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4 Les résultats obtenus en paléoparasitologie

4.5 Synthèse des informations de la paléoparasitologie

4.5.4 Répartitions géographiques des taxons

4.5.4.2 Informations apportées par les aires de répartition et discussion

de répartition et discussion

A l'échelle de la zone d'étude, des aires géographiques particulières se différencient par rapport à l'aire de répartition de l'ensemble des sites étudiés.

Ces secteurs géographiques particuliers pourraient par exemple mettre en évidences des différences dans les habitudes alimentaires des populations de l'Empire romain ou encore dans les types d'élevages pratiqués dans certaines zones géographiques.

Les aires de répartitions maximales indiquent tout d'abord que les taxons observés en paléoparasitologie le sont dans tout l'Empire romain, même si la densité des sites est variable. Le nombre de sites étudiés est en effet plus important dans le Nord-Ouest que dans le reste de l'Empire romain ce qui explique par ailleurs le manque d'information pour le pourtour méditerranéen et les pays à l'Est de l'Empire, limitant les interprétations. En revanche dans la zone géographique la plus étudiée (Nord-Ouest de l'Empire romain), quelques taxons sont moins présents voire absents de certaines régions.

Pour les zones assez renseignées, l'absence de mise en évidence peut tout simplement indiquer l'absence des parasites. Il convient dans ce cas de prendre en considération les parasites connus pour les époques antérieures. Par exemple les taxons de GRCapillariinae ne sont pas observés au Royaume-Uni alors qu’ils le sont sur au moins un site daté du Mésolithique (Dark, 2004)24.

Cependant d’autres biais sont à considérer, comme la taphonomie et la conservation différentielle des œufs de parasites (cas d'Ascaris sp. ou d'E. vermicularis) ou

24 Les œufs observés dans cette étude sont attribués à Trichuris sp. mais les caractéristiques présentent sur les

160 l’échantillonnage, parfois inadapté à la mise en évidence de certains parasites. L’écologie des parasites doit aussi être prise en compte. Certaines zones géographiques, de par leur climat, ne sont pas favorables au développement des cycles parasitaires.

Une fois ces différents biais potentiels écartés ou discutés, certaines zones géographiques se distinguent néanmoins. Le Royaume-Uni, par exemple, se distingue des autres pays étudiés par le nombre plus faible de taxons de Nématodes observé (seulement quatre sur les douze taxons présentés), ainsi que par l'absence dans sa partie Nord des taxons de la classe des Cestodes et de celle des Trématodes.

Cette biodiversité plus faible pourrait tout d’abord être liée au fait que le Royaume-Uni est formé par des îles. En effet il a été observé que pour une même espèce hôte, les populations insulaires sont moins parasitées que les populations continentales (Courchamp et Sugihara, 1999).

Ces différences auraient pu aussi s'expliquer par le nombre d'études réalisées. Or, le Royaume-Uni se situe dans la zone la plus renseignée de l'Empire romain, et correspond au deuxième pays le plus étudié après la France (voir Figure 16, p. 74, et 3.2.4

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Localisation géographique et chronologie des sites, p. 72).

Une autre information intéressante concerne la prévalence des taxons. Actuellement

Dicrocoelium dentriticum est largement répandu en Europe mais sa distribution au Royaume-

Uni est limitée. La prévalence de ce taxon est importante sur certaines îles de la côte ouest de l'Ecosse et les mentions en Angleterre sont rares (Cranwell et al., 2010; Tarry, 1969). Il en était peut-être de même à l'époque romaine ce qui pourrait expliquer l'absence des taxons de GRDicrocoeliidae.

Il est difficile de savoir si les prévalences de chaque taxon pour l'époque romaine correspondent ou non aux prévalences actuelles car le nombre d'occurrence est trop faible et ne permet pas de déterminer les valeurs anciennes de ces prévalences.

Cependant, les informations concernant la faible présence de Dicrocoelium dentriticum au Royaume-Uni remontent au moins à 1966, soit il y a 50 ans (Pike et Biddle, 1966), ce qui pourrait indiquer que ce taxon est faiblement présent dans cette région depuis plus longtemps. Un élément de l'environnement pourrait y être défavorable car il s'observe principalement dans les régions qui possèdent des sols secs, calcaires et alcalins qui favorisent ses hôtes intermédiaires (gastéropode terrestre et fourmis) (Berger, 2015; Chartier et Reche, 1992; Otranto et Traversa, 2003).

L'humidité des sols dépend de plusieurs facteurs (composition, épaisseur des horizons…) et principalement du climat ainsi que des précipitations (Jones et al., 2005). Il est difficile de déterminer si les sols de certaines régions de l'Empire romain étaient plus secs que d'autres d'autant plus que des changements climatiques ont eu lieu au cours de la période romaine (Büntgen et al., 2011).

Au contraire, la composition des sols et leur pH dépend en grande partie des roches sous- jacentes. Concernant les valeurs du pH du sol, Reuter et al. (2008) précisent que les valeurs les plus basses correspondent à des sols développés sur des roches acides (granite…), alors que les valeurs les plus hautes sont liées à la présence de sédiments calcaires et des roches basiques. Selon la base de référence mondiale pour les ressources des sols25 (WRB), deux types de sols sont calcaires : les Calcisols et les Leptosols.

25 Système international de classification des sols approuvé par l'Union internationale des sciences du sol

162 Pour l'Europe, la Figure 51 (p. 163) présente la répartition de ces deux types de sols (Jones et

al., 2005), et la Figure 52 (p. 163) le pH des sols à gauche (JRC of the European

Communities, 2010) et les sites d'époque romaine comportant des taxons de GRDicrocoeliidae à droite (en vert).

163 Figure 51 : Répartition en Europe des sols calcaires de type Calcisols à gauche et Leptosols à droite (cartes modifiées d'après Jones et al., 2005).

Figure 52 : Carte du pH des sols en Europe à gauche (modifiée d'après JRC of the European Communities, 2010) et sites d'époque romaine comportant des taxons de GRDicrocoeliidae (autres sites étudiés en blanc et nom des sites particuliers en bleu).

O Owwsslleebbuurryy L Loonnddrreess Z Zwweeeelloooo wwoommaann R Reezzéé

164 Les cartes montrent que le pH des sols au Royaume-Uni est plutôt acide, en particulier dans le Nord, et qu'aucun sols calcaires n'est présent, semble-t-il, à l'exception d'une zone sur la côte Sud et d'une autre sur la côte Est un peu plus au Nord (Leptosols). La plupart des sites étudiés au Royaume-Uni se trouvent donc dans une région où les sols sont plutôt acides et non calcaires. Concernant les deux sites positifs pour le genre Dicrocoelium, Owslebury (S_0020, ETP_0032) se trouve au niveau de la zone comportant des sols calcaires sur la côte Sud. L'autre site positif, Londres (S_0010, ETP_0029), se trouve en revanche sur une zone pour laquelle le sol est acide et non calcaire.

En dehors de ce pays, les autres sites d'époque romaine comportant ce taxon se trouve sur des sols calcaires et/ou alcalins sauf le site de Rezé (S_0071), et le site de découverte de la femme de Zweeloo (Zweeloo woman, S_0025). Pour le Nord du Royaume-Uni, le pH des sols plutôt acide et le fait qu'aucun sol calcaire n'y soit présent pourrait donc expliquer l'absence de ce taxon dans cette région.

Certaines études ont cependant, montré la présence de Dicrocoelium dans des régions où les sols sont peu calcaires (Ducháček et Lamka, 2003). Pour vérifier cette hypothèse concernant la présence de Dicrocoelium sp. en lien avec les types de sols, il faudrait à présent multiplier les études en paléoparasitologie afin de compléter la liste des occurrences de ce taxon. Il faudrait en particulier contrôler les paramètres environnementaux de chacun des sites étudiés (types de sol, pH…).

Pour les autres taxons et groupes de taxons, la répartition des sites est homogène au sein des aires de répartitions maximales (voir Volume 2, Annexe 9, p. 22-34) et aucune zone particulière n'est visible en dehors du Royaume-Uni discuté ici.

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