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Inégalités régionales dans la productivité du travail du secteur

2.3 Résumé des Chapitres

2.3.1 Inégalités régionales dans la productivité du travail du secteur

Le Mexique est un pays dont l'évolution des inégalités régionales n'a pas été homogène au cours du temps. En effet, comme l'indique la plus grande partie de la littérature étudiant le cas mexicain [Esquivel (1999) ; Messmacher (2000) ; Rodríguez- Pose et Sánchez-Reaza (2003) ; entre autres] on observe une période de réduction des disparités régionales au moment où l'industrialisation était fondée sur une substitu- tion aux importations. De plus, cette même littérature s'accorde à penser que, suite à l'implémentation des politiques de libéralisation économique, les disparités entre les régions mexicaines ont augmenté. Hanson (1998) explique que l'ouverture de l'éco- nomie mexicaine a permis la dispersion de l'activité manufacturière concentrée autour de Mexico, favorisant les régions du nord du pays.

A n d'approfondir l'étude sur les inégalités régionales au Mexique, je pro- pose une analyse prenant en compte des unités territoriales plus petites. En effet, la plu- part des études se centrent sur les états, alors que mon étude se fait au niveau des muni- cipalités qui forment les états. A n d'obtenir des données comparables entre toutes les municipalités, j'utilise des données concernant l'industrie manufacturière à partir des enquêtes industrielles menées tous les cinq ans par les autorités mexicaines. Ceci per- met d'avoir des données pour deux années précédant l'ALENA (1988 et 1993), ainsi que pour deux années qui suivent sa création (1998 et 2003).

J'étudie l'évolution de la productivité du travail et non pas celle des salaires pour deux raisons principales. D'abord, les enquêtes, notamment celles concernant les années 1988 et 1993, prennent en compte des travailleurs qui déclarent ne pas recevoir de salaire par leur activité soit parce qu'ils sont propriétaires soit parce qu'ils font partie de la famille des propriétaires. Ce fait pourrait créer certains biais dans l'étude de l'évolution des salaires. La deuxième raison vient du fait que l'étude des inégalités dans la productivité du travail permet de comprendre les origines des inégalités de revenu entre les régions. En effet, des études portant sur les composantes de l'inégalité du revenu s'accordent sur le fait qu'une grande partie de ces inégalités est due aux inégalités dans la productivité du travail [Esteban (1994) ; Goerlich (1999)].

Cet article est composé de deux parties. La première partie présente l'évo- lution des inégalités régionales en termes de production, productivité et emploi. Pour ce faire, quatre indices de dispersion sont estimés : (1) le coef cient de variance, (2) la variance des logarithmes, (3) l'indice de Theil et (4) l'indice de Gini. Les deux premiers indices sont souvent utilisés pour mesurer le concept de sigma-convergence [Barro et Xala-i-Martin (1992)], tandis que les deux derniers appartiennent au groupe des indices employés par la littérature sur les inégalités des ménages.

Les résultats indiquent que les inégalités territoriales en termes de produc- tion par tête ont fortement augmenté depuis 1988. Ensuite, a n de prendre en compte une dimension spatiale, ainsi que les différences en termes de taille des municipali-

tés, on utilise les propriétés de décomposition de l'indice de Theil. Précisément, trois types de groupes différents sont spéci és pour les municipalités : (1) par taille, (2) par état et (3) par région géographique. Les résultats soulignent l'hétérogénéité qui existe entre les municipalités de même taille. En effet, si on regroupe les municipalités par taille, les inégalités intragroupes représentent plus de 94% du total des inégalités. Les municipalités sont également très hétérogènes à l'intérieur d'un état ou d'une région. Dans tous les cas, les inégalités intragroupes sont plus fortes que les inégalités entre les groupes.

J'évalue ensuite avec la même méthodologie l'intensité de la concentration de la production et de l'emploi manufacturier. Les indices estimés indiquent que les inégali- tés dans les volumes de production et d'emploi ont diminué. Ceci suggère une disper- sion de l'activité manufacturière. En regroupant les municipalités par taille, j'observe que la participation des municipalités de moins de cent mille habitants a augmenté au détriment de celles de plus d'un million d'habitants. Au niveau régional, les résul- tats montrent une dispersion de l'activité manufacturière de la Région métropolitaine (Mexico plus les deux états voisins) vers les états situés plus au nord du pays. Ce qui suggère que la dispersion trouvée par Hanson (1998) avant l'implémentation de l'ALENA s'est accentuée.

Dans le dernier point de la première partie, la performance de la producti- vité des municipalités en fonction de l'évolution de l'emploi et de la production est étu-

diée. Six typologies régionales sont identi ées en fonction de leur croissance relative (par rapport à la moyenne nationale) dans les trois variables. Les résultats indiquent que les deux groupes avec le plus grand nombre de municipalités ont des comporte- ments opposés : un des groupes a une croissance moyenne supérieure à la croissance nationale sur toutes les variables, et l'autre a une croissance inférieure à la moyenne nationale sur tous les aspects. De plus, les caractéristiques des municipalités considé- rées dans le groupe des bonnes performantes sont également contraires à celles ayant des taux de croissance inferieurs à la moyenne. En effet, des municipalités avec une faible participation à la production nationale situées dans le nord du pays améliorent leur productivité et leur poids dans l'économie nationale, alors que les grandes muni- cipalités du centre et du sud du pays perdent en présence et productivité relatives.

Dans la deuxième partie, les déterminants des inégalités dans la productivité des municipalités sont étudiés. Pour ce faire, une spéci cation empirique est obtenue à partir du modèle théorique de Ciccone et Hall (1996). D'après ce modèle, l'amélio- ration de la productivité du travail serait fonction de la croissance de la production et de l'évolution technologique de la région. D'après les modèles de la croissance en- dogène [Grossman and Helpman (1995)], l'amélioration technologique est considérée comme une variable endogène qui dépend de la qualité du capital humain, de la tech- nologie existante dans la région et de l'interaction avec d'autres régions (nationales et étrangères).

En suivant les travaux de Fingleton (2001, 2005), je spéci e un modèle avec une variable endogène décalée à laquelle j'ajoute une autocorrélation spatiale des erreurs. Cependant, la spéci cation retenue présente des problèmes d'endogénéité. A n d'esti- mer le modèle en prenant en compte ces dif cultés, j'utilise l'extension de la méthode des « doubles moindres carrées généralisés spatiaux» (GS2SLS) [Kelejian et Prucha (1998)] proposée par Fingleton et Le Gallo (2008).

Les résultats obtenus suggèrent l'existence de rendements croissants à échelle. Ceci permet donc d'expliquer l'augmentation des disparités régionales dans leurs ni- veaux de productivité. De plus, les résultats montrent que l'importance des rendements croissants augmente avec le temps. Les résultats montrent également une corrélation spatiale positive et signi cative dans le terme de l'erreur. Finalement, les résultats sug- gèrent que la proximité avec les États-Unis gagne en importance en tant que source d'amélioration technologique, en dépit de la qualité du capital humain.

2.3.2 Différences de performance à l'exportation entre états

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