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B. État des lieux de l’enseignement des Sciences de la Terre au Maroc

II. Intégration des TIC dans l’enseignement

1. L’impact d’usage des TIC sur l’acte d’enseignement-apprentissage

Plusieurs recherches ont signalé que l’usage des TIC a un impact positif sur l’acte enseignement/apprentissage. En effet, son intégration dans l'espace éducatif permet d’améliorer l'efficacité de l'école pour la prise en charge des élèves, la continuité du temps d'apprentissage dans et hors classe, ainsi qu'au niveau du lien d'échange et de relations pédagogiques à distance (e-Educ, 2008). En tant qu’outils de médiation, les TIC peuvent aussi faciliter la communication et les échanges d’informations au sein de la classe. De plus, ils peuvent servir comme outil de suivi et de régulation des apprentissages sans cependant alourdir la tâche de l’enseignant (Scallon, 1988) et peuvent augmenter la motivation des étudiants (Marr, 2000). Il s’agit d’un nouveau style d’évaluation formative : l’évaluation formatrice (Durand, 2007). C’est une innovation par les TIC qui engage l'élève dans un apprentissage actif (Tardif, 2006), au cours duquel l’élève peut s’autoévaluer et assurer lui-même la régulation de ses apprentissages. Des auteurs, comme Norman (1991), Pea (1985) et Perkins (1985) considèrent que les outils TIC ou

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médias d’apprentissage peuvent amplifier ou encore réorganiser le fonctionnement mental de l’homme.

A son tour, Endrizzi (2008) a signalé que l’internet ne constitue pas seulement un environnement d’apprendre à distance mais il facilite la co-construction des savoirs. C’est une nouvelle culture d’apprentissage favorisée par les médias sociaux qui permettent la création et le partage de contenus en ligne (Attwell, 2010). L’avènement de ces médias sociaux n’a pas changé la nature du savoir mais il a changé notre rapport et notre perception du savoir. On assiste à l’émergence d’un nouveau relativisme (Bouchard, 2011).

Astolphi et al. (1977), ont sélectionné les TIC comme moyen didactique élaboré pour assurer l’aisance d’apprentissage.

Ito et al. (2009) ont décrit l’efficacité des expériences numériques. Ces dernières stimulent l’auto-apprentissage en favorisant une démarche exploratoire autonome par rapport aux apprentissages formels. C’est un moyen pédagogique qui peut soutenir l’apprenant à franchir les traditionnelles barrières liées au statut et à l’autorité. A son tour, Bibeau (2007), en étudiant les conditions agissant sur la réussite de l’intégration des TIC en éducation, de façon générale, a conclu que les TIC améliorent la motivation des élèves et permettent le développement des opérations cognitives d’ordre supérieur. Ensuite, Depover, et al. (2007) pensent que les TIC est un outil puissant qui peut agir positivement sur l’environnement d’apprentissage, les échanges en classe et créer de nouvelles approches pédagogiques.

Par ailleurs, les effets d’intégration des TIC dans l’enseignement secondaire marocain ont constitué une préoccupation de quelques chercheurs dans divers disciplines. Le travail d’Ouazzani (2016) qui a traité les difficultés conceptuelles dans l'optique géométrique a montré quelques effets positifs de remédiation avec des étudiants à l'aide d'un Atelier d'optique géométrique Java (PAR À-COUPS). La recherche menée par Droui (2015) qui s’est centrée sur la même problématique en physique a montré qu'un apprentissage actif basé sur la simulation et ExAO approuve une meilleure compréhension des lois de Newton. Dans son travail sur l’intégration des TIC dans l’enseignement des mathématiques, Oudrhiri (2016) a relaté que le numérique permet de proposer des activités qui facilitent la pratique des démarches

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fondamentales des mathématiques (l'expérimentation, l'observation, la conjecture, la déduction, la démonstration, l'organisation et la traduction de données sous diverses représentations graphiques). Le numérique peut aussi renouveler cette discipline, parce qu'il évite la présentation linéaire et permet de mettre en œuvre des situations plus riches et moins exigeantes au niveau du temps. Quant à l’enseignement des SVT, El Madhi et al. (2014) estiment : « que les TIC représentent une solution, d’une part pour rendre l’élève plus attentif et sérieux en recevant des informations scientifiques et donc s’engage dans le processus d’apprentissage. D’autre part, les professeurs déclarent qu’ils deviennent des animateurs dans la présentation de la leçon ».

2. Les contraintes d’intégration des TIC

Plusieurs auteurs (Depover et Strebelle, 1997 ; Baron et Bruillard, 2006 ; Coen et Schumacher, 2006), ont souligné que le succès de l’intégration des TIC est conditionné par le contexte, le projet et le degré de collaboration de différents acteurs : enseignants, apprenants et administrateurs.

Dans ce cadre, l’instauration d’une telle nouvelle orientation exige une stratégie claire d’implantation et de changement sur divers plans, et donc faire face à plusieurs contraintes. Karsenti et Gauthier (2006), ont distingué entre deux grandes catégories d’obstacles qui entravent l’intégration des TIC dans l’enseignement : les facteurs externes (liés à l’école, à la société, etc.) et les facteurs internes (liés à l’enseignant ou à l’enseignement). Le rapport de l’institut international de planification de l’éducation (Pelgrum, et Law, UNESCO, 2004) a classé les contraintes d’intégration des TIC en trois volets :

Les infrastructures des TIC ;

Le développement professionnel ; Évolution des structures et leadership.

A ce titre, malgré la forte volonté qu’a montrée l’État marocain quant à l’intégration des TIC, il convient de signaler que leur intégration réelle dans d’enseignement est très limitée. Ceci est prouvé par des recherches qui se sont intéressées sur la situation d’usage des TIC dans l’enseignement marocain. El Ouidadi (2012), Maouni (2014), El Madhi (2014), Benfares

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(2016), se sont basés sur des enquêtes menées auprès des professeurs des Sciences de la vie et de la Terre (SVT) pour mettre en évidence les facteurs déterminants dans l’intégration des TIC dans l'enseignement secondaire marocain. Les résultats obtenus ont mis l’accent sur divers contraintes touchant à l'intégration des TIC. En effet, une formation des enseignants dans les TIC ne semble pas être suffisante pour qu’un enseignant soit capable d’intégrer ces nouvelles technologies dans ces pratiques en classe. Alors que l’enquête de Bidari (2017) a mis en évidence que les enseignants des SVT au Maroc utilisent les TIC, sans adopter, cependant, un scénario pédagogique. Cet auteur a souligné que l’instauration des TIC dans nos classes doit être jumelée d’une pédagogie basée sur la résolution de problème et un scénario pédagogique approprié, pour surmonter les difficultés de gestion d’une classe intégrant les TIC, l’enseignement devrait nécessairement être accompagné d’une formation institutionnelle qui vise le développement des compétences techno-pédagogiques, (pédagogies d’intégration des TIC en classe). De plus, Biaz, et al. (2009) ont insisté aussi sur l’importance de la formation pédagogique des enseignants à l’utilisation optimale des TIC pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Les recherches citées ci-dessus révèlent aussi que les efforts fournis par l’État pour équiper les établissements publics n’ont pas été suffisantes. En effet, le manque ou l’insuffisance d’infrastructures (matériel informatique et ressources numériques adaptées) et les difficultés de leur maintenance persistent et ralentissent la stratégie d’implantation des TIC dans nos classes. Finalement, Mastafi (2014) a ajouté la contrainte de résistance au changement culturel, comme facteurs importants, freinant la réussite de l’intégration des TIC dans le système éducatif marocain. En fait, certains enseignants montrent une résistance vis-à-vis de l’adoption de nouvelles méthodes faisant appel aux TIC dans la pratique enseignante en s’attachant aux méthodes traditionnelles.