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II – 5 Méthodologie de l’étude des pratiques collaboratives des chercheurs du CTCPA

À l’instar de la seconde phase de recherche, le choix d’un entretien avec certains membres du personnel a semblé plus pertinent dans la mesure où nous voulions obtenir des témoignages qui nous permettraient de vraiment comprendre comment les membres du personnel interagissent dans l’accomplissement de leurs projets collaboratifs et pour quelles raisons ils n’utilisent pas la Box pour ce type d’activités.

Pour ce faire, à l’aide des phases d’études précédentes, nous avons réalisé tout d’abord une liste des questions que nous nous posions encore, puis nous les avons classées de manière thématique.

Après l’avoir testée auprès d’une personne participant de temps à autre à des projets collaboratifs, il est apparu que l’approche initiale demeurait trop générique et n’apporterait peut-être pas les réponses escomptées. Aussi, nous avons donc opté pour une approche sous forme de retour d’expérience projet, de façon à établir des généralités à l’aide de cas particuliers. Dès lors, nous ne prétendons pas à l’exhaustivité et avons simplement cherché à dégager de grandes tendances, comme les acteurs, leur manière de travailler, les logiciels utilisés et les documents produits et les raisons pour lesquelles ils n’utilisaient pas la Box pour leurs projets96.

Au cours de cette phase, six personnes ont été interrogées. En ce qui concerne leur profil, nous avons désiré obtenir des retours d’expérience issus de différentes activités (recherche-développement autant que prestations privées) de manière à avoir l’aperçu le plus large possible des différentes pratiques collaboratives. Nous avons principalement interrogé les chefs de projet (trois personnes), qui représentent une vingtaine de personnes au CTCPA et qui sont les principaux utilisateurs de l’IST et donc de la Box. De ce fait, comme ils sont mêlés de près ou de loin à toutes les activités du CTCPA et qu’ils collaborent dès lors à un moment ou un autre avec tous les services de l’entreprise, nous avons pensé que, ce faisant, nous aurions un aperçu intéressant des différentes pratiques collaboratives. Le choix des chefs de projet interrogés s’est tout d’abord effectué sur un critère géographique, puisque, pour des raisons pratiques, tous les chefs de projet interrogés sont basés à Avignon. Il s’agit donc là d’une limite à notre troisième phase de recherche. Nous avons notamment sélectionné une cheffe de projet parce que celle-ci dispose aussi du statut d’administratrice dans la Box. Or, dans ce cadre, elle a 95 Voir annexe n°5.

96 Voir l’annexe n°6.

tenté de mener à bien un projet collaboratif avec la Box. Pour les deux autres, nous avons été contraints de prendre en compte la disponibilité des chefs de projet (déplacements, emploi du temps, charge de travail) et leur volonté de participer à l’entretien. En d’autres termes, une fois encore, il est important de comprendre que l’échantillon interrogé n’est pas nécessairement représentatif de l’ensemble des chefs de projet du CTCPA.

Nous avons également interrogé le directeur scientifique, qui est mêlé à de nombreux projets internes et qui est aussi amené à travailler de manière collaborative avec des structures extérieures dans le cadre de projets de partenariats de recherche.

Nous avons interrogé un technicien chargé d’effectuer les expériences dans la Halle (endroit où se déroule des expériences industrielles de transformations alimentaires). Ce faisant, nous désirions avoir autant une idée de la manière dont les techniciens fonctionnent que de connaître leur point de vue sur les méthodes de travail collaboratif. Malheureusement, il est probable qu’interroger un technicien seulement ne permet d’avoir qu’un bref aperçu de certaines pratiques. Il aurait ainsi été souhaitable de poursuivre les entretiens afin d’obtenir une meilleure pluralité des points de vue et des pratiques.

Nous avons également interrogé la documentaliste scientifique, qui, elle-même, est amenée à collaborer avec des chefs de projet dans le cadre de projets collaboratifs. Nous avions en effet jugé notre premier entretien avec elle prometteur et nous pensions que nous pouvions creuser encore davantage avec cette professionnelle, moyennant une grille d’entretien plus adaptée à notre problématique de travail collaboratif.

Comme il s’agissait de retours d’expérience, nous avons jugé qu’il était délicat d’élaborer une grille d’entretien satisfaisante dans la mesure où, chaque projet étant de nature différente, les questions pertinentes seraient différentes d’un projet à l’autre. Nous craignions de n’obtenir que des réponses types. Nous avons donc opté pour une approche plus souple et plus exploratoire. Nous avons modifié notre grille d’entretien initiale et n’avons gardé que les éléments génériques les plus importants, de manière à avoir une trame qui nous permette d’orienter ou réorienter les interviewés si ces derniers omettaient un aspect ou un autre du travail collaboratif. Au niveau de la régulation de l’entretien, pour éviter des hors sujets, avant de poser la moindre question, nous avons opté pour une présentation de notre projet de recherche en amont afin de bien contextualiser nos besoins informationnels. Puis, nous avons discuté avec eux afin de les aider à sélectionner un projet collaboratif et nous leur avons demandé de nous raconter comment celui-ci s’est déroulé. Nous avons essayé de n’interagir avec nos interviewés qu’afin d’obtenir des réponses plus précises ou de les relancer. Comme le premier entretien s’était très bien déroulé, nous avons jugé que cette méthode agile permettrait d’obtenir des résultats cohérents. Néanmoins, cette stratégie d’expérimentation a montré ces limites devant des individus plus difficiles à canaliser – ce qui a d’ailleurs donné lieu à un travail de synthèse important

dans le retraitement des entretiens – ou à des réponses laconiques. Ainsi, certains entretiens ont duré plus d’une heure quand d’autres se sont achevés en quinze ou vingt minutes. Certains individus ont également fait des parallèles avec d’autres projets collaboratifs et sont entrés dans des généralités, de sorte qu’il devenait parfois difficile de savoir s’ils parlaient du projet évoqué en début d’entretien ou s’ils dissertaient sur un autre projet. De plus, à mesure que nous obtenions plus d’informations sur la nature du projet et les moyens mis en œuvre pour le réaliser, nous avons pris conscience que certains projets relevaient davantage du travail collectif que du travail collaboratif97.

Enfin, pour des raisons techniques, nous n’avons pas été en mesure d’enregistrer les témoignages sous forme audio et nous avons donc été contraints de les synthétiser via une prise de notes. Pour éviter au maximum des phénomènes comme la réinterprétation des propos de l’interviewé, nous avons tenté de synthétiser l’entretien dans la journée où il s’était déroulé afin de demeurer le plus fidèle possible à ses propos. Néanmoins, des erreurs ont pu se glisser à notre insu. Il aurait de même été souhaitable d’interroger davantage d’usagers, afin d’obtenir un panorama plus exhaustif des pratiques collaboratives du CTCPA et multiplier les points de vue. Une autre solution aurait été de compléter ce premier travail exploratoire par un questionnaire, de façon à obtenir une vue plus exhaustive, notamment avec les chefs de projet des autres sites.

Dans l’ensemble, nous avons obtenu des résultats exploitables et nous pensons que cette approche a permis d’obtenir des données que nous n’aurions peut-être pas pensées à demander dans une situation normale. Cependant, la méthode d’entretien choisie s’est révélée peut-être un peu trop ambitieuse pour notre expérience en la matière.

En définitive, parce qu’une plateforme collaborative existe et vit pour (et grâce) à ses utilisateurs, de nombreuses problématiques découlent davantage du facteur humain que du facteur technique. Dès lors nos choix méthodologiques ont privilégié la compréhension des comportements des utilisateurs de la Box. Nous avons néanmoins pris soin de contrebalancer ces données subjectives par des données statistiques pour mettre en exergue d’autres tendances. Il est cependant à noter que certaines interprétations demeurent délicates, faute de données exhaustives,

Dans la dernière partie, nous allons désormais détailler les résultats que nous avons obtenus grâce aux trois phases de la méthodologie d’enquête développée ci-dessus.

97 Voir p. 22.