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La corrélation entre taux de croissance économique et taux d’investissement apparaît nettement, ce dernier connaissant les mêmes fluctuations que l’activité, avec toutefois un léger décalage. La contribution de l’investissement à la croissance (qui se mesure par le produit de son taux de croissance par son poids dans le PIB) est importante à la fois par son niveau, souvent proche de celui de la demande des ménages17 et par ses brusques variations d’une année à l’autre, à l’origine des fluctuations de la croissance. Ces

16 Ce raisonnement pourrait aussi être appliqué pour un accroissement de la consommation : un supplément de consommation est susceptible d’inciter les entreprises à développer leur capacité de production, d’investir, voire d’embaucher.

17 Il convient de souligner que depuis 1991 la contribution de l’investissement des sociétés non financières à la croissance marque nettement le pas et reste bien en-deçà de celle de la consommation (voir infra, deuxième partie, chapitre II).

dernières provoquent en retour des mouvements de plus grande ampleur de l’investissement via le mécanisme de l’accélérateur18.

L’investissement est donc une variable fondamentale des fluctuations économiques et les modèles économiques explicatifs des cycles y font souvent référence. Ainsi, le modèle de l’oscillateur de l’économiste américain Paul Samuelson19 expliquant les fluctuations de moyenne période repose-t-il sur la combinaison des effets multiplicateur et accélérateur : une augmentation des investissements entraîne une croissance des revenus et donc une augmentation de la demande (effet multiplicateur) ; cette demande supplémentaire provoque un besoin de capacités productives nouvelles, ce qui se traduit par des investissements (effet accélérateur) ; la combinaison de ces deux effets serait à l’origine des fluctuations cycliques.

L’investissement est aussi un élément d’explication des cycles économiques de long terme : ainsi, l’économiste russe Nicolai Kondratieff20 reliait-il les cycles longs au renouvellement des biens capitaux essentiels (grands bâtiments, voies de chemin de fer...). Cette expansion du capital est bien distincte de l’évolution conjoncturelle de l’investissement présentée habituellement en trois grandes catégories citées plus haut : de capacité, de productivité et de remplacement.

Encadré 2 : L’investissement et la croissance économique en France

L’examen comparé des courbes de croissance du PIB et de l’investissement des entreprises non financières françaises montre bien leur caractère indissolublement lié : si les évolutions de la FBCF sont à l’évidence plus marquées que celles du PIB, cette plus grande réactivité ne saurait cacher que ces deux grandeurs sont en phase. Sur longue période, l’investissement apparaît bien comme un facteur essentiel de la croissance : de 1959 à 2006, la FBCF des entreprises (en volume) aura été multipliée par 5,4 tandis que le PIB est aujourd’hui 4,6 fois plus élevé qu’au début de cette période.

On peut distinguer deux phases principales dans l’évolution de l’investissement et du PIB depuis près d’un demi-siècle. La première s’étend jusqu’à la fin des années 1970 : le rythme de croissance du PIB se réduit de manière tendancielle, passant ainsi de + 8,1 % en 1960 à + 4,5 % en 1974. Une fois la récession concomitante à la hausse du prix du pétrole en 1973 apparemment effacée (+ 4,4 % en 1976 après - 1,0 % en 1975), le freinage structurel se poursuit jusqu’à ne plus parvenir qu’à atteindre une croissance de + 0,9 % seulement en 1981. L’évolution de l’investissement des entreprises suit le même chemin. Partant de + 8,8 % en 1960 (et même + 11,9 % en 1961), la FBCF des entreprises connaîtra quatre années de stagnation ou de diminution (1981-1984), en passant, là encore, par la sur-réaction des années 1974-1975 (avec, notamment, un recul de 8,6 % de la FBCF des entreprises au cours de cette dernière année).

18 Mécanisme en vertu duquel un accroissement de la demande de consommation entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la demande de capital ou d’investissement (cf.

troisième partie, chapitre I, infra.).

19 Cf. Paul Samuelson, Interaction between the multiplier analysis and the principle of accelerator, Review of economics and statistics, vol. 21, 1939 ; Readings in business cycle theory, Allen and Unwin, Londres, 1950.

20 Cf. Nikolai Kondratieff, Les vagues longues de la conjoncture, 1926.

À partir du milieu des années 1970, s’ouvre une période caractérisée par une croissance économique modeste, avec une hausse du PIB de 2,1 % et une progression de la FBCF de 2,8 % en moyenne annuelle pour la période 1982-2006. Cette croissance modeste s’accompagne d’un raccourcissement des périodes de reprise, d’un recul plus prononcé de l’activité en cas de récession (le recul du PIB en 1993 en France aura été le plus fort depuis la fin de la seconde guerre mondiale) et par d’amples fluctuations autour de cette moyenne. C’est ainsi que notre pays a connu deux cycles importants au cours de ces vingt-cinq dernières années :

Le premier a vu le PIB connaître à nouveau une progression supérieure à 4 % pendant deux années (1988 et 1989) avant de plonger vers la récession de 1993 (- 0,9 %). Cette époque a, simultanément, vu l’évolution de la FBCF des entreprises retrouver des sommets (+ 9,7 % en 1988 et + 8,0 % en 1989) mais également, ensuite, des années noires (- 3,2 % en 1992 et surtout - 8,1 % en 1993) ;

Le second s’est traduit par trois années de croissance du PIB supérieure à 3 % en 1998-2000 (+ 3,9 % en 2000) suivies d’un ralentissement qui n’ira toutefois pas jusqu’à la récession (+ 1,0 % en 2002). Parallèlement, l’investissement des entreprises françaises connaissait des jours particulièrement fastes (+ 9,6 % en 1998, + 9,1 % en 1999 et encore + 7,6 % en 2000) avant de connaître un net repli (- 2,9 % en 2002).

Depuis 2003, le PIB croît à un rythme annuel de l’ordre de 2 % et la FBCF des entreprises augmente de 3,6 % en moyenne, et cela dans un contexte économique mondial plutôt favorable.

Or, ce contexte risque de devenir plus contraignant, ce qui renforce l’enjeu des ressorts internes (consommation, investissement) pour soutenir l’activité économique.

L’évolution du PIB et de l’investissement des entreprises en France de 1960 à 2006 (Évolution annuelle en volume, en %)

-10.0 -5.0 0.0 5.0 10.0 15.0

1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005

FBCF de entreprises non f inancières Produit intérieur brut

Investissement des entreprises = Formation brute de capital fixe des entreprises non financières (Sociétés non financières et entreprises individuelles non financières).

Source : Insee, comptes nationaux, graphique Conseil économique et social.