : une conscience troublée et inquiète, parvenue au bord d’une mauvaise action, et contemplant le sommeil d’un juste.» (I, 2, 11).

- «Le mariage est une greffe ; cela prend bien ou mal.» (I, 3, 7).

- ‘’Confier, c’est quelquefois livrer’’ (titre de I, 4).

- «Il ne suffit pas d’être méchant pour prospérer.» (I, 4, 3).

- «Certaines natures ne peuvent aimer d’un côté sans haïr de l’autre.» (I, 4, 3).

- «La souffrance sociale commence à tout âge.» (I, 4, 3).

- «Tous les animaux sont dans l’homme et chacun d’eux est dans un homme. Quelquefois même plusieurs d’entre eux. Les animaux ne sont autre chose que les figures de nos vertus et de nos vices»

(I, 5, 5).

- «C’est surtout aux heures où l’on aurait le plus besoin de les rattacher aux réalités poignantes de la vie que tous les fils de la pensée se rompent dans le cerveau.» (I, 7, 8).

- «Le propre des spectacles sublimes, c’est de prendre toutes les âmes et de faire de tous les témoins des spectateurs.» (I, 7, 11).

- «Il y a des illusions touchantes qui sont peut-être des réalités sublimes.» (I, 8, 4).

- «La mort, c'est l'entrée dans la grande lueur.» (I, 8, 4).

- «Il y a des instincts pour toutes les rencontres de la vie.» (II, 3, 5).

- «Qui cherche le mieux peut trouver le pire» (II, 3, 10).

- «Les enfants acceptent tout de suite et familièrement la joie et le bonheur, étant eux-mêmes naturellement bonheur et joie.» (II, 4, 2).

- «Deux malheurs mêlés font du bonheur.» (II, 4, 3).

- «Les meilleurs ne sont pas exempts d’une pensée égoïste.» (II, 4, 3).

- «Une pièce de cinq francs qui tombe à terre fait du bruit,» (II, 4, 5) - ‘’À chasse noire, meute muette’’ (titre de II, 5).

- «Toutes les situations extrêmes ont leurs éclairs qui tantôt nous aveuglent, tantôt nous illuminent.»

(II, 5, 5)

- «À ces chiens toujours en chasse, le loup d’aujourd’hui fait oublier le loup d’hier.» (II, 5, 10).

- «Le propre de la vérité, c’est de n’être jamais excessive.» (II, 7, 3).

- «La philosophie ne doit pas être un encorbellement bâti sur le mystère pour le regarder à son aise, sans autre résultat que d’être commode à la curiosité.» (II, 7, 6).

- ‘’Les cimetières prennent ce qu’on leur donne’’ (titre de II, 8).

- «Il ne suffit pas d’être ivrogne pour être immortel.» (II, 8, 5).

- «La joie que nous inspirons a cela de charmant que, loin de s’affaiblir comme tout reflet, elle nous revient plus rayonnante.» (II, 8, 9).

- «Il est certain qu’un des côtés de la vertu aboutit à l’orgueil. Il y a là un pont bâti par le diable.» (II, 8, 9).

- «Qu’est-ce que l’idéal? C’est Dieu. / Idéal, absolu, perfection, infini ; mots identiques.» (II, 7, 6).

- «L’absolu, par sa rigidité même, pousse les esprits vers l’azur et les fait flotter dans l’illimité.» (III, 4, 1).

- «Rien n’est tel que le dogme pour enfanter le rêve. Et rien n’est tel que le rêve pour engendrer l’avenir. Utopie aujourd’hui, chair et os demain.» (III, 4, 1).

- «L’arrière-pensée du pouvoir rencontre dans la sape l’arrière-pensée du peuple. L’incubation des insurrections donne la réplique à la préméditation des coups d’état.» (III, 4, 1).

- «La logique de la révolution […] peut conclure à la guerre, tandis que sa philosophie ne peut aboutir qu’à la paix.» (III, 4, 1).

- «Un incendie peut faire une aurore sans doute, mais pourquoi ne pas attendre le lever du jour? Un volcan éclaire, mais l’aube éclaire encore mieux» (III, 4, 1).

- «’’Il faut que le bien soit innocent’’» répétait Combeferre. (III, 4, 1)

- «Si Ia grandeur de la révolution, c’est de regarder fixement I'éblouissant idéal et d'y voler à travers les foudres, avec du sang et du feu à ses serres, la beauté du progrès, c'est d'être sans tache.» (III, 4, 1).

- «Un sceptique qui adhère à un croyant, cela est simple comme la loi des couleurs complémentaires.

Ce qui nous manque nous attire. Personne n’aime le jour comme l’aveugle. La naine adore le tambour-major. Le crapaud a toujours les yeux au ciel ; pourquoi? Pour voir voler l’oiseau.» (III, 4, 1).

- «La rêverie n’empêche pas un cabriolet de passer, et le songeur de remarquer le cabriolet.» (III, 4, 2).

- «La jeunesse est la saison des promptes soudures et des cicatrisations rapides.» (III, 4, 3).

- «L’âme aide le corps, et à de certains moments le soulève. C’est le seul oiseau qui soutienne sa cage.» (III, 5, 2).

- «On jugerait bien plus sûrement un homme d'après ce qu'il rêve que d'après ce qu'il pense.» (III, 5, 5).

- «Les invalides eux-mêmes peuvent être heureux.» (III, 6, 8).

- «Les sociétés humaines ont toutes ce qu’on appelle dans les théâtres ‘’un troisième dessous’’. Le sol social est partout miné, tantôt pour le bien, tantôt pour le mal. Ces travaux se superposent. Il y a les mines supérieures et les mines inférieures. Il y a un haut et un bas dans cet obscur sous-sol qui

s’effondre parfois sous la civilisation, et que notre indifférence et notre insouciance foulent aux pieds.» (III, 7, 1).

- «Les volcans sont pleins d’une ombre capable de flamboiement. Toute lave commence par être nuit.» (III, 7, 1).

- «Détruisez la cave Ignorance, vous détruisez la taupe Crime.» (III, 7, 2).

- «La première élégance, c’est l’oisiveté ; l’oisiveté d’un pauvre, c’est le crime.» (III, 7, 3).

- «Jamais parmi les animaux la créature née pour être une colombe ne se change en une orfraie.

Cela ne se voit que parmi les hommes.» (III, 8, 4).

- «Ce bonheur de se vanter de quelque chose, auquel nulle créature humaine n’est insensible.» (III,8, 4).

- «L’homme, à l’état rêveur, est naturellement prodigue et mou ; […] Il y a, dans cette façon de vivre, du bien mêlé au mal, car, si l’amollissement est funeste, la générosité est saine et bonne. Mais l’homme pauvre, généreux et noble, qui ne travaille pas, est perdu. Les ressources tarissent, les nécessités surgissent. Pente fatale où les plus honnêtes et les plus fermes sont entraînés comme les plus faibles et les plus vicieux, et qui aboutit à l’un de ces deux trous, le suicide et le crime.» (IV, 2, 1).

- «L’âme qui aime et qui souffre est à l’état sublime.» (IV, 2, 1).

- «Il y a de ces congélations subites dans l’état rêveur qu’un mot suffit à produire.» (IV, 2, 1).

- ‘’Secours d’en bas peut être secours d’en haut.’’ (titre de IV, 4).

- «Blessure au dehors, guérison au dedans.» (IV, 4,1).

- «Qui sait si l'homme n'est pas un repris de justice divine?» (IV, 7, 1).

- «Les petits détails [ ... ] sont, pour ainsi parler, le feuillage des grands événements.» (IV, 10, 2).

- «Le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième sera heureux.» (V, 1, 4).

- «De toutes les choses que Dieu a faites, le cœur humain est celle qui dégage le plus de lumière, hélas ! et le plus de nuit.» (IV, 8, 1).

- «C’est une erreur de croire que la passion, quand elle est heureuse et pure, conduit l’homme à un état de perfection ; elle le conduit simplement, nous l’avons constaté, à un état d’oubli. Dans cette situation, l’homme oublie d’être mauvais, mais il oublie aussi d’être bon. La reconnaissance, le devoir, les souvenirs essentiels et importuns, s’évanouissent.» (IV, 8, 3).

- «La nature hérissée et fauve s’effare à de certaines approches où elle croit sentir le surnaturel.» (IV, 8, 5).

- «Quelquefois le peuple se fausse fidélité à lui-même. La foule est traître au peuple.» (IV, 10, 2).

- «Parole enchaînée, c’est parole terrible. L’écrivain double et triple son style quand le silence est imposé par un maître au peuple. Il sort de ce silence une certaine plénitude mystérieuse qui filtre et se fige en airain dans la pensée. La compression dans l’histoire produit la concision dans l’historien.

La solidité granitique de telle prose célèbre n’est autre chose qu’un tassement fait par le tyran. La tyrannie contraint l’écrivain à des rétrécissements de diamètre qui sont des accroissements de force.

[…] Moins d’envergure dans la phrase, plus d’intensité dans le coup. […] L’honnêteté d’un grand cœur, condensée en justice et en vérité, foudroie.» (IV, 10, 2).

- «Rien n’est tel que la main populaire pour bâtir tout ce qui se bâtit en démolissant.» (IV, 12, 3).

- «Les grands périls ont cela de beau qu’ils mettent en lumière la fraternité des inconnus.» (IV, 12, 4).

- «Les attroupements, comme on sait, font boule de neige et agglomèrent en roulant un tas d’hommes tumultueux.» (IV, 12, 8).

- «Il y a une dilatation de pensée propre au voisinage de la tombe ; être près de la mort, cela fait voir vrai.» (IV, 12, 3).

- «La guerre civile? qu’est-ce à dire? Est-ce qu’il y a une guerre étrangère? Est-ce que toute guerre entre hommes n’est pas la guerre entre frères? La guerre ne se qualifie que par son but. Il n’y a ni guerre étrangère, ni guerre civile ; il n’y a que la guerre injuste et la guerre juste. Jusqu’au jour où le grand concordat humain sera conclu, la guerre, celle du moins qui est l’effort de l’avenir qui se hâte contre le passé qui s’attarde, peut être nécessaire. Qu’a-t-on à reprocher à cette guerre-là? La guerre devient honte, l’épée ne devient poignard que lorsqu’elle assassine le droit, le progrès, la raison, la civilisation, la vérité. Alors, guerre civile ou guerre étrangère, elle est inique ; elle s’appelle le crime.

En dehors de cette chose sainte, la justice, de quel droit une forme de la guerre en mépriserait-elle une autre? […] Flétrira-t-on, sans s’inquiéter du but, toute prise d’armes dans l’intérieur de la cité?

[…] Guerre de buissons? guerre de rues? Pourquoi pas? […] La monarchie, c’est l’étranger ; l’oppression, c’est l’étranger ; le droit divin, c’est l’étranger. Le despotisme viole la frontière morale comme l’invasion viole la frontière géographique. […] Il vient une heure où protester ne suffit plus ; après la philosophie il faut l’action ; la vive force achève ce que l’idée a ébauché. […] Les multitudes ont une tendance à accepter le maître. Leur masse dépose de l'apathie. Une foule se totalise aisément en obéissance. Il faut les remuer, les pousser, rudoyer les hommes par le bienfait même de leur délivrance, leur blesser les yeux par le vrai, leur jeter la lumière à poignées terribles. Il faut qu'ils soient eux-mêmes un peu foudroyés par leur propre salut ; cet éblouissement les réveille. De là la nécessité des tocsins et des guerres. Il faut que de grands combattants se lèvent, illuminent les nations par l'audace, et secouent cette triste humanité que couvrent d'ombre le droit divin, la gloire césarienne , la force, le fanatisme, le pouvoir irresponsable et les majestés absolues ; cohue stupidement occupée à contempler, dans leur splendeur crépusculaire, ces sombres triomphes de la nuit. À bas le tyran ! Mais quoi? de qui parlez-vous? Appelez-vous Louis-Philippe tyran? Non ; pas plus que Louis XVI. Ils sont tous deux ce que I'histoire a coutume de nommer de bons rois ; mais les principes ne se morcellent pas, la Iogique du vrai est rectiligne, le propre de la vérité, c'est de manquer de complaisance ; pas de concession donc ; tout empiètement sur l'homme doit être réprimé ; il y a Ie droit divin dans Louis XVI, il y a Ie ‘’parce que Bourbon’’ dans Louis-Philippe ; tous deux représentent dans une certaine mesure la confiscation du droit, et pour déblayer I'usurpation universelle, il faut les combattre ; il le faut, la France étant toujours ce qui commence. Quand le maître tombe en France, il tombe partout. En somme, rétablir la vérité sociale, rendre son trône à la liberté, rendre le peuple au peuple, rendre à I'homme Ia souveraineté, replacer la pourpre sur la tête de la France, restaurer dans leur plénitude la raison et l'équité, supprimer tout germe d'antagonisme en restituant chacun à lui-même, anéantir l’obstacle que la royauté fait à I'immense concorde universelle, remettre le genre humain de niveau avec le droit, quelle cause plus juste, et, par conséquent, quelle guerre plus grande? Ces guerres-là construisent la paix. Une énorme forteresse de préjugés, de privilèges, de superstitions, de mensonges, d'exactions, d'abus, de violences, d'iniquités, de ténèbres, est encore debout sur le monde avec ses tours de haine. Il faut la jeter bas. Il faut faire crouler cette masse monstrueuse. Vaincre à Austerlitz, c'est grand, prendre la Bastille, c'est immense.» (IV, 13, 3).

- «ll n’est personne qui ne l'ait remarqué sur soi-même, l’âme, et c'est là la merveille de son unité compliquée d'ubiquité, a cette aptitude étrange de raisonner presque froidement dans les extrémités les plus violentes, et il arrive souvent que la passion désolée et le profond désespoir, dans l’agonie même de leurs monologues les plus noirs, traitent des sujets et discutent des thèses. La logique se mêle à la convulsion, et le fil du syllogisme flotte sans se casser dans l’orage lugubre de la pensée.»

(IV, 13, 3).

- «On se rassure presque aussi follement qu’on s’inquiète ; la nature humaine est ainsi.» (IV, 15, 1).

- «La divination du désespoir est une sorte d’arc mystérieux qui ne manque jamais son coup.» (IV, 15, 1).

- «Les grandes douleurs contiennent de l’accablement. Elles découragent d’être. L’homme chez lequel elles entrent sent quelque chose se retirer de lui. Dans la jeunesse leur visite est lugubre ; plus tard, elle est sinistre. Hélas, quand le sang est chaud, quand les cheveux sont noirs, quand la tête est droite sur le corps comme la flamme sur le flambeau, quand le rouleau de la destinée a encore presque toute son épaisseur, quand le coeur, plein d'un amour désirable, a encore des battements qu'on peut lui rendre, quand on a devant soi le temps de réparer, quand toutes les femmes sont là, et tous les sourires, et tout l'avenir, et tout l'horizon, quand la force de la vie est complète, si c'est une chose effroyable que le désespoir, qu'est-ce donc dans sa vieillesse, quand les années se précipitent de plus en plus blémissantes, à cette heure crépusculaire oir I'on commence à voir les étoiles de la tombe !» (IV, 15, 1).

- «Il n’est pas de penseur qui n’ait parfois contemplé les magnificences d’en bas.» (V, 1, 1).

- «Cette facilité de prophétie triomphante qui est une des forces du français combattant.» (V, 1,3).

- «La parole étant souffle, les frémissements d’intelligence ressemblent à des frémissements de feuilles.» (V, 1, 5).

- «D’où poussera-t-on le cri de l’amour, si ce n’est du haut du sacrifice?» (V, 1, 6).

- «Un homme sans femme, c’est un pistolet sans chien ; c’est la femme qui fait partir l’homme» (V, 1, 14).

- «C’est une chose inouïe qu’on puisse être froid comme la glace et hardi comme le feu» (V, 1, 14).

- «Toute épée a deux tranchants ; qui se blesse avec l’un se blesse à l’autre.» (V, 1, 20).

- «La victoire, quand elle est selon le progrès, mérite l’applaudissement des peuples ; mais une défaite héroïque mérite leur attendrissement.» (V, 1, 20).

- «L’acceptation de l’agonie en pleine jeunesse et en pleine santé fait de l’intrépidité une frénésie.»

(V, 1, 21).

- «Il n’y a pas de plus violent prodigue qu’un avare qui prend le mors aux dents ; il n’y a pas d’homme plus effrayant dans l’action qu’un songeur.» (V, 1, 21).

- ‘’L’intestin de Léviathan’’ (titre de V, 2).

- «Pour le sable comme pour la femme il y a une finesse qui est perfide.» (titre de V, 3, 5).

- «Quelquefois on échoue où l’on croit débarquer» (titre de V, 3, 7).

- «La destinée a de certaines extrémités à pic sur l’impossible, et au-delà desquelles la vie n’est plus qu’un précipice.» (V, 4).

- «Les prédestinations ne sont pas toutes droites ; elles ne se développent pas en avenue rectiligne devant le prédestiné ; elles ont des impasses, des coecums, des tournants obscurs, des carrefours inquiétants offrant plusieurs voies. Jean Valjean faisait halte en ce moment au plus périlleux de ces carrefours.» (V, 6, 4).

- «L’obéissance de la matière est limitée par le frottement ; est-ce qu’il n’y a pas une limite à l’obéissance de l’âme? Si le mouvement perpétuel est impossible, est-ce que le dévouement perpétuel est exigible?» (V, 6, 4).

- «Le martyre est une sublimation, sublimation corrosive. C’est une torture qui sacre.» (V, 6, 4).

- «Dans ce défilé de condamnés qu’on appelle la destinée humaine, deux fronts peuvent passer l’un près de l’autre, l’un naïf, l’autre formidable, l’un tout baigné des divines blancheurs de l’aube, l’autre à jamais blémi par la lueur d’un éternel éclair?» (V, 7, 2).

- «Beaucoup d’hommes ont ainsi un monstre secret, un mal qu’ils nourrissent, un dragon qui les ronge, un désespoir qui habite leur nuit. Tel homme ressemble aux autres, va, vient. On ne sait pas qu’il a en lui une effroyable douleur parasite aux mille dents, laquelle vit dans ce misérable, qui en meurt. On ne sait pas que cet homme est un gouffre. Il est stagnant mais profond. De temps en temps un trouble auquel on ne comprend rien se fait à sa surface. Une ride mystérieuse se plisse, puis s’évanouit, puis reparaît ; une bulle d’air monte et crève. C’est peu de chose, c’est terrible. C’est la respiration de la bête inconnue.» (V, 8, 2).

- «Ce qu’on appelle beaucoup trop durement, dans certains cas, l’ingratitude des enfants, n’est pas toujours une chose aussi reprochable qu’on le croit. C’est l’ingratitude de la nature [qui] ‘’regarde devant elle’’. La nature divise les êtres vivants en arrivants et en partants. Les partants sont tournés vers l’ombre, les arrivants vers la lumière. De là un écart qui, du côté des vieux, est fatal, et, du côté des jeunes, involontaire. Cet écart, d’abord insensible, s’accroît lentement comme toute séparation de branches. Les rameaux, sans se détacher du tronc, s’en éloignent. Ce n’est pas de leur faute. La jeunesse va où est la joie, aux fêtes, aux vives clartés, aux amours. La vieillesse va à la fin. On ne se perd pas de vue, mais il n’y a plus d’étreinte. Les jeunes gens sentent le refroidissement de la vie ; les vieillards celui de la tombe. N’accusons pas ces pauvres enfants.» (V, 9, 1).

- «Le sépulcre peut avoir son éblouissement.» (V, 9, 5).

pour prendre un nouvel élan et affirmer : «Le livre que le lecteur a sous les yeux en ce moment, c’est, d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les

pour prendre un nouvel élan et affirmer : «Le livre que le lecteur a sous les yeux en ce moment, c’est, d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les

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