cellulaire. L'utilisation de la technique du RI
8nous a permis de suivre de manière directe et
continue l'étape de fusion. Par la méthode PCR, nous avons montré que cette fusion était
accompagnée par l'entrée de l'ARN viral dans la cellule.
La combinaison de ces deux techniques nous a permis de montrer que le marquage du
BLV au RI
8(BLV-R18) n’altère pas les activités biologiques du virus. En effet, l’interaction
du BLV-R18 avec des cellules cibles se traduit par une fusion lente et progressive atteignant
15% (avec les cellules CC81) ou 12% (avec les cellules Raji) après 25 min d’incubation à 37°C
(cf article I, fig 1, courbes A et B). Cette fusion est accompagnée par le libération de l'ARN
viral dans la cellule. Par PCR, nous avons pu détecter l'ADN du BLV dans les cellules CC81
après 20 min d’incubation à 37°C (cf article I, fig 7).
L’anticorps polyclonal B67 (sérum de bovin infecté) inhibe l’adsorption du virus aux
cellules. En effet, seuls 3% du virus s’associent aux cellules en présence de cet anticorps (fig.
IV.
6). De plus, l’anticorps B67 bloque complètement la fusion du BLV-R18 avec des cellules
CC81 ou Raji (cf article I fig. 3,4 courbes A). Le sérum de bovin non infecté (utilisé comme
control) n'affecte ni l'adsorption (fig. IV.
6) ni la fusion (cf article i fig. 3,4 courbes B) du virus
avec les cellules Ceci montre clairement que l’augmentation de fluorescence que nous
observons lors de l’incubation du BLV-R18 avec des cellules est spécifique de la fusion.
Comme pour tous les virus enveloppés, la fusion du BLV avec la cellule cible est
médiée par ses glycoprotéines de surface. La sous-unité externe gp51 assure la reconnaissance
du récepteur cellulaire. La gp30 est transmembranaire et est impliquée, par son extrémité NH
2-
terminale hydrophobe, dans le processus de fusion. L’importance de l’extrémité NH
2-terminale
de la glycoprotéine transmembranaire dans la fusion a été mise en évidence pour de nombreux
virus (White et al., 1983, 1990). Cependant, des travaux réalisés sur la gpl20 du HIV ont
montré qu'en plus de la reconnaissance du CD4, la gpl20 est également impliquée dans la
fusion membranaire (Willey et al., 1988, Skinner et al., 1988, Kowalski et al., 1987).
Bruck et al., (1982a) ont défini trois épitopes conformationnels F, G et H situés à
l’extrémité NH
2-terminale de la gp51. Ces épitopes semblent être importants pour l’infectivité
du virus ainsi que pour la formation de syncytia (Bruck et al., 1982a, 1982b, Portetelle et al.,
1989). Des anticorps monoclonaux (monoF, monoG, et monoH) dirigés contre ces épitopes
sont connus pour inhiber la formation de syncytia (50% d’inhibition pour monos F et G, 100%
pour monoH). Nous avons testé l’effet des anticorps monoF et monoG sur le processus de
fusion BLV-cellule cible. Nous avons ainsi montré que bien qu'ils soient dirigés contre la gp51,
les anticorps monoF et monoG n'affectent pas l'adsorption du virus sur les cellules. En effet, en
présence ou en absence de ces anticorps, le même pourcentage de virus s'associe aux cellules
CC81 ou Raji (fig. IV.
6). Cependant, la présence de monoF ou de monoG entraîne une
diminution de la fusion du BLV avec les cellules, d’environ 60% (cf article I, fig 5,6 courbes B
et C). De plus, l’ADN viral n’a pu être détecté dans les cellules en présence de monoF ou
monoG (fig.
8pistes
6et 7). Ces résultats suggèrent qu’en présence de ces deux anticorps, une
faible quantité de virus arrive toujours à fusionner avec les cellules. La quantité d’ARN viral
qui entre dans les cellules dans ces conditions n’est probablement pas suffisante pour être
détectée par PCR. Ces résultats montrent que les anticorps monoF et monoG inhibent la fusion
membranaire induite par le BLV sans affecter la liaison du virus aux cellules. Ceci suggère que
la région de la gp51 contenant les sites F et G (aa 39-103) serait impliquée dans le processus
de fusion membranaire et non pas dans la reconnaissance du récepteur.
L’anticorps monoclonal monoH inhibe complètement la formation de syncytia (Bruck
et al., 1982a). Cependant, nos résultats montrent que le monoH n’a aucun effet sur la fusion
virus-cellules (cf article I, fig 5,6 courbes D). Ceci n'est pas dû à une inactivité de l'anticorps.
En effet, le monoH utilisé est capable d'inhiber la formation de syncytia. Par PCR, nous avons
pu détecter l’ADN viral dans les cellules CC81, même en présence de monoH (cf article fig.
8piste
8). Ceci suggère que, malgré son importance pour la formation de syncytia, l’épitope H
n’est pas essentiel à la fusion virus-cellule. La fusion cellule-cellule et la fusion virus-cellule
induites par le BLV seraient donc deux phénomènes différents.
fu
s
io
n
(%
)
v
ir
u
s
a
d
s
o
rb
é
{%
)
0|/g ApoAl le^/gApoAl 32>ug ApoAl 64/yg ApoAl 100/ugApoAI
Fig. IV. 7. Effet de l'ApoAl sur l'adsorption (A) et la fusion (B) du BLV-R18 avec
des cellules CC81. 13pg de BLV-R18 ont été incubés avec différentes concentrations
d'ApoAl (0, 16, 32, 64 ou lOOpM) pendant Ih à 4°C. 2 10® cellules CC81 ont ensuite
été ajoutées et incubées avec le virus à 4°C. Après Ih d'incubation, le complexe
virus/cellules a été transféré dans la cuve de fluorescence contenant du tampon hépès
préchauffé à 37°C. L'augmentation de fluorescence qui reflète la fusion BLy-
R18/CC81 est mesurée pendant 1200 secondes.
IV. 1. e: Effet de l’ApoAl sur la fusion du BLV-R18 avec les cellules CCS J:
Vonèche, (1991) a montré que l'apolipoprotéine Al, le constituant majeur des "high
density lipoproteins" caractérisé par une succession de
6hélices amphipatiques, inhibait la
formation de syncytia induite par le BLV. Des résultats similaires ont été obtenus dans le cas
du HIV (Owens et al., 1990) et du virus de l'herpès (Srinivas et al., 1990). Cet effet inhibiteur
de l'ApoAl semble spécifique des virus enveloppés. Le mécanisme exact de cette inhibition
reste inconnu. Cependant, Martin et al., (1992b) ont montré que l'ApoAl inhibe la fusion de
vésicules lipidiques induite par les peptides de fusion du virus HIV et SIV en interagissant
directement avec ces peptides.
L’incubation du BLV-R18 avec l’ApoAl avant l’addition des cellules et la formation
du complexe virus-cellules à 4°C, entraîne une inhibition dose-dépendante de la fusion du
BLV-R18 avec les cellules CC81 (fig. IV. 7A). L’ApoAl n’interfère pas avec l’étape de la
reconnaissance du récepteur cellulaire. En effet, la même quantité de virus (13%) s'adsorbe sur
les cellules en présence ou en absence de l’ApoAl (fig. IV. 7B). L’addition de l’inhibiteur au
complexe virus-cellules, préformé à 4°C, ne modifie pas la cinétique de fusion. Ceci montre
que pour inhiber la fusion, l’ApoAl doit être présente au moment où le virus se fixe sur son
récepteur. La fusion de l’enveloppe virale avec la membrane cellulaire nécessite un changement
de conformation des glycoprotéines virales qui entraîne la libération du peptide de fusion
(Stegmann et al., 1989, Hoekstra et al., 1990). Dans le cas des virus pH-indépendants, ce
changement de conformation se produirait suite à la liaison du virus à son récepteur cellulaire
(White et al., 1990). Rappelons par ailleurs que l’ApoAl interagit directement avec le peptide
de fusion du HIV et du SIV (Martin et al., 1992b).
Après la fixation de la gp51 sur le récepteur cellulaire, le changement de conformation
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