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SEX E RATI O

1. Données épidémiologiques et cliniques :

1.1. Histologie de la peau :

La peau, premier barrage à franchir avant d’accéder aux structures sous-jacentes, présente un véritable organe de protection de notre corps, plus que tout autre tissu, a vocation d’être altérée, franchie et donc suturée, réparée ou reconstruite [1].

La peau est l’enveloppe de notre corps ; elle est en continuité avec les muqueuses qui recouvrent les cavités naturelles de notre organisme. Elle est également l’organe le plus gros et le plus étendu de notre organisme en regard de sa surface et de sa masse avec environ 2 m2 pour 5 kilos de poids [2,3].

La structure cutanée est une structure hétérogène et complexe composée de trois couches superposées et différentes dans leur origine embryologique, leur composition, leur rôle, leur vascularisation et leur mode de réparation, qui sont de la superficie vers la profondeur : l’épiderme, le derme et l’hypoderme (figure 31) [1].

Les deux premiers correspondent au tissu cutané alors que le dernier représente le tissu sous-cutané.

Figure 31: Coupe structurelle de la peau et de ses annexes [4].

a. L’épiderme

L’épiderme est un épithélium stratifié pavimenteux et kératinisé qui se renouvelle continuellement, mesurant, suivant les zones de l’organisme, entre 0.1 à 1 millimètres. Il est plus fin au niveau des paupières où il mesure environ 0,1 millimètre, et plus épais au niveau des paumes et plantes de pieds où il peut atteindre 1millimètre [2].

Sa surface est trouée de multiples orifices correspondant aux ostiums des follicules pilaires et de glandes sudorales. La jonction avec le derme forme un relief escarpé parcouru de crêtes épidermiques s'enfonçant dans le derme [5].

L’épiderme est constitué de cellules parfaitement jointives de quatre types différents :

- Les kératinocytes, d’origine ectoblastique, - Les mélanocytes, provenant des crêtes neurales,

- Les cellules de Langerhans, issues de la moelle hématopoïétique, - Et les cellules de Merkel, dérivant des cellules souches de l’épiderme

embryonnaire [6].

 Les kératinocytes:

Représentant 80% des cellules de l’épiderme, ils migrent à travers l’épiderme depuis les couches basales jusqu’aux cellules cornées en 3 semaines en moyenne pour une peau normale, cela correspond à la durée de renouvellement moyen de l’épiderme. Ces cellules sont dénommées ainsi car elles produisent une enveloppe cornée très résistante faite notamment de protéines très solides : les kératines (protéines insolubles à la peau qui assure une très bonne protection) [2,7].

Néanmoins, il est important de savoir qu’aujourd’hui la fonction des kératinocytes ne se limite pas uniquement à un rôle de barrière, mais que ce sont également des cellules qui ont une activité immunologique [2].

De la profondeur à la superficie de l'épiderme, On distingue quatre compartiments (chacun composé d'une ou de plusieurs couches de kératinocytes) qui correspondent à des stades successifs de la différenciation, de la cellule-souche à la cellule terminale ou cornéocyte (fig. 32) [8,9] :

 La couche basale : germinative où ils ont un maximum d’activité proliférative, elle est composée de cellules cubiques ou prismatiques (une seule couche cellulaire).

 La couche épineuse : la couche à épines, elle est composée de cellules polygonales (5 à 15 couches de cellules).

Figure 32: Stades morphologiques de la différenciation du kératinocyte [9].

D'autres types cellulaires sont présents dans les couches profondes de l’épiderme :

 Les mélanocytes [2,10,11] :

Les mélanocytes sont de grandes cellules situées principalement dans la couche basale projetant des dendrites à la surface. Ils sont intercalés entre les kératinocytes basaux (On observe en moyenne un mélanocyte pour dix kératinocytes).

Ils représentent la deuxième grande population cellulaire de l’épiderme et dont la fonction est d’assurer la synthèse des mélanines : phéomélanines et eumélanines. Ces dernières ont pour rôle de donner à la peau sa couleur (pigmentation constitutive), les phéomélanines étant des pigments jaune-rouge et les eumélanines des pigments brun-noir. La répartition entre phéomélanines et eumélanines est à l’origine du phototype cutané. La mélanine (eumélanines) assure aussi la photoprotection de la peau par absorption des ultra-violets (UV).

 Les cellules de Langerhans [2,6] :

Les cellules de Langerhans représentent 3 % à 8 % des cellules épidermiques, dont la fonction est immunitaire, elles appartiennent au groupe des cellules dendritiques présentatrices des antigènes aux lymphocytes T, et sont transépithéliales.

 Les cellules de Merkel [7,10,11]

Les cellules de Merkel appartiennent à la couche basale germinative également.

Ce sont des cellules neuroépithéliales qui ont pour fonction celles de mécanorécepteurs à adaptation lente de type I, et/ou des fonctions inductives et trophiques sur les terminaisons nerveuses périphériques et les annexes cutanées (poils, ongles, glandes sudorales). Elles forment ainsi les corpuscules de Merkel. Ces cellules sont particulièrement abondantes au niveau des lèvres, des paumes, de la pulpe des doigts et du dos des pieds.

L’épiderme est recouvert d’un film cutané de surface servant à conserver l’humidité de la peau. Elle préserve la flore naturelle grâce à son pH acide. De plus, son pouvoir tampon protège contre les agressions.

L’épiderme ne contient aucun vaisseau sanguin ni lymphatique mais renferme de nombreuses terminaisons nerveuses libres [8].

Figure 33 : Les 4 populations cellulaires de l’épiderme [10].

1 = kératinocytes 3 = cellules immunocompétentes 2 = mélanocytes 4 = cellules de Merkel

b. La jonction dermo-épidermique [5,12,13]:

La jonction dermo-épidermique est une zone d’amarrage entre le derme et l’épiderme qui assure l’adhésion de l’épiderme et la polarisation des cellules souches de la couche basale. Elle joue aussi un rôle primordial dans les échanges et la communication cellulaire entre l’épiderme et le derme.

Il forme une ligne ondulée, fine et homogène, de 0,5 à 1 µ d’épaisseur, où alternent les saillies de l’épiderme dans le derme dites “crêtes épidermiques” et les saillies du derme dans l’épiderme dites “papilles dermiques”.

C’est une zone acellulaire composée de différents éléments de la matrice extracellulaire (MEC) et qui possède une organisation très spécifique : elle est composée de la membrane plasmique des kératinocytes basaux ainsi que de ses structures d’attache ou hémidesmosomes, de la lamina lucida traversée par les filaments d’ancrage, de la lamina densa constituée de collagène et de la zone

c. Le derme [1,10,13,14] :

Le derme est le tissu conjonctif de soutien de la peau, richement vascularisé et innervé. Il est beaucoup plus épais que l’épiderme (0.5 à 5mm) mais dans les mêmes proportions. Ainsi le derme des paupières (0.5mm) est infiniment plus fin que celui de la plante des pieds (5mm) pour des raisons mécaniques facilement compréhensibles. Il est globalement plus fin à la face ventrale qu’à la face dorsale du corps et chez la femme que chez l’homme.

Il assure les propriétés mécaniques nécessaires au maintien de l’intégrité cutanée, mais présente également des réseaux denses vasculaires et lymphatiques permettant l’apport de nutriments à l’épiderme. Il contient essentiellement des fibroblastes et une MEC formée principalement de collagène et d’élastine.

On lui distingue deux couches différentes :

- Le derme papillaire : est en contact direct avec la JDE avec laquelle il forme des invaginations caractéristiques appelées “papilles dermiques”. Il est composé d’une MEC lâche de collagène, de type I majoritairement, et possède une densité cellulaire élevée d5ue à la présence de fibroblastes responsables de la production et du remodelage de la MEC et de cellules immunitaires assurant la défense de l’organisme.

d. L’hypoderme [7,13,15,16,17]:

L’hypoderme, qui constitue le compartiment le plus profond, permet d’ancrer la peau aux fascias des muscles et des os. Il s’agit d’un tissu conjonctif lâche contenant des lobules d’adipocytes mais également un réseau vasculaire et nerveux très dense. Son rôle est surtout mécanique (isolement thermique, amortissement des chocs), mais elle est aussi impliqué dans le métabolisme énergétique via le stockage d’acides gras.

Les cellules souches dérivées des cellules adipeuses apparaissent une cible de plus en plus intéressante pour le traitement du vieillissement cutané mais aussi d’autres pathologies du fait notamment de la production de facteurs de croissance comme le Vascular Endothelial Growth Factor (VEGF), l’Insulin- Like Growth Factor (IGF), Hépatocyte GrowthFactor (HGF), et le Transforming Growth Factorbeta 1 (TGF-β1). Elles auraient notamment un effet antiradicalaire, stimulant de la synthèse et de la migration de fibroblastes.

e. Les annexes cutanées [2,12]:

Elles sont représentées par des glandes cutanées et des phanères.

Les glandes cutanées sont les glandes sébacées et les glandes sudoripares (apocrines et eccrines). Les phanères sont les poils et les ongles.

Les glandes sont particulièrement nombreuses au niveau de la face, du cuir chevelu, des aisselles et du périnée. Les annexes épidermiques ont un rôle fondamental dans la cicatrisation, car elles entraînent la réparation de l’épiderme à partir des couches profondes du derme quand la couche basale est détruite.

Les glandes sudoripares [2,17] :

Les glandes sudoripares apocrines sont annexées aux follicules pilosébacés dans certaines régions de l’organisme, notamment les plis axillaires, les plis inguinaux et les plis inter fessiers. Elles ont une sécrétion opaque grasse et alcaline. La sécrétion est de type apocrine avec un canal excréteur qui débouche dans le conduit pilosébacé en aval de la glande sébacé. Cependant, les glandes sudoripares eccrines sont toujours indépendantes des poils et s’ouvrent directement à la surface de la peau.

Les glandes sudoripares eccrines sont nombreuses, en moyenne 2 à 5 milliards chez l’homme. Elles élaborent un liquide aqueux, incolore et sale que l’on appelle la sueur (participe à la fonction de thermolyse). Ce sont des glandes exocrines avec un canal excréteur directement abouché à l’extérieur. Ces annexes cutanées sont d’origine ectoblastique.

Les glandes sébacées [7,10,11] :

Il s’agit de glandes exocrines tubulo-alvéolaires dont la portion sécrétrice est située dans le derme. Leur produit de sécrétion, le sébum, est lipidique. Il est déversé dans le canal excréteur de la glande sébacée puis le conduit pilo-sébacé et joue le rôle d’agent imperméabilisant et hydrofuge pour le poil et la surface cutanée et également un rôle antibactérien modéré.

Les poils [11,18] :

Les poils, implantés dans une cavité appelée follicule, sont de taille variable (duvet, poil, cheveu) et s’enfoncent selon une direction assez oblique dans le derme, voire jusque dans l’hypoderme lorsqu’ils sont volumineux. La partie profonde du follicule pileux comprend deux parties :

- le bulbe ou renflement léger correspondant à la zone de confluence du follicule et la glande sébacée ;

- le collet inférieur (zone étroite de rétrécissement).

La coloration des poils et des cheveux est due à l'incorporation de mélanosomes aux cellules épithéliales destinées à former la kératine des phanères. Elle s'explique à la fois par la quantité de mélanosomes présents et par la qualité du pigment (eumélanine noire ou phéomélanine jaune orangée).

Les ongles [2,11,19,20] :

Faits de cellules épithéliales kératinisées, tassées les unes contre les autres et issues par prolifération tangentielle de la matrice unguéale, les ongles ont une croissance interrompue du fait de l'absence de desquamation. Ils comprennent une zone cachée (la racine) et une portion visible (corps ou limbe).

L’ongle a des fonctions multiples : protection, plan fixe de contre pression de la sensibilité pulpaire tactile, rôle agressif, voire esthétique.

f. La vascularisation cutanée :

La vascularisation cutanée est très abondante et liée aux nombreuses fonctions de la peau. Elle assure non seulement l’oxygénation et la nutrition des différentes structures de la peau, mais aussi le maintien de la thermorégulation, de la pression artérielle et de l’équilibre hydrique de l’organisme [21].

Les vaisseaux sanguins sont abondants dans le derme et dans l’hypoderme, mais ils ne pénètrent pas l’épiderme, L’épiderme, comme tout épithélium, n’est pas vascularisé ; il est nourri par imbibition. Ils sont de faible calibre, ne prenant une relative importance que dans l’hypoderme [11].

De même, le système lymphatique est présent dans le derme et l’hypoderme et absent dans l’épiderme.

La vascularisation artérielle :

A la partie profonde de l’hypoderme, les artères sous-cutanées abordent le tégument et forment un premier réseau anastomotique parallèle à la surface cutanée. De celui-ci, partent perpendiculairement des branches qui traversent l’hypoderme, en donnant des collatérales destinées à vasculariser les lobules graisseux et les annexes : glandes sudoripares et follicules pileux. Ces branches se réunissent à la partie profonde du derme réticulaire pour former un deuxième réseau anastomotique (plexus dermique profond) dont les mailles sont parallèles au premier réseau anastomotique et à la surface cutanée. De ce deuxième réseau anastomotique, partent perpendiculairement des artérioles dites “artérioles en

La vascularisation veineuse :

Le réseau veineux est calqué sur le modèle artériel : capillaires papillaires, plexus superficiel, plexus profond, veines sous-cutanées [12].

Les anastomoses artério-veineuses :

Des anastomoses artério-veineuses avec ou sans glomus se trouvent au niveau du lit des ongles et des régions palmo-plantaires (mains, doigts, pieds et orteils). Elles jouent un rôle fondamental dans la thermorégulation [12,22].

Le système lymphatique :

La lymphe est collectée par les vaisseaux lymphatiques présents dès la couche papillaire du derme et qui suivent le trajet du réseau veineux [11].

Figure 34: Représentation schématique de l’organisation de la microcirculation cutanée [22].

g. L’innervation de la peau:

Elle est très riche ; en effet, la collecte des signaux venant de l’extérieur est une des fonctions majeures de la peau. La peau est un organe sensoriel, l’organe du tact. L’innervation est réalisée par des nerfs végétatifs à fonction vasomotrice, motrice ou sécrétoire, ainsi que par des nerfs cérébro-spinaux issus des cellules en T des ganglions spinaux. Elle est responsable de la sensibilité tactile, thermique et douloureuse [11].

Le derme et l’hypoderme contiennent de très nombreux nerfs [12,23,24] :  D’une part, les terminaisons nerveuses du système nerveux

autonome, amyéliniques, destinées aux vaisseaux (vasculaires et lymphatiques), aux muscles érecteurs du poil et aux annexes épidermiques.

 D’autre part, les terminaisons nerveuses des voies de la sensibilité, myélinisées ou amyéliniques :

- Terminaisons nerveuses libres,

- Terminaisons nerveuses des complexes de Merkel,

- Terminaisons nerveuses des corpuscules de Meissner, de Vater-Pacini, de Krause et de Ruffini.

Ces fibres se regroupent pour former des nerfs de calibre de plus en plus gros du derme papillaire vers l’hypoderme.

Figure 35: Représentation schématique du système nerveux sensoriel de la peau [23].

1.2. Fonctions de la peau [25,26] :

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