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Les deux guerres

Dans le document Histoire de famille en pays Mantois (Page 31-33)

La guerre est déclarée le 31 juillet 1914, les hommes partent très nombreux, les moissons et les récoltes sont terminées par les femmes, les enfants et les anciens. Durant quatre années, les epônois vivent dans l’attente, la crainte de funestes nouvelles, sans que la vie quotidienne n’y soit particulièrement troublée.

Bien sûr, on a eu peur à l’été 1914 de revoir rapidement des occupants s’installer à nouveau dans le pays. Mais hormis les premiers flots de réfugiés venant de la Somme et de l’Oise, le territoire d’Épône put rester à l’écart du conflit.

Ce n’est qu’en mars 1918 que la commune devient le centre d’instruction du 9ème

bataillon du 95ème régiment d’infanterie. Les jeunes recrues et les blessés guéris emplissent et réveillent les rues, les auberges, les cabarets. À la fin du printemps, ce sont les américains qui installent un chantier de réparation navale. Leurs rapports avec la population sont très bons. Ils dépensent sans compter chez les commerçants, et beaucoup d’entre eux parlent français, à cause d’ascendances québécoises.

Ce n’est qu’en 1919 que vient l’heure du bilan : 31 épônois sont morts ou disparus sur les champs de bataille.

Une conséquence inattendue de la guerre est la création d’un nouveau quartier d’Épône, celui d’Élisabethville, partagé avec la commune voisine d’Aubergenville. C’est en effet la Reine Élisabeth de Belgique qui décide dès la fin du conflit la création d’une cité jardin destinée aux anciens combattants et victimes de la guerre français et belges. Elle obtient l’acquisition de terres vacantes pour Épône et Aubergenville, et y implante son projet. Ce quartier se peuple rapidement entre 1923 et 1930, et connaît ensuite un essor plus important dans les années 1950 à la suite de l’installation toute proche des usines Renault de Flins. Élisabethville est aussi le théâtre d’une première mondiale en 1929 : l’inauguration de son église Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, la toute première… en béton armé.

La Prévoyance Mutuelle, qui lotit Élisabethville, tente une opération audacieuse en mettant sur pied un projet de station balnéaire sur la Seine, censée concurrencer Deauville ! La société fait construire un casino, une piscine, des promenades, une vaste plage artificielle. Elle inaugure un golf, fait installer une machine à produire des vagues. Tout est achevé pour 1933. Des yachts illuminés font croisière en partant du pont Alexandre III à Paris, emportant à bord la haute société parisienne. Une campagne publicitaire tapageuse produit un effet de mode, pour un temps seulement, celui de la découverte pour un milieu parisien curieux et festif, mais versatile. Les nuits d’Élisabethville retrouvent bien vite leur calme, une fois terminé le premier été.

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Les épônois sont vite rattrapés par la dure réalité de la situation diplomatique en Europe. À la nouvelle mobilisation générale de 1939 succède la débâcle de 1940. Mantes est évacuée le 9 juin, beaucoup d’épônois fuient vers le sud et tentent de franchir la Loire. Leur retour est vite organisé par l’occupant, dont le désordre est l’ennemi.

Les allemands s’installent à Épône à partir du 13 juin, souvent chez l’habitant. Le rationnement se met en place et la pénurie règle la vie des épônois. On est sans nouvelles de René Dreyfus19, maire depuis 1929, de confession juive, parti se cacher en zone libre.

Petite ville rurale, Épône souffre moins des privations que les grands centres urbains. Chaque foyer utilise la majeure partie de son jardin pour y faire des cultures d’appoint. Les petits élevages se multiplient. De la Normandie toute proche, on peut rapporter à vélo des œufs, du lait, du beurre, même de la viande. En revanche, les produits manufacturés demeurent difficilement remplaçables. Les vêtements et les chaussures manquent à l’approche de l’hiver, comme le combustible.

Épône a une importance particulière pour les allemands. Ils profitent de la situation du château, sur lequel nous reviendrons en détail plus tard. Situé au sommet de la ville et dominant largement la vallée de la Seine, il attendait avant le début des hostilités la livraison d’un émetteur radiophonique. Les services de propagande allemands en prennent possession, le baptisent « Calais one-Calais two », et diffusent des émissions destinées à saper le moral de la population britannique. Le poste est gardé par un détachement de SS et par la police allemande. L’énorme antenne et ses ancrages sont implantés dans le parc du château, qui est quelque peu transformé par l’installation de canons de défense anti-aérienne.

Mantes est bombardée par les forces alliées le 30 mai 1944, on recense 1 265 victimes. Les gares de la ligne Paris-Rouen sont régulièrement visées, celle d’Épône-Mézières est détruite, son quartier est durement touché. Après la nouvelle du débarquement en Normandie, les épônois attendent encore deux mois avant que les opérations militaires se rapprochent. Le 18 août, les allemands font sauter l’émetteur et le château en même temps. Le lendemain, le premier char américain pénètre dans le bourg, venant des hauteurs. Il est suivi par un détachement d’infanterie. Après un court duel d’artillerie vers les berges du fleuve, Épône est définitivement libérée.

19. Suppléé par Raoul Thiboust pendant l’occupation, il retrouva son poste en 1945 jusqu’en 1950. (Wikipédia – « Épône » https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89p%C3%B4ne), tableau des maires de la commune.

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