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5. SYNTHÈSE ET PERSPECTIVES D’AMÉLIORATIONS

5.4. Inertie au changement : l’éducation est probablement le meilleur levier

Le retour historique présenté en section 2 visait à rappeler au lecteur que les problématiques environnementales sont soulevées par les scientifiques depuis très longtemps et que malgré cela les actions

mises en place semblent toujours insuffisantes aux vues de la faible diminution des émissions de GES ainsi que de celle de l’empreinte écologique comme décrite dans cette section.

Statuquo plus facile que le changement

Les exemples mentionnés à la section 1.4 illustrent que les questions environnementales existent depuis très longtemps. Le cas de l’ile de Pâques est parfois mentionné comme exemple historique d’une mauvaise gestion des ressources menant à l’effondrement d’une civilisation ou plus rarement aux impacts des changements climatiques (Orliac, s. d.).

Le statuquo est souvent préféré au changement : les risques et les incertitudes de toute modification alimentent la peur de l’inconnu. En ajoutant à cela une préférence marquée pour le « court terme par rapport au long terme » dans les sociétés occidentales (GIEC, 2015b, p. 6), les probabilités de changements de but visé, soit la croissance économique, pour le futur semblent faibles. Cela est d’autant plus incohérent que la marge de manœuvre pour réduire la consommation d’énergie, le gaspillage alimentaire et les émissions de GES est importante grâce aux modifications possibles dans les modes de vie et les comportements. Selon le GIEC, « [p]lusieurs solutions, telles que les incitations financières et non financières ou la sensibilisation, peuvent faciliter les changements de comportement. » (GIEC, 2015b, p. 21). Une nuance peut néanmoins être apportée entre le terme de « sensibilisation » et celui d’« éducation ». Alors que la sensibilisation correspond à l’« [a]ction, fait de susciter l’intérêt, la curiosité de quelqu’un ; résultat de cette action. », l’éducation est associé à l’« [a]rt de former une personne […] en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d’affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie » (CNRTL, s. d.d et s. d.e). La deuxième définition s’ancre dans le temps alors que la première parait plus passagère. C’est pourquoi le terme d’éducation sera utilisé dans la suite du paragraphe et que la sensibilisation ne sera pas évoquée.

Hypothèse d’un changement radical par l’éducation

Certaines personnes ne veulent absolument pas modifier leurs comportements. D’autres ne sont pas convaincues de l’origine anthropologique des changements climatiques ou de la dégradation de l’environnement à cause des activités humaines, malgré les ouvrages de référence cités en section 1.4. Dans l’hypothèse où tous les enfants nés après 2015 changeraient drastiquement leur mode de vie pour être plus en accord avec les cycles de régénération de la nature, sans pour autant refuser les avancées technologiques, la recherche et l’innovation qui permettraient d’améliorer la qualité de vie, en l’espace d’une ou deux générations, les changements tant attendus par les climatologues, biologistes, et scientifiques seraient possibles ; et ce, sans imposer aux adultes actuels de perdre en confort de vie. Cela reste très hypothétique ne serait-ce que de passer l’obstacle de la question « comment ? » sur le plan éthique.

Changements des valeurs sociales

L’immobilisme, l’inertie au changement et la peur de ce qu’il peut entrainer (GIEC, 2015b) sont des freins réels à la modification des valeurs de réussite dans les sociétés occidentales et de leurs modes de vie (Jackson, 2009). Une éducation à l’environnement pour reconnecter les urbains aux écosystèmes s’avère nécessaire. Le lecteur pourra élargir sa réflexion en lisant les articles de Lucie Sauvé, professeur de l’UQAM ou encore lire la revue « Éducation relative à l’environnement : Regards - Recherches – Réflexion ». Cette notion d’éducation est reprise par Victor (2011) dans son modèle de faible croissance : il est nécessaire de former les habitants, les citoyens, les jeunes et les étudiants aux différentes facettes de la vie et non uniquement à au travail (Education for life, not just for work). (Victor, 2011)

Que faire dans ces cas-là ? Patrick Viveret énonce l’importance de recréer un imaginaire positif pour favoriser l’action, allant même jusqu’à dire que « l’alarmisme est l’une des raisons qui expliquent l’immobilisme », le premier créant du désespoir, de la peur ainsi que de l’impuissance. En l’absence d’exemples concrets d’actions opposables à un risque majeur, l’inhibition ou la fuite sont les solutions réflexes disponibles. Florian Augagneur, interviewé dans la même émission, rappelle cependant que des avancées ont été faites, et que l’immobilisme ressenti n’est pas forcément réel (Augagneur, Gaillard et Viveret, 2017)

Concernant le secteur énergétique, peu abordé tout au long de cet essai, plusieurs moyens peuvent être mis en place pour réduire la consommation d’énergie. Les comportements des ménages observés peuvent être classés en trois catégories (Chandiwala et Malaviya, 2018) :

- Réduction au quotidien (éteindre les lumières, débrancher les appareils la nuit, etc.), - Maintenance des équipements (pour leur permettre d’opérer dans de bonnes conditions), - Remplacer les anciens équipements pour de nouveaux plus efficaces.

Les résultats de la première catégorie sont souvent surestimés tandis que ceux de la dernière sont plutôt sous-estimés (Chandiwala et Malaviya, 2018). Cependant l’achat de nouveaux équipements peut certes réduire la consommation d’énergie à l’usage, mais une analyse de cycle de vie en intégrant l’impact environnemental de la fabrication des équipements doit aussi être considérée.

Ces comportements de diminution de la consommation énergétique peuvent être diffusés grâce à l’éducation et aux informations données autant que par des rétroactions, directes comme indirectes, pour chaque ménage. Les rétroactions directes telles que les systèmes d’information en temps réel permettraient d’économiser 5 à 20 % tandis que celles indirectes plutôt de 5 à 10 % (Chandiwala et Malaviya, 2018). Ce dernier type de rétroaction peut se concrétiser en graphiques intégrés aux factures d’électricité par exemple présentant l’historique de consommation du foyer sur plusieurs mois ou encore la comparaison avec la moyenne municipale. (Chandiwala et Malaviya, 2018) Une comparaison avec la moyenne municipale ou le

voisinage peut amener des biais et entretenir la compétition, c’est pourquoi la première méthode serait à privilégier.