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Dans ‘’Les misérables’’, qui sont aussi, pour reprendre le vocabulaire balzacien, une «étude de mœurs», Hugo, qui reprit à son compte le réalisme d’Eugène Sue, donna une évocation de la réalité qui est pittoresque et, le plus souvent, vraie. Il brossa une fresque sociale complète, entraînant le lecteur au cœur de l’Histoire, de la politique, de la géographie de Paris, avec une vivacité inégalée.

Dans ‘’Les misérables’’, Hugo déploya un lexique et des références nourris de sa vaste culture. Il fit des emprunts à différents domaines :

L’Asie :

- «avatar» (IV, 6, 1) : du sens que le terme a en Inde, où il désigne l’incarnation d'un dieu hindou, il prit le sens figuré qu’il a ici : «transformation», «métamorphose».

- «brahmanisme» (V, 1, 21) : à strictement parler, il s’agit de la deuxième des trois phases historiques distinguées habituellement dans le développement de la religion des hindous, mais Hugo l’utilise en son sens large de système social et religieux des hindous orthodoxes ; il évoque, non sans un certain pédantisme, «cet enfer du brahmanisme, le plus redoutable des dix-sept abîmes, que le Véda appelle la Forêt des Épées.» Le Veda (mot sanskrit signifiant «vision» ou «connaissance») est un ensemble de textes qui auraient été révélés aux sages indiens ou brahmanes.

- «talapoin» (II, 7, 3) : pour les Européens des XVIIe et XVIIIe siècles, «prêtre bouddhiste de Birmanie ou du Siam».

La Bible :

- «Apocalypse» : livre du Nouveau Testament intitulé ‘’Apocalypse de Jean’’ qui évoque une fin du monde violente, «période de bouleversement total» ; d’où la mention du «formidable char fulgurant de l’Apocalypse» (IV, 3, 8) et d’une «apocalypse» (III, 4, 1), tandis que «Les forêts sont des apocalypses» (II, 3, 5).

- «géhenne» (V, 3, 7) : nom d’une vallée étroite et profonde située près de Jérusalem, lieu où de longue date se célébraient des cultes idolâtres, qui devint dans la littérature juive un lieu de terribles souffrances, la demeure des pécheurs après leur mort. Ce nom, sous l'influence de la pensée grecque, se confondit avec les Enfers dans la pensée chrétienne, puis musulmane.

- «flamboyant glaive d’archange» (V, 1, 12) : dans la Bible, à plusieurs occasions, sont mentionnés des anges ou des archanges fermant le passage de leurs épées enflammées.

- «Goliath» (III, 8, 20) : géant qui se battit avec David (chapitre 17 du premier livre de Samuel).

- «Jacob» et sa lutte avec l’ange (V, 6, 4) : épisode du chapitre 32 de la ‘’Genèse’’, dont le sens est mystérieux mais qu’on peut interpréter comme un combat avec Dieu, Jacob ayant été surnommé Israël, nom qui signifie «Que Dieu lutte, se montre fort».

- «limbes» (III, 1, 5) : venant du latin «limbus» («marge», «frange»), le mot désigne, dans l’Évangile, un séjour situé aux limites du paradis et réservé aux enfants morts sans baptême, ainsi qu’aux justes de l’Ancien Testament» ; par extension, le mot désigne un «lieu vague aux frontières indécises».

- «le prophète […] dans le ventre du monstre» (V, 3, 1) : c’est Jonas (dans le ‘’Livre de Jonas’’) qui fut recueilli dans le ventre d’un grand poisson (souvent vu comme une baleine) durant trois jours et trois nuits.

- «Sinaï» (V, 1, 1) : montagne de la péninsule du Sinaï surtout célèbre dans la tradition biblique pour avoir été le lieu où Moïse reçut les Dix Commandements (‘’Exode’’, 3 et 19).

- «statue de sel» (I, 2, 11) : allusion à l’épisode de la ‘’Genèse’’ où la femme de Loth, se retournant dans sa fuite, est changée en statue de sel.

L’Égypte :

- «Isis» : «déesse protectrice et salvatrice de la mythologie égyptienne» ; il est fait allusion à sa robe sacrée» (III, 6, 8).

- «sphinx» (IV, 10, 2) : «le sphinx sur son piédestal» est ici le monument égyptien.

La Grèce :

- «acropole» (V, 1, 1) : du gec ἀκρόπολις / akrópolis, signifiant «ville haute», citadelle construite sur la partie la plus élevée et la mieux défendue d'une cité de la Grèce antique, servant de refuge ultime aux populations lors des attaques.

- «amphore» (III, 1, 4) : «vase à deux anses, au col mince, de forme allongée et terminé en pointe».

- «Antée» (V, 1, 15) : «géant fabuleux qui avait la particularité d'être pratiquement invincible tant qu'il restait en contact avec le sol, car sa mère, la Terre, ranimait ses forces chaque fois qu'il la touchait».

- «Antinoüs» (III, 4, 1) : jeune homme originaire de Bithynie ayant vécu au IIe siècle apr. J.-C., qui fut le favori et amant de l'empereur Hadrien, et mourut âgé de vingt ans environ, noyé dans le Nil, dans des circonstances qui restent mystérieuses ; divinisé par Hadrien, il fut représenté par un grand nombre d'œuvres d'art qui en firent l'un des visages les plus célèbres de l'Antiquité.

- «béotien» (III, 1, 4) : «personne lourde, peu ouverte aux arts et aux lettres, de goûts grossiers», et son contraire : «ionien» (III, 1, 4), «personne gracieuse, de culture raffinée, de goûts délicats».

- «Busiris» (IV, 8, 6) : roi légendaire d'Égypte célèbre pour ses cruautés, qui immolait à Zeus tous les étrangers qui abordaient ses États.

- «Charybde» et «Scylla» (titre de V, 1, 1) : deux monstres marins de la mythologie grecque, situés de part et d'autre d'un détroit traditionnellement identifié comme étant celui de Messine. La légende est à l'origine de l'expression «tomber de Charybde en Scylla», qui signifie «aller de mal en pis».

- «chimère» (III, 4, 1 - V, 1, 5) : d’abord monstre mythologique («la triple Chimère antique» [V, 1, 5])., puis «illusion», «projet irréaliste», «billevesée», «fantaisie» (III, 4, 1).

- «démos» (V, 1, 1) : «le peuple».

- «Diogène» (III, 8, 17) : philosophe grec présenté tantôt comme un philosophe «clochard», débauché, hédoniste et irréligieux, tantôt comme un ascète sévère, volontaire, voire héroïque.

- «dithyrambe» (III, 3, 1) : «louange enthousiaste, et le plus souvent excessive».

- «élégie» (III, 3, 1) : «poème de ton plaintif» ; il est particulièrement adapté à l’évocation d’un mort ou à l’expression d’une souffrance amoureuse due à un abandon ou à une absence.

- «éleusiaque» (III, 1, 8) : «propre à Éleusis», ville de Grèce où se tenaient des rites secrets, les mystères d’Éleusis.

- «épiphonème» (I, 7, 3 - V, 3, 2) : «exclamation sentencieuse qui termine un développement».

- «faunes de Théocrite» (III, 6, 8) : «dieux champêtres figurés avec des oreilles de chèvre ou du moins des oreilles plus grandes qu'à l'ordinaire, et, à l’endroit où finit l’épine du dos, une petite queue» ; ils furent évoqués en particulier par Théocrite, poète bucolique grec.

- «gorgone» (I, 5, 8) : les Gorgones étaient, dans la mythologie grecque, des créatures fantastiques malfaisantes et d'une telle laideur que quiconque osait les regarder en plein visage mourait pétrifié.

- «hippanthrope» (II, 1, 9) : mot forgé par Hugo qui signifie «homme-cheval», «centaure».

- «histrion» (III, 3, 6) : mauvais comédien, personnage qui se donne en spectacle en usant d’effets outranciers.

- «hydre» (V, 6, 4) : «serpent fabuleux».

- «ochlocratie» (V, 1, 1) : venu du grec ancien («okhlos», foule et «cratia», pouvoir), le mot désigne une forme de gouvernement dans lequel la multitude, la populace, a tous les pouvoirs, et peut imposer tous ses désirs.

- «Olympe» (II, 1, 9 - III, 1, 3) : la plus haute montagne de Grèce, qui était traditionnellement le domaine des dieux de la mythologie grecque.

- Oreste et Pylade, amis exemplaires de la mythologie, évoqués dans ‘’Oreste à jeun et Pylade ivre’’, titre de V, 1, 23, tandis que «Grantaire était un Pylade point accepté.» (III, 4, 1).

- «Ossa sur Pélion» (V, 1, 1) : montagnes que, dans la mythologie grecque, les géants et frères jumeaux Otos et Éphialtès, voulant escalader le ciel, entassèrent l’un sur l’autre et sur l'Olympe, avant d’être foudroyés par Zeus.

- «Panathénées» (III, 1, 8) : «festivités religieuses et sociales de la cité d'Athènes».

- «pandémonium» (IV, 3, 8) : ce mot, formé à partir du grec ancien «πᾶν» / «pân πᾶν» («tout»), et

«δαίμων» / «daímôn» («démon»), apparut en 1667 sous la plume de l’anglais John Milton dans ‘’Le paradis perdu’’ pour désigner la capitale imaginaire des enfers où Satan invoque le conseil des démons. Depuis, ce mot fut également utilisé pour désigner un lieu où règne corruption, chaos et désordre.

- «polype» (II, 1, 9) : «organisme animal en forme de sac ou de bourse dont l’ouverture est entourée de tentacules» (sans doute ce que Hugo appela des «anneaux»).

- «polytechnique» (III, 4, 1) : au sens propre : «qui possède des connaissances de tout ordre».

- «Sisyphe» (V, 1, 1) : Personnage de la mythologie qui, raconte l’Odyssée, pour avoir osé défier les dieux, fut condamné à faire rouler éternellement, dans le Tartare, un rocher jusqu'en haut d'une colline dont il redescendait chaque fois avant de parvenir à son sommet.

- «sphinx» (IV, 1, 1) : ici, c’est, dans la mythologie grecque, la fille de Typhon et d'Échidna, représentée avec un buste de femme, un corps de lion et des ailes d'oiseau, qui, à la suite du meurtre du roi de Thèbes, Laïos, commence à ravager les champs et à terroriser la population, lui posant une énigme, tuant quiconque échouant à la résoudre, déclarant qu'elle ne quitterait la province que lorsque quelqu'un y serait parvenu.

- «Styx» (I, 5, 5) : «fleuve des Enfers chez les Grecs» ; il faut remarquer que, pour eux, les Enfers étaient le séjour des morts en général et non des damnés seulement.

- «thébaïde» (III, 1, 5) : du fait de la Thébaïde, région de la Haute Égypte où vécurent de nombreux ermites, le mot désigne ici «un lieu écarté où l'on peut se retirer».

- ‘’Thermopyles’’ (IV, 12, 3 - V, 1, 5) : bataille où, le 11 août -480, une armée des cités grecques (7 000 fantassins et aucun cavalier, avec une flotte de 271 trirèmes en soutien) tenta de retenir, à l'entrée du défilé des Thermopyles qui commande l'accès de la Grèce centrale, le long de la mer Égée, la grande armée perse de Xerxès Ier (500 000 fantassins, 50 000 cavaliers et 1 200 trirèmes).

C’est l'un des plus célèbres faits d'armes de l'histoire antique.

- «les Titans» (II, 1, 9 - V, 1, 21) : dans la mythologie grecque, divinités primordiales géantes, fils d'Ouranos et de Gaïa, qui ont précédé les dieux de l'Olympe.

- «Troie» (V, 1, 21) : ville contre laquelle les Grecs menèrent une lutte de dix ans, qu’ils assiègèrent et prirent finalement.

Le monde latin à travers des mots ou des phrases (souvent des citations) :

- «Acarus» (II, 8, 3) : parasite de l’ordre des acariens (et non «ver de terre» comme le prétendit Hugo).

- «ad nutum, ad primum signum» (II, 6, 2) : la traduction est donnée par Hugo : «au geste, au premier signe».

- «Alleluia» (III, 1, 3) : transcription en latin ecclésiastique de l’hébreu «Hallelou Yah» («Louez Dieu»).

- «ambubaïes» (I, 6, 1) : du latin «ambubaiae», «joueuses de flûte, courtisanes». Hugo se souvint peut-être du début d’une satire d’Horace (I, 2, 1) : «Ambubaiarum collegia…».

- «Ambubaiarum collegia, pharmacopolae, mendici, mimae» (III, 7, 4) : «Les troupes de joueuses de flûte, les marchands de drogues, les quêteurs, les actrices de mimes…» (Horace, ‘’Satires’’, I, 2, 1-2).

- «Amor omnibus idem» (I, 3, 8) : «L’amour est le même pour tous» (Virgile, ‘’Géorgiques’’, III, 244).

- «aruspices» (II, 7, 3) : chez les Romains, «ministres de la religion chargés de chercher, avant le sacrifice, des présages dans les mouvements de l’animal, et dans l'inspection de ses entrailles après qu'elle ait été immolée».

- «Asinarium» (III, 1, 10) : mot forgé par Hugo. Mais il y avait à Rome une via Asinaria («voie des ânes»).

- «Barbari et Barberini» (III, 4, 1) : réduction de «Quod non fecerunt barbari, fecerunt Barberini» : «Ce que n’ont pas fait les Barbares, les Barberini l’ont fait.», un des leurs, le pape Urbain VIII, s’étant vu reproché d’avoir pris d’anciennes poutres de bronze du Panthéon pour les utiliser pour le baldaquin de la basilique de Saint-Pierre.

- «Bos cretatus» (II, 7, 3) : «bœuf blanchi à la craie». Souvenir probable de Juvénal : «duc in Capitolia magnum / cretatunque bovem» : «Conduis au Capitole un bœuf énorme et blanchi à la craie»

(‘’Satires’’, X, 65-66). Les victimes destinées aux dieux du ciel (ici à Jupiter) devaient être de couleur claire ; mais Hugo se trompe : les aruspices, dont la fonction était divinatoire, n’avaient rien à voir avec cet usage des sacrifices.

- «Brutus» (IV, 14, 1) : Romain qui décida, par fidélité aux principes républicains, de fomenter un coup d'État «légaliste» contre le dictateur qu’était César.

- «Castratus ad castra» (III, 4, 1) : «Le châtré au camp».

- «casus belli» (I, 3, 7) : «cas de guerre».

- «Christus nos liberavit» (I, 5, 11) : «Le Christ nous a affranchis» (saint Paul, ‘’Gal.’’, V, 1).

- «commensal» (I, 4, 3) : «compagnon de table».

- «Contra Gracchos Tiberim habemus. Bibere Tiberim, il est seditionem oblivisci.» (III, 1, 10) : «Contre les Gracques nous avons le Tibre. Boire le Tibre, c’est oublier la sédition.»

- «Currit rota» (III, 1, 4) : «La roue tourne», expression empruntée à l’‘’Art poétique’’ d’Horace.

- «Deo erexit Voltaire» (II, 7, 8) : «Voltaire a érigé [cette église] à Dieu.» Inscription gravée sur la façade de l’église de Ferney, élevée par Voltaire en 1770.

- «De profundis» (II, 8, 6) : «Des profondeurs». Début d’un psaume qui devint un chant funèbre de la liturgie catholique.

- «Ecce Paris, ecce homo» (III, 1, 10) : «Voici Paris, voici l’homme.» Ainsi Paris était assimilé à la fois au Christ et à l’humanité entière.

- «Est modus in rebus» (I, 3, 7) : «Il y a une mesure en tout» (Horace, ‘’Satire’’, 1, 106).

- «Et lux perpetua luceat ei.» (II, 8, 6) : «Et que la lumière sans fin luise pour elle.»

- «facit indignatio» (IV, 10, 2) : «L’indignation fait» (Juvénal, ‘’Satires’’, I, 79).

- «Fex urbis» (III, 1, 12) : «Lie de la ville» (Cicéron, ‘’Ad Att.’’, I, 16, 11).

- «Fex urbis, lex orbis» (V, 1,1) : «Lie de la ville, loi du monde.» (saint Jérôme).

- «Fodit, et in fossa thesauros condit opaca, / As, nummos, lapides, cadaver, simulacra, nihilque» (II, 2, 2) : «Il creuse, et, dans une fosse obscure, cache des trésors / Un sou, des pièces, des cailloux, un

cadavre, des images et rien». Il s’agit de vers de Tryphon, qui écrit en effet un «latin barbare», employant «as» pour «assem».

- «Foliis ac frondibus» (IV, 3, 3) : «De feuilles et de branchages», souvenir de Lucrèce, ‘’De rerum natura’’, V, 971).

- «gémonies» (III, 1, 10 - IV, 3, 8) : «escalier de la Rome impériale, où les corps des suppliciés étaient exposés publiquement» ; d’où «gémonies» (IV, 3, 8) : «condamnations».

- «graeculus» (III, 1, 10) : diminutif méprisant de «Graecus», Grec.

- «Gula» (II, 1, 7) : bouche. «Gulax» (I, 3, 7) est un barbarisme de Tholomyès, et peut-être de Hugo.

- «Hanc igitur oblationem» (II, 8, 3) : «Cette offrande donc». Ce sont, au cours de la messe, les premières paroles des prières préparatoires à la consécration.

- «Hercle» (IV, 11, 4) : «Par Hercule». Mais Bahorel prétend que «Cela veut dire sacré nom d’un chien en latin.»

- «Hic jaceo, vixi annos viginti et tres» (II, 6, 11) : «Je gis ici, j’ai vécu vingt-trois ans.»

- «Hoc erat in fatis» (II, 1, 13) : «Cela était dans les destins» (à peu près inspiré de la formule d’Horace : «Hoc erat in votis» (‘’Satire’’, II, 6, 1).

- «‘’Homo’’ et ‘’Vir’’» (III, 4, 1) : «Être humain et mâle».

- «Homuncio» (III, 1, 1) : Petit être. On trouve l’expression chez Pétrone, Juvénal, Cicéron, et, alors que Hugo ajouta : «dirait Plaute», celui-ci (dans ‘’Captifs’’, 51, ‘’Rudens’’, 66), employa plutôt

«homunculus».

- «Hortus conclusus» (II, 6, 11) : «Jardin fermé», expression empruntée au ‘’Cantique des cantiques’’

(IV, 12) : «C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée…».

- «Immortale jecur» (titre de V, 6, 4) : «Foie immortel». Début d’un vers de Virgile (‘’Énéide’’, VI, 598) dans un passage où il évoque le supplice de Tityos, condamné aux enfers à avoir le foie sans cesse rongé par «un monstrueux vautour». Pour les Anciens, le foie était, comme notre cœur, le siège des passions. On pourrait donc traduire : «cœur immortel».

- «Imparibus meritis pendent tria corpora ramis : / Dismas et Gesmas, medis est divina potestas ; / Alta petit Dismas, infelix, infima Gesmas. / Nos et res nostras conserver summa potestas. / Hos versus dicas, ne tu furto tua perdas.» (II, 6, 6) : «De mérite inégal, trois corps sont pendus à des arbres (des croix) : Dismas et Gesmas, au milieu d’eux la divine puissance ; Au ciel aspire Dismas, à l’enfer l’infortuné Gesmas. Nous et nos biens, que nous garde la suprême puissance. Dis ces vers pour qu’un vol ne te fasse pas perdre tes biens.»

- «incitatus» (III, 4, 4) : «lancé au galop».

- «Inferi» (III, 7, 1) : «Les enfers».

- «in-folio» (I, 2, 11) : «livre obtenu par une feuille d’impression pliée en deux, formant quatre pages»

(dimensions : un mètre par quatre-vingt centimètres).

- «Ingens» (IV, 1, 5) : «Énorme», terme avec lequel Virgile, dans l’’Énéide’’, décrivit Polyphème.

- «Initium sapientiae» (III, 4, 3) : «Commencement de la sagesse» : fin d’une formule de l’Écriture :

«La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse» (‘’Proverbes’’, I, 7 - ‘’Ecclésiaste’’, I, 14).

- «in-pace» (II, 7, 3) : cachot, prison d’un couvent où on enfermait à perpétuité certains coupables scandaleux.

- «inter pocula» (I, 1, 8) : «au milieu des coupes», c’est-à-dire «tout en buvant».

- «Invenerunt parvulum pannis involutum» (V, 1, 16) : «Ils trouvèrent un tout-petit enveloppé de langes.» (saint Luc, II, 12 et 16).

- «legere vel scribere non addiscerit sine expressa superioris licentia» (II, 6, 2) : Hugo, qui a commis un barbarisme («addiscerit»), donna aussi une mauvaise traduction : «ne pouvant lire ni écrire quoi que ce soit sans permission expresse» ; il faudrait plutôt : «qu’elle n’apprenne à lire ni à écrire sans permission expresse de la supérieure».

- «Lux facta est» (III, 6, 2) : «La lumière fut» (‘’Genèse’’, I, 3).

- «Magnates mulieres» (II, 6, 5) : «Les grandes dames».

- «Mortuus pater filium moriturum expectat» (titre de V, 1, 17) : «Le père mort attend son fils qui va mourir.»

- «Nemo regulas, seu constitutiones nostras, externis communicabit» (II, 6, 5) : «Personne ne communiquera nos règles ou nos constitutions à des étrangers».

- «Nil et Ens» (I, 1, 13) : «Le Néant et l’Être».

- «Nil sub sole novum» (I, 3, 8) : «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil» (‘’Écclésiaste’’, I, 9).

- «Non licet omnibus adire Corinthum» (IV, 11, 3) : «Il n’est pas permis à tous d’aborder à Corinthe».

Souvenir d’un proverbe latin, traduit du grec et cité par Horace : «Non cuivis homini contingit adire Corinthum» (‘’Épitres’’, I, 17, 36). Corinthe était, à l’époque romaine, un grand port de commerce et une grande ville de plaisir, où négociants et matelots engloutissaient leurs gains ou leurs soldes.

- «Non pluribus impar» (II, 1, 18) : légère déformation de la devise de Louis XIV, «Nec pluribus impar», «non inégal à plusieurs», litote pour «supérieur à tous».

- «Nunc te, Bacche, canam !» (I, 3, 7) : «Maintenant, c’est toi, Bacchus, que je chanterai» (Virgile,

‘’Géorgiques’’, II, 2).

- «nymphes de Virgile» (III, 6,8) : «divinités secondaires qui peuplent la campagne, les bois et les eaux, sont les esprits des champs et de la nature, dont elles personnifient la fécondité et la grâce» ; elle furent souvent évoquées par le poète latin Virgile dans l’’’Énéide’’.

- «para bellum» (IV, 11, 4) : «Prépare la guerre», fin de l’adage «Si vis pacem, para bellum», «Si tu veux la paix, prépare la guerre.»

- «Parvulus» (III, 1, 1) : «Tout petit».

- «Pigritia» (IV, 7, 1) : Paresse.

- «Post corda lapides» (II, 6, 8) : «Après les cœurs les pierres».

- le «potier latin» auquel Hugo fait allusion dans : «L’esprit de Paris, ce démon qui crée les enfants du hasard et les hommes du destin, au rebours du potier latin, fait de la cruche une amphore.» (III, 1, 4) est une référence à l’’’Épître aux Pisons’’ d’Horace où le poète latin met en garde l’artiste contre l’échec de ses intentions : «Tu as commencé à tourner une amphore : la roue tourne ; pourquoi ne vient-il qu’une cruche?»

- «prompte, hilariter, perseveranter et caeca quadam obedientia» (II, 6, 2) : la traduction est donnée par Hugo : «tout de suite, avec bonheur, avec persévérance, avec une certaine obéissance».

- «punique» (II, 1, 6) : «relatif aux colonies phéniciennes d’Afrique et spécialement à Carthage» ; en parlant du «travail punique» que firent les Anglais à Waterloo, tendant un «piège», «leur artillerie étant en embuscade sous les broussailles», Hugo évoqua la ruse, la perfidie attribuées aux Carthaginois, en particulier à Hannibal.

- «Quadrifons» (III, 8, 3) : «Qui a quatre fronts, quatre visages», épithète de Janus.

- «quasi cursores» (III, 4, 1) : «comme des coureurs» (Lucrèce, II, 79).

- «quasi limam in manibus fabri» (II, 6, 2) : la traduction est donnée par Hugo : «comme la lime dans la main de l’ouvrier».

- «quia multum amavit» (I, 1, 13) : «Parce qu’elle a beaucoup aimé» : fin d’une parole du Christ sur la pécheresse repentie : «Ses nombreux péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé.»

- «Quia nominor leo» (III, 4, 5) : «Parce que je m’appelle lion.» (Phèdre, ‘’Fables’’, I, 6).

- «Quid divinum» (V, 1, 12) : «Quelque chose de divin.»

- «Qui dormiunt in terrae pulvere evigilabunt ; alii in vitam aeternam, et alii in opprobrium, ut videant semper.» (II, 8, 6) : «Ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront ; les uns pour la vie éternelle, et les autres pour la honte, pour qu’ils voient toujours…»

- «Quid obscurum, quid divinum» (II, 1, 5) : «Quelque chose d’obscur, quelque chose de divin».

- «Quis properantem me prehendit pallio?» (III, 1, 10) : «Qui me prend par mon manteau, alors que je me hâte?». Réplique de Thesprion, au premier vers de l’’’Épidique’’ de Plaute.

- «Quot libras in duce» (II, 1, 16) : «Combien de livres dans le général», c’est-à-dire : «Que pèse le général». Souvenir de Juvénal qui écrivit : «Expende Hannibalem ; quod libras in duce summo invenies» («Pèse Hannibal : combien de livres trouveras-tu à ce grand général?», ‘’Satires’’, X, 147 -148).

- «Regia ac pane Tyrannica» (V, 1, 2) : «Des choses de roi et presque de tyran», traduction, que venait de donner Hugo, d’Eutrope (‘’Abrégé de l’histoire romaine’’, VII, 20).

- «Requiem aeternum dona ei, Domine» (II, 8, 6) : «Donne-lui, Seigneur, le repos éternel.»

- «Requiescant» (III, 3, 3) : «Qu’ils reposent».

- «Res angusta» (III, 4, 6) : «L’étroitesse» (de la vie domestique). Dans Juvénal (‘’Satires’’, III, 164-165).

- «Resquiescat in pace.» (II, 8, 6) : «Qu’elle repose en paix.»

- «Ridet Caesar, Pompeius flebit» (II, 1, 7) : «César rit, Pompée pleurera.»

- «Scabra rubigine» (II, 1, 7) : La «rouille rugueuse», dont Virgile dit, dans ‘’Les géorgiques’’ (I, 495), qu’elle ronge des javelots.

- «Sic vos non vobis» (II, 1, 19) : «Ainsi ce n’est pas pour vous…», début fréquemment cité d’une épigramme de Virgile.

- «sinite parvulos» (I, 1, 10) : début de la phrase du Christ : «Sinite parvulos ad me venire» : «Laissez venir à moi les tout-petits» (Marc, X, 14).

- «Si volet usus» (III, 4, 4) : «Si l’usage le veut» (Horace, ‘’Art poétique’’, 71).

- «Solem quis dicere falsum audeat?» (V, 1, 16) : «Qui oserait accuser le soleil de mensonge?»

(Virgile, ’’Géorgiques’’, I, 463-464).

- «Solus cum solo, in loco remoto, non cogit abuntur orare pater noster» (III, 8, 13) : «Seul à seul, dans un lieu écarté, on ne pensera pas qu’ils disent le Notre-Père».

- «Stat crux dum volvitur orbis.» (II, 8, 3) : «La croix demeure tandis que tourne le monde.»

- «Sylvae sint consule dignae !» (III, 2, 6) : «Que les bois soient dignes d’un consul !» (Virgile, ‘’Les bucoliques’’, IV, 3).

- «Tibère» (IV, 8, 6) : empereur romain célèbre pour sa cruauté.

- «Timbraeus Apollo» (IV, 12, 2) : Jeu de mots sur l’un des surnoms d’Apollon : «Thymbraeus Apollo»

(Virgile, ‘’Géorgiques’’, IV, 323).

- «Tu es Petrus et super hanc petram» (III, 4, 1) : «Tu es Pierre et sur cette pierre…»

- «Turris eburnea» (V, 5, 2) : «Tour d’ivoire». C’est l’une des invocations des litanies de la Vierge.

- «Urbi et orbi» (V, 2, 1) : la traduction de cette formule de bénédiction du pape est donnée par Hugo :

«À la cité et à l’univers».

- «Urbis amator […] ruris amator, comme Flaccus» (III, 1, 5) : «Amant de la ville […] amant de campagne» (adaptation d’un passage d’Horace [‘’Épitres’’, I, 10, vers 1-2]).

- «ut voci Christi» (II, 6, 2) : la traduction est donnée par Hugo : «à la voix du Christ».

- «ut voci Christi» (II, 6, 2) : la traduction est donnée par Hugo : «à la voix du Christ».

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