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1. Le sport : son histoire, son évolution et sa place dans notre société

1.1 Son histoire

Depuis l’aube de l’humanité, marcher, courir, sauter, nager, lutter… font partie intégrante de la vie de l’homme, à la fois pour se déplacer, se défendre, s’organiser, ou tout simplement travailler. Les hommes ont depuis toujours pratiqué des exercices physiques.

Mais une question se pose, à quel moment est né le sport, cet univers aux pratiques à la fois ludiques et compétitives, partagées quotidiennement par des millions de personnes, objet d’un spectacle perpétuel, source de bien-être et de santé, support privilégié d’une publicité dévorante?

À ses prémices, la pratique d’activités physiques était considérée comme une forme d’affrontement jusqu’à la mort : le vainqueur gagne la vie, le vaincu la mort.

Par la suite, elle a connu de nombreuses évolutions en fonction des mentalités et des mœurs, ainsi que des zones géographiques.

Les jeux, ainsi que les manières de jouer, vont être modifiés pour devenir moins barbares et être adaptés au fil des siècles.

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Nous allons diviser cette évolution en 5 grandes époques34 :

• L’antiquité et la période romaine marquent les débuts du sport à proprement parlé. o En Grèce, le sport contribue au rayonnement des cités.

Avec le savoir (l’écriture, notamment de lettres, et la musique), le sport fait partie de l’éducation du citoyen. Les épreuves sportives étaient pour la plupart guerrières (courses de char, pugilats, combats en armes, lancers du disque, tir à l’arc, lancers du javelot et courses à pied) et accompagnées, le plus souvent, de cérémonies religieuses caractéristiques.

A cette époque, le sport et la foi sont intimement liés.

Toutes les notions de records et d’argent propres à notre époque n’existaient pas.

À leur apogée, entre - 450 av. J.-C. et - 200 av. J.-C., les jeux d’Olympie sont le rendez-vous des élites sportives, culturelles et même politiques de la société grecque.

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o Pour les Romains, le sport a uniquement pour but la préparation à l’exercice militaire.

À l’origine, ce sont des courses de char, qui ont vite laissé la place à des combats de gladiateurs qui se déroulent dans des arènes (prémices de nos cirques actuels), ce qui développe l’attrait des Romains pour le spectacle.

• Une seconde période marquante dans l’évolution du sport fut celle du XIe siècle

jusqu’au début du XVIIIe siècle.

Dans la société médiévale, l’activité ludique est extrêmement diversifiée : il y a autant de jeux physiques que de royaumes. La noblesse, entre deux guerres, pratique l’art de la lance. Les chevaliers s’affrontent en groupes dans les tournois, fêtes guerrières imitant la bataille, ou seul à seul lors de joutes. Les premiers tournois ne duraient qu’une seule journée et se déroulaient à travers villes et campagnes.

Puis, du XVe siècle au début du XVIe siècle, ils devinrent l’occasion de grandes fêtes attirant la foule. Ils seront interdits pour leurs excès de violence au profit des joutes, moins meurtrières, elles-mêmes interdites en 1559 après la mort du roi Henri II, à la suite d’une joute.

Dès la fin du XVIe siècle, sous l’influence italienne, la société de cour impose le style et l’élégance des mouvements du corps. La formalisation de la gestuelle et les jeux nobles se précisent avec la monarchie absolue et le règne de Louis XIV. Le gentilhomme se distingue grâce à trois pratiques dominantes, considérées comme des arts : l’équitation, les armes et la danse.

Au XVIIIe siècle, la vision scientifique, héritée des deux siècles précédents, se précise. L’intérêt pour les techniques se développe avec les Lumières.

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Au milieu du XVIIIe siècle, s’inventent les notions « d’éducation physique », « d’éducation corporelle », « d’éducation médicinale ». Le renforcement physique des populations devient une responsabilité étatique.

• Le XIXe siècle marque une modification considérable de la notion de pratiques sportives.

L’industrialisation et l’urbanisation transforment les économies et les sociétés, la société française change. C’est la lente marche vers le régime républicain qui s’installe durablement en 1875, avec la IIIe République. De nouvelles pratiques sportives, telles que la gymnastique, font leur apparition. L’exploitation pédagogique de la gymnastique se confirme rapidement avec, à partir de 1852, une « école normale militaire de gymnastique », qui instruit des moniteurs pour les gymnases « divisionnaires » et « régimentaires ».

Avec la loi Falloux de 1850, l’enseignement du chant et de la gymnastique, non obligatoire, fait son entrée à l’école primaire. La gymnastique sera rendue obligatoire à l’école, en 1880. L’installation de bains et d’écoles de natation se développe dans les villes. Certains bains sont destinés à un public fortuné, les Bains Deligne par exemple, d’autres à un public populaire. C’est dans les collèges de l’Angleterre industrielle que naît véritablement le sport moderne : la compétition se transforme, les règles sont unifiées, de nouveaux jeux sont créés. Des clubs instituent un programme et un calendrier de rencontres autonomes.

A partir de 1820, le football, jeu populaire, devient une pratique codifiée de l’élite du pays avant de revenir aux ouvriers vers 1880. Les conditions de vie des travailleurs s’améliorent ; les ouvriers occupent les samedis après-midi chômés à jouer au football dans un espace délimité. Le football traverse la Manche en 1872 et ne tarde pas à prendre racine en France.

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En 1879 naît le Paris Football - club.

À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, l’athlétisme se constitue, avant de se répandre en Europe. Le rugby se scinde, quant à lui, en deux activités : l’une pour les gentlemen, l’autre pour les ouvriers.

• A la fin du XIXe siècle, le sport est un passe-temps marginal et mondain.

En France, le gymnaste et le sportif coexistent, et sont regroupés en sociétés organisant des rencontres régulières. Après la défaite de Sedan en 1870, la gymnastique est au service du patriotisme et vise à discipliner les masses à des fins militaires et politiques. Elle exprime les valeurs de la république.

En 1873, l’Union des sociétés de gymnastique de France soutient la politique républicaine, en organisant des concours de caractère martial et patriotique. Son but est « d’accroître les formes défensives du pays en favorisant le développement des forces physiques et morales ». Les objectifs de l’organisation sportive sont plus individuels car basés sur la vision libérale et conquérante de la vie venue d’Angleterre. Malgré un début d’enracinement, notamment avec la naissance en 1888 du mouvement athlétique scolaire, le sport est toujours une activité marginale et élitiste pratiquée dans les grandes villes riches, commerçantes et industrielles. Le sport naît véritablement en France avec l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques en 1889. L’institution sportive s’unifie jusqu’à généraliser en 1890 des championnats de France en aviron, cyclisme, football, rugby, athlétisme, gymnastique, et même automobile après 1895.

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Pour populariser les exercices physiques, Pierre DE COUBERTIN propose des jeux olympiques fidèles à l’esprit des jeux antiques, mais modernes dans leur organisation et leur gestion.

Les principes fondamentaux de l’olympisme exprimés dans sa charte35 sont l’humanisme («

l’olympisme est une philosophie... »), le pacifisme (« le sport au service du développement harmonieux de l’homme, en vue d’encourager l’établissement d’une société pacifique... »), l’éducation, l’œcuménisme (« l’activité du mouvement olympique est universelle et permanente. »). Enfin, « la pratique du sport est un droit de l’homme ». Il prône la supériorité de l’amateurisme sur le professionnalisme, une conception élitiste sur laquelle il reviendra.

• Enfin au cours du XXe siècle, le sport se diversifie et se massifie entre 1920 et 1950, et les clubs sportifs se développent dans les villes.

Le basket-ball, né en France au contact des soldats américains à la fin de la première guerre mondiale, connaît un développement fulgurant. Grâce à la journée de 8 heures votée en 1919 et aux congés payés institués en 1936, mais adoptés dès 1919 en Autriche, puis en Allemagne, Italie, Angleterre, le sport pénètre dans le quotidien.

Le sport devient un objet toujours plus convoité, un support attirant messages ou propagande comme le montrent la coupe du monde de 1934 dans l’Italie de Mussolini ou les jeux olympiques de Berlin en 1936, transformés en démonstration de propagande nazie. Des olympiades populaires parallèles sont organisées à Barcelone avec les fédérations sportives ouvrières non affiliées au CIO (Comité International Olympique), en juillet 1936, mais le déclenchement de la guerre civile espagnole ne permit pas leur déroulement.

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Le héros sportif naît dans cette période : « Être inaccessible et pourtant proche, distingué par le mérite et le travail, sans aucune appartenance sociale préalable, il rend possible un immense rêve social où n’importe qui peut devenir quelqu’un » (Georges Vigarello)36. Cette idéalisation

du héros sportif permet au monde de s’identifier à des valeurs morales saines. L’expansion économique, les progrès scientifiques et techniques modifient les genres de vie. Le nombre d’agriculteurs et d’ouvriers diminue. Les loisirs prennent une place de plus en plus importante. La culture populaire des années 50 est déjà une culture du sport : largement médiatisé par l’écran télévisé, dans les années 70-80, le sport se fait spectacle tandis que l’écart grandit entre ses héros et la multitude de joueurs.

À partir de 1948, différentes compétitions sont organisées pour des sportifs souffrant de handicaps.

En 1960, les Jeux Paralympiques sont créés à Rome, où sont représentés tous les sports et tous les handicaps.

Depuis 2001, leur organisation est garantie par le CIO et le Comité International Paralympique. A partir de 2012, ils seront organisés par la ville accueillant les Jeux Olympiques, dans les mêmes lieux, peu de temps après.

En France, la pratique se massifie dans les années 50-70, confirmant l’ascendance prise par le temps libre et le loisir dans le quotidien. La pratique féminine explose et celle des classes moyennes s’accroît.

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