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Chapitre III Le dessalement en Algérie

III.6. IMMOBILISATION ET TRANSFERT SUD-SUD

Le 15 mars 2011 a été inauguré l’une des plus importantes réalisations du secteur hydraulique des dix dernières années. Avec un débit, dans un premier temps, de 50 000

m3/jour, la conduite pourrait atteindre jusqu’à

100 000 m3/jour. Ce méga-transfert, Sud-Sud, dont le coût est évalué à trois milliards de dollars selon le MRE est un réseau de transfert d’eau reliant sur quelques 770 km, In Salah à la ville de Tamanrasset, située dans l'extrême sud algérien. Ce réseau d’acheminement comporte :

! deux champs de captage d’eau, à partir de la nappe albienne, constitué de 24 forages de 600 ml de profondeur (Figure III.9);

! un réseau de collecte des eaux de forage d’un linéaire total de plus de 100 km ;

! ces eaux sont stockées, dans un premier temps, dans un réservoir de tête de 50 000 m3.

Ce réservoir « tampon » alimentera la future station de déminéralisation.

Figure III.9 : Les champs de captage (MRE 2013)

Le transport de l’eau se fait sur 1258 km de conduites réparties comme suit (Figure III.10) : ! 214 km en écoulement gravitaire, diamètre 1200 mm ;

! 1044 km, deux fois 522 km, (diamètre 700 et 800 mm) en refoulement. Champ 1

Champ 2

Zone 1

Foggaret Ezzoua

Chapitre III Le dessalement en Algérie

Figure III.10 : Stations de pompage et longueur des tronçons de conduite (MRE 2013) Le refoulement est assuré par six stations de pompages réparties à HTM égales (environ 180 m) le long du parcours. Notons que l’eau met 13 jours pour arriver à Tamanrasset ! Il est à noter, également, qu’entre la première station de pompage qui est à 305 m d’altitude et le second réservoir « tampon » de 50.000 m3 situé à Tamanrasset qui est à une altitude de 1406 m, le dénivelé est de 1101 m. Ce qui est énorme et consomme beaucoup d’énergie. De plus, l’ensemble des stations est loin de tout réseau d’alimentation électrique, c’est pourquoi chaque station est équipée de trois puissants groupes motopompes alimentés au diesel (convertibles au gaz naturel). Cette conversion sera possible dès que le projet de l’installation d’un gazoduc le long de la conduite sera réalisé. Le mieux c’est de profiter de l’atout majeur de la région que sont les 3500 heures d’ensoleillement par an donnant plus de 2650 (KWh/m2/an) pour réduire la facture énergétique (MEM 2013). Le solaire pourrait être

combiné à l’éolien. En effet, deux fermes éoliennes de 20 MW chacune, au niveau des champs captant d’In Salah, qui est à une altitude de 438 m, sont à l’étude pour contribuer à la réduction de la consommation des énergies fossiles. Il en est de même pour les six stations de pompage qui sont toutes en altitude ayant donc des vitesses de vent favorables.

Champ captant SP1 SP2 SP3 SP4 SP5 SP6 RT 214 km 100 km 75 km 117 km 159 km 45 km 27 km

Ce transfert répond aux besoins en eau potable de la ville de Tamanrasset et des villages existants situés le long du tracé. L’état algérien espère voir naître de nouveaux centres de vie le long du tracé. C’est pourquoi les besoins sont estimés, à l’horizon 2050, à 90.000 m3, ce qui correspond à une population de 340 000 habitants ayant une dotation unitaire de 265 l/j/hab. Pour ce faire, un troisième champ captant est prévu.

Figure III.11. Transfert Sud-Nord (MRE 2013)

Pour le transfert Sud-Nord à partir de la nappe albienne, un projet de transfert d’eau de la région d’El-Goléa vers les Hauts Plateaux est en cours d’étude. À partir de l’Oued Mehiguen (Nord d’El-Goléa), l’eau saumâtre déminéralisée est transférée vers Djelfa, le Sud de Msila, le Sud de Tiaret et vers Sétif pour permettre le développement de l’agriculture et de l’élevage dans ces régions pastorales des Hauts Plateaux (Figure III.11). Ce sont là des objectifs stratégiques pour assurer la sécurité alimentaire du pays. Ainsi, à titre d’exemple, en aménageant de grands transferts vers les wilayas de Sétif et de Djelfa, le gouvernement entend faire de ces deux wilayas des zones productrices de céréales, appelées à produire à partir de 2014, 20 % des besoins du pays en la matière.

Chapitre III Le dessalement en Algérie III.7. REUTILISATION DES EAUX USEES

Dans ce contexte comment ne pas parler, un tant soit peu, du transfert et de la mobilisation des eaux usées épurées. En effet, quand les ressources en eaux conventionnelles ne suffisent pas et, pour répondre aux besoins du secteur agricole, qui est un secteur grand consommateur d’eau, le MRE a développé une nouvelle stratégie qui est celle de la réutilisation des eaux usées épurées issues des STEP dans les régions enclavées (et pas seulement). Ces eaux peuvent être utilisées pour, principalement, l’irrigation, le secteur industriel et, moyennant d’autres traitements (biologiques) pour les municipalités. Tout cela se fait selon les arrêtés interministériels publiés le 15 juillet 2012 qui ont fixé respectivement la liste des cultures autorisées et les spécifications normatives de qualité des eaux usées purées.

Nous avons en Algérie 20 Stations d’épuration (STEP) qui produisent 12 260 hm3/an

pour irriguer prés de 20 000 ha, ce qui est loin d’être négligeable. À cela s’ajoutent :

! le transfert et la mobilisation de 31 hm3/an d’eaux usées épurées par la STEP de

Baraki (Alger) dans le barrage Barek (Blida), pour l’irrigation de 6.000 ha situés à l’Est de la plaine de la Mitidja. L’utilisation de cette ressource d’eau non conventionnelle permet de soulager la nappe de la Mitidja ;

! le transfert et la mobilisation de 42 hm3/an d’eaux usées épurées par la STEP de

Annaba dans le barrage Koudiet Mahcha (Annaba), pour l’irrigation de 9 000 ha, et pour les besoins des complexes industriels de « Metal Steel d’El Hadjar » et de « Fertial ».

D’autres STEP sont à l’étude et doivent être réalisées ces prochaines années.