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1.3 L’image de la personne en situation de handicap

1.3.2 Histoire du handisport

Les jeux olympiques ont repris vie en 1896 et n’ont cessé de prendre de l’ampleur et d’évoluer. Le nombre d’épreuves, le règlement, les pays participants se font reflet d’une société en transformation. Depuis les 130 athlètes internationaux des Jeux de Stoke-Mandeville de 1952, c’est 3951 athlètes qui se sont opposés aux Jeux de Pékin de 2008 [Marcellini and Villoing, 2014].

La mécanisation du travail a permis de dégager du temps pour une majorité de citoyens et, combinée à l’élan sanitaire de l’été, la pratique sportive a progressé dans toute la société depuis le XXe siècle. L’histoire du handisport commence juste avant le XXe siècle sous la poussée de la communauté sourde avec Gaston Vialatte qui organise en 1890 la toute première course autour d’un handicap, l’amicale Paris-Versailles Sourds. Il a par la suite développé des compétitions de cyclisme Sourds dont les exploits sont relatés dans leur propre journal « Le Sportman Silencieux », avec en 1900 le premier championnat de France de cyclisme sourds. La prise d’ampleur par discipline qui suit est telle que le premier club français omnisports pour handicapés est fondé en 1910 sous l’appellation Club Sportif des Sourds-Muets de Paris. Eugène Rubens-Alcaïs fondera par la suite avec Mr. Vialette la Fédération Sportive des Sourds-Muets de France (FSSMF) en 1918. De grands évènements sportifs mondiaux ont aidé à promouvoir le handicap grâce au sport, notamment le sport sourd, avec les « Silent Games » organisés par la FSSMF en prélude aux Jeux Olympiques de Paris de 1924, où 148 athlètes malentendants de neuf nations s’affrontent dans sept disciplines, à savoir l’athlétisme, le cyclisme sur route, le football, la natation, la plongée, le tennis, et le tir. Ces jeux seront également reconduits tous les quatre ans et dirigés par un comité, appelé de nos jours International Committee of Sports for the Deaf (ICSD). Ils seront suivis en 1927 de la création du Comité International des Sports Silencieux (CISS) [Ruffié and Férez, 2013].

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Le neurochirurgien anglais Ludwig Guttmann fonde à la demande du gouvernement britannique un des plus grands centres de traitement des blessés médullaires en Europe à l’hôpital de Stoke Mandeville (UK) en 1944. Afin de réhabiliter les blessés de guerre paraly- sés moteurs souvent jeunes, dont les pilotes de la Royal Air Force, il développe une thérapie basée sur le sport pouvant favoriser à la fois leur réhabilitation physique, psychologique et sociale. Galvanisé par la thérapie la plupart de ses patients ont pu rentrer chez eux et même reprendre leur emploi antérieur. Fort de son succès, le Dr. Guttmann élabore en 1948 les Jeux internationaux de Stoke Mandeville (Fig. 1.10) afin de revaloriser l’image du blessé de guerre [Ruffié and Férez, 2013]. La reconnaissance sociale du sportif étant plus élevée que celle de la personne handicapée, un intérêt naît dans la population notamment chez les personnes en fauteuil. L’athlétisme se trouvait alors déjà parmi les disciplines proposées. Ces « Jeux Olympiques des Paralysés » sont un succès et seront suivis l’année suivante par les premiers Deaflympics d’hiver à Seefeld en Autriche. Grâce aux réseaux et au finance- ment de l’AMSF et des marraines de guerre, comme les veuves des maréchaux Leclerc et De Lattre, les pratiques sportives ont connu un départ foudroyant en passant de 700 à 5000 membres en quatre ans. Les pratiques ont essaimé dans tout le pays [Noël, 2012]. Dès 1951 des compétitions en fauteuil roulant et des structures adaptées se développent et en 1954 ça n’est pas moins de 14 nations qui sont représentées aux Jeux de Stoke Mandeville. Lors des 4e Jeux de Stoke Mandeville 200 paraplégiques de 18 nations seront présents dont 13 paralysés de France soutenus par l’état (Fig. 1.11).

L’augmentation de la médiatisation des Jeux Paralympiques depuis ces débuts en 1960 avec l’arrivée de la télévision et du direct favorise l’engouement pour les compétitions sportives internationales. La pratique sportive chez les personnes en situation de handicap acquiert ainsi une renommée internationale. Ce succès pousse à la fondation de l’Association Spor- tive pour les Mutilés de France (ASMF) en 1954 qui propose la pratique de nombreuses disciplines sportives pour tout handicap [Ruffié and Marcellini, 2013], et les 9e Jeux Inter- nationaux de Stoke Mandeville sont accueillis par les Jeux Olympiques d’été de Rome en 1960. Cette « Olympiade des infirmes » d’après l’UNESCO est restée dans l’histoire comme les premiers Jeux Paralympiques d’été, et elle a contribué pour beaucoup à l’acceptation et à la reconnaissance des personnes en situation de handicap. Néanmoins, si l’évènement a attiré l’œil sur le handicap beaucoup de chemin reste à parcourir pour l’inclusion. La première organisation dédiée au sport pour les handicapés physiques est créée en 1963 et est nommée Fédération Sportive des Handicapés Physiques de France (FSHPF). Elle sera re- nommée Fédération Française de Sports pour Handicapés Physiques (FFSHP) en 1968 afin de montrer son rattachement au ministère des sports. Au fur et à mesure des compétitions et par la volonté affichée des organisateurs, le nombre de participants a été multiplié par dix et des clubs se forment au handisport dans tout le pays [Noël, 2012]. Des huit sports initiaux regroupant 400 participants qui cumulaient les disciplines sportives, 23 de ces sports

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Figure1.10 – «Jusqu’alors, le problème était sans espoir, car il fallait non seulement

sauver la vie de ces hommes, femmes et enfants paraplégiques et tétraplégiques, mais encore il fallait leur redonner leur dignité et en faire des citoyens heureux et respectés». Ludwig Guttmann (1899-1980), The signifiance of Sport in the Rehabilitation of the Disabled, ISRD Proc.

Illustration : Ouverture des Jeux de Stoke Mandeville en 1956.

ont regroupé plus de 4000 handi-sportifs aux derniers jeux de 2016. L’engouement du public pour les jeux paralympiques offre une reconnaissance sociale à la personne en situation de handicap qui se définit alors comme un « sportif en situation de handicap » et non plus comme « personne handicapée ». La forte appétence pour le sport des personnes en situation de handicap a entraîné la multiplication des disciplines et surtout la création de prothèses et d’équipements toujours plus compétitifs et plus adaptés à chaque sportif. La montée des enjeux diminuant le fair-play dans la pratique, dès 1969, un contrôle médical est nécessaire pour la catégorisation sportive selon un coefficient de handicap. La pratique reste toutefois conviviale avec un esprit d’entraide avec des annonces de liens sociaux dans les magazines dédiés au handisport (« AMSF magasine », « Second souffle ») comme des recherches de partenaire d’activité, des demandes de prêt de matériel, ou des échanges de bons procédés comme des échanges de chaussures chez les amputés de jambes opposés [Noël, 2012].

La séparation des catégories dans les épreuves par déficience est le résultat d’une conception médicale où handicap et déficience sont perçus comme des synonymes [Ruffié and Marcellini, 2013]. Cet esprit médical à visée réadaptative enferme alors avec autorité, paternalisme, et probablement condescendance l’athlète dans le rôle d’éternel patient. Le PSH n’est alors qu’un corps morcelé devant être réparé en compensant le déficit jusqu’à atteindre le modèle physio-fonctionnel normal. La décennie 1970 marque toutefois la fin de la pratique sportive axée sur la rééducation et l’autogestion pour une

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Figure 1.11 – « Seuls les athlètes en fauteuil roulant pouvaient participer aux Jeux

de Rome alors même que le village paralympique n’était pas accessible. Il y avait des escaliers dans chaque bâtiment. Aussi, des militaires italiens montaient et descendaient les fauteuils à chaque étage »

Illustration : épreuve de javelot de Stoke-Mandeville.

période plus élitiste gérée par les organisations handisport et tournée vers la compétition et l’organisation pour autrui [Barral et al., 2000]. Les réseaux politico-militaires des anciens combattants perdent aussi de l’influence ce qui permet la création d’une catégorie dame et la fin des annonces des décorations militaires des médaillés tout en maintenant une aide au transport, à l’hébergement et à l’équipement en fauteuil pour les compétitions [Noël, 2012]. La pratique physique s’intensifie et les structures internationales sont utilisées afin de se conformer aux épreuves. Les sports sont portés par leur pays ce qui relancent la compétitivité internationale. Une course à l’équipement et au recrutement des meilleurs espoirs se déroule alors dans les pays participants cherchant à décrocher la victoire afin de montrer leur supériorité technologique et humaine. L’ensemble du pays est mis à contribution via la participation des industriels, des chercheurs, et des équipes sportives. La France souhaite ainsi se placer à la tête des événements internationaux multi-sports. Elle organise des compétitions officielles comme en 1970 les premiers Jeux Mondiaux des handicapés physiques de Saint-Étienne (Fig. 1.12), bien que cet évènement s’adresse davantage à la masse qu’aux élites [Noël, 2012]. L’idée que la réinsertion sociale passe par la mixité sportive entre valides et non-valides fait son apparition et le handisport entre dans la recherche de performance afin de se mesurer aux valides. Cette sportivisation pose la question de l’intégration des différents handicaps au sein du sport de haut niveau. La Fédération Française du Sport Adapté (FFSA) voit le jour en 1971 tandis qu’une

1.3. L’IMAGE DE LA PERSONNE EN SITUATION DE HANDICAP 37 mésentente au sein de la FFSHP sur divers points d’organisation donne lieu à la création d’une nouvelle fédération en 1972, la Fédération Française Omnisports pour Handicapés Physiques (FFOHP). La FFSHP est une institution centralisée, composée d’invalides visant prioritairement les championnats, tandis que la FFOHP regroupe des organisations locales, plus jeunes, cherchant d’abord la médiatisation. La présence de deux institutions contri- buera à augmenter le dynamisme du handisport [Marcellini and Villoing, 2014, Noël, 2012]. S’ensuit une période de multiplication des clubs en lien avec le handicap. Le nombre d’inscrits, d’activités et la renommée du handisport explosent. Des commissions tentent alors d’uniformiser les règlements sportifs et la pratique fédérale, notamment avec des brevets sportifs et des diplômes pour les animateurs. Des campagnes de communication, avec des démonstrations pour le grand public et les sportifs valides et des pratiques sportives mixtes, sont conduites sur cette période. Cela contribuera grandement à transformer les représentations sociales du handicap et questionner sa place, même au sein des activités physiques à l’école [Noël, 2012]. Les évènements sportifs ne cessent de grossir et de s’équiper pour accueillir les athlètes. Les premiers Jeux Paralympiques d’hiver ont lieu en Suède en 1976. Les deux fédérations FFSHP et FFOHP seront à nouveau réunies en 1977 sous une nouvelle bannière encore en vigueur aujourd’hui, la Fédération Française Handisport (FFH). Parallèlement la Fédération Internationale des Jeux de Stoke-Mandeville prend pour logo trois roues de fauteuils se chevauchant (Fig. 1.13) ainsi que la devise « Fraternité, Unité et Sportivité ».

Bien que les amputés aient historiquement initié le mouvement sportif, les Jeux Paralym- piques (J.P) ont été, jusqu’en 1976, réservés aux paralysés moteurs nommés les « Kings ». La lutte des amputés pour leur participation aux Jeux Paralympiques a payé et a été suivie par les Infirmes Moteurs Cérébraux (IMC) en 1980. Les objectifs diffèrent cependant selon les époques et les handicaps. Des tensions internes apparaissent et en 1980 les déficients visuels acquièrent de l’autonomie en se séparant du mouvement. Durant cette décennie, et jusqu’à la fin du siècle, la culture sportive se diversifie et deux philosophies se déploient entre le sport récréatif ludique pratiqué en masse et la pratique compétitive galvanisée par l’acceptation du statut de haut niveau chez les athlètes des J.P [Noël, 2012]. Le sport adapté et le handisport ont ainsi respectivement des aspirations humanistes et élitistes [Gaillard, 2007]. De nouvelles pratiques sportives se développent et de nouveaux usagers arrivent favorisés par des politiques publiques d’aménagement du territoire qui donnent un cadre à cette pratique. Ainsi des parcours santé avec appareils de sport sont installés dans de nombreuses villes, et l’offre de salles de sports et de cours de remise en forme explose [Travaillot, 1998]. Les motivations de la pratique physique évoluent progressivement avec les sociétés européennes actuelles qui sortent de l’aspect éducatif de la pratique physique et écartent le désir de compétition en faveur du loisir et le culte du corps esthétique et en bonne santé. Avec des engagements territoriaux combinés à la métamorphose des désirs actuels le tourisme sportif se développe, favorisé par des rencontres sportives internationales. De

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Figure 1.12 – « Plus jamais en France un stade, une piscine, une salle de sports qui

ne soient construits sans être aménagés pour les sportifs handicapés ». Joseph Comiti, secrétaire d’État de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, 1970.

plus, cela encourage la diversification du public avec une augmentation du nombre de pratiquant.e.s, femmes et individus hors des âges d’accès aux compétitions.

Les centres d’accueil, qui n’offraient jusqu’alors que des offres rééducatives médicales, proposent désormais des offres sportives ce qui a permis l’essor de perspectives com- pétitives et de haut niveau comme les Jeux Paralympiques qui prennent de l’ampleur et modifient les représentations sociales du handicap en en renversant les stigmates [Marcellini and Villoing, 2014]. Toutefois, les personnes en situation de handicap restent à part et sont absentes de l’histoire du sport mais également de l’histoire du handi- cap [Stiker, 2013]. Tous les handicaps ne sont pas admis, ou souhaitent protéger la reconnaissance de leur identité sociale. Aussi les personnes sourdes créent en 1983 leur propre compétition, l’European Deaf Sport Organisation (EDSO), tandis que toutes les organisations de handisport international sont regroupées en 1989 sous l’International Paralympic Committee (IPC). À partir des Jeux d’été de Séoul de 1988 et des Jeux d’hiver d’Albertville de 1992, les sites sportifs paralympiques sont les mêmes que les Jeux Olympiques [Ruffié and Férez, 2013]. Une évolution des mentalités dans le handisport au cours de la décennie 1990 favorise la recherche du record par les athlètes qui ne craignent plus d’être considérés comme des bêtes de foire. La pratique handisportive se professionnalise, avec un développement des méthodes d’entraînement et des outils de

1.3. L’IMAGE DE LA PERSONNE EN SITUATION DE HANDICAP 39 compétitions, et se rapproche naturellement de la pratique valide. Certains handi-sportifs craignent une absorption du handisport par le sport valide qui serait alors institué et mis sous assistance. Ceci pourrait à la fois masquer les différences, les valeurs et l’identité du handicap, et entraîner une comparaison des performances nuisible aux handi-sportifs [Stiker, 2013]. D’autres souhaitent cette absorption pour contribuer à faire avancer les luttes sociales, et le cas de l’athlète amputé Oscar Pistorius champion d’athlétisme Sud-Africain courant avec des valides souleva ce débat dans les année 2010 [Noël, 2012]. En effet, pour beaucoup de handi-sportifs de haut niveau, un premier enjeu est de participer aux Jeux Olympiques (J.O) pour la reconnaissance et pour affronter les valides. Aussi les PSH souhaitent se perfectionner en cours spécifiques au handisport pour ensuite se confronter aux valides. Le souhait de participation aux J.P est secondaire, bien que la tendance évolue avec leur médiatisation et leur reconnaissance [Marcellini and Villoing, 2014]. Ils expriment une envie de sports partagés et de challenges multisports qui pourraient se concrétiser avec le transhumanisme. Le transhumanisme prône l’usage des sciences et des techniques pour augmenter les capacités physiques et mentales de l’être humain. L’arrivée d’humains augmentés grâce aux améliorations technologiques dans les compétitions oblige à repenser les catégories et leurs séparations. Une possibilité d’avenir est alors la création d’épreuves communes entre valides et PSH, voire la disparition progressive des épreuves séparées dans le sport de haut niveau. Une autre approche peut être de les inclure aux épreuves existantes comme Oscar Pistorius et ses lames en carbone, leurs résultats pouvant être équivalents ou supérieurs aux valides. La présence de ces dispositifs pourraient néanmoins être considérées comme du dopage technologique [Noël, 2012].

Figure1.13 – Logo des Jeux Paralympiques.

Tout comme le nombre de clubs sportifs au sein de la FFH, les épreuves mondiales spécialisées selon le handicap se sont multipliées. Les premiers Deaflympics de 1924 ont

40 CHAPITRE 1. SCIENCES, SPORT ET HANDICAP été suivis par les World Wheelchair and Amputee Games en 1948 puis par les Special Olympics de 1968, et enfin les Dwarf World Games 1993. Lors de cette décennie 1990 l’intérêt pour le sport prend des enjeux internationaux et les états investissent dans la recherche de matériaux afin de remporter les médailles d’or aux Jeux Olympiques. Bien qu’encore largement délaissé au profit du sport valide, l’univers paralympique gagne en reconnaissance, donc en communication et en soutien financier. En 2002 les Championnats du monde d’athlétisme accueillent 2 000 participants, dont 1 200 athlètes venus de 80 pays. Cet évènement est le plus grand championnat du monde jamais organisé en France et met en avant le droit à l’accessibilité et au ludisme. L’IPC souhaitant gagner en sérieux et en lisibilité supprime les épreuves les moins courues et simplifie les catégories des sports d’hiver qui passent de 92 titres décernés aux olympiades de 2002 à 64 en 2010 [Noël, 2012]. C’est en cette période, pour les Jeux de 2008, que les villes candidates doivent associer entièrement Jeux Olympiques et Paralympiques, que les sites et les hébergements soient les mêmes , que les frais d’inscription et de déplacement soient pris en charge. La naissance de la FFH en 2008 marquera la fusion des deux associations majeures sur le handicap ce qui favorisera les chances de victoires françaises. A cette époque, les personnes déficientes auditives évoluant jusque là en système clos sont associées en 2009 à la FFH sous l’injonc- tion du ministère de tutelle de la FFH, le ministère des sports [Ruffié and Férez, 2013]. Les liens entre la FFH et l’État sont tels que les politiques publiques ont un impact direct sur l’évolution des pratiques sportives de la FFH [Marcellini and Villoing, 2014]. La logique d’État est à l’intégration de tous types de déficiences. Les athlètes déficients intellectuels s’ajoutent en 2010 à l’équation et participeront aux Jeux de Londres en 2012 [Séguillon et al., 2013]. La distinction française entre le handisport et le sport adapté aux troubles psychiques ou intellectuels s’amenuise dès lors [Marcellini and Villoing, 2014]. L’intégration de la Fédération Française du Sport Adapté (FFSA) aux J.P pose toutefois la question de la représentation du handicap dans le sport. En effet, il y a une crainte de certaines communautés de handicap de réduire l’importance du handicap par le sport, et à l’inverse tous les handi-athlètes ne se reconnaissent pas dans la définition du handicap [Stiker, 2009, Marcellini and Villoing, 2014]. La communauté sourde ne souhaite pas rejoindre les Jeux Paralympiques car elle ne se reconnait pas dans le terme handicap [Marcellini and Villoing, 2014]. Ils ont leurs propres jeux mondiaux avec les Deaflympics où ils ne craignent pas de se sentir exclus par la communication parlante ou d’être défavorisés par l’absence de signalétique visuelle pour les départs de courses [Noël, 2012].

La médiatisation du handisport mettant l’athlète avant le handicap modifie la perception de la personne en situation de handicap par les valides, qui reconnaissent ces athlètes comme des sportifs avant d’être des PSH [Pappous et al., 2011, Héas et al., 2012]. Les athlètes ont ainsi été mis en avant dans la communication autour des J.P de Londres de 2012, par exemple avec des bandes-annonces, ce qui a créé un engouement sans précédent pour le public : les bancs des spectateurs ont été complets [Les échos 31/08/2012, les J.P

1.3. L’IMAGE DE LA PERSONNE EN SITUATION DE HANDICAP 41 les plus suivis de l’histoire]. Les Jeux de Rio ont ainsi rassemblé un tiers des audiences des J.O en France, avec un pic d’audience lors des épreuves d’athlétisme de Marie-Amélie Le Fur. Étymologiquement, le terme « Sport » vient de l’ancien français desport, « jeu, amusement », lui-même tiré du latin deporto signifiant « emporter d’un endroit à un autre ». L’appellation « handi-sportif » représente aujourd’hui les athlètes ayant un handicap physique ou sensoriel [france-paralympique.fr]. Le terme français « Handisport » provient