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gt; Limites matérielles au développement virtuel

Dans le document 40 : Et si on parlait d'argent ? /1 (Page 60-62)

« La main qui donne est toujours au- dessus. » Ce dicton africain a été cité par Jean-Norbert Vignondé, critique littéraire et chercheur au Centre d’étu- des linguistiques et littéraires fran- cophones et africaines (Celfa), pour illustrer l’enjeu actuel des politiques de développement d’une filière du livre autonome en Afrique. Comme il l’a rap- pelé dans sa synthèse de fin de journée, il est désormais indispensable d’iden- tifier parfaitement les besoins et d’ac- compagner les acteurs africains vers une complète indépendance. Pour cela, une très bonne communication entre les différents organismes du Nord et du Sud et une mutualisation des expérien- ces et des moyens sont essentielles à une efficacité toujours meilleure. Les TICs jouent ici un rôle fondamental… dès lors que des réseaux de communi- cation existent et sont exploitables. Et c’est là une question préjudicielle. Annie Cheneau-Loquay a ainsi dressé un tableau complet des installations existantes en Afrique. Géographe et coordinatrice du groupe de recherche international du CNRS « Netsuds » sur les politiques et modes d’appropriation des TICs dans les Suds, elle rappela que la circulation d’informations imma- térielles repose sur des réseaux bien matériels ; « il faut en rabattre sur la dimension planétaire et l’accès univer- sel proclamés par le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) », a-t-elle dit, en soulignant l’iniquité des moyens de communication disponibles dans les différentes régions d’un con- tinent qui n’a été câblé qu’en 2003 et dont tout l’Est n’est encore desservi 1. www.culture-developpement.asso.fr

2. Cf. Céline Ducroux, « Pour un don de livres raisonné »,

Bibliothèque(s), n°39, juillet 2008, pp. 40-42. 3. http://bibiov.bf.refer.org Bibliothèque de Niafunké (Mali).

© Céline Ducr

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Reportages

que par satellite (cf. carte ci-dessus). Dans le cyberespace, l’usage déter- mine l’accès. Ainsi, le centre enclavé de l’Afrique ne peut connaître aucun développement : la Sierra Leone, le Cameroun sont coupés d’un monde qui n’est en rien multipolaire, mais reste dépendant d’un pôle dominant, les USA, plaque tournante des flux mon- diaux d’information (cf. diagramme ci- dessous). En effet, à l’inverse de ce qui se passe dans les pays développés, les flux locaux sont inférieurs au trafic vers les pays du Nord. En ce qui concerne les usages d’Internet, A. Cheneau-Loquay a fait part à l’assemblée de ses obser- vations au Burkina Faso, en Guinée et en République démocratique du Congo. Tout d’abord, l’accès partagé est la pra- tique la plus largement répandue, l’or- dinateur personnel ne concerne qu’une fraction très minime de la population. D’autre part, il est évident que l’illet- trisme, le coût élevé des accès ainsi que les problèmes d’énergie sont des freins à l’utilisation d’Internet par une majo- rité de la population. Dans les trois pays où son analyse fut menée, il est à noter que les usages ludiques dominent, lors de connexions courtes (environ 10 minutes), mais répétées.

Cet état des lieux met en lumière l’atten- tion et les améliorations à apporter aux réseaux de communication africains.

Cela n’empêche pas certaines initiati- ves de voir le jour, à l’image de l’intranet pédagogique pour lequel se sont asso- ciés la filière professionnelle Métiers du livre, des archives et de la docu- mentation (MLAD) de Bamako (Mali) et l’IUT2-Métiers du livre de Grenoble. Ce projet de coopération a débuté en 2004 avec l’appui de l’association malienne des bibliothèques. Yolla Polity, maître de conférences à l’IUT2 de Grenoble et chercheur à RI3 (Recherche intelligente

interactive d’information), et Dominique Cartellier, elle aussi maître de conféren- ces à l’IUT de Grenoble et chercheur au Gresec (Groupe de recherche sur les enjeux de la communication), ont donné l’exemple de cet outil éducatif permet- tant également le classement et l’archi- vage de documents comme des conven- tions et des textes intéressant le milieu professionnel. L’intranet se détermine aussi comme un référentiel de cours commun aux deux établissements, qui gèrent à la fois chaque extrémité du système ainsi qu’un intranet spécifique à chaque ville. Une question posée par l’assemblée des spectateurs a permis aux deux intervenantes d’expliquer le choix de l’intranet plutôt que celle, a priori plus simple, d’un site Internet : du côté de Bamako, le site Internet n’est pas encore au point malgré les incitations régulières des enseignants de Grenoble. De plus, elles ont souligné qu’il est appréciable de pouvoir s’expri- mer et diffuser des documents dans un espace réservé, où aucun regard exté- rieur n’influence ni ne juge les initiati- ves prises et les projets réalisés. Des visites d’enseignants de chaque pays et des échanges téléphoniques et numériques ont donc permis une bonne évaluation des besoins de la filière MLAD de Bamako, à savoir la néces- Architecture du réseau en Afrique sub-saharienne

(source : Observatoire de l'accès haut-débit en Afrique).

1. Sesimbra (Portugal) 2. Chipiona (Espagne) 3. Altvista (Espagne) 4. Dakar (Sénégal) 5. Abidjan (Côte d'Ivoire) 6. Accra (Ghana) 7. Cotonou (Bénin) 8. Lagos (Nigéria) 9. Douala (Cameroun) 10. Libreville (Gabon) 11. Cacuaco (Angola)

12. Melkbosstrand (Afrique du Sud) 13. Mtunzini (Afrique du Sud) 14. St. Paul (La Réunion) 15. Baie Jacotet (Île Maurice) 16. Cochin (Inde) 17. Penang (Malaisie)

A. Mtunzini (Afrique du Sud) B. Maputo (Mozambique) C. Toliary (Madagascar) D. Dares Salaam (Tanzanie) E. Mombasa (Kenya) F. Mogadishu (Somalie) G. Mitsiwa (Erythrée) H. Port Sudan (Soudan)

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sité de former sur place de véritables professionnels polyvalents dans les trois domaines pris en compte par la filière. Ce type d’accompagnement est en effet le seul moyen d’espérer aboutir à une situation d’indépendance satisfaisante dans les domaines de l’édition, de l’infor- mation et de l’éducation au niveau local. Florence Glantenay souligne à juste titre le glissement de l’approche sectorielle à l’approche territoriale, plus efficace.

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