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L’analyse de trois projets aussi bien différents dans leur contexte (car aussi bien rural qu’urbain) que dans leurs approches ainsi que dans les solutions qu’ils proposent, permet de mettre en avant les caractéristiques mais aussi les outils des projets frugaux.

Il faut déjà souligner la variété des contextes dans lesquels les projets peuvent se mettre en place : espace sensible, cœur de village à redynamiser ou espace clé dans un tissu urbanisé et soumis à une pression foncière. Ils sont nombreux et spécifiques à chaque projet ce qui rend impossible de définir un projet frugal type. Les solutions apportées sont tout aussi variées. La part mais aussi les formes que prennent la participation, le local ou la sobriété varient d’un projet à l’autre. C’est le mélange d’actions impliquant ces trois notions qui amène un projet à être considéré comme frugal. Là encore, chaque mélange est unique et propre au contexte dans lequel s’inscrit le projet. Par ailleurs, il ressort que pour qu’une réalisation soit frugale, il est nécessaire que derrière celui-ci il y est une forte volonté politique de la part des élus. Les formes de ces projets sortent des sentiers battus et des façons de faire que la Maire de Lanas qualifie « d’urbanisme ordinaire ». Cela oblige les élus à se diriger vers des formes de

gestion de projet nouvelles, dans lesquelles leur responsabilité est souvent plus forte. Il ressort aussi que le temps accordé et passé sur le suivi et la gestion est un facteur important voir même primordial. Pour la maîtrise d’ouvrage, cela implique de dépasser les craintes qui ressortent lorsqu’elle veut s’engager dans ce type de démarches. Une des clés pour soulever ces craintes est la présence d’une maîtrise d’œuvre disponible et familière avec ces nouvelles façons de faire. L’expérience mais aussi le temps accordé au projet et à son suivi est très importante. Les trois projets étudiés le montrent  : les processus participatifs, bien que bénéfiques sur les plans sociaux et humains, restent très chronophages et complexes à mettre en œuvre. Ils nécessitent des outils et des compétences spécifiques, telle que l’animation, que tous les maîtres d’œuvre ne maîtrisent pas. Par ailleurs, l’importance du maître d’œuvre réside aussi dans sa capacité à transmettre aux habitants mais aussi à échanger avec eux pour travailler le projet.

Ce qui ressort de ces projets c’est donc qu’il n’existe pas de modèle clés en mains pour mettre en place un projet frugal. Les façons de faire sont aussi nombreuses que les projets et chaque contexte nécessite d’apporter des réponses spécifiques. De plus, faire frugal ne veut pas forcément dire faire des économies. Bien que les projets présentés montrent des coûts financiers de réalisation plutôt faible, il faut analyser le projet dans

sa globalité et impliquer dans le calcul des facteurs autres que les coûts financiers. Les projets frugaux présentés ont tous été réalisés grâce au bénévolat des habitants et des acteurs locaux et ce sur le temps long. Les coûts humains et le temps cumulé de chacun pour l’aide à la réalisation du projet n’est pas comptabilisé, mais, s’il l’était, il ferait grandement augmenter le coût de revient. Par ailleurs, et c’est principalement le cas pour le verger Salengro, en choisissant de réaliser un espace public, la collectivité fait le choix de se priver d’un espace constructible et zone urbaine. Une opération de logements aurait été plus rentable, financièrement, pour la collectivité. En choisissant de réaliser un projet frugal, elle fait le choix de se priver de cela.

Pour finir, j’aimerais revenir sur les outils de la frugalité. Les trois projets analysés permettent de mettre en avant des outils plutôt récurrents dans tous les projets. La participation est le principal outil mis en place. Souvent sous la forme d’ateliers participatifs, elle permet des temps d’échanges et de partage avec les habitants et les acteurs du territoire. Les formes, là aussi sont très variées, et le cahier du Pave déjà évoqué précédemment met en avant des dizaines de formes de participation possibles. Un autre outil important des projets frugaux est le territoire sur lequel il s’inscrit. Un inventaire des ressources disponibles localement permet de mettre en lumière son territoire, ses acteurs, ses atouts. Cela nécessite un fort travail en amont et avec les acteurs locaux. Par ailleurs, en s’encrant dans leur territoire, cela permet un meilleure insertion et une meilleure acceptation des projets par les acteurs locaux. Pour finir, ce qui ressort de ces projets frugaux, c’est principalement les réponses offertes aux questions qu’ils amenaient. Ces réponses apparaissent comme simples et innovantes. Innovantes non pas parce qu’elles réinventent les façons de faire, mais parce qu’elles puisent dans des solutions et des modes de faire que l’on a oublié, voire mis de côté avec le temps car devenus obsolètes par rapport à nos outils modernes. L’exemple de l’utilisation du cheval au Mont Brouilly met parfaitement en lumière cela. Les réponses offertes par les projets frugaux apparaissent adaptées pour répondre aux enjeux qu’ils créent.

III- LA FRUGALITÉ : VERS

UN RENOUVELLEMENT

DES PRATIQUES DE