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GROUPE LIN ´EAIRE

Dans le document Notes du cours de g´eom´etrie (Page 74-98)

Ce chapitre est tr`es inspir´e par [Per96]. Nous fixons un espace vectorielEsur un corps K. Nous notons en g´en´eralnla dimension deE.

4.I. Propri´et´es de base

D´efinition 4.I.1. — Legroupe lin´eaireGL(E) est le groupe des automorphismes deEavec la loi de composition, dont l’´el´ement neutre est l’identit´e. Le groupesp´ecial lin´eaireSL(E) est le groupe des automorphismes de d´eterminant 1.

Une fois fix´ee une base deE, le groupe GL(E) devient isomorphe au groupe GLn(K) des matrices inversibles de taillen, tandis que SL(E) devient isomorphe au groupe SLn(K) des matrices de taillenet de d´eterminant 1.

4.I.A. G´en´erateurs. —

4.I.A.1. Dilatations. — SoitHun hyperplan deEetDune droite deE, avec D1H.

D´efinition 4.I.2. — Unedilatationd’hyperplanH, de rapport 1,λ∈Ket de droiteDest un endomorphismef deEtel queH= Ker(f −idE) etD= Ker(f −λidE).

Parfois, idEest consid´er´ee aussi une dilatation.

Proposition 4.I.3. — SoitHun hyperplan deE,f ∈GL(E)telle quef|H= idH etλ∈K\ {1}. Les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes :

i) le morphismef est une dilatation d’hyperplanHet de rapportλ; ii) le morphismef est diagonalisable, semblable `adiag(1, . . . ,1, λ); iii) on adet(f) =λ;

iv) on aIm(f −idE)1H.

Si ces conditions sont v´erifi´ees, alorsf est une dilatation de droiteD= Im(f −idE).

D´emonstration. — Voyons que i)⇒ii). Sif est une dilatation de rapportλ, alorsf est dia-gonalisable, car l’on peut choisir une base deEform´ee den−1 vecteurs libres deHet d’un vecteur non nul deD= Ker(f −λidE).

Clairement, ii)⇒iii). Aussi, ii)⇒i) car nous avons d´ej`aH comme espace propre de la valeur propre 1, doncD= Ker(f−λidE) est un suppl´ementaire deH.

Montrons iii)⇒iv). Remarquons que, par le th´eor`eme du rang, on a dim(Im(f−idE)) = 1.

Soituvecteur propre de la valeur propreλ, doncu<H. On af(u) =λudoncf −idE(u) = (λ−1)u<H, caru<Hetλ,1. Ainsi Im(f −idE) = vect(u)1H, donc nous avons iv).

Montrons iv)⇒ii). Prenons une baseBdeEform´ee den−1 vecteurs libres deHet d’un vecteur non nulu, g´en´erateur deD= Im(f −idE). Le vecteurf(u)−uappartient `aDdonc f(u)−u=µupour un certainµ∈K. Au faitµ,0 car sinonf(u) =u, i. e.uHce qui est exclu. Doncf(u) = (1 +µ)u, d’o `u MatB(f) = diag(1, . . . ,1, λ), o `uλ= 1 +µ∈K\ {1}.

Les quatre conditions sont donc ´equivalentes. La droite de dilatation est donc D = Ker(f −λidE). Dans la d´emonstration de iii)⇒iv) nous avons vu qu’un vecteur propreu de la valeur propreλ– i. e., un g´en´erateur deD– est envoy´e parf−idEsur un multiple de uqui est un g´en´erateur de Im(f −idE), doncD= Im(f −idE).

4.I.A.2. Transvections. — SoitHun hyperplan deEetDune droite deE, avec : DH.

D´efinition 4.I.4. — Unetransvectiond’hyperplanHet de droiteDest un endomorphisme inversiblef deEtel queH= Ker(f −idE) etD= Im(f −idE).

Proposition 4.I.5. — SoitH= ker(α)un hyperplan deE,f ∈GL(E)\{idE}telle quef|H= idH. Les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes :

i) le morphismef est une transvection ; ii) le morphismef n’est pas diagonalisable ; iii) on adet(f) = 1;

iv) on aIm(f −idE)⊂H;

v) l’homomorphismef¯:E/HE/H induit parf est l’identit´e ; vi) il existewHtel que, pour toutvEon ait :

Si ces conditions sont v´erifi´ees, alorsf est une dilatation de droiteD= Im(f −idE).

D´emonstration. — Le sch´ema est i)⇒iv)⇒vii)⇒iii)⇒ii)⇒vii)⇒i). Ensuite on montre

Doncλn= 1, ainsi la matrice def dans une base quelconque est semblable `a1n. Mais alors f = idE, ce qui n’est pas.

ii)⇒vii). La matrice de la forme requise pour vii) est une matrice de Jordan ayantn−2 blocs de taille 1 et 1 bloc de taille 2, tous associ´es `a la valeur propre 1. Nous avons d´ej`a

n−1 vecteurs propres libres associ´es `a la valeur propre 1 : il suffit de choisir une base de H, ainsi il ne peut y avoir de blocs de Jordan de taille sup´erieure `a 2. Pour conclure, il suffit donc de montrer quef est trigonalisable mais pas diagonalisable (donc qu’il existe un bloc de Jordan de taille sup´erieure `a 1), et que toutes les valeurs propres sont 1.

Or, nous avons 1, valeur propre de multiplicit´e g´eom´etriquen−1, donc de multiplicit´e alg´ebrique au moinsn, ainsif est trigonalisable car le polynˆome caract´eristique est scind´e surK : il vaut (x−1)n1(x−λ), pour un certain λ∈K. Mais siλ ,1,f serait diagona-lisable, donc au fait λ= 1, et nous avons un bloc de Jordan de taille 2, ce qui ach`eve la d´emonstration.

vii)⇒i). SoitB= (u1, . . . , un). On aH= ker(f −idE) = vect(e1, . . . , en1) et Im(f −idE) = vect(en1)⊂H, doncf est une transvection.

vii)⇒v). SoitB= (u1, . . . , un). On aH= ker(f−idE) = vect(e1, . . . , en1). Notons ¯vla classe devEdansE/H. On aE/H= vect( ¯un) etf(un) =un+un1donc ¯f( ¯un) = ¯un, ce qui montre v).

vii)⇐v). On saitH= ker(f−idE), carH⊂ker(f −idE) etf ,idE. Soitun un vecteur de E\H. On a ¯f( ¯un) = ¯undonc f(un) =un+u, pour un certainuH. On au,0, car sinon un∈ker(f −idE) =H. On pose alorsun1=uet on compl`eteun1 `a une base deH, ce qui donne la matrice souhait´ee pour montrer vii).

iv)⇒vi). On saitH= ker(f −idE). Soitu<Het posonsw0=f(u)−u. On aw0,0 car autrementw0∈ker(f −idE) =H. Donc Im(f −idE) = vect(w0). Soita=α(u) : nous avons a,0 carH= ker(α). Soit alorsw= (1/a)w0. Nous avons alors, pour toutxE:

f(x) =x+α(x)w,

car ceci est vrai pouru, par construction, et pour une base deH, parce quef|H= idH: c’est donc vrai sur une base deEet par cons´equent surE.

iv)⇐vi). Sif prend la forme d´ecrite dans vi), alors Im(f −idE) = vect(w)⊂H.

Remarque 4.I.6. — L’inverse d’une transvectionf d’hyperplanH= ker(α) et droiteD= vect(w) d´efinie parf(v) =v+α(v)west encore une transvection d’hyperplanHet droiteD.

Elle est d´efinie, pour toutvE, par :

f1(v) =vα(v)w.

En effet, commewH= ker(α) on aα(w) = 0 donc :

f(v−α(v)w) =vα(v)w+α(vα(v)w)w=vα(v)w+α(v)w=v.

Le produit de deux transvectionsf etf0 d’hyperplan H= ker(α) est l’identit´e ou une transvection d’hyperplanH. Sif etf0sont d´efinies parf(v) =v+α(v)wetf0(v) =v+α(v)w0 pour certainsw, w0E, alorsf f0 est d´efinie par :

f1(v) =v+α(v)(w+w0).

En effet, commew0H= ker(α) on aα(w0) = 0 donc :

f f0(v) =f(v+α(v)w0) =v+α(v)w0+α(v+α(v)w0)w=v+α(v)w0+α(v)w.

Lemme 4.I.7. — Soitf une transvection de droiteD et hyperplanHet soitg∈GL(E). Alors gf g1est une transvection de droiteg(D)et d’hyperplang(H).

D´emonstration. — SoitvEetu=g1(v), doncv=g(u). On a : v∈ker(gf g1−idE)⇔gf g1(v) =v

gf g1(g(u)) =g(u)

gf(u) =g(u)

f(u) = (u)

u∈ker(f−idE) =H

vg(H).

Donc ker(gf g1−idE) =g(H). De mˆeme :

v∈Im(gf g1−idE)⇔g(u)∈Im(gf g1−idE)

⇔ ∃wE|g(u) =gf g1(w)−w

⇔ ∃wE|u=f g1(w)−g1(w) en posantz=g1(w),

⇔ ∃zE|u=f(z)−z

u∈Im(f −idE) =D

vg(D).

Et bien s ˆurDHimpliquef(D)⊂f(H), ce qui conclut la preuve.

4.I.A.3. G´en´erateurs deGL(E)etSL(E). —

Th´eor`eme 4.I.8. — Les transvections engendrentSL(E). Les transvections et les dilatations en-gendrentGL(E).

D´emonstration. — Fixons une base deEet un isomorphisme SL(E)'SLn(K). Nous allons consid´erer des transvections d’un type particulier, ´etant donn´ei, j∈~1, netλ∈K, on fixe ti,j(λ) transvection de droiteDi= vect(ei) et d’hyperplan ker(ej), comme l’endomorphisme dont la matrice est :

Ti,j(λ) =1n+λEi,j,

o `uEi,j est la matrice dont le coefficient au poste (h, k) estδi,hδj,k, o `uδj,k est le symbole de Kronecker. Autrement dit,ti,j(λ) envoiexsurx+λej(x)ei. Le coefficient (h, k) deTi,j(λ) est

δh,k+λδi,hδj,k.

On affirme que, siA∈SLn(K), alors si on poseA0=Ti,j(λ)AetA00=ATi,j(λ), en d´esignant Li(M) lei-i`eme vecteur ligne d’une matriceMetCi(M) lei-i`eme vecteur colonne deM, on a :

Li(A0) =Li(A) +λLj(A), Cj(A00) =Cj(A) +λCi(A).

En effet, notons (ah,k) les coefficients deA, (a0h,k) les coefficients deA0, (a00h,k) les coefficients deA00. On a :

a0h,k=a0h,k+ X

`~1,n

λδi,hδ`,ja`,k=ah,k+λδi,haj,k.

Ainsi,a0h,k =ah,k pourh,iet, pourh=i,a0i,k =ai,k+λaj,k, ce qui exprimeLi(A0) =Li(A) + λLj(A). Pour les colonnes, c’est le mˆeme argument.

Nous posons maintenantB=Ti,j(1)Tj,i(−1)Ti,j(1)A. Nous allons montrer : Li(B) =Lj(A), Lj(B) =−Li(A).

En effet, posonsB0=Ti,j(1)A,B00=Tj,i(−1)B0doncB=Ti,j(1)B00. On a : Li(B0) =Li(A) +Lj(A), Lj(B0) =Lj(A);

Li(B00) =Li(B0) =Li(A) +Lj(A), Lj(B00) =Lj(B0)−Li(B0) =−Li(A);

Li(B) =Li(B00) +Lj(B00) =Lj(A), Lj(B) =Lj(B00) =−Li(A).

Nous pouvons alors montrer le r´esultat en appliquant le pivot de Gauss. En effet, on regardeC1(A) =t(a1,1, . . . , an,1). Siai,1,0 pour un certaini∈~2, n, alors on peut obtenirA0 ayanta01,1= 1 par la transformation :

L1(A0) =L1(A) +1−a1,1

ai,1 Li(A), car alors : a01,1=a1,1+1−a1,1 ai,1 ai,1= 1

commeAest inversible,C1(A) n’est pas nulle donc siai,1= 0 pour touti∈~2, n, c’est que a1,1,0, auquel cas on utiliseB, i. e., on remplaceL1parLiet on revient `a l’´etape pr´ec´edente pour avoira01,1= 1.

On peut donc supposera1,1= 1. Par le proc´ed´e de Gauss on peut alors annuler tous les coefficientsa01,i, quelque soiti∈~2, n. On peut donc supposer queC1(A) soitt(1,0, . . . ,0).

On utilisera ensuite des transformations ´el´ementaires sur les lignes 2, . . . , n, puis 3, . . . , n, et ainsi de suite, afin de trigonaliserA, i. e. on pourra trouver des matrices de transvec-tion T1, . . . , Ts telles queA0 = T1· · ·TsAsoit triangulaire sup´erieure stricte avec des 1 sur la diagonale. Finalement, en op´erant sur les colonnes, on pourra trouver des matrices de transvectionT10, . . . , Tt0telles queA0T10· · ·Tt0=1n. Ainsi :

A= (T10)1· · ·(T10)1Ts1· · ·T11 est un produit de matrices de transvection.

On it`ere le proc´ed´e jusqu’`a ce que la matrice obtenue soit1n. Nous venons de montrer que les transvections engendrent SLn(K).

Pour GLn(K), soitA∈GLn(K) eta= det(A). SoitBune dilatation de d´eterminant 1/a.

AlorsC=AB∈SLn(K). DoncA=CB1est produit de transvections et d’une dilatation, car B1est une dilatation (de rapporta).

4.I.B. Groupe lin´eaire sur un corps fini. —

4.I.B.1. Ordre des groupes lin´eaires. — On note µn(K) l’ensemble des racines n-i`emes de l’unit´e dansK.

Lemme 4.I.9. — Tout sous groupe fini G de K est cyclique. Ensuite, soit K = Fq et d = pgcd(n, q−1). Alors :

µn(K) =µd(K).

En particulier,µn(K)est cyclique de cardinald.

D´emonstration. — SoitN l’ordre deG. Notonsϕ(n) l’indicatrice d’Euler den∈N: ϕ(n) = #{s∈~1, n|pgcd(s, n) = 1}.

Nous savons queϕ(n) est le nombre d’´el´ements d’ordre ndans Z/nZ, autrement dit le nombre de g´en´erateurs de ce groupe.

Aussi, consid´eronsZ/NZ. L’ordre d’un ´el´ement dans ce groupe est un diviseurndeN : un tel ´el´ement engendre un sous groupeH de Z/NZ isomorphe `a Z/nZ, constitu´e des multiples deN /n dans Z/NZ. Nous avons donc au moinsϕ(s) ´el´ements d’ordre s dans Z/NZ.

Or, si on consid`ere µN(C) ={z ∈ C|zN = 1}, on aµN(C) 'Z/NZ, engendr´e par ξ = e2iπ/N. Comme les ´el´ements d’ordresdeµN(C) satisfontxs= 1, ils sont tous contenus dans l’ensemble, de cardinals, des racines d’ordres de 1. Cet ensemble co¨ıncide avec le sous

groupe deµN(C) engendr´e parξN /s, car il contient ´evidemment ce dernier, et ce dernier a cardinals.

Ceci montre que :

N=X

n|N

ϕ(n).

Ainsi, soitαG. L’ordrendeαdiviseN ethαiest sous groupeHdeGisomorphe `aZ/nZ.

Or, le polynˆomexn−1 poss`ede au plusnracines dansK. Par ailleurs, les ´el´ements deH sont en nombrenet sont des racines dexn−1, doncHest l’ensemble de ces racines. Enfin, un ´el´ementβGd’ordrenest racine dexn−1, donc appartient `aH. Ainsi, s’il existeαG d’ordrennous avons exactementϕ(n) ´el´ements d’ordrendansG, les g´en´erateurs deH.

Donc, du moment qu’on consid`ere une partition deGselon l’ordre de chaque ´el´ement, on aura queNest la somme, pour toutn|N d’un nombre qui vautϕ(n) (s’il y a un ´el´ement d’ordren) ou 0 (s’il n’y en a pas). Mais comme N =P

n|Nϕ(n), tous ces nombres doivent valoirϕ(n). En particulier le nombre d’´el´ements d’ordreN estϕ(N),0, doncGest cyclique d’ordreN.

Soit maintenantK=Fq. Il existe, d’apr`es Bezout, deux entiersu, vtels que : un+v(q−1) =d.

Soit alorsα∈Fqavecαn= 1. Comme tout ´el´ement deFq,αsatisfaitαq1= 1, donc : αd= (αn)uq1)v= 1,

doncαest une racined-i`eme de 1. Ceci montreµn(K)⊂µd(K).

Puis, commed divisen, une racined-i`eme de 1 est aussi une racinen-i`eme de 1, donc µd(K)⊂µn(K).

Enfin,Kd´ej`a est cyclique d’ordreq−1. Il est constitu´e des racines du polynˆomexq1−1, qui sont toutes distinctes. Soit alorsαune racine dexd−1 dans une extension deFq. On aα racine dexq1−1 carxd= 1 impliquexq1= 1 du moment qued|(q−1). Ainsiαest racine dexq1−1 doncα∈Fq. De plus les racines dexd−1 sont aussi distinctes, i. e.xd−1 poss`ede dracines distinctes dansFq. Doncµd(Fq) est d’ordred, et on sait d´ej`a qu’il est cyclique en tant que sous groupe fini deK.

Soitq≥2 etn≥1 entiers. Posons

Nn,q= (qn−1)(qnq)· · ·(qnqn2)qn1. Proposition 4.I.10. — SoitFqle corps `aq´el´ements. Alors :

#

GLn(Fq)

=Nn,q(q−1),

#

SLn(Fq)

=Nn,q,

#

PGLn(Fq)

=Nn,q,

#

PSLn(Fq)

=Nn,q/pgcd(n, q−1).

D´emonstration. — Commenc¸ons par d´enombrer les ´el´ements de GLn(Fq). Les colonnes d’une matrice de GLn(Fq) sont exactement les n-tuplets de vecteurs libres, autrement dit les bases B de Fnq. L’on peut choisir pour premier vecteur u1 de B un quelconque vecteur non nul deFnq, d’o `u le premier facteur qn−1. Les choix de u2 sont exactement tous les choix d’un deuxi`eme vecteur qui n’est pas li´e `a u1, i. e., qui n’appartient pas

`a vect(u1), d’o `u le facteur qnq. En it´erant le proc´ed´e, on arrive au nombre de choix (qn−1)(qnq)· · ·(qnqn1) =Nn,q(q−1).

Pour SLn(Fq), nous avons SLn(Fq) = ker(det) o `u : det : GLn(Fq)→Fq

est surjective, ce qui est clair en consid´erant la matrice diag(a,1, . . . ,1),a∈K. Donc :

#

SLn(Fq)

= #

GLn(Fq)

/(q−1) =Nn,q.

Pour PGLn(Fq), on remarque que le centre K1n a cardinal q−1 donc PGLn(K) = GLn(K)/K1na cardinalNn,q.

Pour PSLn(Fq), on remarque que le centreK1n∩SLn(K) est constitu´e des matrices de la formea1n, avecan= 1. La conclusion r´esulte aussitˆot du lemme 4.I.9.

4.I.B.2. Quelques rappels sur les groupes de permutation. — Soitn≥1 un entier.

Th´eor`eme 4.I.11. — Le groupeAnest simple pourn≥5. De plus : i) le seul sous groupe deSnd’indicenestAn, quelque soitn;

ii) les seuls sous groupe distingu´es deSnsontAn,{id}etSn, pourn≥5;

iii) le seul sous groupe distingu´e deA4 est le groupe de Klein, engendr´e par les produits de deux transpositions disjointes.

D´emonstration. — Montrons d’abord queA5est simple. Le plus facile, c’est d’analyser les classes de conjugaison dansA5. On sait que les 3-cycles, au nombre de 20, forment une seule classe de conjugaison.

Pour les 5-cycles, au nombre de 24, c’est diff´erent. DansS5ils forment une seule classe, mais dansA5 ils ne peuvent forment une seule classe car 24-60 et le cardinal de toute orbite est un diviseur de l’ordre du groupe, pr´ecis´ement celui-ci divis´e par l’ordre du sta-bilisateur, qui divise l’ordre du groupe d’apr`es le th´eor`eme de Lagrange.

On affirme que les 5-cycles forment alors deux classes. En effet, soitO(γ1) etO(γ2) deux orbites – il en existe au moins deux d’apr`es ce que nous avons vu, et elles sont disjointes.

Utilisons la notation exponentielleαβ=βαβ1. On aγ1=γ2σ avecσ impair car les 5-cycles γ1etγ2sont conjugu´es dansS5mais pas dansA5.

Soit doncγun 5-cycle. Alorsγ=γ1σ1pour une certaine permutationσ1. Aussi, si on pose σ2=σ σ1, on trouveγ=γ1σ2. On aγ∈O(γ1) si et seulement siσ1est pair, etγ∈O(γ2) si et seulement siσ2 est pair. Mais, commeσ est impair,σ1est pair si et seulement siσ2=σ σ2 est impair, doncγappartient `aO(γ1) ou `aO(γ2), i. e. nous avons exactement deux orbites.

De plus, pour toutγ∈O(γ1), on aγσ ∈O(γ2), et il est clair que l’applicationγ 7→γσ d´efinit une bijection deO(γ1) surO(γ2). Nous avons donc 2 orbites de mˆeme cardinal, i.e.

de cardinal 12 chacune.

Ce raisonnement montre que, ´etant donn´ee un classe de conjugaisonO⊂An pourSn, soitOforme une classe de conjugaison pourAn, soitOest la r´eunion de deux orbites pour An, de mˆeme cardinal. En particulier, si # (O) est impair,Oest aussi une orbite pourAn.

Pour les produit de deux transpositions, au nombre de 15, il y a une seule classe de conjugaison dansA5car 15 est impair.

Maintenant, si on avait un sous groupe distingu´eN deA5, d`es lors queN contient un

´el´ement, il contient toute sa classe de conjugaison. De plus, par le th´eor`eme de Lagrange,

|N|divise 60. Mais on ne saurait combiner 1, 12 (´eventuellement deux fois), 15 et 20 de sorte `a obtenir un diviseur de 60, autre que 1 ou 60.

Pour le casn≥6, on prendN ,{id}sous groupe distingu´e deAnet on cherche `a montrer queN contient un 3-cycle. Il existeσN\id, donc il existea∈~1, ntel queb=σ(a),a.

On choisit alorsc ∈ ~1, n\ {a, b, σ(b)}et on pose τ = (acb) donc τ1 = (abc). Ainsi τσ = (bσ(b)σ(c)).

On a alors [τ, σ] = (acb)(bσ(b)σ(c)), un ´el´ement deN qui laisse fixes tous les ´el´ements hormis au plus 5, c’est-`a-dire {a, b, c, σ(b), σ(c)}. Soit Aune partie de~1, n contenant ces

´el´ements, ayant cardinal 5.

Les permutations paires deAforment un sous groupe deAnisomorphe `aA5, qui coupe N en un sous groupe distingu´eMcontenant [τ, σ],id, car [τ, σ](b) =τσ τ1(a) =τσ(b) =b

´equivaut `aσ(b) =τ1(b) =c, ce qui n’est pas.

OrA5 ´etant simple et M,{id} ´etant distingu´e, on aM =A5, donc N contient des 3-cycles, ce qui ach`eve la d´emonstration.

On peut montrer alors ii). SoitN un sous groupe distingu´e deSn. SiK=H∩An,{id}, alorsK ´etant distingu´e dansAnon aK=An. OrH=K ouKa indice 2 dansHauquel cas H=Sn. Sinon,H∩An,{id}, doncHs’envoie de mani`ere injective sur{±1}, ainsi|H|= 2 carH,{id}, i. e.H ={id, σ}. Pour toutτ ∈Sn, on a alorsτσ τ1=σ, autrement ditσ est central. Mais le centre deSnest trivial.

D´emontrons maintenant i). SoitHun sous groupe d’indicendeSn. AlorsSn op`ere sur X=Sn/H, un ensemble de cardinaln, et nous avons un morphisme de groupesρ:Sn → S(X). Sin= 2 oun= 3, c’est clair. Sin= 4, un sous groupe d’indice 4 a ordre 6, donc il est isomorphe `aS3ou alors il est cyclique, ce qui n’est pas.

Soit alors n≥ 5 et soit σ ∈ Sn et ¯σ sa classe dans X. Le stabilisateur de ¯σ est {τ ∈ Sn |τσσ H}. Il s’agit de σ Hσ1 =Hσ. Donc le stabilisateur de la classe ¯id estH. On a ker(ρ) distingu´e dansSn. Donc ker(ρ) est trivial, ´egal `aAn, ouρest trivial. Mais ker(ρ) est constitu´e de l’intersection de tous les stabilisateursHσ, donc ker(ρ)⊂H, ainsi ker(ρ),An, ker(ρ),Sn.

Doncρest injective etHest isomorphe viaρau stabilisateur du point ¯id deS(X), ce qui impliqueH'Sn1.

4.I.B.3. Groupes lin´eaires d’ordre petit. — Il ne manque plus que les casn= 2 etFqavec q ∈ {2,3,4,5}. Au fait, pour q = 4 nous savons d´ej`a que PSL2(F4) est simple, mais nous pouvons le reconnaˆıtre comme un groupe d´ej`a rencontr´e.

Proposition 4.I.12. — On a : i) PGL2(F2)'PSL2(F2)'S3, ii) PGL2(F3)'S4,PSL2(F3)'A4, iii) PSL2(F4)'PGL2(F4)'A5,

iv) PGL2(F5)'S5,PSL2(F5)'A5.

D´emonstration. — On sait queG = PSL2(K) op`ere sur P1 =P1K. Cette droite projective poss`edeq+ 1 points donc on a un morphisme de groupes :

ρ:G→Sq+1.

Orρest injectif, car une homographie qui laisse fixes tous les points est l’identit´e.

Comme|PSL2(F2)|= 6 on trouve directement i) et PGL2(F3)'S4. De plus, siqest pair, PGL2(Fq)'PSL2(Fq) car pgcd(2, q−1) = 1.

Pour ii), on sait queA4est le seul sous groupe deA4d’indice 2, et comme PSL2(F3) a indice 2 dans PGL2(F3), on voit que PSL2(F3)'A4.

Dans le cas iii), on a|PSL2(F4)|= 60 doncρexprime PSL2(F4) comme un sous groupe d’indice deux deS5. On sait que celui-ci est forc´ementA5.

Pour iv), viaρon a PGL2(F5) d’indice 6 dansS6, ce qui implique PGL2(F5)'S5. Puis PSL2(F5) est distingu´e dans PGL2(F5)'S5, donc PSL2(F5)'A5.

4.II. Simplicit´e du groupe lin´eaire projectif

On consid`ere un espace vectorielEde dimensionnsur un corpsKet le groupe PSL(E).

On fixe une base deEet par cons´equent un isomorphisme PSL(E)'PSLn(K). Nous allons travailler avec cet isomorphisme implicitement fix´e.

Th´eor`eme 4.II.1. — Le groupePSLn(K)est simple hormis dans les cas : PSL2(F2)'S3, PSL2(F3)'A4.

4.II.A. D´emonstration pourn≥3. — SoitN0un sous groupe distingu´e de PSLn(K), avec N0,{1}. Nous voulons montrer queN0 = PSLn(K). Dans ce but, on consid`ere N, l’image r´eciproque deN dans SLn(K). On a alors N , K1n, et N est distingu´e dans SLn(K). Il existe donc un automorphismegN qui n’est pas une homoth´etie. Le but est de mon-trer que l’on peut fabriquer, `a partir deg, une transvection dansN. Comme celles-ci sont toutes conjugu´ees,N contiendra alors toutes les transvections. Du moment que celles-ci engendrent SLn(K), on aura alorsN= SLn(K).

Commeg n’est pas pas une homoth´etie, il existe uE tel queg(u) etu ne sont pas colin´eaires. Soitv=g(u). On a alors un planF= vect(u, v)⊂E.

Choisissons une transvectionf de droiteA= vect(u). Alorsgf g1est une transvection de droiteB= vect(g(u)) = vect(v) d’apr`es le lemme 4.I.7. Par cons´equent,gf g1 ,f i.e., [g, f] =gf g1f1,idE. On pose alorsh= [g, f]. On af g1f1N carN est distingu´e dans SLn(K) ; aussig1N donchN.

Remarquons que Im(h−idE)⊂F. En effet, un ´el´ement de Im(h−idE) s’´ecrit : h(x)x=gf g1f1(x)−x=gf g1f1(x)−f1(x) +f1(x)−x,

pour un certainxE. Or si on pose y =gf g1f1(x)−f1(x) et z=f1(x)−x, on voit que y s’obtient en appliquant `a f1(x) l’endomorphisme gf g1−idE d’image vect(v) et z=f1(x)−xappartient `a l’image def1−idE, i. e. `a vect(u), cf. la remarque 4.I.6. Ainsi h(x)x=y+zF.

Maintenant nous utilisons l’hypoth`esen≥3. Il existe un hyperplanHdeEcontenantF.

Nous avons alors deux cas :

Cas 1 : il existe une transvection t de E, d’hyperplanH, qui ne commute pas `a h. Dans ce cas s = [h, t] ,idE, et de nouveau sN. Aussi,s =hth1t1 et t0 = hth1 est une transvection d’hyperplanh(H). Mais nous avons montr´e que Im(h−idE)⊂FHdonc h(H) =H, i. e.t0est une transvection d’hyperplanH. Doncs=t0t1est un produit de transvections d’hyperplanH, ainsis,idEest aussi une transvection d’hyperplanH, cf. la remarque 4.I.6.

Cas 2 : toute transvectiontdeEd’hyperplanHcommute `ah. Dans ce cas, nous prenons toutes les transvectionstd’hyperplan H= ker(α). Chacune d’elles s’´ecrit, pour un certain wHsous la formet(x) =x+α(x)w. ´Ecrivons quetcommute avech:

th(x) =h(x) +α(h(x))w=h(x) +α(x)h(w) =ht(x),xE.

Il en r´esulte que, pour toutxEet toutwH, on a : α(h(x))w=α(x)h(w).

Or, on sait que Im(h−idE)⊂Hdonch(x)xH, ce qui impliqueα(h(x)x) = 0, i. e.

α(h(x)) =α(x). L’´equation pr´ec´edente devient :

α(x)w=α(x)h(w), ∀(x, w)∈E×H.

Mais si on prendx<H, alorsα(x),0 donch(w) =w, et cela pour toutwH. Il en r´esulte queH⊂ker(h−idE). De plus,h,idEethN⊂SLn(K) donc det(h) = 1. Ainsi hest une transvection d’apr`es la proposition 4.I.5.

Dans les deux cas nous avons montr´e qu’il existe une transvection dansN, ce qui implique SoitRla matrice ci-dessus. Nous r´ep´etons maintenant le proc´ed´e de passer au commuta-teur, cette fois en fixantb∈Ket en d´efinissant l’´el´ementt∈SL(E) part(u) =u+bv,t(v) =v. SoitT la matrice ci-dessus. On calcule :

T RT1R1= c2 0 SoitSla matrice ci-dessus. Encore une fois, [t, h]∈N, quelque soientbetc.

S’il existe un ´el´ementc ∈K tel quec4, 1, alors on poseb = 1/(1−c4) etS est une matrice de transvection, donc N contient une transvection, ce qui implique N = SL(E), comme dans le casn≥3.

Nous pouvons maintenant compl´eter la d´emonstration du th´eor`eme 4.II.1. En effet, le casn≥3 ´etant montr´e, nous regardons le casn= 2 o `u la proposition 4.II.2 montre la sim-plicit´e de PSL2(K) hormis dans les cas o `uKestF2 ouF3 ouF5. Ensuite, la proposition 4.I.12 montre que PSL2(F5) est simple grˆace au th´eor`eme 4.I.11, aussi bien que les isomor-phismes PSL2(F2)'S3et PSL2(F3)'A4. Il est clair que ces deux dernier groupes ne sont pas simples.

QUADRIQUES

Dans ce chapitre,Kd´esigne un corps de caract´eristique diff´erente de 2.

5.I. Quadriques projectives

5.I.A. Formes quadratiques. — Soit E un espace vectoriel de dimensionn < ∞sur K. Nous allons voir la classification des formes quadratiques dans trois cas principaux : lorsqueKest alg´ebriquement clos, ou un corps fini, ou le corps des nombres r´eels.

5.I.A.1. Polarisation d’une forme quadratique. — Soitq:E→Kune forme quadratique. La polarisationΦqdeq est la forme bilin´eaire sym´etriqueΦq:E×E→Kd´efinie, pour tout (u, v)∈E2, par :

Φq(u, v) =1

2(q(u+v)q(u)q(v)).

En coordonn´ees cela prend la forme suivante. SoitB= (e1, . . . , en) une base deE. Alors la matrice MatB(q) par d´efinition est la matrice MatBq), qui est d´efinie par :

MatBq) = (mi,j), mi,jq(ei, ej), pour touti, j∈~1, n.

Ainsi, soit u = BX et v =BY, pour des vecteurs colonne X = (x1, . . . , xn) ∈ Kn, et Y = (y1, . . . , yn)∈Kn. On trouve :

Φq(u, v) =tXMY .

On a la notion suivante d’orthogonalit´e par rapport `a q, ou plutˆot `a Φq. L’orthogonal d’une partieAdeEestA={uEq(v, u) = 0,∀vA}.

´Etant donn´ee la baseB, on peut voirqcomme une expression quadratique polynomiale.

´Etant donn´ee la baseB, on peut voirqcomme une expression quadratique polynomiale.

Dans le document Notes du cours de g´eom´etrie (Page 74-98)

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