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Infrastructures et activités économiques .1 Infrastructures sociales et économiques

Conclusion partielle

CHAPITRE 4 PRESENTATION DES REGIONS

1.3 Infrastructures et activités économiques .1 Infrastructures sociales et économiques

Ecoles et centre de formation

Le cercle a connu ces dernières années une amélioration des taux de scolarisation. Il y a également un nombre croissant de demandes de création d’écoles publiques ou communautaires. L’éducation non formelle a bénéficié de l’appui de différents projets de développement (notamment de l’ODIK, et du PGRN) avec la construction de centres d’alphabétisation et l’exécution de campagnes d’alphabétisation. Actuellement, le PRP/UGF exécute son volet alphabétisation dans certaines communes du cercle.

Les structures formelles pour l’éducation sont les suivantes : 58 écoles et 293 salles pour le premier cycle et 8 écoles et 25 salles pour le deuxième cycle. Il faut noter en plus l’existence de 4 écoles de premier cycle communautaires et de 21 medersas officielles.

Encadré 1: La migration dans la région de Kayes

Extraits de Daum Christophe (1995). « Si de nombreux auteurs se sont intéressés aux causes de la migration, il semble aujourd’hui évident que celle-ci a d’abord été liée à la pénétration française, avec l’interdiction de l’esclavage (1905) et la disparition de l’économie marchande dans laquelle s’étaient spécialisés les Soninké : deux facteurs économiques qui bouleversent les modes de production et obligent à une reconversion brutale. La monétarisation de l’économie, contemporaine de ces bouleversements, avec notamment l’introduction de l’impôt de capitation perçu par l’administration coloniale, va déclencher une première émigration saisonnière vers le bassin arachidier au Sénégal : c’est le fameux « navétanat ». Outre cette première dimension, certains aspects de la consommation familiale seront progressivement, et de plus en plus, pris en charge par la migration : alimentation, santé, habillement, certaines dépenses de prestige. La dépendance par rapport aux revenus monétaires s’institue progressivement et les filières se créent vers la France avec l’engagement dans la marine de soutiers africains.

Au fur et à mesure de l’aggravation de la crise économique, de la pression démographique, de la sécheresse, et faute d’un véritable effort en matière de politique de développement dans la région de Kayes, la migration s’est accélérée dès les années 70. Le caractère incontournable de la dépendance de cette région par rapport aux revenus liés à la migration est désormais avéré.

Par-delà les aspects économiques, il faut insister sur la dimension socioculturelle des raisons qui poussent à émigrer. Les sociétés villageoises se sont refermées sur elles-mêmes pour résister à la crise qui menace leur existence même. Les rigidités sociales qui préexistaient sont alors renforcées pour maintenir une cohésion interne qui sera garante de la survie de ces villages. La pression sociale ainsi introduite supposait néanmoins que la société s'adapte, à terme, au contexte contemporain : l'émigration vers la France va progressivement constituer une forme de réponse.

Cela touche d’une part au statut des jeunes dans les sociétés soninké et haalpulaar, véritables citoyens de seconde zone dans une hiérarchie fondée sur la gérontocratie. Émigrer, c’est ainsi échapper au pouvoir des aînés et revenir fortuné pour devenir à son tour un notable. L’argent des émigrés a fortement fait augmenter le coût de la dot : se marier sans pour autant dépendre de l’aîné qui a émigré et pourra, financièrement, assurer les frais pour son cadet, impose de tenter l’aventure à son tour (Daum C ; 1995, page 14).

Tableau 21 : Situation des écoles à Diéma

Effectif Nombre d’enseignants

Nature

Garçons Filles Total Titulaires Contractuels Total

1er cycle fondamental 6 851 3 433 10 284 22 166 188

2ème cycle fondamental 759 158 917 2 48 50

Source : CAP Diéma Rapport d’ouverture 2004- 2005 cité par PDSEC

Pour l’éducation préscolaire, il y a 7 jardins d’enfants et structures d’encadrement de la jeune enfance et 6 CED qui sont opérationnels.

En ce qui concerne l’alphabétisation, les principaux centres fonctionnels restent ceux qui reçoivent l’appui partenarial du PRP/UGF. Ils sont au nombre de 60.

Centre de Santé

Le cercle de Diéma dispose de 29 centres de santé dont 14 CSCOM, 14 dispensaires et un centre de santé de référence.

Routes et voies de communication

Le cercle de Diéma est traversé d’Est en Ouest par l’axe routier Bamako - Kayes dont les travaux de bitumage sont presque terminés. L’axe Nioro du sahel de 104 km est bitumé ; il permet de relier le cercle à la Mauritanie via Nioro. Cet axe forme avec celui de Bamako - Kayes un carrefour de commercialisation des produits de toute sorte. Il faut signaler aussi l’existence de la route latéritique qui relie le cercle de Diéma (Diangounté Camara) à celui de Kita.

Par contre, à l’intérieur du cercle les infrastructures de communications sont rares et les localités restent encore très fortement enclavées surtout pendant la période d’hivernage.

Les investissements récent de l’Etat pour améliorer les voies de communication vers l’Ouest et le Sénégal (route de Bamako – Kayes – Dakar ; route vers la Mauritanie), sont de nature à changer profondément l’économie locale ; Diéma devenant un carrefour important sur un axe où les échanges devraient rapidement se développer.

Marchés

Les marchés permanents sont ceux de : Diéma, Béma, Diangounté Camara et de Lambidou.

Les principales foires hebdomadaires sont les foires de : Lambidou, Diangounté Camara, Débo, Diéma, Torodo, Grouméra, Dioumara, Tinkaré, Madiga Sacko et de Dianguirdé.

Infrastructures hydrauliques et pastorales

Les principaux points d’eau du cercle sont constitués par : 198 forages ; 6 pompes solaires (AES) ; 429 puits à grand diamètre ; 22 barrages et micro-barrages ; 25 périmètres maraîchers.

Les infrastructures pastorales regroupent : 57 parcs de vaccination ; 6 aires d’abattage ; 4 pharmacies vétérinaires ; 3 séchoirs boucheries ; 5 abreuvoirs équipés ; 1 pompe éolienne et 82 mares naturelles.

Electricité et l’eau potable

L’électrification rurale concerne de nos jours les chefs lieu des communes de Diéma et de Diangounté Camara. Cette électrification à très faible échelle est assurée par une société privée, Entreprise Golé Baba (EGB) dans la commune de Diéma. Le courant est fourni à partir des moteurs à grande capacité. Par contre, dans la commune de Diangounté Camara, le courant est fourni à partir des panneaux solaires et l’électrification est assurée par une société privée.

Un grand nombre de villages du cercle sont dotés d’infrastructures d’hydraulique villageoise bien équipées, notamment grâce à l’appui des émigrés. On dénombre également dans le cercle des centaines de forages, et de puits à grand diamètre qui constituent les sources d’eau potable pour les populations. Le système d’adduction d’eau est mis en place et géré par des Associations villageoises.

a Principales activités économiques

L’agriculture

L’agriculture est l’une des principales activités du cercle. Elle est basée sur la production des cultures vivrières : mil, maïs, sorgho, niébé, fonio, arachide, les tubercules (patate, manioc), l’oseille de guinée verte et rouge et le riz. Ce dernier est cultivé surtout par les femmes. Le maraîchage connaît un intérêt croissant.

Tableau 22 : Superficies par culture, productions estimées et rendements pour 2007

Les plaines et les bas- fonds constituent les principales zones de production agricole. La superficie consacrée aux productions agricoles est estimée à plus de 57 000 ha, dont 53 000 ha, rien que pour les cultures de mil, de sorgho et d’arachide. Les exploitations agricoles sont peu équipées.

Les principales productions maraîchères sont l’échalote, la laitue, les aubergines, la tomate et la pomme de terre. La production agricole est caractérisée par une utilisation très timide des engrais minéraux et très rare en ce qui concerne les pesticides et herbicides. Les rendements moyens des principales cultures sont faibles.

L’élevage

L’élevage est l’activité la plus importante après l’agriculture. C’est un élevage de type extensif qui se présente sous deux formes (Beeler S., 2006 ; PROMISAM, 2007) :

o L’élevage sédentaire pratiqué par les Bambaras, les Soninkés et les Kagoros. L’éleveur réside en un endroit fixe (village ou hameau) ; le troupeau composé de bovins, d’ovins et de caprins reste toute l’année sur les pâturages non loin du village, sous la garde du berger (en hivernage) ou en divagation (saison

Cultures Superficie (ha) Productio n (Tonnes) Rendements (kg/ha) Mil 13 340 7 935 595 Sorgho 28 550 18 401 645 Maïs 3 560 3 382 950 Fonio 90 50 550 Riz 278 191 687 Arachide 11 115 8 921 803 Voandzou 215 127 591 Sésame 130 51 392

Source : Service d’Agriculture de Diéma, statistiques 2007

Bamako Kayes. L’élevage est combiné avec des activités agricoles plus ou moins importantes et environ 10 à 50 % du revenu brut des ménages proviennent de l’agriculture.

o L’élevage transhumant36 pratiqué par les peulhs, les diawambés et les maures. Les éleveurs possèdent de grands troupeaux et plus de 50 % du revenu brut des ménages proviennent de l’élevage ou des activités liées à l’élevage. Au niveau du cercle, cet élevage est caractérisé par un mouvement pendulaire des animaux qui se déplacent vers le Nord, souvent jusqu’en Mauritanie, pendant la saison des pluies (juillet à octobre) puis vers le Sud dans le cercle de Kita et souvent au-delà durant la saison sèche.

Les principaux types d’éleveurs rencontrés sont : les grands éleveurs traditionnels de bovins ; les agro- éleveurs de bovins ; les grands éleveurs de petits ruminants.

En plus des jachères et des zones incultes à l’agriculture, le cercle dispose d’importantes potentialités en matière de ressources pastorales. En effet, la superficie consacrée aux pâturages est estimée à plus de 26 000 ha. Ces ressources sont importantes et diversifiées. Cependant, elles sont insuffisantes pour couvrir les besoins d’alimentation des troupeaux du cercle, notamment du fait du manque de gestion. En effet, dans ce cercle, aucun espace n’est clairement défini et affecté à une vocation précise. L’ensemble du domaine public de l’Etat est utilisé sans règle de gestion, à l’exception de la réserve de la boucle du Baoulé qui est classée comme patrimoine mondial mais dont les limites sont le plus souvent ignorées des usagers de l’espace.

Le cercle de Diéma comptait en 2007 (selon les services agricoles) : 131 288 bovins ; 60 610 ovins, 88 651 caprins, 27 330 asins, 14 450 équins et plus de 231 000 volailles. Les troupeaux transhumants sont de plus en plus importants sur les pâturages du cercle. En 2007, on y comptait 57 050 bovins, 148 342 ovins et caprins, 1 025 équins, 3 225 asins et 540 camelins.

Les autres activités primaires

La pêche est très artisanale et concerne essentiellement les silures. Elle se fait de façon collective au niveau des mares et est très réglementée par la communauté villageoise ; elle est par contre individuelle sur le bras du fleuve. Les grandes mares de Tinkaré, Fangouné kagoro, Dioumara, Lakamané- Koumboro, Béma (N’Gouko, Béla) et un bras du fleuve Baoulé à Dianguirdé (brankal) constituent les principales zones de pêche.

L’activité de cueillette concerne surtout les produits forestiers ; les principaux produits sont : le jujube, le pain de singe et la gomme arabique. La cueillette de la gomme arabique est pratiquée surtout par les nomades tandis que celle du jujube et du pain de singe se fait par les paysans et les nomades.

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On notera que ces pasteurs ne font pas partie des exploitations agricoles enquêtées puisqu’ils ne sont pas sédentaires dans les villages de l’échantillon.

Les activités de service

Le développement du transport et la réalisation des routes ont permis un commerce florissant qui concerne les céréales, le bétail, les denrées alimentaires et de premières nécessités. Mais ces activités sont concentrées dans les villes et sur les marchés hebdomadaires.

L’artisanat est modeste et pratiqué par les gens de caste, notamment les forgerons qui fabriquent essentiellement du petit matériel agricole pour les populations locales, et les potières qui fabriquent principalement des canaris.

Les bijoutiers s’adonnent au travail de l’argent et de l’or tandis que les cordonniers et les tisserands s’occupent de la maroquinerie et du tissage des bandes cotonnades.

A cela il faut ajouter la présence de quelques ateliers de soudure, de mécanique et de menuiserie dans les grands centres pour répondre à une demande plus moderne.

Services techniques et partenaires extérieurs

Les partenaires sont : l’Agence KARED/CCC, le Projet de Réduction de la Pauvreté (PRP), l’ADISSAH/HELVETAS, l’ADG, Guamina, l’Almoutawakil (espoir), l’UNICEF, le Centre de formation à la décentralisation et la Chambre d’Agriculture.

b Importance des types d’activité dans le revenu des EAF

Les résultats de l’enquête permettent de disposer, pour les exploitations agricoles familiales de l’échantillon, des revenus par activités (Tableau 115). L’échantillon est constitué de 148 exploitations agricoles familiales avec en moyenne 21,26 personnes dont 18,79 sont présentes, soit des exploitations de grande taille démographique. On notera la forte variabilité pour toutes les variables analysées avec des écarts types importants et de grands écarts entre minimum et maximum. Ces exploitations ont en moyenne 1,83 émigrés longue durée dont 1,35 envoient régulièrement des fonds. Le revenu moyen total annuel par exploitation (pour 2006/07) est 1,287 millions de Fcfa, soit 72 682 Fcfa/personne présente et 88 143 Fcfa par équivalent adulte. Le revenu moyen est donc très faible (en comparaison avec le seuil de pauvreté au Mali qui est de 157 920 Fcfa/pers et par an pour 2006 (ODHD, 2007)).

La décomposition du revenu moyen selon son origine révèle l’importance des activités agricoles et des transferts privés (Figure 22). Le revenu moyen par exploitation agricole familiale issu des productions végétales (agriculture) représente 51 % du revenu total moyen et les transferts privés 41%. Les autres activités sont donc marginales dans la constitution du revenu.

Le revenu issu de l’élevage occupe une part très faible du revenu moyen (seulement 2%), il faut cependant préciser que ce calcul ne prend pas en compte le croît naturel du troupeau. Comme on le verra plus loin, dans les exploitations d’agro-pasteurs, le taux d’exploitation du troupeau est généralement très faible révélant des stratégies de capitalisation et d’épargne.

D’une manière générale, les exploitations de la zone de Diéma sont fortement dépendantes des revenus des transferts, ce qui confirment les analyses faites par d’autres auteurs (Daum C., 1995 ; Gubert, 2002 ; Azam JP et Gubert F, 2002). On observe cependant une très forte variabilité (Tableau 115) en particulier pour ce poste : le revenu moyen des transferts privés par EAF a un coefficient de variation de près de 229%.

l’hypothèse selon laquelle l’émigration et les transferts qu’elle génère entraînent une recomposition de l’économie locale avec un développement des activités de service pour satisfaire une demande stimulée par l’injection de ressources monétaires.

Figure 22 : Composition du revenu annuel moyen par exploitation agricole selon les d'activités à Diéma 0% 2% 1% 0% 0% 1% 4% 0% 51% 41% Agriculture Elevage

Autres act primaires Transformation Agro Salaires agricoles Salaires on agricoles Commerce et artisanat Transferts publics Transferts privés Rentes et décapitalis. Zone de Diéma

Source : auteurs / enquête RuralStruc

1.3.2 Hétérogénéité régionale vis-à-vis de l’émigration

La zone de Diéma est caractérisée par une importante migration internationale et, comme l’écrit Daum, « la dépendance de cette région par rapport aux revenus liés à la migration est désormais avérée » (Daum, 1995). Les résultats des enquêtes exploitations agricoles confirment l’importance des transferts dans la composition des revenus des exploitations agricoles (Figure 22).

L’échantillon est constitué de 6 villages : 3 villages avec un fort taux d’émigration, 3 villages avec un taux d’émigration moyen à faible et de 148 EAF dont 75 dans les villages du premier groupe et 73 dans les villages du deuxième groupe37 (voir Tableau 23). Les résultats du tirage aléatoire des EAF dans les villages indiquent que globalement 60% des EAF ont au moins un émigré longue durée qui envoie des fonds. La différence entre les deux groupes de villages est assez prononcée avec pour les villages à fort taux d’émigration 77% des EAF qui ont au moins un émigré contre seulement 42% pour les villages avec une émigration moyenne à faible. Les revenus moyens varient fortement en fonction du nombre d’émigrés longue durée. Les EAF sans aucun émigré perçoivent en moyenne de l’ordre de 24 000 Fcfa de transferts privés (migration de courte durée essentiellement), les EAF avec 1 à 3 émigrés de longue durée perçoivent en moyenne 510 000 Fcfa et celles qui ont plus de 3 émigrés longue durée perçoivent 2 423 000 Fcfa. Les analyses indiquent qu’il n’y a pas de différence significative entre les moyennes selon le type de village, par contre les moyennes des 3 classes selon le nombre d’émigrés sont significativement différentes.

L’analyse pour le revenu total de l’exploitation par équivalent adulte (Anova) montre qu’il n’y a pas de différence significative selon les types de villages à Diéma (voir en annexe Tableau 116) par contre la comparaison des moyenne selon le nombre de migrants donne des résultats significatifs (voir

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L’écart entre le nombre d’EAF des deux groupes est lié à la suppression de deux exploitations de l’échantillon lors de l’opération de contrôle et de vérification des données.

en annexe Tableau 117). Ainsi, le type de village n’explique pas les revenus moyens par équivalent adulte ou les revenus des transferts privés par exploitation agricole familiales, par contre ces revenus moyens sont significativement différents selon le nombre d’émigrés longue durée qui envoient des fonds dans l’exploitation. Il y a dans tous les villages des exploitations agricoles familiales qui reçoivent des fonds des émigrés et l’hétérogénéité intra-villageoise est plus importante que l’hétérogénéité entre les villages.

Tableau 23 : Revenu moyen des transferts privés par EAF selon le groupe de village à Diéma (en Fcfa)

Type de village Emigration forte

Emigration

moyenne/faible Ensemble

Nbre de migrants longue durée qui envoient fonds N Moyenne Ecart-type N Moyenn e Ecart-type N Moyenn e Ecart-type 0 migrant 17 27 324 69 569 42 23 048 54 627 59 24 280 58 723 1 à 3 migrants 49 438 837 383 060 24 655 854 914 221 73 510 185 612 660 Plus de 3 migrants 9 2 332 611 2 604 041 7 2 540 000 3 089 999 16 2 423 344 2 728 933 Ensemble 75 572 813 1 134 109 73 472 445 1 268 460 148 523 307 1 199 203

L’émigration est déjà ancienne (elle a été très importante dans les décennies 70 et 80), et, comme indiqué en introduction de cette partie, on peut émettre l’hypothèse qu’elle a généré une recomposition des économies locales avec le développement d’activités non agricoles. La composition moyenne des revenus des exploitations agricoles (Figure 22) nous a déjà indiqué que les revenus des activités d’auto-emploi (commerce, artisanat, services) sont très faible. La comparaison des revenus moyens issus des activités d’auto-emploi selon le type de village, nous indique qu’il n’existe pas de différence significative. Ainsi, même dans les villages avec un fort taux d’émigration, ces activités ne semblent pas plus développées et de nature à générer des revenus pour les exploitations. Les transferts de l’émigration n’auraient pas entraîné une recomposition des économies rurales locales.

Les exploitations agricoles familiales avec ou sans migrants ont cependant des caractéristiques différentes. D’une manière générale le nombre de migrants longue durée est corrélé avec le revenu des exploitations mais aussi avec certaines variables de structure comme la taille démographique, l’équipement agricole, etc. Cependant, il n’y a pas de relations linéaires avec les indicateurs de sécurité alimentaire basé sur la production céréalière.

1.3.3 Opportunités et contraintes pour le développement agricole et rural

Le cercle de Diéma se situe dans la région administrative de Kayes où l’incidence de la pauvreté est proche de la moyenne nationale (DNSI, 2004) : aussi bien pour la pauvreté de masse avec 62% de la population qui vivent dans des localités situées en dessous du seuil de pauvreté (moyenne nationale 64%) que pour la pauvreté monétaire avec 68% de la population en dessous du seuil national de pauvreté (idem moyenne nationale). Soit un niveau meilleur que d’autres régions agricoles comme Sikasso ou Koulikoro. Les transferts des émigrés contribuent certainement à compenser dans la zone du sahel occidental une situation agro-écologique peu favorable.

Selon Diarra S. et Cissé P., les principales contraintes de la région sont l’enclavement intérieur et extérieur, l’insuffisance alimentaire, les problèmes d’eau potable, le faible taux de couverture sanitaire, le manque de bras valides, etc. Les atouts que sont les mines, le barrage de Manantali et les terres irrigables sont sous-exploités. Cette situation expliquerait la forte émigration vers la capitale Bamako et vers l’étranger. L’émigration provoquerait une diminution de bras valides et une réduction de la production en céréales traditionnelles. La migration devenant alors un facteur d’insécurité

Gubert (1999) : « dans la région de Kayes, l’émigration des hommes adultes se traduit par un manque de bras valides, des carences en main-d’œuvre, et un niveau de sous-production. La production céréalière constatée dans les familles avec émigré est inférieure de 25 % à celle des familles sans émigré (337 kg/tête contre 436 kg/tête).

Bien que le Sahel Occidental soit une zone structurellement déficitaire en production agricole, l’agriculture constitue la principale activité économique des populations qui y vivent. L’insécurité alimentaire y est récurrente et est due aux aléas climatiques en général et le déficit pluviométrique en particulier avec comme corollaire l’augmentation de la pression des populations sur la nature, l’appauvrissement des terres, la baisse constante des rendements des cultures céréalières et les