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DE L'HISTOIRE AU MYTHE

Lamarque, les funérailles sanglantes de 1832, les Misérables... ce triptyque infernal semble durablement ancré dans la mémoire collective, alimentée par le succès du roman de Victor Hugo et par ses multiples adaptations cinématographiques et télévisuelles. Cette postérité a fait oublier que le général-député, avant de devenir un personnage de roman, a d'abord été un personnage historique1. Victor Hugo ne nie pourtant pas son ancrage dans l'Histoire et l'a même bien cerné : un « homme de renommée et d'action » ayant « eu successivement, sous l'Empire et sous la Restauration, les deux bravoures nécessaires aux deux époques, la bravoure des champs de bataille et la bravoure de la tribune »2. Mais inséré dans une narration qui a pour but de montrer les origines de l'insurrection de juin 1832, la figure de Lamarque passe rapidement au second plan pour le lecteur. Si le roman et l'Histoire s'y croisent et s'y entremêlent, cette association finit par fausser la seconde. Il convient alors de revenir dans ce chapitre au personnage historique pour le dissocier de son avatar romanesque. Revenir au véritable Lamarque, c'est desceller les origines de son mythe, en mettant en avant l'homme populaire qu'il a été, en soulignant que ses funérailles ont été avant tout un enjeu politique et en mettant en exergue une mémoire qui a été recomposée au fil du temps.

1 J-C. Petitfils a été confronté au même problème avec le d'Artagnan historique qui a fort peu à voir avec celui d'Alexandre Dumas au point de devoir intituler son livre Le Véritable d'Artagnan, Texto, Paris, 2010, pp. 11-17.

LE H É ROS-CITOYEN

Comprendre ce qui fait la popularité d'un homme comme Lamarque en 1832 revient à chercher les origines et les mécanismes aboutissant à cet engouement. Il faut parvenir à saisir les différents facteurs qui ont contribué à faire de son expérience et de ses qualités personnelles autant d'avantages pour devenir ce héros populaire qu'il était à sa mort. On doit examiner les procédés qui ont permis à Lamarque de construire cette popularité petit à petit en prêtant attention aux événements et à leur enchaînement, au hasard mais aussi aux actions délibérées de l'intéressé qui ont pu le singulariser. A travers cette construction, il s'agit de voir comment Lamarque a été perçu par l'opinion et de borner les limites de cette influence.

Aux origines d'une popularité

Le début du XIXe siècle a vu l'érection de la gloire militaire en modèle de vertu et le fait d'exposer sa vie devenir presque naturel. Dans La Chartreuse de Parme, Stendhal, ancien sous-lieutenant de l'armée d'Italie, rapporte que cela était même devenu une mode : « on vît que pour être heureux après des siècles de sensations affadissantes, il fallait aimer la patrie d'un amour réel et chercher les actions héroïques »1. Le régime napoléonien a de fait placé l'armée au centre de la société, faisant de ses chefs des notables et de ses soldats des héros. Le culte du grand homme incarnant la nation a accentué ce désir de gloire et d'ambition tout en pensant perpétuer le messianisme révolutionnaire. Vouloir combattre sous les yeux de Napoléon est une marque persistante « des traits de l'Ancien Régime dans les mentalités de ces hommes encore sensibles à la personnification du pouvoir »2. Mais sa chute finale en 1815 en laisse beaucoup en proie au mal du siècle ; les généraux à qui on n'avait enseigné que la gloire militaire, voyaient leur carrière compromise voire brisée.

Le général Lamarque a cherché jusque dans les années 1810-1811 à avoir sa part de gloire militaire. Mais beaucoup de ses frères d'arme ont eu le même objectif, compliquant un peu plus la concrétisation de ce désir. Ceux qui ont donné leur vie pour la défense de la patrie comme Desaix ou Lannes ont été célébrés par le régime impérial. Les victimes de la « terreur légale » sous la seconde Restauration comme Ney ou La Bédoyère ont marqué les esprits. Par contre, il devenait plus difficile aux nombreux

1 Stendhal, La Chartreuse de Parme, Le divan, Paris, 1927, p. 6.

vétérans encore vivants ayant participé à l'épopée de se singulariser. Il faut là distinguer deux catégories : la première comprend ceux qui ont combattu dans les batailles majeures sous les yeux de l'Empereur, aussi bien dans les victoires que dans les défaites, telles qu'Austerlitz, Iéna, Leipzig ou Waterloo. Ils ont eu plus de chance d'obtenir des promotions et des gratifications. Par la grâce impériale, ils jouissent d'une certaine considération.

La seconde désigne ceux qui se sont battus sur des fronts périphériques, comme le royaume de Naples ou l'Espagne. Ils n'ont pas eu le même traitement de faveur. Ces soldats ont rapidement su que ceux qui servent dans une armée éloignée de la vue de Napoléon ont peu de chances d'obtenir de l'avancement. Depuis son passage au Portugal en 1807, le généra Hulot a compris que

« le système de Napoléon était de ne pas récompenser une armée hors de son commandement, lorsqu'elle n'était pas victorieuse.[…] Combien d'excellents officiers ont été oubliés malgré leurs bons et nombreux services, parce qu'ils étaient employés au loin, sous des généraux non en faveur, tandis qu'une foule de plus jeunes militaires bien moins méritants, mais placés dans une zone plus chaude, n'ont fait qu'effleurer les échelons pour parvenir aux sommets »1.

Lamarque appartient à cette seconde catégorie. Ses succès éclatants comme commandant en chef à Capri ou en Vendée, pourtant relayés par le Moniteur, ne sont rien comparés aux victoires de la Grande Armée. Lucide, il reconnaît lui-même que « quels que soient les talents et les qualités d'un général, il faut que les circonstances le favorisent. Combien de guerriers restent inconnus ! […] L'immortalité n'est pas toujours la récompense de celui qui l'a méritée »2. Aussi est-il conscient qu'il a raté une opportunité à Wagram en 1809, alors qu'il s'est distingué sous les yeux de Napoléon. Celle-ci ne se représentant plus en Catalogne, il est contraint de suivre de loin les exploits de la Grande Armée. Il s'estime alors être dégoûté par son métier au point de s'appliquer les vers de Virgile : sic vos non vobis mellificatis apes3.

Enfin, entre aussi en ligne de compte le comportement lors de la période fatidique de 1814-1815, où l'heure des choix se fait entre fidèles ou traîtres, entre ralliement à l'empereur ou respect du serment au roi. Selon le camp qui a été choisi, le marqueur identitaire est différent. Le général de Bourmont a traîné toute sa vie comme

1 J.-L. Hulot, Souvenirs militaires du baron Hulot, Le Spectateur militaire, Paris, 1886, pp. 255 et 279. 2 M. Lamarque, Mémoires, op. cit, t. I, p. 387.

3 A.N. 566 AP/17. Dossier 1. Lettre de Max. Lamarque à Moncey, Mataro le 29 février 1812. « Ainsi, abeilles, vous faites votre miel, mais ce n'est pas pour vous ».

un boulet sa désertion en 1815. Même s'il s'est toujours défendu d'avoir dit « la Garde meurt et ne se rend pas », Cambronne est célébré pour son rôle dans le dernier carré à Waterloo. Lamarque peut se targuer d'avoir pacifié la Vendée durant les Cent-Jours. Lorsqu'il revient dans ce département en 1830, son bon comportement en 1815 devient un atout pour empêcher le pays de se soulever. Mais si, sous la monarchie de Juillet, bien peu connaissent sa carrière militaire, il recueille en revanche une grande partie de la sympathie qui va aux soldats de Napoléon car ils sont restés « les défenseurs de l'indépendance et les victimes de l'étranger »1. Sa proscription de 1815 et les persécutions dont il a été l'objet renforcent encore un peu plus cette image de victime voire de martyr de la cause de l'ordre déchu. Conscient des avantages qui s'offrent ainsi à lui, Lamarque les met à profit par une active propagande savamment orchestrée en se positionnant comme le défenseur de la gloire nationale et de l'ancienne armée. En cela, n'est-il pas un pur produit de l'école impériale ?

Depuis son exil, il publie en 1818 une Réponse à M. le Lieutenant-général Canuel par M. le Général Lamarque pour réfuter les calomnies contenues dans les

Mémoires sur la guerre de Vendée de 1815 à l'encontre de l'armée impériale. Il entend

défendre aussi son honneur. Utilisant l'arme de l'ironie, Lamarque tourne en ridicule l'exposé de la guerre par son adversaire :

«nous nous trouvons dans une situation nouvelle. Le champ de bataille est demeuré aux vaincus, dans la guerre de Vendée, et c'est vous qui chantez les

Te Deum et qui faites les bulletins »2.

Publiée avec l'accord du ministre Decazes, la brochure connaît un grand succès dans l'opinion et une certaine célébrité pour son auteur proscrit. Le cabinet libéral a vu l'occasion de décrédibiliser Canuel, ce général bleu devenu ultra. En secondant le pouvoir, Lamarque a vu augmenter ses chances d'être rappelé. Mais la durée de ce succès a été aussi éphémère qu'une « fusée à la Congrève qui [s'] est éteinte depuis longtemps »3, reconnaît-il.

C'est plutôt du côté des éditeurs louant la gloire des armées françaises de la Révolution et de l'Empire sous la Restauration, qu'il faut chercher un début de réponse. En 1817 paraît en trente volumes Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres

1 A. Marrast, « Funérailles révolutionnaires »,Paris révolutionnaire, t. III, Guillaumin, Paris, 1834, p. 238.

2 Réponse à M. le Lieutenant-général Canuel, Plancher libraire, Paris, 1818, p. 5.

3 M. Lamarque, Mémoires, op. cit., t. II, Lettre XXII de Max. Lamarque à Mlle Sauvan, Amsterdam le 25 avril 1818, p. 334.

civiles des Français de 1792 à 1815 par une société de militaires et de gens de lettres dont les principaux rédacteurs sont le général Beauvais de Préau et l'écrivain libéral Tissot. Lamarque y est évoqué pour sa participation aux combats dans le Pays basque (1793-1794) (vol. 1, 3), pour la prise de Capri en 1808 et sa campagne de 1809 (vol. 19), celle de Catalogne (vol. 21) et celle de Vendée en 1815 (vol. 24). Il y apparaît que le général n'a joué, sauf exception, qu'un rôle secondaire. Si le rédacteur précise qu'on peut se louer de sa conduite et de ses talents militaires1, Lamarque pâtit de la situation périphérique des combats lorsqu'il conduit les opérations (Capri, Vendée). Autre entreprise éditoriale, Les Fastes de la gloire, publiés de 1818 à 1822 en cinq volumes, emmenée une nouvelle fois par Tissot avec Lhéritier de l'Ain, la notice consacrée à Lamarque (vol. 2) retient surtout la prise de Capri puisque la relation des combats en occupe plus de la moitié. Une gravure de Chasselat et Godefroy insérée dans le livre le représente en train d'escalader le premier les falaises de l'île sous le feu ennemi, renforçant ainsi le processus d'héroïsation. Figurer dans ces productions peut s'avérer bénéfique. En effet, l'opinion publique est très intéressée par ce genre de récits héroïques et la chute de l'Empire n'a pas rassasié cette volonté2.

Il existe également des entreprises biographiques. Déjà sous l'Empire, Lamarque a été sollicité par Châteauneuf, auteur d'un Cornelius Nepos français ou Notices historiques sur les généraux, les marins, les officiers et les soldats qui se sont illustrés

dans la guerre de la Révolution en 1803, ayant rencontré un grand succès de librairie.

L'auteur lui présente tout l'intérêt de figurer dans sa prochaine édition car « c'est votre propre gloire que vous protégerez puisque la renommée y marque votre place à côté des guerriers les plus célèbres »3. Châteauneuf lui demande ainsi une notice historique sur ses campagnes soulignant surtout les actions qui mettent en valeur sa gloire personnelle. Sous la Restauration, Michaud publie une Biographie des hommes vivants parue de 1816 à 1819. La sensibilité royaliste de l'auteur s'y ressent puisque la moitié de la notice consacrée à Lamarque évoque son rôle en Vendée en 1815, montrant les mesures coercitives qu'il a prises4. La Biographie nouvelle des contemporains par Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay et Étienne de Jouy, publiée entre 1820 et 1825 se veut le

1 Victoires, conquêtes, Panckoucke, Paris, 1817-1825, vol. 24, p. 149. 2 J-C. Caron, Les deux vies du général Foy, op. cit., p. 32.

3 A.N. 566 AP/14. Dossier 1. Lettre de Châteauneuf à Max. Lamarque, Paris le 8 septembre 1809. Réédité en 1808, il est de nouveau sous le titre Histoire des généraux français depuis 1792 jusqu'à nos jours, Didot l'aîné, Paris, 1813 et sous une forme réduite, Histoire des grands capitaines de la France pendant la guerre de la liberté (1792-1802), Paris, 1820.

pendant libéral de l'entreprise de Michaud. Voulant être le plus précis et le plus juste possible, les rédacteurs demandent les informations aux personnes concernées. Connaissant Arnault depuis leur exil commun aux Pays-Bas, Lamarque fournit bien volontiers l'essentiel de sa notice1, d'autant plus que les deux hommes avaient collaboré à une première tentative de ce genre en 1818 avec Charles-Jean Harel. Ancien rédacteur

du Nain Jaune et ancien préfet également exilé, Harel avait voulu attirer l'attention sur

les proscrits et les persécutés en publiant des notices biographiques dans un ouvrage intitulée Bibliographie des malheureux puis des contemporains, d'abord imprimé en allemand à Leipzig. Mais faute de matériaux, le projet fut abandonné2.

La Restauration est aussi le temps de la publication des mémoires. On voit paraître les premiers souvenirs personnels avec ceux des régicides Carnot et Fouché en 1824. Ils sont suivis par ceux de Stanislas de Girardin (1826), de Savary et de Suchet (1828) puis de Gouvion Saint-Cyr (1829-1831). Mais peu évoquent encore ces combats périphériques qui jalonnent la carrière de Lamarque. Girardin parle bien de la campagne de Calabre de 1806-1807, du brigandage et de la répression tandis que Suchet décrit son action dans l'Est de la péninsule ibérique mais c'est à peu près tout. Lamarque y est cité pour son rôle lors des combats en Catalogne ainsi que pour son activité à l'arrière-garde de l'armée. A ce moment-là, ces guerres restent largement méconnues puisqu'elles n'ont pas été menées directement par Napoléon. Méconnues également parce que peu glorieuses : elles ont été livrées non contre des armées conventionnelles mais contre des populations, souvent stigmatisées sous le vocable de « brigands », luttant contre l'occupation française.

L'abbé de Pradt parle dès 1816 d'une « guerre [d'Espagne] ayant pris un caractère de haine nationale, de vengeance pour les sévices et les dommages éprouvés et reçus »3. A propos de la guerre en Calabre, Lamarque dénie toute humanité à ses adversaires : « Quelle hideuse canaille que la canaille des Calabres ! On ne peut pas s'en faire une juste idée dans nos pays civilisés. Je pourrais raconter des traits qui feraient frémir »4. Dans une lettre à Joseph Bonaparte, qui a pour objectif d'écrire ses mémoires,

1 Biographie nouvelle des contemporains, librairie historique, Paris, t. X, pp. 388-393.

2 A.D. Landes. 87 J. Lettres de Garrau à Max. Lamarque, [Oberrad] le 18 septembre 1817, le 25 mai, le 4 juillet et le 17 septembre 1818. Dans ses Mémoires, Barère parle d'un dictionnaire des contemporains projeté par un imprimeur belge et dont il devait rédiger sa propre notice biographique. Pensant à un piège de la police, il refuse à la différence de certains conventionnels, t. III, Labitte, Paris, 1842-1844, p. 353 ; S. Luzzatto, Mémoire de la Terreur, PUL, Lyon, 1991, p. 79. Est-ce la même entreprise éditoriale que celle envisagée par Harel ?

3 Abbé de Pradt, Mémoires historiques sur la révolution d'Espagne, Perronneau, Paris, 1816, p. 226. 4 M. Lamarque, Mémoires, op. cit, 11 avril 1823, t. II, p. 142.

il lui conseille de faire attention en ce qui concerne l'Espagne car il espère que « cette partie [des mémoires] ne sera pas mal accueillie du public, qui ne connaît encore rien à cette guerre. […] A votre place, je ne mettrai qu'un mot de l'Espagne, et ce mot serait un regret de ne pas avoir pu y faire autant de bien qu'à Naples »1. Même si plusieurs études ont déjà été publiées dès cette époque, on perçoit bien les réticences que peuvent encore susciter ces guerres insurrectionnelles et leur cortège d'horreurs et d'exactions2. On comprend la volonté de Lamarque de ne pas mettre en avant sa participation à ces combats. Entre guerres civiles et théâtres d'opérations secondaires, ce n'est manifestement pas du côté de son passé militaire que le général tire sa popularité, même si celui-ci reste un atout dans la globalité de sa biographie.

Finalement, seuls ses proches, ses amis, ses frères d'armes qui ont combattu avec lui connaissent sa carrière. Évoquant la prise de Capri, Bruguière, secrétaire particulier du roi de Westphalie Jérôme Bonaparte, compare sa conduite à celle du « premier des césars »3. Pour toute la débauche d'énergie qu'il prodigue en Catalogne, le maréchal Suchet voit en lui « le militaire éclairé et le véritable ami de son prince et de son pays »4. Le général Exelmans, qu'il a connu lors de son affectation à Naples, reconnaît qu'en 1815 «sa conduite sur la Loire a augmenté de beaucoup la haute estime que je me faisais de ses talents militaires et politiques. Il n'est peut-être pas en France un homme qui eut su tiré un aussi bon parti de sa position »5. Ce concert d'éloges ne comble pas son insatisfaction de ne pas avoir appartenu aux bénéficiaires directs de la faveur impériale.

La parution du Mémorial de Sainte-Hélène en 1823 va assouvir cette soif de reconnaissance. Publié par Emmanuel de Las Cases, l'ouvrage rencontre à sa sortie un grand succès éditorial. Être cité élogieusement dans le Mémorial devient le nec plus

ultra, montrant à tous qu'on a bien servi, véritable certificat de bonne conduite décerné a

posteriori par l'Empereur. Longtemps ignoré, Lamarque a ainsi le bonheur de voir ses

1 Lettre de Max. Lamarque à Joseph Bonaparte, Paris le 27 mars 1824, A. Du Casse, Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph, Perrotin, Paris, 1853-1854, t. X, p. 278. Son avis n'a pas été suivi.

2 Guingret, Relation historique et militaire de la campagne du Portugal sous le maréchal Masséna, chez Bargeas, Limoges, 1817 ; John Jones, Histoire de la guerre d'Espagne et du Portugal pendant les années 1807 à 1813, G. Mathiot, Paris, 1819 ; G. Laffaille, Mémoires sur la campagne du corps d'armée des Pyrénées-Orientales, suivis d'un précis des campagnes de Catalogne de 1808 à 1814, Anselin et Pochard, Paris, 1826 ; M. Foy, Histoire de la guerre dans la Péninsule sous Napoléon, Baudouin Frères, Paris, 1827.

3 A.N. 566 AP/13. Lettre de Bruguière à Max. Lamarque, Cassel le 14 janvier 1809.

4 A.N. 566 AP/16, dossier 2. Lettre de Suchet à Max. Lamarque, Barcelone le 6 septembre 1813. 5 A.D. Landes. 87 J. Lettre de Garrau à Max. Lamarque, Oberrad le 17 avril 1818.

services reconnus par son ancien souverain1 : « ces mots […] m'ont profondément ému, et [...] ont fait bondir mon cœur d'orgueil et de reconnaissance »2. C'est également un marqueur identitaire supplémentaire pour celui qui a toujours recherché cette reconnaissance impériale, lui qui n'a jamais appartenu au premier cercle à cause de ses choix ou des circonstances qui ne l'ont pas favorisées, lui qui se veut désormais le défenseur de l'ancienne armée.

La dissolution de l'armée impériale le 19 juillet 1815 avait eu pour but d'écarter un danger pour les Bourbons : celui de purger l'armée de ses cadres jugés, à tort ou à raison, bonapartistes. Par la suite, des problèmes d'ordre financier sont venus se greffer aux considérations politiques. En effet, le traité de Paris du 20 novembre 1815 impose à la France une lourde indemnité de guerre à payer aux alliés, indemnité à laquelle il faut ajouter les frais d'occupation et les réparations à payer aux États victimes des armées françaises depuis 1792. Tout ceci finit par grever le budget de l’État qui répercute ces économies sur le budget de la guerre. De son côté, le ministre de la guerre Gouvion Saint-Cyr jette les bases de la nouvelle armée pour un demi-siècle en matière de recrutement, de formation, d'instruction et lance une véritable réflexion sur les

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