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Hypothèses du modèle de l’échange intégrant l'inconnu adopté dans la présente thèse

théoriques classiques se rapportant à ce modèle et questions de

recherche

Dans le chapitre précédent nous mettions en avant les difficultés rencontrés sur trois terrains d’échange dans l’inconnu pilotés par la direction de l'innovation Safran. Dans la logique de la recherche-intervention22, ce chapitre propose une modélisation afin de caractériser ces difficultés et donner un nouveau cadre aux acteurs pour penser l’action collective dépassant ces difficultés. Cette modélisation donne une grille de lecture pour chercher dans la littérature les contributions théoriques les plus pertinentes pour caractériser les terrains d’échange dans l’inconnu Safran.

Modèle général de l’échange intégrant l’inconnu

Dans le but de caractériser les difficultés à échanger dans l’inconnu rencontrées par Safran, nous proposons de modéliser le phénomène d’échange dans l’inconnu. Nous décrivons les hypothèses du modèle puis les situations d’échange dont rend compte le modèle en conséquence.

Hypothèses du modèle

Notre modèle d’échange (voir encadré suivant) comprend deux acteurs : le vendeur et l’acheteur d’une technologie. Vendeur et acheteur peuvent être respectivement des départements R&T des sociétés et de la direction de l'innovation, ou de la direction de l'innovation et des programmes conformément aux échanges chez Safran. On considère qu’il y a échange si et seulement si deux flux sont réalisés entre ces acteurs : une technologie est cédée par le vendeur à l’acheteur et l’acheteur cède des ressources financières ou humaines en contrepartie. La notion de technologie est adéquate car les départements R&T exécutent le processus de démonstration technologique23. De plus les concepts démontrés par la direction de l'innovation ne sont pas encore des produits. Le modèle se veut robuste à différentes natures de ressources engagées par l’acheteur : il peut financer le travail de l’acheteur ou bien mobiliser ses propres ressources humaines. L’échange est procédé si la quantité de ressources que doit engager l’acheteur est en adéquation avec le besoin qu’il a de la technologie ; l’échange est donc conditionné par la valeur de la technologie.

Encadré 2 : Hypothèses du modèle de l’échange intégrant l'inconnu adopté dans la présente thèse

22

Nous la définirons au chapitre 4

Vendeur Acheteur Technologie Ressources humaines ou financières Valeur de la technologie V(T)

La valeur est calculée en fonction des critères d’évaluation de l’acheteur. En décrivant la mission de la direction de l'innovation, nous avons décrit les critères transversalité, business et démonstration pour les projets Innovation. La prospective met en avant la difficulté d’élaborer des critères dans l’inconnu. DKCP et défis montrent plutôt une difficulté à élaborer des idées à évaluer. Nous tenons compte des deux phénomènes par le formalisme décrit dans l’encadré ci-dessous.

L’échange est conditionné par la valeur de la technologie

V(T)>0  échange réalisé

V(T)<0  échange avorté

V(T) inconnue  action d’échanger indécidable, acquisition d’information nécessaire

On pose

𝑇⃗ = (

𝑃

𝑝

𝑃

𝑞

) où les P

j

désignent les propriétés de la technologie du vendeur.

𝑉⃗ = (

𝑉

𝑛

𝑉

𝑚

) où les V

i

désignent les critères de valeur pour l’acheteur.

La valeur est connue si et seulement si il existe au moins une dimension notée d commune à

𝑉⃗ et à 𝑇⃗ permettant un calcul de la forme 𝑉(𝑇) = 𝑓(𝑉

𝑑

; 𝑇

𝑑

)

Encadré 3 : Hypothèse sur la valeur conditionnant l’échange dans le modèle de l’échange intégrant l'inconnu adopté dans la présente thèse

Ayant décrit les hypothèses du modèle de l’échange adopté dans la présente thèse, nous pouvons décrire ses conséquences en termes de situations d’échange modélisables.

Quatre situations d'échange dont rend compte le modèle

En conséquence de ces hypothèses, quatre situations d’échange peuvent être distinguées. Nous les expliquons une par une puis nous précisons l’effet de l’exploration d’une nouvelle dimension ce qui généralise le modèle à des situations d’évaluations plus ou moins complexes.

Explication de chaque situation

Dans la première situation la technologie détient une propriété dans la même dimension que le critère d’évaluation de l’acheteur. La valeur est donc calculable et l’action d’échanger décidable. Dans la deuxième situation, l’acheteur dispose de critères d’évaluation mais la technologie ne dispose d’aucune propriété. La technologie peut être radicalement inconnue et l’acteur vendeur non identifié.

Dans la troisième situation, le vendeur dispose d’une technologie mais l’acheteur ne dispose d’aucun critère d’évaluation. L’acteur acheteur peut être non identifié.

Dans la quatrième situation, les acteurs disposent d’une technologie avec des propriétés et des critères d’évaluation mais ils ne peuvent pas être exprimés dans une dimension commune permettant le calcul.

Le tableau encadré suivant récapitule ces situations.

situation Statut de V(T) Condition d’échange Actions sur T et E {𝑃1 𝑉1

. . } décidable Echange non réalisé tant que 𝑉(𝑇) < 0 Adaptation endogène/exogène de du vendeur ou de l’acheteur {.. 𝑉𝑉1

2}

indécidable Evaluation impossible sans exploration

Le vendeur explore P1, P2 ou les

deux {𝑃𝑃1 .

2 .}

indécidable Evaluation impossible sans exploration

L’acheteur explore V1, V2 ou les

deux {𝑃.1 𝑉.

2}

indécidable Evaluation impossible sans exploration

Le vendeur explore P2 ou l’acheteur

explore V1 ou les deux

Le caractère « . » signale l’inconnu

Tableau 2 : Les quatre situations dont rend compte notre modèle de l’échange intégrant l’inconnu – l’échange n’est réalisé que dans la première situation, les trois autres situations nécessitent des explorations pour parvenir à la première situation

Effets de l’exploration d’une dimension supplémentaire

Enfin si le tableau précédent ne représente que deux dimensions, les situations réelles peuvent être plus complexes. Nous devons donc expliquer les conséquences de l’exploration d’une dimension supplémentaire dans chaque situation.

 L’exploration d’une dimension supplémentaire asymétrique, c’est-à-dire uniquement de la propriété d’une technologie ou uniquement de critère d’évaluation ne modifie pas le calcul.

 Si par contre les acteurs parviennent à explorer symétriquement une dimension supplémentaire,

o dans la première situation, cela modifie le calcul à la fois dans la technique de calcul qui doit tenir compte de cette nouvelle dimension et dans le résultat

o dans les autres situations, cela permet le calcul et donc rend l’action d’échanger décidable