4. Discussion
4.1 Tableau récapitulatif des résultats
4.2.4 Implications cliniques HA
Figure 25. Schéma illustrant les conclusions de l’hypothèse A.
4.2.4 Implications cliniques HA
Implications pour les patients avec atteinte partielle ou unilatérale
Premièrement, l’absence de différences significatives entre les groupes « fonction normale», « fonction partielle » et « fonction unilatérale », dans tous les domaines testés, représente une information rassurante pour les patients atteints de ce type de trouble ainsi que pour leur entourage. Jusqu’alors, l’impact d’une déficience vestibulaire partielle ou unilatérale sur le développement du langage écrit était inconnu. Il était donc
seul côté parviennent tout de même à extraire de l’information de cet input et à implantés. Par conséquent, il est nécessaire d’encourager une rééducation logopédique dans le cas d’une aréflexie bilatérale (Laccourreye, 2015). Au vu des symptômes et difficultés multiples causés par le trouble vestibulaire, différents axes d’intervention peuvent être envisagés. Dans un premier temps, afin de réunir les conditions optimales pour l’apprentissage de la lecture, différents aménagements peuvent être proposés. Par exemple, l’utilisation d’une police de texte sans empattement (ex : Arial, Comic sans MS) aménagements sont également intégrés dans l’établissement scolaire de l’enfant.
Dans un deuxième temps, le/la logopédiste devra mettre en place des aménagements qui ne sont pas directement liés à l’activité de lecture et pourtant indispensables à cet apprentissage. Entre autres, il faut tenir compte de l’importance de l’information visuelle utilisée par les enfants sourds avec trouble vestibulaire afin de compenser le manque d’informations auditives et vestibulaires. De ce fait, il est important que ces
enfants puissent bénéficier d’un maximum d’indices et repères visuels, ce qui les aidera à s’orienter et se stabiliser (par exemple : coller des posters aux murs ou peindre d’une couleur foncée le contour des portes et des fenêtres). Les conditions d’éclairage doivent également être adaptées afin de faciliter la prise d’informations visuelles (Wiener-‐
Vacher & al., 2012). Il faut également prendre en compte les efforts constants que doivent fournir les enfants atteints de trouble vestibulaire pour maintenir une stabilité dans la position de leur corps et de leur tête, diminuant ainsi leur potentiel de concentration et d’investissement dans la tâche proposée. Une installation adaptée des enfants est donc primordiale afin d’augmenter les ressources disponibles pour les conséquences motrices causées par l’aréflexie. La rééducation psychomotrice a pour but d’augmenter l’utilisation des voies visuelles et proprioceptives afin de compenser le déficit vestibulaire. Elle peut également soutenir le traitement logopédique, car l’expérience sensori-‐motrice va permettre la construction des repères corporels, spatiaux et temporels solides, donnant à l’enfant les outils pour progresser sur le plan langagier et investir les apprentissages (Lecervoisier, 2009).
Finalement, un programme de réhabilitation vestibulaire est fréquemment utilisé pour traiter les troubles vestibulaires et peut donc être prescrit en cas d’atteinte bilatérale.
Le VRT (Vestibular Rehabilitation Therapy) est une thérapie basée sur des exercices ayant pour but de réduire les sensations d’étourdissements, de vertiges, l’instabilité du regard ou encore les déséquilibres. Elle est donc indiquée pour les patients qui ne parviennent pas à compenser les troubles causés par l’atteinte vestibulaire. Rine,
Dannenbaum et Szabo (2016) ont évalué la progression de 27 enfants sourds avec aréflexie unilatérale ou bilatérale sur des mesures d’équilibre, d’acuité visuelle et l’échelle Peabody mesurant le développement moteur. Les exercices étaient réalisés 3 fois par semaine pendant 12 semaines. Les résultats mettent en évidence une efficacité de l’intervention dans tous les domaines testés.
Implications pour l’implantation
Premièrement, l’implantation cochléaire est un acte chirurgical qui n’est pas sans risque. En effet, Jacot, Van Den Abbeele et Wiener-‐Vacher (2009) ont démontré que lors de la pose de l’implant, le risque de causer une aréflexie vestibulaire totale du côté implanté est de 10%. Les auteurs émettent l’hypothèse que dans la plupart des cas, la dégradation du système vestibulaire serait due à l’effet traumatique causé par le placement des électrodes dans la cochlée. Le geste chirurgical serait donc à l’origine de ces dégâts. Jusqu’à récemment, l’importance de l’organe vestibulaire était sous-‐estimée et donc sa conservation n’était pas la priorité lors d’une opération. Cependant, nous avons abordé dans ce mémoire les multiples conséquences néfastes causées par l’atteinte vestibulaire, notamment un effet possible sur le développement du langage écrit. Par conséquent, il serait intéressant de réfléchir à une technique d’opération moins invasive et moins risquée qui préserverait l’organe vestibulaire. Deuxièmement, les résultats de cette étude représentent un argument en faveur de l’implantation séquentielle. En effet, une implantation bilatérale simultanée risquerait d’endommager les deux systèmes vestibulaires, entrainant de graves conséquences, notamment sur le développement langagier. Étant donné que l’intégrité de la fonction vestibulaire ne peut pas être diagnostiquée sur la base d’observations cliniques ou à partir des caractéristiques de la surdité (Jacot, Van Den Abbeele & Wiener-‐Vacher, 2009), il est nécessaire d’effectuer des tests vestibulaires avant l’implantation. Ceux-‐ci permettront d’identifier l’oreille contenant le système vestibulaire le moins fonctionnel et de l’implanter en premier, limitant ainsi les dégâts dans le cas d’un endommagement de l’organe vestibulaire.
4.3 Hypothèse B (HB)
Le second but de notre étude était de tester l’effet de certains facteurs sur le développement du langage écrit chez l’enfant sourd, afin de comparer nos résultats à
ceux de la littérature décrits dans la partie 1.1.6. Les différents facteurs pronostiques évalués sont résumés dans le Tableau XI.
Tableau XI. Facteurs pronostiques des performances en langage écrit testés dans cette étude Facteurs
Environnementaux Facteurs Auditifs Facteurs Intrinsèques Facteurs Langagiers Milieu linguistique Âge d’implantation Âge chronologique Langage oral
Type de scolarisation Nombre d’implants Prédicteurs du langage
écrit pronostique principal des performances langagières des enfants sourds implantés car il explique jusqu’à 40% de la variance de leurs performances en réception et production