• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 5 : La fuite

5.1 Pourquoi quitter son chez soi

5.1.1 Une insécurité permanente

Certaines des femmes que j’ai eu l’occasion d’interroger sont originaires de Buenaventura. Dans cette ville située dans le département de Vallee del Cauca, sur la côte Pacifique colombienne, on dénombre pas moins de 13 000 personnes victimes du déplacement en 2013 (Human Rights Watch 2014 cité dans Norwegian Refugee Council 2014). La population de Buenaventura est majoritairement composée d’Afro-Colombiens. Dotée de sous-sols riches en minerais et disposant d’un des plus grands ports de Colombie, la ville compte pour 60% du transport maritime du pays. Sa position géographique en fait un lieu stratégique pour la contrebande d’armes et de drogues. Sur son territoire, on peut constater la présence de différents groupes armés; sa partie rurale est occupée par la guérilla tandis

que les paramilitaires contrôlent la zone urbaine (Norwegian Refugee Council 2014).

Tante Belén, qui est originaire de Buenaventura, a décidé de quitter, car « les problèmes ne manquent pas, là-bas à Buenaventura » (Belén entrevue du 11 mars 2015). Elle ajoute : « J’ai eu des problèmes [silence] avec plusieurs personnes là-bas. J’ai laissé [silence] plusieurs personnes, [silence] j’ai dû partir. […] J’ai décidé de venir parce qu’on ne sait jamais non? Je n’étais pas directement menacée, mais je suis partie car on ne sait jamais » (Belén entrevue du 11 mars 2015). Malgré le fait qu’elle n’ait pas directement reçu de menaces, ses proches en ont été victimes, ce qui a pu contribuer à sa décision de quitter son village, ne supportant plus ce climat d’insécurité. Comme l’indique Pécaut (2012), sous le joug des différents groupes armés, la ville est plongée dans un climat d’insécurité permanente. Chacun des groupes réclamant des impôts, révolutionnaires pour les uns et paramilitaires pour les autres, la population se retrouve prise au piège, ce qui a pour conséquence de provoquer des tensions. Les gens, selon la zone qu’ils habitent, doivent porter allégeance au groupe en faction, de peur d’être désigné comme suspect et de subir des représailles (Pécaut 2012).

Tante Angelica m’a raconté son histoire et les menaces qu’elle et sa famille ont subies de la part de la guérilla. Les membres de ce groupe désiraient s’approprier les terres de son père pour pouvoir y planter et cultiver de la coca, mais ce dernier refusait de leur céder. Pour faire pression et gagner les terres, la guérilla a capturé son fils, le frère d’Angelica, l’a ramené à la maison et l’a exécuté devant son père pour ensuite aller jeter son corps dans une rivière à proximité. Lorsqu’il fût lancé à l’eau, le frère d’Angelica n’était pas mort et son père se jeta dans la rivière pour tenter de le récupérer. En sortant de la rivière, les hommes armés de la guérilla attendaient le père, qui avait son enfant dans les bras, pour finir d’achever

son fils et menacer le reste de la famille. C’est cet évènement qui a déclenché le départ d’Angelica qui résulte de la peur intense pour sa vie. Tante Bruna, qui est originaire de Buenaventura, a, pour sa part, fui en raison des problèmes causés par son mari. Ce dernier avait, il y a plusieurs années, commis un meurtre qui l’a conduit en prison pendant 17 années. Il y a trois ans, soit en 2012, le mari de tante Bruna obtient une permission de sortir de prison pour une durée de 32 heures. Durant cette sortie, les paramilitaires en profitent pour se rendre à la maison familiale afin de l’assassiner, et ce, devant toute la famille qui était présente. De plus, « […] [silence] au même moment, ils ont tué mon neveu. Je suis restée là-bas pendant un certain temps jusqu’au jour où ils sont revenus et m’ont menacé de me tuer. À ce moment-là j’ai dû partir. J’ai pris deux de mes enfants, les plus jeunes et on est venu jusqu’ici » (Bruna entrevue du 11 mars 2015). L’histoire se répète pour plusieurs des femmes rencontrées :

« […] premièrement je suis partie car j’ai reçu beaucoup de menaces [silence] ils m’ont beaucoup menacé. Mon mari [silence] était aussi menacé c’est pourquoi on a dû sortir de là-bas, de Buenaventura. En fait mon mari avait des problèmes avec les paramilitaires je suis donc venue ici avec mes deux filles. Lui [le mari] à ce moment-là nous a abandonné [silence] il est parti ailleurs, je crois qu’il est à Medellín » (Beatrice entrevue du 11 mars 2015).

Daniela, originaire du département Valle del Cauca, était travailleuse autonome. Elle se promenait dans les différents quartiers de la ville pour vendre du poisson, et elle a reçu des menaces de la part de la guérilla qui n’aimait pas du tout qu’elle vende sa marchandise sur leur territoire. Menacée et ayant reçu l’ordre de quitter l’endroit, elle a pris la route des déplacés avec ses enfants. Elle m’a raconté qu’elle ne savait pas, ne connaissait pas les zones contrôlées ni quels groupes armés les occupaient. Comme l’ont souligné Pécaut (2012) et Agier (2000), il est fréquent qu’une ville soit sous le contrôle des différents groupes armés au

même moment. Il peut également arriver qu’une ville soit sous l’emprise d’un groupe, puis d’un autre et ainsi de suite de manière successive, entraînant un imbroglio au sein de la population. De plus, avec l’instabilité au sein de ces groupes, il arrive que des partisans changent de camp ou encore qu’il soit très complexe, voire impossible, d’identifier les membres reliés à chacun d’eux, ce qui nourrit d’autant plus ce sentiment de confusion chez les habitants (Pécaut 2012, Agier 2000).

Pour sa part, cousine Aura a reçu des menaces, car son mari a été associé aux militaires. Dans les faits, son mari n’avait aucun lien avec les militaires, il a simplement effectué son service militaire qui est obligatoire en Colombie. À la fin de son service, on l’a accusé d’avoir des liens avec les militaires, ce qui a provoqué les menaces et entraîné leur fuite. Cette situation, tante Ella l’a également vécue « […] je suis venue car la guérilla nous a fait sortir. J’habitais avec ma fille et ma petite-fille et nous travaillions pour la police locale. Ils nous payaient pour laver leurs uniformes et c’est pour cette raison qu’ils nous ont déplacés » (Ella entrevue du 23 mars 2015).

La peur pour ses proches est l’un des principaux éléments qui expliquent, selon mes répondantes, les raisons de leur déplacement. La peur pour sa vie à soi, les menaces directes, le recrutement forcé sont toutes des raisons qui expliquent les déplacements. Cousine Eleana a fui son patelin, car trois de ses oncles ont été tués par la guérilla :

[…] [C]’est arrivé pendant la semaine sainte, ils les ont tués et lâchés dans le fleuve. Pendant une semaine nous [avec ses cousines] les avons cherchés dans le fleuve qui parcourt les montagnes. On marchait d’un côté du fleuve et de l’autre, il y avait la présence de la guérilla. Cette dernière nous a menacés.

J’ai dû dormir trois ou quatre nuits dans un sobrado22 avec mes

cousines, car on nous recherchait pour nous tuer. Les paramilitaires nous ont également menacés, car ils pensaient que nous étions des informatrices de la guérilla. Alors on s’est enfui en courant durant la nuit. Je me souviens que l’on a dû passer à travers des cultures de riz, on tombait constamment et finalement on est arrivé sur la route. On marchait partout pour chercher un autobus ou une voiture qui puisse nous amener dans un autre village tandis que nous nous sauvions [silence]. Pendant ce temps, ils ont tué deux de nos amis. Pour nous c’était grave (Eleana entrevue du 23 mars 2015).

Tantôt associée à l’un, tantôt associée à l’autre des groupes armés, Eleana a été identifiée comme étant suspecte de la part des deux camps et a subi les menaces de tous les côtés ce qui a irrémédiablement mené à sa fuite. L’une des autres raisons du déplacement est le recrutement forcé des enfants. Certaines des femmes ont quitté leurs villages de peur que les enfants en soient victimes et d’autres l’ont subit.

Ma tante Francesca n’a eu d’autres choix que de fuir afin d’empêcher le recrutement forcé de ses enfants et aussi parce que le village où elle vivait était le théâtre de nombreux affrontements entre la guérilla et les soldats :

Dans le village il y avait beaucoup de morts [silence]. J’ai un frère, et la guérilla voulait l’amener avec eux. Ma maman pleurait et criait « non, non » car il s’agit de son fils unique et que celui-ci était le seul fils qui la soutenait dans ses tâches quotidiennes et financièrement. Dieu du ciel tout puissant, ils n’ont pas amené mon frère. Mais après ils sont revenus pour prendre mon fils. Lorsque j’ai vu ça, parce qu’ils ne m’avaient pas bandé les yeux, j’ai refusé. Ils me disaient que l’on devait quitter le village. Donc j’ai dû partir. En fait, plusieurs personnes dans mon village ont quitté (Francesca entrevue du 24 mars 2015).

22 Le mot sobrado a différentes significations, mais dans ce cas, il s’agit d’une expression

régionale qui désigne un trou creusé au sol utilisé pour se cacher. Le dessus est ensuite recouvert.

On retrouve beaucoup de similitudes dans l’histoire de ma cousine Gabiela :

Ils sont arrivés, beaucoup de gens et ils nous ont appelé et ils ont dit à mon enfant, ce n’est pas exactement mon enfant mais un jeune de 14 ans, orphelin, qui m’aidait et travaillait pour moi, ils lui ont dit qu’ils allaient le prendre et j’ai dit « comment est-ce que vous allez le prendre, nous pourrions l’adopter ». Il était ma main droite. Ils ont dit « non, on va prendre votre enfant et votre fille pour qu’elle puisse nous faire la cuisine ». J’ai répondu « non, je ne veux pas » et ils m’ont dit « Non! Que vous vouliez ou pas on va le prendre quand on va revenir, il faut qu’ils soient prêts ». Et c’est comme ça qu’on est partie en courant une fois la nuit venue, nous sommes venus ici à Bogotá sans direction fixe. Tout est resté, tout. Là-bas ils ne nous ont pas donné de temps pour rien, on courait dans les cours d’eau [silence] on courait dans cette eau, pour venir [silence] parce qu’ils ont dit qu’ils allaient revenir pour mes enfants. Moi pour rien au monde je donnerais mes enfants. Comme on connaissait le terrain, la terre, on commençait à courir et [silence] on est venu parce qu’on avait peur qu’ils entrent pendant la nuit et force la porte pour prendre les enfants. C’est pour ça que je suis venu, j’ai dit « bon, je m’en vais », je voulais venir, je suis arrivée au village, quand je suis arrivée au village je n’ai pas eu personne avec qui parler parce que j’avais peur, parce qu’ils m’avaient fait des menaces [silence]. Ils nous menaçaient et disaient qu’ils voulaient nous faire du mal. Ils nous traitaient avec des mots grossiers, obscènes. C’était une situation embarrassante. On ne sait jamais à quelle heure ils vont arriver, et moi donner mes enfants j’ai dit « non, non, je m’en vais n’importe où mais je ne donne pas mes enfants ». On a laissé les poulets, tout, tout. Le lit, tout. On a tout perdu là-bas [silence]. J’ai dû venir avec rien. Sans rien. Mes enfants, sans documents, sans rien parce qu’on n’avait pas le temps. Comme ils nous ont dit « on va revenir » c’est pour cette raison que je me suis dit que je devais partir le lendemain. Mais s’ils revenaient pendant la nuit. Mais imaginez si j’attendais qu’ils reviennent. Et s’ils revenaient tout de suite. Mes enfants, non. Ils m’auraient peut-être tué à cet endroit même, mais moi mes enfants je ne les donne pas. Je ne les cède pas. Je me disais « s’ils les prennent », ils disent qu’ils veulent nos enfants, les filles, pour leur faire la cuisine. Ils disent que c’est pour cuisiner, et ce simplement pendant 15 jours. C’est mentir. (Gabiela entrevue du 26 mars 2015).

Pour sa part, Florencia a vécu un déplacement forcé lorsque sa fille a été enrôlée de force au sein de la guérilla alors qu’elle n’avait que 13 ans. Sa fille est restée deux ans entre les mains de ce groupe avant de réussir à s’évader « [l]orsqu’elle s’est échappée, des membres de la guérilla sont venus me chercher pour me tuer, c’est à ce moment-là que j’ai tout quitté pour fuir » (Florencia entrevue du 24 mars 2015).

Cousine Dolores est l’une des victimes de cette stratégie de recrutement forcé. C’est à l’âge de 13 ans qu’elle est recrutée de force dans les rangs de la guérilla, qui contrôlait à cette époque le village qu’elle habitait, pour une période de cinq ans avant qu’elle ne prenne la fuite. À la suite de son recrutement forcé, sa mère subit des menaces et décide de quitter le village avec de très minces espoirs de revoir sa fille un jour. C’est durant ces cinq années que ma cousine Dolores donne naissance à son premier enfant. Pendant cette période, elle est blessée par balle et c’est après cet évènement qu’elle s’échappe avec son enfant, considérant qu’elle ne pouvait plus vivre dans de telles conditions. C’est seulement six ans après sa fuite qu’elle décide de rejoindre sa mère qui se trouvait à Bogotá. Dolores a mentionné très peu d’informations concernant les années entre sa fuite et son arrivée à Bogotá. Tout ce dont elle a fait part, c’est qu’elle s’est déplacée dans différentes villes avant de s’établir définitivement dans la capitale.

Il arrive que certaines femmes, quelques années après le déplacement, décident de revenir s’installer dans leur hameau d’origine ce qui n’est pas toujours évident puisque ces endroits restent souvent sous le contrôle des groupes armés. Cousine Dana est l’une de ces femmes qui ont opté pour un retour. Un retour qui s’est soldé par un nouveau déplacement forcé. Son premier déplacement a lieu lorsqu’elle a 15 ans. Elle a été dans l’obligation de fuir son village parce qu’il y avait un groupe armé sur le territoire. Elle n’a jamais pu distinguer l’identité des différents groupes,

« […] on était tous nerveux on ne les identifie pas » (Dana entrevue du 19 mars 2015). Sur les conseils de sa mère, Dana quitte le village pour Bogotá. En effet, dans ce village, on dénombre plusieurs recrutements forcés et sa mère, s’inquiétant que sa fille en soit victime, lui indique qu’il est préférable qu’elle parte. Arrivée dans la métropole à un jeune âge et seule, elle ne pouvait s’empêcher de penser à son village. Dans la capitale, elle peine à trouver un travail et, de manière générale, son expérience se déroule très mal. C’est pour ces raisons qu’elle prend la décision de retourner vivre dans son village natal. Ce retour ne dure que trois ans au bout duquel elle reçoit plusieurs menaces. Sentant que sa vie est en péril, elle prend la décision de quitter une seconde fois son village pour, à nouveau, se rendre à Bogotá, ville où elle réside toujours aujourd’hui. Depuis ce deuxième déplacement, elle n’a jamais remis les pieds dans son hameau d’origine.

Le recrutement forcé est une méthode qui permet aux groupes armés d’enrôler les enfants. Ces derniers sont amenés à occuper différents postes. Ce sont souvent eux qui sont installé aux entrées et aux sorties des zones occupées par les groupes armés et où ils ont la charge de maintenir la surveillance et d’alerter lorsque des personnes indésirables se présentent. Les jeunes ont également le rôle de messagers et effectuent la communication entre les différents groupes armés. Il arrive aussi souvent qu’ils soient employés au transport des armes et de la drogue. Les jeunes filles qui subissent le recrutement forcé doivent s’occuper des repas et sont souvent contraintes à se prostituer et subissent plusieurs formes de violence sexuelle (Norwegian Refugee Council 2014).

L’éclatement familial est l’une des raisons de fuir. En effet, puisque le choix, ou l’obligation de quitter se fait rapidement, de nombreuses familles se divisent. Des membres prennent des directions différentes, plusieurs maris abandonnent leur femme et leurs enfants et certaines femmes sont

contraintes de s’enfuir avec seulement une partie de la famille n’ayant pas, sur le moment, l’argent nécessaire au déplacement de tous. Tante Angie a dû envoyer l’un de ses fils au Venezuela pour le protéger des groupes armés. Amanda n’a pas été en mesure d’amener ses enfants avec elle, ils sont donc restés sur place. Âgée seulement de 18 ans lors de son déplacement, ses moyens économiques sont trop insuffisants pour amener toute la famille. C’est la même histoire qui se répète pour ma cousine Daniela qui est forcée de faire le voyage seule. Pour tante Bruna, qui est mère de cinq enfants, il lui est impossible de rapatrier ses petits jusqu’à Bogotá. Elle fait donc le choix d’amener avec elle les deux plus jeunes, les trois autres étant suffisamment âgés pour se débrouiller. Pour Dana, la majorité de sa famille prend la direction de Caracas au Venezuela tandis que, pour sa part, elle fait le choix de venir s’installer à Bogotá. Ainsi, avec le déplacement forcé, les familles se dispersent à la fois à l’intérieur du pays, mais également à l’extérieur de ses frontières.

De nombreuses raisons expliquent le déplacement forcé de ces femmes. Qu’elles en aient été directement victimes ou l’un de leurs proches, la totalité d’entre elles ont été confrontées à des actes de violence, à des menaces, au recrutement forcé voire même à la mort. Elles vivaient constamment dans l’insécurité et la peur. Le déplacement en soi est marqueur de changement de vie et il l’est d’autant plus lorsque l’on se voit dans l’obligation de partir.

5.1.2 24 heures pour quitter

Nous avons vu, précédemment, différentes situations, toutes aussi violentes les unes que les autres, qui mènent au déplacement forcé. Le sentiment de peur ressenti par ces femmes les pousse souvent à prendre la décision de quitter leurs villages. D’autres pour sauver leur vie, se voient

dans l’obligation de quitter, et ce, à l’intérieur d’un délai très court. En effet, lorsque les femmes reçoivent des menaces, on ne leur octroie généralement que 24 heures pour quitter le village « […] j’ai pris ce que j’ai pu prendre et je suis venue [à Bogotá] » (Bruna entrevue du 11 mars 2015).

Les conditions de fuite, car il s’agit bien de femmes qui prennent la fuite pour sauver leur vie et celles de leurs enfants, sont extrêmement difficiles. Issues de milieux défavorisés et ayant très peu de moyens, il n’est pas toujours évident pour ces femmes de quitter aussi rapidement que l’exigent les factions armées. Tante Angie, qui n’est arrivée à Bogotá que très récemment, a partagé, avec beaucoup d’émotions, l’histoire de son départ :

[…] [L]a vie change du jour au lendemain. Regarde, j’ai ici [silence]. J’étais en fuite, je suis partie à l’aube avec mes enfants me cacher dans la montagne. Je me suis fracturée une jambe et l’épaule. En fait, j’ai un enfant au Venezuela parce qu’ils m’ont donné 24 heures pour le faire sortir du pays et maintenant je ne peux pas aller le chercher. Il est perdu. Ils m’ont tué l’autre. Il ne

Documents relatifs