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Conclusion de l’analyse des filières élevage

4.1 Taille et structure d’ensemble du marché .1 L’offre de céréales sèches

4.3.5 Les détaillants

Un détaillant est un commerçant qui achète de faibles tonnages de céréales, auprès des demi- grossistes, des forains ou même auprès des grossistes, pour les revendre ensuite au détail aux consommateurs. Les détaillants des zones urbaines sont basés sur les marchés de consommation. Ils sont assez nombreux. Leur nombre peut dépasser une trentaine par marché. En marge des produits agricoles de base (mil, sorgho, maïs, riz), ils vendent les produits de cueillette (tamarin par exemple), l’arachide, le fonio, le haricot, etc. Les supermarchés du Mali (très peu nombreux) ne vendent pas de céréales sèches brutes, seulement quelques produits transformés (fonio précuit, préparation pour couscous ou dégué) qui restent très marginaux dans la filière.

4.4 Structure des prix

Une évaluation de l’impact du Programme de restructuration du marché céréalier (PRMC) depuis la mise en œuvre des réformes de libéralisation, a montré, pour la période 1986-1999, une tendance

Villes 1986 2007 % change Bamako 50 66 +32 Sikasso 21 6 -71 Koutiala 21 15 -29 Mopti 33 29 -12 Total 125 116 -7

Sources: Enquêtes de MSU en 1986 - OMA 2007

globale à la baisse des prix au producteur en terme nominal et réel (Dembélé et al. 1999) et un impact mitigé sur les revenus des producteurs (Kébé et al. 1999). Les courbes ci-dessous (Figure 11) présentent l’évolution du prix réel du sorgho à la production dans la zone de Koutiala (une des zones d’étude de RuralStruc 2) et à la consommation à Bamako. On observe une évolution chaotique mais semblable pour les deux prix. Il existe une très forte relation linéaire entre prix à la production et prix à la consommation (graphique de droite dans la Figure 11). Il y a de très fortes variations interannuelles liées aux résultats des campagnes eux-mêmes liés à la pluviométrie ; il existe également des fluctuations saisonnières, qui n’apparaissent pas sur le graphique, et qui sont liées aux variations de l’offre au cours de la campagne agricole.

Figure 11 : Analyses des prix du sorgho: consommation et production

La répartition des marges entre les différents acteurs de la filière pour la zone de Koutiala (Tableau 97 en annexe) montre que la part du producteur dans le prix au consommateur est restée relativement stable entre 1993 et 2004 pour le sorgho et le maïs ; entre 2005 et 2007 il y a une diminution de la part des producteurs pour les deux produits (moins 3% par rapport au chiffres de 2002 à 2004). Par contre, les marges brutes totales entre le producteur et le consommateur ont constamment augmenté pendant toute la période d’analyse. Cependant, cette augmentation peut être due aux coûts de commercialisation comme le transport et au taux de crédit souvent considérés comme excessifs par les grossistes.

Les marges brutes des céréales varient selon les années, le type de produits et les localités. Elles sont relativement faibles dans les zones de grande production et assez élevées dans les régions enclavées et à faible production reflétant ainsi la plus grande compétition et les économies d’échelle dans le commerce de céréales dans les zones de grande production. Depuis la dévaluation, la compétitivité des céréales sèches s’est améliorée, tant sur les marchés locaux que régionaux21. Cette filière, qui est

21 Diakité, L 2006, page 136 : « après la dévaluation, le constat est que les forains réalisent des marges positives malgré une augmentation très sensible des coûts de transport. Ceci a été possible grâce au gain de compétitivité des produits céréaliers nationaux ». Voir aussi Kébé et al. 1999.

y = 0,7726x - 17,478 R2 = 0,8903 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 0 50 100 150 200 250 300 Prix au producteur à Koutiala (Fcfa/kg) Prix au consommateur à Bamako (Fcfa/kg) Nuage de points prix mensuels courants du sorgho 1993 à 2007

Source : calculs des auteurs à partir des données de l'OM A Prix réels moyens annuels du sorgho 1993 à 2007 Base 2000

y = 0,123x + 80,065 R2 = 0,0006 y = 0,7493x + 120,35 R2 = 0,0187 40 60 80 100 120 140 160 180 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 est. F C F A /k g

Prix au producteur Prix à la consommation Linéaire (Prix au producteur) Linéaire (Prix à la consommation)

un des piliers de la sécurité alimentaire au Mali, fait, l’objet d’une demande croissante des pays voisins et voit aussi l’émergence de petites unités de transformation (Diakité, 2006).

D’une manière générale, les variations de prix en fonction des résultats des campagnes sont très fortes et sont davantage liées à la pluviométrie qu’aux résultats de la libéralisation ou la performance des marchés (voir Figure 11). Etant donnée cette variabilité climatique et l’étroitesse du marché, la libéralisation n’a pas pu induire une stabilisation des prix et les producteurs se retrouvent toujours dans des situations qui varient d’une année à l’autre. Les politiques mises en œuvre n’ont pas beaucoup contribué à une véritable amélioration de la conservation et du stockage même si des opérations banque de céréales dans les villages ont été initiées par de nombreux projets. Ces opérations visaient en effet davantage la sécurité alimentaire à l’intérieur du village que l’amélioration de l’aval de la filière céréales sèches. Il faut tout de même mentionner le projet PACCEM qui a obtenu des acquis importants dans ce domaine mais qui restent à prolonger et à amplifier.

4.5 Contractualisation

Au Mali, les contrats de production entre producteurs de céréales sèches et les autres acteurs de la chaîne de commercialisation n’existent pas car les producteurs produisent principalement pour l’auto consommation. Les quantités vendues ne sont pas forcement des excédents et répondent surtout à des contraintes de trésorerie. Les résultats des enquêtes exploitations agricoles réalisées dans le cadre de cette étude confirment cette analyse. Pas un seul chef d’exploitation interrogé n’a fait mention d’un contrat pour la commercialisation des céréales sèches. Les niveaux de commercialisation des céréales sèches produites sont faibles : pour les trois zones concernées (Diéma, Tominian et Koutiala), 81 à 95% des exploitations commercialisent moins de 20% des céréales sèches produites (voir page 180).

Pour les autres acteurs de la filière, la sécurisation des transactions est un facteur très important dans l’organisation de l’activité de commercialisation. En effet, avant et juste après la libéralisation du commerce des produits agricoles, les transactions se faisaient sur la base des déclarations verbales et sur la base de la confiance. Mais les enquêtes ont montré que depuis le début des années 1990, les grossistes utilisent de plus en plus des documents écrits pour matérialiser leurs transactions (OMA, 2008).

Aussi bien en achat qu’en vente, plus de la moitié des grossistes utilisent les contrats écrits ou non (54% pour les achats auprès des regroupeurs contre 74% pour les ventes auprès des distributeurs, OMA, 2008). La proportion des grossistes utilisant des contrats pour la vente est supérieure à celle utilisant les documents pour les achats. Cela dénote une confiance entre les grossistes et les collecteurs/regroupeurs qui est plus forte qu’entre les grossistes et leurs clients. Le fait que les grossistes utilisent davantage la contractualisation pour les ventes que les achats s’explique aussi par le fait que la plupart des grossistes utilisent leurs propres réseaux pour les achats, contrairement aux ventes qui se font en partie avec les acheteurs institutionnels qui utilisent les contrats.

Conclusion

Les principales conclusions que l’on peut tirer de cette analyse sont les suivantes :

• La production de céréales sèches est destinée avant tout à l’autoconsommation des ménages ruraux. La part de la production vendue sur le marché ne dépasse pas 10 à 25%, ce que confirment les résultats des enquêtes (voir infra). La majorité des petits producteurs vendent à la récolte des petites quantités qui élèvent les coûts de collecte de l’offre rurale. Cette caractéristique de l’offre des producteurs a induit une structure de marché qui comprend un grand nombre d’agents collecteurs dans les zones de production relié à un petit nombre de grossistes qui sont les vrais moteurs du système de commercialisation ;

• De façon schématique, on peut identifier plusieurs chaînes de commercialisation qui se sont renforcées ou mises en place avec la libéralisation économique dans les années 80. Ces chaînes sont de longueur variable : la plus courte concerne un échange entre producteur et consommateur rural ; la plus longue passe par une série de transactions entre intermédiaires pour aboutir au consommateur urbain dans un pays voisin ;

• Sur l’ensemble de ces chaînes s’effectuent des opérations de transfert, de transformation et de stockage. Sur les différents marchés (de production, de regroupement, de gros et de consommation) on peut rencontrer des producteurs, des collecteurs, des « regroupeurs », des grossistes/demi-grossistes, des détaillants, et des consommateurs ;

• Le stockage continue à se faire au niveau des producteurs, alors que les autres acteurs ne stockent que de petites quantités pendant des périodes de temps relativement courtes, sauf s’ils sont installés dans un endroit enclavé avec un transport vers les zones d’approvisionnement très difficile pendant la saison pluvieuse ;

• Il existe des formes de contractualisation entre les différents acteurs de la filière qui n’intègrent pas jusqu’à présent les producteurs. Il n’existe pas de contrat au bas de l’échelle de commercialisation (par exemple, entre producteurs et collecteurs) ;

• La différenciation des produits par la qualité (variété, impureté, homogénéité, propreté) joue un rôle limité, mais croissant, dans le système de commercialisation ; la qualité est plutôt gérée par les acheteurs que les vendeurs (conditionnement des céréales achetées).

• La transformation reste de petite échelle ou artisanale, mais elle a récemment connu une expansion à Bamako, présentant ainsi des opportunités pour le développement d’entreprises le plus souvent gérées par des femmes (mais il manque d’informations sur ce secteur de petites et moyennes entreprises) ;

• Depuis la libéralisation, le marché malien s’intègre progressivement au marché régional (en raison essentiellement des tarifs extérieurs communs de la CEDEAO et d’une moindre interférence du gouvernement), mais il existe toujours des contraintes à un commerce efficient (interdiction d’exporter pendant certaines années, mauvais état des routes, tracasseries des autorités, nombreux postes de contrôle le long des corridors, manque de capacité de stockage).