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Incitatif nécessaire aux producteurs pour l’adoption des bonnes pratiques post-

Chapitre IV : Les résultats

4.1. Incitatif nécessaire aux producteurs pour l’adoption des bonnes pratiques post-

Pour définir la prime nécessaire aux producteurs pour l’adoption des bonnes pratiques agricoles visant à réduire les risques de contamination des arachides aux aflatoxines, comme on l’a exposé précédemment, le mécanisme BDM inversé individuel a été utilisé. Les participants avaient tous eu un accès limité (à hauteur des dettes effectuées pour un paquet de services auprès d’IFF) à un marché garanti. Cependant, pour un groupe de producteurs (G3) l’accès à ce marché est soumis au contrôle des aflatoxines au niveau de leurs arachides après la récolte, alors que le groupe G2 n’était soumis à aucune contrainte d’accès au marché. La mise des participants aux enchères représente donc leur consentement à recevoir pour mettre en œuvre les bonnes pratiques vulgarisées. La distribution des mises obtenues est présentée à la Figure 6. En moyenne les participants (les deux groupes confondus) ont exigé une prime de 775,45 gourdes pour adopter les pratiques, et la valeur médiane est de 700 HTG.

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Figure 6. Distribution des mises des producteurs

Caractéristiques sociodémographiques des participants

Comme indiqué au Tableau 4, les agriculteurs participants aux enchères sont relativement âgés. L’âge moyen du groupe est un peu plus de 52 ans. Le recensement général agricole (RGA) réalisé en 2008 avait rapporté que l’âge moyen des exploitants agricoles se trouvait dans l’intervalle 40-44 ans (MARNDR, 2012). Donc, les exploitants qui ont participé à l’étude sont un peu plus âgés que l’agriculteur moyen du RGA réalisé dix ans auparavant. Cependant, entre 2008 et 2018 les données peuvent bien être différentes.

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Tableau 4. Statistiques descriptives des variables pour l’ensemble de l’échantillon.

Moyenne/fréquence Écart-type Min Max

G2 G3 G2 G3 G2 G3 G2 G3

Mise 596,90 954,00 546,28 717,55 0 100 3000 5000

Âge 54,28 50,42 12,60 13,40 22 22 87 75

Genre (1=F) 30 % 28 %

Scolarisation (1= nulle ou faible) 74 % 72 %

Nbre de personne à charge 4,34 3,72 2,59 2,52 0 0 13 12

Autres activités (1=oui) 62 % 72 %

Agriculture principale activité

(1=oui) 90 % 84 %

Arachide culture principale (1=oui) 52 % 52 % Dernière campagne arachide

(1=année dernière, 0=plus d’un an) 68 % 60 % Connaissance de l’AF (1 = oui) 20 % 48 % Prise en compte santé

consommateur (1=oui) 42 % 36 %

Membre d’une organisation

(1=oui) 66 % 72 %

Encadrement (1 = élevé ou moyen) 52 % 58 %

N 50 50

En ce qui a trait à l’aspect genre, l’échantillon est plus ou moins proche de la configuration des exploitations agricoles en Haïti qui est composée de 25,3 % d’exploitations gérées par des femmes (MARNDR, 2012). Dans l’échantillon sur lequel on travaille, 29 % étaient des femmes. Il y a une légère différence entre les deux groupes participants aux enchères, comme c’est illustré à la Figure 7.

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Figure 7. Répartition de l’échantillon selon le genre et le groupe de producteurs

Pour les 100 agriculteurs qui ont participé aux enchères, 22 % ne savent ni lire ni écrire, mais ce taux est plus élevé chez les femmes. Plus de 27 % de ces agricultrices n’ont jamais fréquenté l’école contre 20 % pour les hommes. Plus de la moitié des producteurs (51 %) ont au plus un niveau primaire, donc au total 73 % des producteurs ont un niveau de scolarité faible ou nul. Le nombre de personnes à charge en moyenne des agriculteurs est de 4 personnes. Pour 87 % des participants, l’agriculture constitue l’activité économique principale et la culture d’arachides constitue la principale culture pour 52 % d’entre eux. À part l’agriculture, les producteurs pour la grande majorité, plus des 2/3, ont déclaré avoir d’autres sources de revenus. Les productrices sont les plus concernées par la pluriactivité économique. En effet, 86 % d’entre elles ont déclaré avoir des activités autres que l’agriculture.

Pour ce qui est du niveau d’informations des producteurs par rapport aux aflatoxines, 34 % ont déclaré avoir déjà entendu parler des aflatoxines avant ce travail. Par ailleurs, la prise en compte de la santé des consommateurs (c’est-à-dire, est-ce que le producteur vendrait une arachide s’il était au courant que cette dernière est contaminée) ne préoccupe que 39 %4 de

4 Cette question a été posée de manière indirecte à savoir : pensez-vous que les producteurs sont préoccupés

de la santé des personnes qui vont consommer leurs arachides (une arachide contaminée sera-t-elle vendue ?) ? Si le producteur ne veut pas répondre pour les autres, on lui pose directement la question

28% 30% 72% 70% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% G3 G2 femme homme

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ceux qui ont pris part aux enchères. Pour les 61 % autres, même s’ils savaient que leur production est fortement contaminée, ils iraient quand même l’écouler sur le marché pour ne pas perdre leur investissement. Plus de la moitié des producteurs qui ont participé aux enchères ont l’habitude de bénéficier d’appuis techniques, soit de l’État à travers des projets dans leur zone, soit à travers des organisations non gouvernementales (ONG), et ceci une ou plusieurs fois par an. Et la grande majorité des participants (69 %) ont déclaré être membres d’une organisation de développement de base de leur localité.

L’incidence d’une contrainte de qualité d’accès au marché sur la prime demandée par les agriculteurs

Les deux groupes de producteurs qui ont participé aux enchères sont similaires. À l’exception d’une variable (connaissance de l’aflatoxine), la répartition des variables de contrôle retenues dans les deux groupes n’est pas différente, ce que confirment les tests du Khi-deux effectués pour les variables dichotomiques et les tests de Student pour les variables continues (âge et nombre de personnes à charge) (voir annexe E). Rappelons que pour accéder à notre marché dans le cas de ce travail, le niveau d’aflatoxines du groupe G3 devait être en dessous des normes fixées à moins de 10 ppb qui étaient communiquées aux producteurs dès le départ.

Pour vérifier la cohérence interne de l’expérience, on a comparé les mises obtenues entre les sessions à l’intérieur d’un même traitement. Un test non paramétrique de comparaison de moyennes (Kruskal-Walis) est utilisé, et les résultats aboutissent à des p-value de 0,74 et 0,09 pour les sessions des groupes G2 et G3, respectivement. Ce résultat montre qu’il n’y a pas eu de différences significatives entre les sessions dans un même groupe. Donc, on peut en conclure que les différences qui seront observées ne seront pas dues à la session.

Comme c’est illustré à la Figure 8, le fait que les participants sont persuadés de l’existence d’une contrainte de qualité d’accès au marché semble influencer le montant de leur mise au cours des enchères. On remarque qu’en moyenne les mises du groupe G2 qui n’est pas soumis à une contrainte de qualité d’accès au marché, semblent être inférieures à celles du groupe G3.

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Figure 8. Les mises des deux (2) groupes

Le test de Wilcoxon-Mann-Whitney réalisé confirme que la différence entre les mises moyennes des deux groupes est significative (p-value = 0,000) (voir Tableau 5). Et le test de Student qui est plus puissant que le test précédent confirme aussi que la différence observée entre les deux groupes de producteurs est significative (p-value = 0,003). Donc, les producteurs qui croient qu’ils seront soumis à une contrainte de vérification de qualité pour accéder au marché sont plus exigeants en termes de prime minimum nécessaire à recevoir pour agir comparativement à ceux qui auront accès au marché, quelle que soit la qualité de leur produit. Ce résultat montre qu’une mesure visant à limiter le niveau d’aflatoxines dans la production d’arachides qui s’accompagne d’un contrôle de qualité d’accès au marché ne sera pas perçue de la même manière s’il n’y a pas de contrôle. Ainsi, les agriculteurs qui croient qu’il va y avoir un contrôle de qualité d’accès au marché prennent beaucoup plus au sérieux les mesures à appliquer et probablement les efforts à déployer pour les mettre en œuvre. Ceci pourrait expliquer pourquoi la prime exigée par ce groupe de producteurs est significativement plus importante5.

5 Un test de médiane réalisé aboutit à la même conclusion avec un p-value de 0.0001 597 954 0 200 400 600 800 1000 1200 G2 G3 CAR (HTG) G ro u p e

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Tableau 5. Les résultats des tests de comparaison de moyenne

G2 G3 G3-G2 p-value1 p-value2

596,90 954,00 357,10 0,000*** 0,003**

1 : Mann Withney test, 2 : t-test

Ce résultat confirme notre première hypothèse stipulant que le CAR des producteurs avec un accès conditionnel au marché est supérieur à celui des producteurs n’ayant pas de conditions.

Estimation d’un modèle logistique de la mise des producteurs

Une analyse multivariée de la mise des participants aux enchères a pour objectifs d’identifier les variables autres que la contrainte d’accès au marché, qui influencent la mise des participants. À la suite d’une analyse des données, les mises étaient dichotomisées à partir d’un seuil fixé à 700 qui correspond à la médiane de la distribution et coïncide à la borne inférieure des valeurs de réserve du BDM inversé. Aussi, pour les producteurs qui ont sollicité une prime de 700 HTG ou plus, la variable dépendante a pris la valeur de 1, et 0 pour ceux qui ont demandé moins que 700 HTG. Ainsi, la régression logistique de la probabilité de miser plus de 700 gourdes est estimée et présentée au Tableau 6.

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Tableau 6. Régression logistique des mises des producteurs (n = 100)

N B Odds Ratio p-value

Contr_a_marc[oui] 50 1,39 4,04 0,005** Con_Afla[oui] 34 1,55 4,71 0,007** Act_non_agr [oui] 23 0,73 2,15 0,162 Âge 100 0,01 1,01 0,527 Agri_princ_act[oui] 87 -1,14 0,32 0,143 Genre[Femme] 29 -0,33 0,72 0,563 Ara_cul_princ[oui] 52 -0,94 0,39 0.084(.) Éducation[T.Primaire] 51 0,73 2,08 0,238 Éducation[T.Secondaire ou plus] 27 0,16 1,17 0,847 Memb_org[oui] 69 -0,27 0,76 0,626 Pers_a_charge 100 0,036 1,04 0,731 Intercept -1,14 0,32 0,516 AIC 131,53

Taux d’erreur T.E = 25 % < 50 % Test de Hosmer-Lemeshow p-value = 0,27 > 0,05 Contr_a_mach : la contrainte de qualité d’accès au marché ; Con_Afla : avoir entendu parler des aflatoxines avant ce projet Act_non_agr : existence d’activités non agricoles

Agr_prin_act : l’agriculture est principale activité

Ara_cul_princ : la culture d’arachide est la principale culture Éducation : le niveau d’éducation du répondant ;

Memb_org : êtes-vous membre d’une organisation paysanne ? Pers_a_charge : Nombre de personnes à la charge du répondant ; B : coefficients estimés

N : effectif

*** p-value < 0,001; ** p-value < 0,01; * p-value < 0,05 ; (.)p-value < 0,1

Le modèle ainsi obtenu est adapté aux données, car le test de Hosmer-Lemeshow le confirme avec un p-value > 0,05. Le taux d’erreur étant inférieur à 50 %, le modèle est donc aussi pertinent. En nous intéressant tout d’abord au signe des coefficients, on constate que la contrainte d’accès au marché, l’âge, la scolarisation, le nombre de personnes à charge, l’existence d’activités non agricole et la connaissance des aflatoxines sont positivement liés à la probabilité de demander des primes élevées pour agir. Par exemple, plus le participant a de personnes à sa charge, plus la prime minimale nécessaire pour agir serait élevée.

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D’un autre côté, le genre (le fait d’être une femme), le fait que l’agriculture constitue la principale activité économique des producteurs, d’être membre d’une organisation ou que l’arachide soit la culture principale sont négativement liés aux mises des producteurs. Plus la prime demandée est faible, moins le producteur exigerait d’incitatifs pour agir. Par exemple, le fait d’être une agricultrice ferait diminuer la probabilité de demander une prime élevée pour agir.

Par ailleurs, seules deux variables sont significatives au seuil de 5 %. Il s’agit de la contrainte de qualité d’accès au marché et la connaissance des aflatoxines par l’agriculteur. En fixant les autres variables, la contrainte d’accès au marché fait augmenter le logit de la probabilité de 1,39 pour un odds ratio de 4. Donc, un producteur avec une contrainte de qualité d’accès au marché a 4 fois plus de chance d’exiger une prime supérieure à 700 gourdes que ceux qui n’ont pas cette contrainte.

Le fait que le participant aux enchères était déjà au courant de l’existence des aflatoxines avant l’intervention du projet, fait augmenter de manière significative le logit de la probabilité de demander des primes élevées. Cela correspond à un odds ratio de 4,7, c’est-à- dire, toutes choses étant égales par ailleurs, les producteurs qui étaient au courant de l’existence des aflatoxines ont 4,7 fois plus de chance de demander une prime élevée par rapport à ceux qui n’avaient pas eu connaissance des aflatoxines avant l’intervention. Ce résultat voudrait dire que les producteurs qui ont déjà entendu parler des aflatoxines avaient eu une meilleure idée des efforts à déployer pour appliquer les pratiques vulgarisées.

Le fait que l’arachide soit la culture principale est lié significativement (p-value <0,1) à la probabilité de demander des montants inférieurs à 700 HTG pour agir. Aussi un producteur dont l’arachide est la culture principale a 2,5 fois moins de chance de demander un montant élevé.

L’effet d’une contrainte d’accès au marché sur le niveau d’aflatoxines

Le Tableau 7 présente l’effet d’une série de variables de contrôle, notamment la contrainte de qualité d’accès au marché, sur le niveau d’aflatoxines des arachides des producteurs. Une

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régression logistique multivariée est utilisée à cet effet. La variable dépendante découle de la dichotomisation du niveau d’aflatoxines des arachides suivant le seuil de 10 ppb. Aussi une teneur d’aflatoxines inférieure à ce seuil prend la valeur de 1, sinon elle prend la valeur de 0.

Tableau 7. Régression logistique de la qualité des arachides (n = 93)

N B Odds Ratio p-value

Contr_a_marc[oui] 44 0,25 1,29 0,820 Transaction [oui] 87 1,99 7,33 0,209 Act_non_agr[oui] 62 0,61 1,85 0,359 Der_camp_arach [oui] 59 1,29 3,61 0.088(.) Éducation[oui] 27 1,14 4,12 0.077(.) Genre[Homme] 65 1,11 3,04 0,117 Pers_a_charge 93 0,54 1,72 0,007** Pratiques culturales Att_champ_patho[T.oui] 56 -1,29 0,27 0.064(.) sem_traitee [oui] 37 2,08 7,99 0,028* Aspersion [oui] 51 1,16 3,19 0,179 Données pédologiques Mg_tres_eleve 14 -2,01 0,97 0,025* N 93 -0,02 0,1 0,034* pH 93 -2,64 0,13 0,044* Intercept 9,2 9901,89 0,114 AIC 107,36 Taux d’erreur 21 %

Test de Hosmer-Lemeshow p-value = 0,62 > 0,05 Contr_ac_marc : contrainte d’accès au marché

Sem_traitee : les semences ont été traitées

Transaction : l’agriculteur a fait transaction durant les enchères (incitatifs économiques) ; Att_champ_path : la parcelle a été infestée par des champignons pathogènes ?

Der_camp : l’arachide a été semée la campagne précédente Éducation : l’agriculteur a au moins commencé le secondaire Aspersion : la parcelle a été aspergée de fongicide

Mg : taux très élevé de magnésium ; N : niveau d’azote du sol ; P : taux de phosphore ; pH : le pH du sol ;

B : coefficients estimés N : effectif

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Bien que notre intérêt soit l’impact ou non, d'un accès contraint (par le niveau d’aflatoxines) au marché, nous devons prendre en considération un ensemble de facteurs puisque nous ne sommes malheureusement pas dans un environnement contrôlé (laboratoire). En effet, la production des arachides peut être affectée par de nombreux facteurs puisqu’elle se réalise en plein champ avec toutes les différences qui peuvent se manifester d’une parcelle à une autre. Notre modèle intègre donc un ensemble de variables de contrôle pour pouvoir tenir compte des interactions et des effets de confusion possibles (Tableau 7).

Pour construire le modèle, nous avons fait une régression logistique, et conservé les variables ayant un p-value inférieur ou égal à 0,25 (El Sanharawi & Naudet, 2013; Marchenko, 2012). Les variables de contrôle qui ont été retenues sont : le fait que l’agriculteur avait fait transaction dans les enchères, aspersion de la parcelle avec des fongicides, attaque de la parcelle par des champignons, le genre, l’exercice d’une activité non agricole, le fait que la semence a été traitée, le niveau d’éducation, le nombre de personnes à charge, des données pédologiques comme : la forte teneur en magnésium, la concentration d’azote et le pH du sol.

Bien que le signe de la variable contrainte de qualité d’accès au marché soit conforme à l’intuition économique, cette dernière n’est pas statistiquement significative. Nos données ne supportent donc pas l’hypothèse que l’accès au marché influence la qualité des arachides. Le fait d’avoir obtenu une prime est aussi lié positivement à la probabilité d’avoir une production d’arachides avec moins d’aflatoxines, cependant l’effet observé n’est pas significatif. Ce résultat rejoint en partie ceux de Hoffman et al (2017) qui a trouvé qu’un premium n’était pas systématiquement lié à la qualité des arachides.

La qualité des semences (semences traitées) ressort dans le modèle comme un facteur qui est associé positivement et significativement à une production de bonne qualité. Une semence de qualité est souvent relatée dans la littérature comme un facteur permettant d’avoir des arachides de qualité (Broydé & Doré, 2013; Martin et al., 1999). Clavel et al (2013, p. 176) a même rapporté que la bonne performance des politiques de lutte contre les aflatoxines au Sénégal a été due, en partie, à une « politique semencière de qualité ». Aussi, le résultat obtenu confirme l’importance d’avoir accès à des semences de qualité dans une politique de luttes contre les mycotoxines.

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La main-d’œuvre familiale, mesurée via le nombre de personnes à charge dans ce travail, joue un rôle « essentiel » dans les exploitations agricoles familiales (Delfosse, 2015). Plus, il y a une disponibilité importante en main-d’œuvre, plus l’exploitation pourra remplir efficacement les opérations culturales ou post-culturales surtout celles qui sont exigeantes en main-d’œuvre comme le tri visuel des arachides. En ce sens, ce n’est pas étonnant que cette variable soit un indicateur de performance du niveau d’aflatoxines des arachides des producteurs.

Le fait que la parcelle a été attaquée par des champignons est lié négativement et de manière significative à la qualité des arachides produites. Des plantes d’arachides en vigueur sont généralement moins susceptibles d’être attaquées par les Aspergilus (Broydé & Doré, 2013). Par conséquent, une parcelle attaquée par des agents pathogènes est plus exposée au développement des Aspergillus responsables de la production d’aflatoxines.

Le fait que le producteur avait semé des arachides la campagne précédente est lié positivement à la qualité des arachides. Dans la mesure où cela représente un indicateur de l’expérience du producteur, donc un producteur expérimenté a plus de facilité à mettre en œuvre les pratiques en question qui lui sont d’ailleurs familières. Le niveau d’éducation de l’exploitant est lié positivement et significativement à la teneur en aflatoxines des arachides. Ainsi un producteur avec un niveau secondaire ou plus à 4 fois plus de chances d’avoir une arachide respectant les normes.

Trois des caractéristiques chimiques (pH, teneur en azote et en magnésium) du sol influencent significativement le niveau d’aflatoxines dans le sol. Lorsque le pH du sol augmente d’une unité, les chances d’avoir des arachides de mauvaise qualité sont 10 fois plus élevées. Ce résultat va dans le sens de Cotty (2008) rapporté par (Guo et al., 2009) qui stipule qu’en milieu acide, le pH est étroitement lié à la production d’aflatoxines. Or, les sols des producteurs ont des pH qui sont compris entre 5,6 à 7,1, donc des sols acides à neutres.

On a aussi constaté que les parcelles avec un niveau élevé de magnésium augmentent de plus de 7 fois les chances d’avoir des arachides avec des teneurs d’aflatoxines supérieures à 10 ppb. Et lorsque la concentration d’azote fait un bond d’une livre/acre, les chances d’avoir des arachides de mauvaise qualité sont multipliées par 1,03. En général, Broydé & Doré

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(2013) reconnaissent que les éléments nutritifs du sol peuvent influencer la production d’aflatoxines, mais le sens et l’amplitude ne sont pas encore clairs.

L’effet d’un accès à un paquet de services agricoles sur le niveau d’aflatoxines des arachides

Comme mentionné précédemment, les producteurs des groupes G2 et G3 qui ont participé aux enchères avaient aussi à leur disposition un paquet de services, dont certains payants (labourage, semences, fongicides) et d’autres gratuits (bâches, sacs à filet, et encadrement technique). En plus, l’accès aux services payants était assuré grâce à un crédit à taux zéro remboursable à la fin de la campagne. Le groupe G1, en revanche, n’a reçu aucun traitement au cours de l’intervention et sert de contrôle pour isoler l’effet d’un accès à un paquet de services. Les statistiques descriptives ainsi que les résultats du test Wilcoxon-Mann-Whitney effectué pour comparer les niveaux moyens d’aflatoxines de ces deux catégories sont présentés au Tableau 8.

Tableau 8. Comparaison du niveau d’aflatoxines dans les arachides entre le groupe G1 et [G2 et G3] Non-accès aux services (G1) Accès aux services (G2 & G3) G1 - [G2 & G3] Test de Wilcoxon-Mann- Whitney Moyenne 6,5 5,65 0,85 p-value = 0,78 Écart-type 9,21 8,74 Variance 84,82 76,39 Min 0 0 Max 26 27 N 25 93

Le constat est que le niveau d’aflatoxines des arachides des producteurs ayant à leur disposition un ensemble de services agricoles est inférieur de 15 % par rapport au groupe de contrôle (G1). Cependant, la différence observée a plus de 3 chances sur 4 d’être due au

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hasard, en témoigne le test non paramétrique effectué (p-value = 0,78)6. Donc, on n’a pas assez d’évidence pour rejeter l’hypothèse d’égalité. Ce résultat infirme donc notre 3e

hypothèse de recherche. La faible taille du groupe de contrôle peut expliquer, en partie, cette absence de significativité.

Lien entre l’utilisation d’une bâche et le niveau d’aflatoxines des arachides

Au Tableau 9 sont présentées les statistiques descriptives du niveau d’aflatoxines des producteurs et productrices qui ont été déjà formés à lutter contre les aflatoxines (G4 et G5), mais ils n'avaient pas accès à une bâche de séchage. Aussi, dans le cadre de ce travail, les agriculteurs du groupe G4 ont bénéficié d’une bâche et le groupe G5 a servi de contrôle pour mesurer l’impact de cet équipement.

Tableau 9. Comparaison de moyenne d’aflatoxines entre les producteurs IF ayant

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