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-106- idéaliste pour ceux qui doivent confionter directement chaque jour un jeune au comportement

Dans le document Université d'ottawa University of Ottawa (Page 109-118)

ANALYSE DES DONNÉES

-106- idéaliste pour ceux qui doivent confionter directement chaque jour un jeune au comportement

problématique qui veut décrocher. Mais la question reste entière: même si le jeune décroche et facilite le fonctionnement du système, il demeure toujours un "décrocheur".

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CONCLUSION

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1 O8- Notre société et notre communauté en permanente continuité, initient ou réaffirment de nouveaux besoins à l'échelle socio-politico-économique et y font correspondre des normes et des moyens nécessaires à leur atteinte. L'éducation est un de ces moyens "proposés et acceptés" par les normes sociales, qui suit les mouvements et demandes sociales. C'est pourquoi décrocher de l'école devient un terrain glissant . . . vers la marginalisation et la sanction sociale. Nous avons travaillé à connaître autant le point d'ancrage de l'école dans notre société que la signification de son abandon dans notre région, dans notre culture puisque nous connaissons la relativité de l'apparition et de l'existence de tout phénomène.

À travers la réalité de la société québécoise, nous sommes donc devant un système d'éducation

motorisé par des idéaux construits socialement et alimentant des attentes standardisées aux besoins modernes et encore "idéaux" de notre société. Les discours institutionnels officiels dominants sont les principaux éléments propagateurs et légitimants de cette vision patibulaire du décrochage. Cependant, cette uniformisation "politique" laisse dans l'ombre des cas particuliers, différents dont les moyens (valeurs inculquées, milieux difliciles, modes de prise en charge, etc.. .) ne correspondent aucunement aux attentes établies mais aussi dont l'action de décrocher est un

"bien" pour le reste du système.

Malgré tout, même facilité par le décrochage des jeunes différents, ce système a pour effet de marginaliser une catégorie de personnes qu'on qualifie de défavorisées, sur certains plans, par rapport aux demandes qui leurs sont adressks par les structures dominantes. Et, alors s'enclenche le mécanisme de tentative de gestion sociale et par conséquent, de l'imputation d'un rôle marginal, d'un rôle déviant, déviance qui sera, dans plusieurs situations confondue ou associée à des

"déviances" comme la délinquance. Nos résultats d'une perspective locale nous ont semblés bien

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109- circonscrits puisque l'effet "local" est plus marginalisant (communauté, connaissance du voisinage et facilement identifiable d'une portée d'étude où les variables sont individuelles. La

"localisation" du phénomène explique aussi pourquoi décrocher dans d'autres pays, d'autres époques, sous l'égide de d'autres valeurs et de d'autres normes n'est pas une préoccupation, ni même un problème au niveau social ou politique et les jeunes décrocheurs sous cette appellation, n'existent pas comme classe à part. C'est donc dire qu'à une échelle locale ici au Québec, les pressions du discours institutionnel et son contenu par rapport à la question du décrochage sont des éléments qui dominent la réalité, même différente, de ceux qui vivent sur le terrain avec le décrochage.

Mais revenons à notre tentative initiale de poser l'objet d'étude: nous avons travaillé à explorer la nature d'un phénomène, d'un objel constituant de la réalité qui emporte avec lui tout un champ de signification. En fait, nous avons exploré comment le décrochage scolaire ou l'acte d'abandonner l'école pour un jeune est un problème, un phénomène bien identifié, auquel on réfère à partir d'une définition précise (dans les textes de loi par exemple où on y réfère par

"fréquentation obligatoire") et qui vise une catégorie particulière d'acteurs sociaux, les décrocheurs. C'est le fait que quelques décennies passées, vers les années 1950, quitter ses cours ne constituait ni une préoccupation, ni un problème auquel on rattachait un concept ou un terme particulier qui nous a incité à questionner l'objet de cette façon. La vision dominante se rattachait peut-être plus à la facilitation du système de travail à la maison (l'aide aux champs) par la présence du jeune a la maison, qu'à son absence à l'école.

Nous avons aussi présenté l'objet comme le résultat d'un processus de construction sociale qui a pour effet des conséquences marginalisantes concrètes pour la catégorie d'individus englobés

-1 10- par cette définition. Nous avons pu relever comment les différentes sphères sociales saisissent le phénomène du décrochage scolaire et a partir d'un examen individualisant en construise une catégorie de décrocheur, catégorie qu'on tente ensuite de gérer ou d'en prévenir l'apparition.

C'est ce qui a pour effet direct d'identifier un groupe particulier et de l'évincer du champs des normalités sociales.

Nous avons de plus exposé le décrochage scolaire comme un objet dont la construction politique est dynamisée par l'interprétation et la compréhension respectives de plusieurs acteurs sociaux et de rapports d'ensemble qui gravitent autour de I'objet. Nous avons compris au cours des entretiens et de l'analyse dbe contenu que la position sociale des individus, les valeurs inhérentes à leur rôle et leur propre échelle de valeur et expériences personnelles viennent tamiser la perception que les individus ont du décrochage mais aussi leur façon d'en imposer leur vision et les actions propres à supporter leur comportement par rapport au phhomene.

Finalement, nous avons posé le décrochage scolaire comme un objet dont le traitement renvoie aux principes de régulation sociale des déviances, des problèmes sociaux, Au cours des différentes étapes de construction d'un problème social, il y a l'apparition des tentatives de gestion et de contrôle du phénomène et de la catégorie qui le constitue. Les décrocheurs deviennent l'objet de toutes sortes d'interventions communautaires, familiales, thérapeutiques, scolaires, interventions qui ne viennent que circonscrire et cristalliser le décrocheur dans une catégorie à part et, préoccupante, suivant dans cette perspective le positionnement des discours institutionnels.

À travers ce processus de construction, et de là toute la valeur et la portée de ce travail, nous avons vu que le discours institutionnel dominant parle d'une réalité qui n'est pas la même partout:

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le décrochage scolaire n'est pas nécessairement un problème social si on comprend qu'il vient faciliter l'opération d'un système dejà débordé. Il reste que les décrocheurs portent- tout de même la même étiquette de décrocheur ou de déviant à cause du pouvoir emporté de définir des discours et institutions dirigeantes.

Nous avons relevé une preuve à notre avis concluante de la construction politique du décrochage:

dans le geste d'abandonner l'école, il y a deux positions, deux visions mais une seule sera dominante ou emportant plus de pouvoir avec elle. A l'interne, il y a peu d'informations qui circule et d'ailIeurs on ne perçoit pas le décrochage scolaire comme un problème puisqu'il a plutôt comme fonction d'alléger le système d'éducation. De l'externe, les statistiques et rapports officiels inquiètent puisqu'ils ont dejà comme fonction d'emporter avec eux tout un champs de signification. Quitter l'école secondaire, surtout avant l'âge adulte, avant l'obtention d'un D.E. S.

est une étiquette négative qui demeure associée à une image négative et ce, même si le jeune s'engage dans un programme professionnel (coiffure, arts, etc...). De ces visions, il y en a une dominante qui transporte un discours soutenu par la classe qui le tient ou par le pouvoir de celui qui distribue ce discours marginalisant (l'intervenant, Ie parent qui reconnaît le problème scolaire de son jeune et la sphère politique qui non seulement reconnaît amis circonscrit et confirme le phénomène déviant .)

Ii est évidemment surprenant et même peut-être peu rassurant de voir le décrochage scolaire, non plus comme un fait négatif bien arrêté et circonscrit, et ce, peut-être considérant l'extension de sa construction autour de la relation qu'on y fait avec la délinquance et les échecs fùturs d'un jeune décrocheur. Mais faut-il rappeler dans notre perspective de recherche, et cette vision n'est peut- être pas agréable pour certains, que c'est nous qui catalysons le jeune décrocheur dans sa situation

-1 12- de délinquance et qui initions ses échecs fûturs par la problématisation, la marginalisation, que nous avons construites autour de la notion du décrochage scolaire. Berger & Luckmann (1 986) le disent, notre organisation est le produit de notre construction mais nous sommes wssi le produit de notre organisation.. . Pour le décrochage scolaire comme pour les autres phénomènes de déviance sociale, il n'y a pas de solution universelle parce que la réalité n'offe pas les mêmes moyens à tout le monde.

Dans toute construction sociale, il y a justification, légitimité ou ... monopolisation politique des champs d'interprétation, d'application et de sanction autour des phénomènes tels que construits.

Le décrochage scolaire nous a intéressé dans cette perspective par rapport à notre propre expérience personnelle de succès scolaire et par rapport à ce monde éthique professionnel dans lequel nous travaillons (sphère politique, professionnelle et communautaire), monde qui donne moins de crédit ou de chance à quelqu'un qui a un jour décidé de laisser l'école pour ses propres raisons. Pour nous, c'est se heurter aux pressions d'uniformisation d'un système social politisé.

Pour nous c'est construire une catégorie à part -les décrocheurs- qu'on catalyse pfus facilement et rapidement dans le rang des déviants sociaux. Et pour nous, la portée de ce travail de recherche consiste à persister, à s'opposer à ces tendances uniformisantes parce que sans diRerence, sans changement, il n'y a point d'évolution et sans questionnements "de ce qui est", il n'y a point d'amélioration..

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ANNEXES

ANNEXE 1

tableail des principales caractéiistiques persomeUes. famjliales et scolaires des décincheurs potentiels. jGouvcrncment du Canada. 1992: 6)

[Notre attention vis-%vis cc profil der d 4 c m c h c u ~ nous a intbresd sutrioui pnr rapport fi la nature devisnie tl

@jc.ira~ive des ~aractérisiqucs pr4xniteaj.

ANNEXE

2

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