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En 1995, grâce à de nouvelles études, les points de cassure ont été localisés dans la région du gène CREBBP (CREB binding protein) montrant que le SRT résulte non seulement de

49 réarrangements chromosomiques de la région 16p13.3 mais également de mutations ponctuelles dans ce gène8,150.

En 2005, l’implication d’un second gène dans le syndrome a été mise en évidence9. Il s’agit

du gène EP300 (E1A binding Protein p300).

1. Structure des gènes CREBBP et EP300

Le gène CREBBP est situé sur le bras court du chromosome 16 au locus 16p13.3 et s’étend sur environ 155 kilobases (kb). Il est composé de 31 exons et code pour un transcrit de 7,3 kb. Le gène CREBBP code pour la protéine CBP composée de 2442 acides aminés (AA) et présente une masse moléculaire d’environ 265 kDa49 (Figures 16 et 17).

Le gène

EP300

est localisé sur le bras long du chromosome 22 au locus 22q13.2 et

s’étend sur environ 87 kb. Il est composé, comme

CREBBP

, de 31 exons.

Le gène EP300 code pour une protéine composée de 2414 AA et présente une masse moléculaire d’environ 265 kDa16,17 (Figures 16 et 17).

Figure 16: Structure des gènes EP300 et CREBBP.

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Figure 17 : Représentation schématique des protéines CPB/p300 et de leurs domaines fonctionnels.

N : domaine d’interaction aux récepteurs nucléaires (NRID ou RID) ; CH1 : domaine de transactivation en partie

N-terminale (TAZ1) ; KIX : domaine d’interaction avec CREB ; Br : bromodomaine ; CH2 : homéodomaine (PHD) ; HAT : domaine lysine acetyltransférase ; CH3 : domaine d’interaction avec l’oncoprotéine EA1 (ZZ et TAZ) ; Q : domaine de transactivation riche en glutamine ; I : domaine de liaison à IRF-3. D’après 151.

2. Spectre mutationnel de CREBBP

Les analyses mutationnelles réalisées dans plusieurs centres à travers le monde évaluent la fréquence des anomalies dans le gène CREBBP responsables du SRT à environ 55% des cas2,8–15. En l’état actuel des connaissances, 335 anomalies dans ce gène ont été référencées comme étant responsables du syndrome de Rubinstein-Taybi (dont 45 non publiées)152,153

(Tableaux S1 et S2)

.

Le spectre mutationnel comprend 79% de mutations ponctuelles dont 52% de mutations tronquantes (55 mutations ponctuelles non-sens et 119 mutations avec décalage

du cadre de

lecture), 9.5% de mutations d’épissage (n= 32) et 17.5% de mutations ponctuelles

faux-sens (n= 59) pour 21% de réarrangements de grande taille (59 délétions

intragéniques et 11 délétions emportant tout le gène

CREBBP

)

152,153

.

Une duplication intragénique de l’exon 1 du gène

CREBBP

a également été mise en

51

Figure 18 : Représentation schématique du spectre mutationnel de CREBBP chez les patients avec SRT.

A. Diagramme des catégories de l’ensemble des mutations rapportées incluant 265 mutations ponctuelles, 59 délétions intragéniques, 11 délétions complètes et 1 duplication intragénique.

B. Diagramme des mutations ponctuelles détectées incluant 119 mutations avec décalage du cadre de lecture (Ins/Del), 59 mutations faux-sens, 55 mutations non-sens et 32 mutations d’épissage.

Il n’existe pas de réels « points chauds » de mutations dans le gène

CREBBP

avec un

spectre mutationnel réparti tout le long des 31 exons. Cependant quelques mutations

récurrentes ont été décrites et l’on constate qu’environ 70% des mutations faux-sens

rapportées sont situées dans le domaine KAT.

Une exception à cela est la présence d’une région instable du gène

CREBBP

située entre

les introns 1 et 2, caractérisée par une fréquence élevée de séquences répétées ou

palindromiques aboutissant à des réarrangements récurrents dans cette

région

10,15,131,142,154–156

.

La présence de ces mutations ou micro-réarrangements à l’état hétérozygote chez les

patients atteints de SRT suggère donc un mécanisme d’haplo-insuffisance. Dès lors, la

perte de l’une des copies fonctionnelles du gène

CREBBP

va aboutir aux anomalies

développementales observées dans le syndrome.

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Pendant une dizaine d’années, peu de patients atteints de SRT avec mutation dans le

gène

EP300

ont été rapportés dans la littérature

2,9,16–20,157–160

. En 2016, Negri

et al

.

ont recensé l’ensemble des mutations décrites dans la littérature ainsi que dans la base

de données LOVD et ont décrit 6 nouvelles mutations

159

. La description la même

année, par Wincent

et al

., d’une nouvelle mutation avec décalage du cadre de lecture

dans le gène

EP300

porte à 35 le nombre d’altérations connues actuellement dans ce

gène, soit une prévalence estimée à environ 8%

120

.

Le spectre mutationnel comprend 80% de mutations ponctuelles dont 71.5% de

mutations tronquantes (9 mutations ponctuelles non-sens et 16 mutations avec décalage

du cadre de lecture) et 8.5% de mutations d’épissage (n= 3) pour 20% de délétions

(6 délétions intragéniques et 1 délétion emportant tout le gène

EP300

)

152,153

(Tableau

S3).

Ces résultats sont donc superposables aux données mutationnelles observées chez les

patients mutés dans

CREBBP

. En revanche, aucune mutation ponctuelle faux-sens

de novo

du gène

EP300

n’a actuellement été rapportée chez un patient présentant un

phénotype Rubinstein-Taybi. Trois patients atteints de SRT ont été rapportés dans la

littérature avec une mutation ponctuelle faux-sens du gène

EP300

. Cependant, chacune

de ces mutations était héritée d’un parent sain ne permettant pas de considérer ces

variants comme pathogènes

20,120,161

.

Toutes les mutations pathogènes rapportées étaient

de novo,

à l’état hétérozygote et

53

produisant un codon stop prématuré (p.Arg1645*) qui est partagée par deux patients

différents d’origine espagnole et allemande

153,162

.

En revanche il est établi dans les bases de données qu’il existe de nombreux

polymorphismes dans le gène

EP300

avec des variants retrouvés fréquemment en

population générale, contrairement à ceux qui est observé dans

CREBBP

, rendant

l’interprétation des variants plus délicate dans l’implication de la pathologie.

La nature de ces altérations confirme également pour le gène

EP300

, l’haplo-insuffisance

comme mécanisme pathogénique aboutissant à une perte de fonction.

IV. Tentatives de corrélation phénotype/génotype

A. Comparaison des patients atteints de SRT avec et sans