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Chapitre II : Matériel et Méthodes

4. Analyses des paramètres biologiques

4.2 Indices de croissance

Chapitre II : Matériel et Méthodes

82 Marquage individuel

Afin d’effectuer un suivi individuel de la croissance, les bars et les turbots ont été marqués, mesurés et pesés, au début de chaque expérience d’exposition en aquarium et avant l’expérience de caging à l’aide d’implant visuel (Visual Implant Alpha Tag, 1,2 mm x 2,7 mm, Northwest Marine Technology). Il s’agit d’un petit «tag» fluorescent avec un code alphanumérique qui est implanté sous la peau après anesthésie des juvéniles de poisson au 2-phenoxyethanol (320 µl.L-1 pour le bar et 200 µl.L-1 pour le turbot). Il est introduit à l’aide d’une seringue injecteur qui permet d’introduire délicatement le «tag» sous la peau tout en préservant le muscle et en restant extérieurement visible (Figure 28). Avant l’utilisation de ce type de marquage, des essais ont été réalisés à la fois sur le bar et le turbot afin de s’assurer qu’il ne représente qu’une gêne minime ou inexistante pour les organismes (aucune mortalité, nage non modifiée, pas de pertes du «tag»...)

Figure 28 : Marquage d’un juvénile de turbot à l’aide d’un implant visuel (Visual Implant Alpha Tag, 1,2 mm x 2,7 mm, Northwest Marine Technology). Le tag fluorescent est introduit sous la peau à

l’aide d’une seringue injecteur.

Taux de croissance spécifique

Le taux de croissance spécifique correspond à la mesure de l’augmentation journalière en poids (ou en taille), déterminé pour la période d’exposition considérée en conditions contrôlées ou semi-contrôlées. Il a été défini comme l’évolution du logarithme de la taille du poisson (souvent le poids) avec le temps (Elliott et Hurley, 1995) et ainsi calculé par l’équation suivante :

GW =100(ln W2 – ln W1)/(t2−t1),

où (W1) et (W2) représente le poids total du poisson (en mg) au temps (t1) (début de l’expérience) et t2 (temps de prélèvement).

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83 Cette équation a été utilisée pour calculer le taux de croissance spécifique en poids (en % par jour) des bars et /ou turbots lors des expériences d’exposition en aquarium et également lors de l’expérience de caging. De la même façon, le taux de croissance spécifique en longueur (en % par jour) a été calculé suivant l’équation :

GL =100(ln L2 – ln L1)/(t2−t1),

où (L1) et (L2) représente la longueur totale du poisson (en mm) au temps (t1) et (t2). 4.2.2 Otolithes : croissance récente et indices de formes

Croissance récente

Les otolithes sont des concrétions calcaires localisées au niveau de l’oreille interne et participent aux fonctions d’équilibre et d’audition. Trois paires sont présentes dans ces capsules otiques : le lapillus, la sagitta et l’astériscus. La composition chimique des otolithes peut être influencée par des facteurs physiologiques (taux de croissance, stress, activité de reproduction) et des facteurs environnementaux (salinité, température). L'otolithe croît par apposition d'un nouveau matériel sur sa surface. Ce phénomène cyclique, fonction du métabolisme du calcium et de la synthèse des acides aminés, conduit à la formation de microzonations composée d’une zone d'accrétion large et calcifiée et d’une zone "de discontinuité" étroite et organique (Watabe et al., 1982; Campana et Neilson, 1985). Cette zonation a mené à la découverte de stries journalières de croissance permettant d’estimer l’âge des poissons (Pannella, 1971). En s’intéressant à la distance inter-accroissement des dernières stries de croissances journalières, il est également possible d’estimer la croissance récente du poisson.

Une évaluation de la croissance des poissons basée sur la lecture de la microstructure des otolithes comporte trois étapes : extraction et montage de l’otolithe, préparation puis observation et interprétation. L’indice de croissance récente est déterminée à partir des sagitta, du fait de leur plus grande taille et donc de leurs stries journalières plus distinctes. L’extraction se fait sous loupe binoculaire, les deux sagittae sont nettoyées des tissus provenant des labyrinthes membraneux. Ils sont ensuite fixés dans une colle thermoplastique (Crystal Bond) et polis afin de réduire la profondeur du champ et d’améliorer la définition des accroissements. Le polissage se fait manuellement sur les deux faces de l’otolithe à l’aide de papiers abrasifs fins (de 3 µm à 0,1 µm) jusqu’à obtention d’un plan régulier contenant les accroissements journaliers périphériques. Chaque sagitta est ensuite gravée à l’EDTA (acide éthylenediamine tétraacétate 5%) durant quelques secondes puis rincée à l’eau distillée pour

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84 faciliter la discrimination des stries. Toutes les mensurations sont réalisées au microscope (grossissement 10x) le long d’un même axe antéro-postérieur et au niveau du rostre à l’aide du logiciel TNPC 4.2 (Traitement Numérique des Pièces Calcifiées) (Ogor et Fablet, 2005). La largeur des accroissements est mesurée à partir de la périphérie de l’otolithe par groupe de 3x5 stries (Figures 29 et 30). La lecture de chaque otolithe est réalisée trois fois à différents moments de la journée.

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Figure 29 : Otolithe de turbot et ses stries de croissance observées après polissage manuel

de l’otolithe.

Figure 30 : Otolithe de bar et ses stries de croissance observées après polissage manuel

de l’otolithe.

Indices de forme

Des variations de taux de croissance des poissons peuvent être reliées à des variations dans la microstructure et la forme des otolithes du fait de relations proportionnelles entre la croissance de l’otolithe et la croissance somatique (Burke et al., 2008). Au sein d’une même espèce, la forme de l’otolithe peut donc varier selon la taille du poisson, le site géographique, la profondeur et/ou d’autres facteurs environnementaux (Mérigot et al., 2007). L’observation de variations dans l’asymétrie des otolithes a également été utilisée comme indicateur pour analyser des différences entre populations (Gronkjaer et Sand, 2003) ou pour tester l’influence de différent paramètres environnementaux comme la température (Lu et Bernatchez, 1999), le

400 µm Longueur Largeur 1mm Longueur Largeur 100 µm 250 µm

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85 parasitisme (Sasal et Pampoulie, 2000) ou la pollution (Hardersen, 2000). Pour chaque expérience, plusieurs paramètres et indices de formes (Mérigot et al., 2007) ont pu être mesuré sur les otolithes à partir de photographies effectuées avant le montage des otolithes sur lame. Ces paramètres sont présentés dans le Tableau 5. Cet aspect a été plus particulièrement développé pour les flets prélevés dans le milieu naturel puisqu’ils sont amenés à intégrer davantage les caractéristiques du milieu et sur une plus longue période que ceux soumis à des expositions contrôlées. Paramètres de forme Longueur L Largeur l Périmètre P Aire A

Fluctuation d'asymétrie, otolithe droit (D) – gauche (G)

FA1 |AD-AL|

FA2 |AD-AL|/ADG

Tableau 5 : Paramètres de forme des otolithes mesurés au cours de ce travail de thèse et indices d’asymétrie calculés sur les juvéniles de flet, Platichthys flesus, prélevés dans les quatres estuaires

(Mérigot et al., 2007; Panfili et al., 2005).