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CHEZ LES IMMIGRANTS AU CANADA ET DANS SES COLLECTIVITÉS

L’avis du CÉPE a été sollicité relativement à l’utilisation, dans un récent document de recherche de Garnett Picot et Yuqian Lu, de Statistique Canada, intitulé Faible revenu chronique chez les immigrants au Canada et dans ses collectivités, d’une MFR ajustée régionalement selon le ratio de la MPC de la région sur la MPC du Canada.

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ƒ A priori, plusieurs questions ont surgi de la première lecture du document de recherche :

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ƒ On parle de combiner une mesure relative et une mesure absolue. On part de la MFR (MFR nationale, donc pancanadienne, une mesure purement relative), que l’on a ancrée dans le temps pour lui donner un caractère plus absolu et qu'on corrige pour refléter les variations régionales avec le ratio de la MPC de 2012 de la région sur la valeur moyenne de la MPC pour le Canada entier (une mesure absolue).

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ƒ En fait, il n’existe pas de MPC pour l’ensemble du Canada, ni pour l’ensemble du Québec. On recourt à la MPC de Montréal quand on veut une estimation concernant près de la moitié de la population du Québec (et surtout pas une moyenne arithmétique des différents seuils régionaux). Bien sûr, on peut obtenir une estimation d’une MPC Canada à l’aide des données pondérées, mais il s’agit d’une procédure complexe, la MPC étant estimée pour 49 entités géographiques différentes à l’intérieur de toutes les provinces.

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ƒ Quel est l’avantage de faire cela plutôt que de simplement utiliser la MPC?, l’étude ne l’explique pas très bien.

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ƒ Une demande a donc été transmise à Statistique Canada, surtout pour tenter de savoir :

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ƒ si l’organisme envisageait de poursuivre l’utilisation de cette mesure et s’il en avait préalablement évalué la validité, en dehors de cette publication;

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ƒ les raisons pour lesquelles les auteurs n’avaient pas simplement utilisé la MPC, du fait notamment d’une combinaison d’une mesure relative et d’une mesure absolue.

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ƒ La réponse reçue de Statistique Canada a permis en substance de mieux situer et mieux comprendre la démarche, du fait que :

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ƒ la mesure de faible revenu utilisée dans ce cahier de recherche a été développée pour répondre à une question de recherche spécifique concernant le faible revenu persistant chez les immigrants, un sujet de grand intérêt pour les chercheurs et décideurs du domaine de l’immigration. Ce n’est donc pas un produit standard publié sur une base régulière par Statistique Canada;

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ƒ les auteurs n’ont pas utilisé la MPC pour deux raisons :

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ƒ premièrement, cette mesure n’était pas disponible durant la période couverte par l’étude (il est vrai que la MPC n’était pas disponible pour toute la période sous examen

[2000 à 2012], les séries ne débutant qu’en 2002);

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ƒ deuxièmement, la MFR est une mesure utilisée plus fréquemment et les auteurs ont voulu baser leur taux ajusté sur une mesure communément acceptée;

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ƒ les auteurs ont eu des discussions détaillées avec des experts du domaine de la mesure du faible revenu. Avant sa publication, l’étude a été revue tant à l’interne, à Statistique Canada, qu’à l’externe par deux professeurs, comme c’est la coutume pour tous les cahiers de recherche publiés par leur division;

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ƒ étant donné la façon dont les auteurs utilisent la MFR, elle devient une mesure absolue de faible revenu, et non pas une mesure relative. Ils estiment le revenu médian pour l’ensemble de la période couverte par l’étude, dont la MFR constitue la moitié de cette médiane. Cette MFR est maintenue constante dans le temps et devient donc une mesure fixe de faible revenu, et non plus une mesure relative. La MFR ainsi construite ne varie pas d’une année à l’autre, et le revenu est dégonflé pour tenir compte de l’inflation. Cette pratique est utilisée couramment dans plusieurs recherches.

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ƒ Il est connu que certains analystes au Canada sont favorables à une MFR ancrée dans le temps, ce qui donne un caractère plus absolu à une mesure a priori relative. C’est de ce point que partent les auteurs, qui suggèrent simplement de la pondérer ou de l’ajuster régionalement selon la MPC, qui tient compte du coût de la vie dans les régions à l’intérieur des provinces.

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ƒ La MFR publiée par Statistique Canada est une mesure pancanadienne, qui comporte des biais du fait que le revenu médian diffère beaucoup d’une province à une autre, surtout si l’on veut comparer les provinces entre elles. L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) recalcule la MFR avec la médiane panquébécoise. Le principal reproche à formuler dans le contexte de cette proposition serait sans doute de partir de la MFR pancanadienne.

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ƒ Il n’en demeure pas moins que l’utilisation de la MPC, si elle avait pu s’appliquer ici, aurait sans doute été plus simple d’application et plus facile à justifier, puisque les auteurs jouent en quelque sorte sur les tableaux des mesures relatives et absolues en même temps, ce qui peut être confondant.

Le CÉPE ne recommande pas cette mesure, mais ne la rejette pas d’emblée et comprend qu’elle a été proposée dans un contexte bien particulier. Les chercheurs sont tout à fait libres de vouloir innover et de telles initiatives ne peuvent qu’enrichir le débat sur les indicateurs de pauvreté, dont on connaît par ailleurs les limites.

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Présidente

Céline Bellot, professeure titulaire

École de travail social, Université de Montréal Marc De Koninck, organisateur communautaire

Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale et président du Comité de développement social de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches Marco de Nicolini, directeur par intérim

Direction de la recherche, ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale Jérôme Martinez, chef d’unité scientifique

Institut national de santé publique du Québec Sylvie Morel, professeure titulaire

Département des relations industrielles, Université Laval Amélie Quesnel-Vallée, professeure agrégée

Département de sociologie et Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail, Université McGill

Luc Savard, professeur titulaire

Département d’économique, Université de Sherbrooke Valérie Saysset, directrice générale

Recherche, évaluation et statistiques, ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Anne-Marie Séguin, professeure chercheure

Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation Culture Société