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Partie 2 : Présentation de la Société de pharmacie de Rouen

I) Histoire, création

A) La Société de Paris (1, 2, 3, 4)

La déclaration royale de Louis XVI du 25 avril 1777 sépare définitivement la communauté mixte des épiciers et apothicaires. Elle ne sera appliquée quele 8 février 1778 à Rouen. Cette déclaration permet l'indépendance de la corporation des apothicaires appelés dorénavant pharmaciens comme l'annonce le préambule du texte fondateur:

"Par l'article 3 de notre édit du mois d'août dernier, nous nous sommes réservés de nous

expliquer particulièrement sur ce qui concerne la pharmacie: nous avons considéré qu'étant une des branches de la médecine, elle exigeoit des études et des connoissances approfondies et qu'il serait utile d'encourager une classe de nos sujet à s'en occuper uniquement, pour parvenir à porter cette science au degré de perfection dont elle susceptible dans les différentes parties qu'elle embrasse et qu'elle réunit".

Ce texte énonce également clairement la notion de monopole pharmaceutique:

"Défendons aux épiciers et à toutes autres personnes de fabriquer, vendre et débiter aucuns

sels, compositions ou préparations entrantes au corps humain en forme de médicament".

La corporation devient alors le Collège de pharmacie qui dispensait des cours publics et gratuits.

Ce Collège de pharmacie ne résistera pas à la Révolution française, il est dissout, comme toutes les autres corporations, par le décret du 2 mars 1791. Durant cette période, la pharmacie est alors en libre accès et n'importe quel individu peut s'improviser pharmacien. Cependant, suite à de graves incidents de santé publique, le Collège est rétabli le 14 avril 1791 à titre provisoire.

Les pharmaciens parisiens créent alors la Société Libre des pharmaciens de Paris le 3 ventôse an IV (20 mars 1796).Elle est la première Société de Pharmacie de France. Cette Société est composée de 137 membres résidants du Collège et continue les mêmes activités :

- concourir au progrès des sciences et spécialement de la pharmacie. C'était donc une société savante ;

- instruire les futurs pharmaciens par l'organisation de l'Ecole gratuite de pharmacie dans les locaux du Collège (rue de l'Arbalète, Paris) ;

- créer une société commerciale qui servira de modèle aux coopératives ;

- création d'un journal bimensuel: "Journal de la Société des Pharmaciens de Paris" dont le premier numéro parut le 15 prairial An V (5 juin 1797). Ce journal peu rentable deviendra en 1799 le "Journal de Pharmacie" et fusionnera avec les Annales de Chimie en 1880. La Société Libre publie également un annuaire pour l'an IX (1800-1801) et les deux années suivantes et rédige un bulletin mensuel à partir de 1802 ;

-lutte contre les remèdes secrets.

L'organisation de cette société savante sera de nouveau ébranlée par la loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803) qui confie le monopole de l'enseignement de la pharmacie à trois écoles : Paris, Montpellier et Strasbourg. La Société Libre des pharmaciens de Paris qui perd alors son droit d'enseignement se transforme en Société de Pharmacie de Paris pour conserver son activité de société savante et maintenir les liens de confraternité en France. Le premier président de la Société parisienne fut Antoine-Augustin Parmentier, alors pharmacien en chef des Invalides. Dès novembre 1803, la Société des pharmaciens de Paris est autorisée à siéger dans les locaux de l'Ecole de pharmacie et tient ses séances dans la Salle des Actes (salle transférée en 1882 en même temps que l'Ecole, avenue de l'Observatoire).

La société de Pharmacie de Paris fut renommée Académie de Pharmacie par décret présidentiel du 5 septembre 1946 puis Académie nationale de Pharmacie le 9 octobre 1979.

B) Naissance de la Société Libre des pharmaciens de Rouen

D'après le registre, la Société Libre des pharmaciens de Rouen a été créée le "six prairial an dix, de la République Fse" (mercredi 26 mai 1802) par les principaux pharmaciens de Rouen réunis spécialement à l'Hôtel de ville sur convocation du maire de Rouen.

Les fondateurs de cette Société sont Mesaize, Lechandelier, Besserve, Hue, Dubuc aîné, Rémy-Taillefesse, Dubuc jeune, Thommerel, Bottentuit.

Figure 8 Signatures des pharmaciens présents lors de la création de la Société Libre des pharmaciens de Rouen

Cette toute première séance de la Société est présidée par Mésaize alors doyen en âge. Un arrêté de Jacques Claude Beugnot, préfet de Rouen, homologué par le ministre de l'Intérieur, est lu lors de cette séance et se présente de la manière suivante:

"Pharmaciens

Le Préfet, du département de la seine inférieure, vu les statuts et règlements des apothicaires et épiciers de la ville & banlieue de rouen des années 1508, 1588, & 1696, et ses additions à ce statut publiée en 1741 ;

Vu la loi du 8 février 1778, qui a séparé la communauté des pharmaciens de celle des épiciers de Rouen ;

Vu aussi la loi du 14 avril 1791, relative à l’exercice de la pharmacie et à la vente et distribu- tion des drogues et médicaments ;

Considérant qu’il s’est élevé une foule de plaintes contre les abus sans nombre et les fraudes observées qui des hommes ignorants en pharmacie ont introduit dans l’exercice de cet art ; que la loi du 14 avril par que les lois, statuts, et règlements existants au deux mars de la même année relatifs à l’exercice et à l’enseignement de la pharmacie pour la préparation vente et distribution des drogues et médicaments, continueront d’être exécutés suivant leur forme et teneur, jusqu’à ce qu’il ait été statué définitivement à cet égard ; qu’en conséquence il ne pourra être délivré de patentes pour la préparation, vente, et distribution des drogues et médicaments qu’à ceux qui sont et pourront êtrerecus pour l’exercice de la pharmacie, sui- vant ce statut et règlement concernant cette profession ;

qu’il est du devoir de l’autorité supérieure de rappeller à l’exécution de ce règlement trop longtemps méconnu et dont l’inobservance peut compromettre la vie et la santé des citoyens ;

que cette mesure est provoquée par les véritables pharmacies eux-mêmes, qui apprécient mieux que personne, les suites funestes des fautes et des erreurs journalieres qui se commet- tent par ignorance ; qu’il impacte enfin de donner à la Société en général, une garantie des connaissances de ceux qui sont le dépositaires de cette partie de l’art de guerir ; arreter :

Art. 1er. Ne seront considérés comme pharmaciens, que les citoyens qui auront été reçus con- formément aux statuts, et réglements qui éxistaient au deux mars 1791.

Art. 2. Le titre légal de réception à l’exercice de la pharmacie consiste dans le certificat de capacité, constatant le nombre d’examens, & exercices voulus par ces statuts.

Art. 3. Les sous-préfets se feront représenter dans le mois de la publication du présent les dits certificats et actes probatoires, dont ils dresseront procès-verbal et du quel expédition sera envoyée à la préfecture.

Art. 4. Ils dresseront aussi dans le même delai un état nominatif de ceux qui se sont immisées dans l’exercice de la pharmacie, sans titre légal.

Art. 5. Ceux qui ne seront pas porteurs d’un titre régulier, seront tenus dans le délai de trois mois, de subir les examens voulus par les réglements.

Art. 6. A l’avenir, il ne se fera de réception, que dans le chef-lieu de la préfecture ; elles au- ront lieu du 1er floral au 1er brumaire.

Art. 7. Les citoyens qui se destineront à la pharmacie, seront tenus de se présenter au bureau central des pharmaciens, qui tiendra des séances à Rouen ; ils en recevront un brevet d’apprentissage, délivré dans les formes ordinaires. Les élèves se conformément, pendant le cours de leur apprentissage à toutes les obligations qui seront prescrites par leur brevet.

Art. 8. Le bureau central chargé de proceder aux examens et exercices. Pour l’admission des récipiendaires, sera composé ainsi qu’il est prescrit. Par les réglements : les deux medecins qui doivent en faire partie, seront nommés par le préfet.

Art. 9. Sur le vu des procès verbaux d’examen et de certificat de bonnes mœurs, le préfet léga- lisera en nominations et ordonnera leur inscription sur le tableau des pharmaciens du dépar- tement.

Art. 10. Immédiatement après la publication du présent arrêté, les pharmaciens du départe- ment sont invités à se réunir en société libre de pharmacie, ils se diviseront en autant de bu- reau qu’il y a d’arrondissement et seront placés près des bureaux de police de la mairie du chef lieu.

Art. 11. Les pharmaciens de l’arrondissement de Rouen formeront le bureau central, les autres correspondront avec eux.

Art. 12. Dans la premiere séance de l’an 10e. et chaque année, à l’avenir l’inspection des pharmacies dans l’étendue de chaque arrondissement.

Art. 13. Ces commissaires feront céder leur titre de nomination par le sous-préfet, et prête- ront serment devant les maires des villes et communes ou ils devront faire leurs visites.

Art. 14. Outre les visites qu’ils feront dans la pharmacie, les commissaires adresseront tous les trois mois, au sous-préfet, leurs observations sur les abus et délits qui seraient venus à leur connaissance et qu’ils n’auraient pu constater.

Art. 15. Ils feront connaitre à l’autorité supérieure, tout individu qui s’immiscerait dans l’exercice de la pharmacie, sans en avoir le droit, et feront saisir par les commissaires de police, ou autres officiers publics, les drogues et médicaments dont ils suspecteraient la qua- lité.

Art. 16. les réglements et statuts cités cidessus sont confirmés sou celles de leurs dispositions qui ne sont pas contraires au présent arrêté, et continueront d’être sauvés et observés, pour tout ce qui concerne la police des apprentissages et des visites.

Art. 17. Le présent sera inséré au mémorial du departement.

Fait et arrêté en l’hotel de la préfecture à Rouen le 23 Germinal an dix de la République.

Signé Beugnot."

Cet arrêté va fixer les règles d'accession à l'exercice de la pharmacie et encourager les pharmaciens de Seine inférieure à se réunir en "société libre des pharmaciens". Pour garantir l'intégrité de la profession. Des commissaires seront élus et leurs missions seront d'inspecter les pharmacies et de prévenir des abus. Ils rendront compte de leurs observations au sous- préfet.

Lors de cette séance, Rémy-Taillefesse sera élu premier président de la Société.

Les commissaires indiqués par l'art.13 seront également élus, il s'agit de Rémy- Taillefesse, Mesaize et Le Chandelier.

Nous remarquons que l'élection de ces commissaires ne sera plus d'actualité durant notre période.