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4 Les résultats obtenus en paléoparasitologie

4.5 Synthèse des informations de la paléoparasitologie

4.5.4 Répartitions géographiques des taxons

4.5.4.1 Aires de répartitions maximales

La localisation géographique des sites permet de s'intéresser à la répartition des occurrences de chaque taxon ou groupe de taxons observés au cours de l'époque romaine. Sur les quatre- vingt sites étudiés, seuls deux n'ont pas de localisation géographique (S_0044 et S_0069) et ne pourront donc pas être pris en compte. Les figures 47 à 50 (p. 154 à 158) présentent respectivement les cartes de répartitions maximales des différents taxons retrouvés. Sur les cartes, les lignes matérialisent les aires de répartition, et les triangles inversés, la localisation des taxons observés sur un seul site. Dans le cas des protozoaires, il a été choisi de matérialiser les aires de répartition par des lignes pointillées car les informations disponibles sont peu nombreuses. Des cartes précises figurant les localisations des sites positifs pour chaque taxon et groupes de taxons sont présentées en Annexe 9 (Volume 2, p. 22-34).

Pour les Nématodes (Figure 47, p. 154), GRAscaris et GRTrichuris sont présents dans tout l'Empire romain et couvrent des aires de répartitions similaires du Royaume-Uni à l'Ouest du Moyen-Orient (Israël à Egypte). Oxyuris equi est lui aussi présent au Royaume-Uni mais son aire de répartition ne s'étend pas au-delà de la France et de l'Ouest de l'Allemagne. Les autres taxons de Nématodes sont absents du Royaume-Uni.

Parascaris sp. et Dioctophyma renale sont présents chacun sur un seul site (site de Beauvais

ETC_0007, S_0076 et site de Troyes ETI_0013, S_0054). Ces observations constituent à ce jour les seules occurrences connues de ces deux parasites pour l'époque romaine. Notons également que ces deux taxons sont rarement observés en paléoparasitologie, et seules quelques mentions sont connues pour d'autres périodes chronologiques. Par exemple,

Parascaris sp. a été observé sur le site médiéval français de Charavines (Bouchet et Bentrad,

1997) et Dioctophyma renale sur le site néolithique suisse d'Arbon-Bleiche 3 (Le Bailly et al., 2003c).

Enterobius vermicularis est également rarement observé au cours de nos analyses. Jusqu'à

présent, il a été observé pour l'époque romaine uniquement en Egypte et à Israël alors que des échantillons spécifiquement d'origine biologique humaine ont été étudiés dans d'autres pays de l'Ouest de l'Empire. Cette localisation spécifique pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs. Tout d'abord, dans le cas de la mention égyptienne, les deux momies humaines correspondent

153 à un contexte particulier d'étude réalisée. Ensuite, l'autre observation ayant été réalisée dans un échantillon de sédiment, il existe peut-être dans ces régions des conditions climatiques plus favorables à la préservation des œufs d'E. vermicularis comparé aux pays ouest-européens23. En effet, les œufs de ce parasites, semble-t-il plus fragiles, n'ont été observés en Europe de l'Ouest qu'à deux reprises : sur un site médiéval allemand et sur un site danois de la même période (Gonçalves et al., 2003).

Macracanthorhynchus sp., GRCapillariinae et GRToxocara occupent quasiment la même

aire de répartition localisée principalement dans le Nord de la France qui s'étend jusqu'à l'Ouest de l'Allemagne et en Belgique, excepté pour Macracanthorhynchus sp.

Acanthocephala est présent de l'Europe de l'Ouest jusqu'à l'Egypte et

GRRhabditida_Strongylida est présent de l'Europe de l'Ouest jusqu'au Soudan. L'absence

d'identification pour les taxons correspondants limite les interprétations concernant leur répartition.

23

154 Figure 47 : Aires de répartitions maximales des taxons et groupes de taxons de la classe des Nématodes observés pour l'époque romaine (les lignes matérialisent les aires de répartition et les triangles inversés la localisation des taxons présents sur un seul site).

155 Figure 48 : Aires de répartitions maximales des taxons et groupes de taxons de la classe des Cestodes observés pour l'époque romaine (les lignes matérialisent les aires de répartition et les triangles inversés la localisation des taxons présents sur un seul site, la zone en pointillé représente la localisation approximative de Taenia solium).

La répartition des deux groupes de Cestodes (Figure 48 ci-dessus), GRDiphyllobothriidae et

GRTaeniidae, est similaire pour l'Europe de l'Ouest. En particulier, ils ne sont pas observés

dans le Nord du Royaume-Uni contrairement à certains Nématodes. Pour le Moyen-Orient,

156 les Diphyllobothriidae sont absents d'Egypte et du Soudan au contraire des Taeniidae. Ils semblent apparaitre plus tardivement, au moment des croisades, et auraient pu avoir été importé par les Européens (Le Bailly et Bouchet, 2013).

Taenia solium, le ténia du porc, est lui aussi identifié en Egypte dans une momie (ETP_0068,

S_0044) dont la provenance exacte n'est pas connue. Conservée dans un musée italien, le sarcophage qui la contient provient du site de la nécropole d'Edfu (el Hassaia o Nag el Hassaia). Cependant la momie qu'il contient est celle d'une femme, alors que le sarcophage est celui d'un homme (Manacorda et al., 2012). Il s'agit probablement d'une association réalisée au début du 20ème siècle entre un sarcophage vide et une momie sans sarcophage, pratique courante à l'époque.

Enfin Hymenolepis nana s'observe seulement sur un site (site de Reims, S_0008) ce qui ne permet pas de discuter sa répartition dans l'Empire romain. Cette occurrence correspond également à la seule mention connue de ce parasite pour l'époque romaine.

157 Figure 49 : Aires de répartitions maximales des taxons et groupes de taxons de la classe des Trématodes observés pour l'époque romaine (les lignes matérialisent les aires de répartition).

Les aires de répartition des Trématodes (Figure 49 ci-dessus) présentent des points communs avec celles des Diphyllobothriidae. En particulier, ils ne sont pas observés dans le Nord du Royaume-Uni.

158 Figure 50 : Aires de répartitions maximales des taxons de protozoaires parasites intestinaux observés pour l'époque romaine (les lignes pointillées matérialisent les aires de répartition possibles mais non vérifiées).

Les protozoaires parasites intestinaux (Entamoba. histolytica et Giardia intestinalis) sont observés pour l'époque romaine avec certitude sur seulement deux sites situés en France (site de Troyes, S_0054 et site de Lattes, S_0009). En effet, pour le site de Nahal Mishmar (S_0028, ETP_0045) il convient de considérer les occurrences comme une suspicion de

159 présence et non comme une présence confirmée, car aucune photographie ne vient attester de leur observation (Witenberg, 1961). Pour le moment il n'y a donc pas assez d'informations disponibles pour discuter de leur répartition.