III. La glande prostatique
3) Histologie de la prostate
Les glandes tubulo-alvéolaires de la prostate déversent leurs sécrétions dans l’urètre
prostatique, participant ainsi à l’élaboration du sperme. Ces glandes sont composées d’un
épithélium pseudo-stratifié qui repose sur un tissu de soutien riche en cellules musculaires, en
fibroblastes et en collagène.
a. Epithélium prostatique
L’épithélium prostatique se compose de 2 couches cellulaires. La première couche est
peu différenciée et contient majoritairement des cellules basales. On y trouve également des
cellules neuroendocrines et des cellules souches. La seconde, appelée couche luminale,
contient les cellules sécrétrices différenciées (Figure 24 A.). Des cellules intermédiaires
présentent un stade de différenciation médian et expriment à la fois des marqueurs de cellules
basales et de cellules luminales (Valkenburg and Pienta, 2015).
Figure 23 : Représentation schématique de l’anatomie de la prostate.
Les travaux de Mc Neal en 1968 ont permis de définir 4 zones distinctes au sein de la prostate : la
zone périphérique, la zone de transition, la zone centrale et le stroma fibro-musculaire. (d’après
Valkenburg et al., 2015)
• Cellules luminales
Les cellules luminales représentent le type cellulaire majoritaire de l’épithélium
prostatique. Hautement différenciées et de forme cylindrique, ces cellules ne prolifèrent pas.
Elles assurent les fonctions exocrines de la prostate par la sécrétion du liquide prostatique et
du PSA. Exprimant le RA, leur survie dépend de la bio-disponibilité en androgènes. Différents
marqueurs permettent de les différencier des autres types cellulaires de l’épithélium tels que
les cytokératines (CK) 8 et 18, le marqueur de surface CD57 (Cluster of differenciation 57) ou
encore la protéine NKX3-1 (Figure 24 A.) (Abate-Shen and Shen, 2000; Valkenburg and
Pienta, 2015).
• Cellules basales
Les cellules basales, de forme cubique, sont peu différenciées et sont dépourvues
d’activité sécrétoire. Elles se trouvent entre la couche luminale et la membrane basale. Elles
expriment très peu le RA et sont caractérisées par les CK5 et 14, le marqueur de surface
CD44 (Cluster of differenciation 44), le facteur p63, l’enzyme GSTp (Glutatione-S transferase
p) ou encore la protéine anti-apoptotique BCL2 (B-cell lymphoma 2) (Figure 24 A.) (Long et
al., 2005; Valkenburg and Pienta, 2015).
• Cellules neuroendocrines
Les cellules neuroendocrines forment une population mineure de l’épithélium
prostatique. Elles sont localisées dans la couche basale et possèdent des expansions qui
rejoignent la couche luminale. Elles sont différenciées, ne prolifèrent pas et sont
androgéno-indépendantes. Ces cellules semblent jouer un rôle majeur dans la régulation nerveuse et
endocrine de la prostate cependant, leur fonction n’est à ce jour pas clairement définie. Elles
expriment de nombreux marqueurs dont certains sont utilisés en clinique pour les identifier. Il
s’agit notamment de la chromogranine A, de la synaptophysine ou encore de l’endolase
neurones-spécifique (NSE) (Figure 24 A. et B.) (Parimi et al., 2014; Valkenburg and Pienta,
2015).
• Cellules intermédiaires
Des études histologiques ont mis en évidence des cellules situées dans le
compartiment basal exprimant des marqueurs de cellules luminales et, à l’inverse, des cellules
de la couche luminale exprimant des marqueurs de cellules basales. L’analyse des
cytokératines a permis de définir deux phénotypes distincts avec des cellules exprimant
CK5-8-14 et d’autres CK5-18. Les cellules positives pour CK5-18 sont localisées dans tout
l’épithélium tandis que les cellules exprimant CK5-14-18 se retrouvent dans la couche basale.
Ces cellules intermédiaires sont en réalité des cellules en cours de différenciation qui migrent
depuis la couche basale vers le compartiment luminal. Ainsi, il semblerait qu’au cours de ce
transit, elles perdent tout d’abord l’expression de CK14 avant celle de CK5 (Long et al., 2005).
Figure 24 : Représentation de l’épithélium prostatique.
A. Les cellules basales et les cellules luminales constituent les 2 assises cellulaires de l’épithélium
prostatique. Les cellules neuroendocrines représentent moins de 1% de l’épithélium prostatique.
Elles prennent naissance dans la couche basale et s’étendent jusqu’à la couche luminale. B. Les
cellules neuroendocrines sont mises en évidence par immuno-marquage de la chromogranine A.
(d’après Parimi et al., 2014 et Valkenburg et al., 2015)
B.
A.
• Cellules souches
Certaines cellules de la couche basale présentent des caractéristiques de cellules
souches. Ces cellules sont immatures et possèdent un fort potentiel de prolifération et
d’auto-renouvellement. Différents phénotypes ont été décrits pour caractériser ces cellules souches
tels que le haut niveau d’expression de TACSTD2 (Tumor-associated calcium signal
transducer 2), l’expression du marqueur CD133 (Cluster of differenciation 133) ou encore
l’expression de p63 associée à l’absence d’expression de CK5 et 14. Le modèle de
différenciation de l’épithélium prostatique le plus décrit aujourd’hui est que ces cellules
souches donnent naissance aux cellules intermédiaires qui vont progressivement se
différencier en cellules sécrétrices en migrant vers le compartiment luminal (Jaworska et al.,
2015; Long et al., 2005).
b. Stroma prostatique
Le stroma prostatique se compose d’une matrice extracellulaire riche en fibres de
collagène qui englobe des fibroblastes et des cellules musculaires lisses. On y trouve
également des cellules endothéliales, des fibres nerveuses autonomes, des cellules
ganglionnaires mais aussi des représentants du système immunitaire tels que des
lymphocytes ou des macrophages (Barron and Rowley, 2012).
Les communications entre l’épithélium et le stroma sont indispensables à la mise en
place de la prostate au cours du développement embryonnaire mais aussi au maintien de
l’homéostasie de la glande. De ce fait, de nombreux facteurs sécrétés par les deux types
cellulaires ont une action paracrine réciproque de manière à contrôler la croissance et les
fonctions de la prostate. Ainsi, la DHT produite par les cellules basales diffuse vers le stroma
et active le RA des cellules musculaires lisses. Celles-ci produisent alors des facteurs de
croissance tels que l'EGF, le FGF-7 (Fribroblast growth factor 7), le HGF (Hepatocyte growth
factor), l'IGF-1 ou le VEGF (Vascular endothelial growth factor). Leur action paracrine sur les
cellules épithéliales est impliquée dans la morphogenèse prostatique mais aussi la
prolifération et la survie cellulaire. En revanche, l'action paracrine du TGF-b inhibe la
prolifération des cellules épithéliales et induit leur apoptose (Figure 25) (Berry et al., 2008;
Wong et al., 2003).
Dans le document
Caractérisation des fonctions génomiques de variants du récepteur des androgènes dans le cancer de la prostate
(Page 53-57)