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Chapitre II : Matériel et Méthodes

1. Expériences réalisées

1.5 Effets des contaminants chimiques sur l’état de santé de juvéniles de flet :

1.5.1 Zones d’études

Des prélèvements de juvéniles de flet ont été effectués en octobre 2010 dans différents estuaires situés : au sud de la mer du Nord (Escaut), en Manche orientale (Canche, Seine) et sur la façade Atlantique (Loire) (Figure 21).

Figure 21 : Localisation des quatre estuaires (Escaut, Canche, Seine et Loire) dans lesquels les juvéniles de flets (5-10 cm) ont été prélevés.

Escaut Canche

Loire

Seine

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60 L’estuaire de l’Escaut

L'Escaut (de Schelde en néerlandais) est un fleuve européen de 355 km de long, qui traverse 3 pays (France, Belgique et Pays-Bas) et 5 régions, avant de se jeter en mer du Nord. Son bassin versant s'étend sur plus de 20 000 km2 (dont 15 328 km2 en Belgique, soit plus de 50% de la surface de ce pays). L’estuaire est soumis à une très forte densité humaine et à une industrialisation ancienne. Les secteurs industriels les plus représentés (en nombre d’entreprises) sont ceux de l’industrie alimentaire et de l’industrie des métaux. L’estuaire de l’Escaut est également soumis à une agriculture intensive (privilégiant les cultures dans le sud du district et dans la partie néerlandaise et l’élevage en Région Flamande). Il est également sous l’influence des activités portuaires de quelques ports importants, dont celui d’Anvers qui est le deuxième port d’Europe et également l’un des plus grands au niveau mondial. Plus de 130 millions de tonnes de marchandises y sont transbordées chaque année (District hydrographique international de l’Escaut).

L’estuaire de la Canche

L’estuaire de la Canche est situé dans le département du Pas de Calais, au sud de Boulogne et se jette dans la Manche orientale. Le fleuve Canche, long de 85 km, draine un bassin versant de 1274 km². Il s’agit d’un petit estuaire long de 10 km environ et large de 1,5 km en son embouchure. Bien que la longueur de son cours soit modeste, la Canche bénéficie de l'apport de nombreux affluents et d'un débit élevé (15 m-3.s-1). Avec près de 48% du littoral qui est urbanisé ou industrialisé, la région Nord-Pas de Calais figure parmi les plus urbanisées. Cette région est également la seconde zone côtière la plus peuplée de France avec près de 700 habitants/km². Malgré toutes les pressions anthropiques rencontrées dans la région, la partie au sud de Boulogne sur mer se voit un peu plus épargnée par ces aménagements. Par conséquent, cet estuaire demeure peu soumis aux fortes perturbations anthropiques. De récents travaux ont d’ailleurs décrit les habitats côtiers à proximité de l’estuaire de la Canche étant de bonne qualité et peu anthropisés (Amara et al., 2007; Courrat et al., 2009) en comparaison aux zones portuaires de Dunkerque, Calais et Boulogne. Cet estuaire a ainsi été considéré comme estuaire de référence lors de notre étude.

L’estuaire de la Seine

L’estuaire de la Seine, situé dans la partie nord ouest des côtes françaises, débouche dans la Manche par l’intermédiaire de la Baie de Seine. Long de 776 km, le fleuve draine avec ses affluents (Aube, Yonne, Marne, Oise et Eure) un bassin hydrographique couvrant une

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61 superficie de 78 900 km² jusqu’à Tancarville, soit 15 % du territoire français, représentant à lui seul 40 % de l’activité économique française, 20 % de l’activité agricole et 30 % de la population nationale, soit 17 millions d’habitants. Quant au trafic fluvial du fleuve, il représente 50 % du trafic total français (Dange, 2002). Du fait de ces particularités, la Seine se trouve fortement soumise aux rejets d’origine anthropique, en particulier ceux provenant du bassin parisien. Les apports d’origine anthropique sont multiples. La Seine reçoit à Archères les rejets de la station d’épuration de l’agglomération parisienne. Deux autres grandes villes sont situées dans sa partie estuarienne : Rouen à 130 km en amont et Le Havre à l’entrée. A eux deux, les ports autonomes des agglomérations havraise et rouennaise constituent le plus grand complexe portuaire français avec un trafic total annuel de 75 millions de tonnes (Dange, 2002). Malgré les normes de rejet de plus en plus contraignantes, les industries qui y sont regroupées (usines chimiques, complexes pétrochimiques…) continuent à alimenter l’estuaire en polluants organiques et métalliques (rejets acides, hydrocarbures, métaux…). En raison d’un niveau de pollution important de l’estuaire, un suivi de sa contamination a été entrepris depuis plusieurs années dans le cadre du programme Seine Aval lancé en 1995.

L’estuaire de la Loire

Avec un cours long de 1000 km, la Loire constitue le plus grand fleuve français et la principale source d’apports de matériel d’origine continentale à la façade Atlantique européenne. Le bassin versant de la Loire est essentiellement agricole en amont de l’estuaire, seule la zone interne de l’estuaire est fortement urbanisée et industrialisée. L’essentiel des activités industrielles se situe au niveau de l’estuaire interne entre Nantes et Saint-Nazaire (zones portuaires, raffineries pétrolières, industries chimiques). A ce titre, des aménagements ont été réalisés pour faciliter le passage des grands navires à destination des ports de ces agglomérations et extraire, en amont, les sables et les graviers. Ces travaux ont changé fondamentalement la morphologie de l’amont de l’estuaire en provoquant notamment une progression vers l’amont des eaux marines et de la turbidité. Aux importantes sources de polluants que constituent ces activités industrielles s’ajoutent les rejets domestiques des deux agglomérations et les déversements urbains et industriels des autres grandes villes situées dans l’estuaire : Couéron, Cordemais et Donges (Dange, 2002). Les études des niveaux de contamination métallique menées en Loire depuis une vingtaine d’années ont montré l’existence au sein de l’estuaire d’une forte pollution en plomb d’origine industrielle (Boutier et al., 1993). Les travaux relatifs au mercure ont fait apparaître une contamination non

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62 négligeable de l’estuaire à ce métal, sans toutefois présenter un taux de pollution aussi élevé que dans l’estuaire de la Seine (Cossa et al., 1992).

1.5.2 Échantillonnage

Pour les estuaires de la Canche, la Seine et l’Escaut, un petit chalut à perche a été utilisé pour pêcher les flets (Figure 22). Il possède une ouverture horizontale de 1,5 mètre, une ouverture verticale de 0,4 mètre et un maillage en trois parties. L’entrée de chalut est constituée d’une maille de 10 mm, la partie intermédiaire d’une maille de 8 mm et le cul d’un maillage de 5 mm. Le chalut est tracté par une embarcation de type zodiac, équipée d’un moteur de 40 chevaux, à vitesse constante de 2 noeuds et toujours face au courant. La durée de traîne a été fixée à 15-20 minutes, représentant une surface échantillonnée d’environ 1000 m². Les coordonnées de départ et de fin de chalutage sont enregistrées à l’aide d’un GPS, permettant de calculer la distance effectuée. Les paramètres physico-chimiques ont été relevés pour chaque traîne. En fonction du nombre de flets pêchés pour chaque traîne, elles ont été répétées jusqu’à obtenir un nombre suffisant de flets de taille comprise entre 7 et 9 cm pour les analyses biologiques et chimiques. Les flets ont été immédiatement stockés dans de la glace et congelés à -20°C au retour en laboratoire. Du sédiment a été prélevé à pied en s’échouant à marée basse sur les bancs.

Figure 22 : Chalut à perche utilisé pour l’échantillonnage des juvéniles de flet (5-10 cm). Il possède une ouverture horizontale de 1,5 mètre, une ouverture verticale de 0,4 mètre et un maillage en trois

parties d’un maillage de 5 à 10 mm.

Pour l’estuaire de la Loire, nous avons fait appel à un pêcheur professionnel. La pêche a été réalisée de nuit, avec un chalut de fond à panneaux. Il s’agit d’un chalut de fond remorqué par un bateau et dont l’ouverture horizontale est assurée par des panneaux divergents,

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63 relativement lourds et munis d’une semelle d’acier prévue pour un contact accentué avec le fond.