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G ´EOM ´ETRIE PROJECTIVE

Dans le document Notes du cours de g´eom´etrie (Page 52-74)

3.I. Espaces projectifs

Ici,Kest un corps. Tous les corps, sauf mention contraire, seront commutatifs.

3.I.A. Droites vectorielles. —

D´efinition 3.I.1. — SoitEunK-espace vectoriel de dimension finie. L’espace projectifP(E) associ´e `a E est l’ensemble des droites vectorielles de E, c’est-`a-dire l’ensemble des sous espaces vectoriels de dimension 1 deE.

SivE\{0}, on note [v] le point deP(E) correspondant `a la droite vect(v)⊂E. Si dim(E) = n+ 1, on dit queP(E) est un espace projectifde dimensionn.

On adopte la conventionP({0}) =∅et on pose dim(∅) =−1.

Exemple 3.I.2. — SiE=Kn+1, on noteP(E) =Pn(K). Si (x0, . . . , xn)∈Kn+1\ {0}, la notation usuelle pour le point dePn(K) associ´e `a (x0, . . . , xn) est :

[x0, . . . , xn] = (x0:. . .:xn).

Les valeurs desxi sont d´efinies `a multiplication par un scalaire pr`es : (x0:. . .:xn) = (x00 :. . .:xn0)⇔ ∃λ∈K|x0i=λxi,i∈~0, n.

3.I.B. Sous espaces projectifs. — SoitFun sous espace vectoriel deE. AlorsP(F)⊂P(E) est l’ensemble des droites deEcontenues dansF, i.e. l’ensemble des droites deF.

D´efinition 3.I.3. — Une partie L de P(E) est un sous espace projectif s’il existe un sous espace vectorielFdeEtel queL=P(F).

Remarque 3.I.4. — Les affirmations suivantes sont claires :

i) L’intersection d’une famille arbitraire de sous espaces projectifs deP(E) est un sous espace projectif.

ii) Le sous espace projectif engendr´e par une partieAde P(E), not´e proj(A) et d´efini comme le plus petit sous espace projectif deP(E) contenantA, est l’intersection des sous espaces projectifs deP(E) contenantA.

iii) SiF, Gsont sous espaces vectoriels deE, alors proj(P(F)∪P(G)) =P(F+G).

iv) SiL,Msont sous espaces projectifs deP(E), alors :

(5) dim(proj(L∪M)) = dim(L) + dim(M)−dim(L∩M).

D´emonstration. — Le premier point est clair puisque l’intersection de sous espaces vecto-riels deEest un sous espace vectoriel deE. Le deuxi`eme d´ecoule du premier. Le troisi`eme point est clair, du moment que vect(F∪G) =F+G. Le dernier point d´ecoule de la formule :

dim(F+G) = dim(F) + dim(G)−dim(F∩G).

Remarque 3.I.5. — SoitL, Msous espaces projectifs deP(E), avec dim(L) + dim(M)≥n.

i) Alors dim(L∩M)≥0, en particulierLM,∅.

ii) Par exemple deux droitesL,M deP2 sont de la formeL=V(a0x0+a1x1+a2x2) et M=V(b0x0+b1x1+b2x2), avec (a0, a1, a2),0 et (b0, b1, b2),0. On a :

LM={(a1b2a2b1:a0b2a2b0:a0b1a1b0)}.

D´emonstration. — Bien s ˆur on a dim(proj(LM))ndonc la formule (5) implique le pre-mier ´enonc´e. Pour l’intersection des deux droites, il est clair que le point (a1b2a2b1 : a0b2a2b0 :a0b1a1b0) est bien d´efini (car sinonL =M) et appartient `aLM (calcul

´evident) donc ce point estLMd’apr`es la formule (5).

3.I.C. Ouverts affines. —

3.I.C.1. Compl´ement des z´eros d’une forme lin´eaire. —

D´efinition 3.I.6. — Soitαune forme lin´eaire non nulle surE. On pose : Uα={[v]∈P(E)|α(v),0}.

On nommeUα l’ouvert affineassoci´e `aα. La d´efinition est bien pos´ee car, si [v] = [v0], il existeλ∈Ktel quev0=λvdoncα(v0) =λα(v),0.

Remarque 3.I.7. — L’ouvert affineUαs’identifie `a l’espace affine de dimensionn: Fα={vE|α(v) = 1},

grˆace `a l’applicationψ:Uα→Fαd´efinie par [v]7→ψ(v) = 1

α(v)v.

En effet, d’abord on se rend compte facilement que cette application est bien d´efinie. Pour le voir, d’abord on a clairement 1/α(v) bien d´efini puisqueα(v),0. Ensuite, si [v] = [v0], alors il existeλ∈Ktel quev0=λvdonc :

1

α(v0)v0= 1

λα(v)λv= 1 α(v)v.

L’application inverseι:Fα→Uαest d´efinie parv7→[v].

Ces applications sont bien l’inverse l’une de l’autre, i. e. on a : ιψ= idUα, et ψι= idFα. En effet, siv∈Fα, alors :

ψ(ι(v)) =ψ([v]) = 1 α(v)v=v.

Aussi, si [v]∈Uα, on a :

ι(ψ([v]) =ι 1 α(v)v

!

=

"

1 α(v)v

#

= [v].

3.I.C.2. Hyperplan `a l’infini. —

D´efinition 3.I.8. — SoitUα un ouvert affine deP(E). Alors le compl´ementHα=P(E)\Uα deUαestl’hyperplan `a l’infinirelatif `a l’ouvert affineUα. Il s’agit d’un sous espace projectif P(ker(α)) de dimensionn−1, o `un= dim(P(E)).

Remarque 3.I.9. — On trouve doncPn=AntAn1t · · · tA0. 3.I.D. Compl´et´e projectif. —

3.I.D.1. Compl´et´e vectoriel d’un espace affine. — SoitEunK-espace affine de directionEet de dimension finien.

D´efinition 3.I.10. — On d´efinit lecompl´et´e vectorielEˆ deEpar ˆE=K⊕E.

Le compl´et´e ˆEest unK-espace vectoriel de dimensionn+1 isomorphe `aE. Notonsu0 l’image de (1,0) par cet isomorphisme. On voit que ˆE= vect(u0)⊕E, o `u tout vecteuruE est consid´er´e comme ´el´ement de ˆEen l’identifiant `a (0, u). On d´efinit sur ˆE l’application lin´eaireα: ˆE→Ken posant, pour toutx0∈K,uE:

α(x0u0+u) =x0.

ChoisissonsO∈E. On sait que aFα={wEˆ|α(w) = 1}est un sous espace affine de ˆEde dimensionn. Cet espace est identifi´e `aEpar l’applicationj:E→Fα:

j:O+u7→u0+u, pour toutuE.

Autrement dit, pour toutP ∈E, on aj(P) =u0+# —

OP. Dans la d´efinition pr´ec´edente, on peut noterj=jOpour souligner la d´ependence deO.

Remarque 3.I.11. — Choisissons un rep`ere cart´esienR= (O, u1, . . . , un) deE. On regarde ui comme ´el´ement de ˆEpouri∈~1, n. Alors ˆR= (u0, u1, . . . , un) est une base de ˆE.

SiS= (A0, . . . , An) est un rep`ere affine deE, alors on choisitO=A0, ce qui correspond `a l’´el´ementu0de ˆEet nous consid´eronsui=# —

A0Aipouri∈~1, ncomme ´el´ement de ˆE. Alors Sˆ= (u0, u1, . . . , un) est une base de ˆE.

3.I.D.2. Compl´et´e projectif d’un espace affine. — SoitEun espace affine de dimensionnsur KetEsa direction. On consid`ere le compl´et´e vectoriel ˆE=K⊕EdeE.

D´efinition 3.I.12. — Lecompl´et´e projectifEˆ deEestP( ˆE).

SoitO∈E. L’espace affineEse plonge dans ˆEgrˆace `a l’applicationι:E→Eˆ d´efinie par : ι(O+u) = [u0+u], pour toutuE.

Autrement dit, pour toutP ∈E, on aι(P) = [u0+# —

OP]. Ceci est bien d´efini car u0Eˆ\E.

Posons de nouveauα(x0u0+u) =x0pour toutx0∈KetuE.

Remarque 3.I.13. — On aι(E) =Uαet le diagramme d’isomorphismes affines commute : E j //

ι

Fα

~~Uα

o `u l’applicationFα→Uαest d´efinie parw7→[w] pour toutwEˆ\ {0}.

3.I.D.3. Compl´et´e projectif d’un sous espace affine. — SoitG⊂Eun sous espace affine de E. FixonsO∈E. On regardeEetGcomme parties de ˆE par l’application qui envoie tout P =O+u∈Gsuru0+uE.ˆ

D´efinition 3.I.14. — Le compl´et´e ˆGestP(vect(G))⊂E.ˆ Proposition 3.I.15. — On aGˆ∩E=G.

D´emonstration. — Plus pr´ecis´ement on aι(E)∩Gˆ =ι(G). Consid´erons un ´el´ement deι(G).

Cet ´el´ement s’´ecrit [w] = [u0+u] o `u le vecteuruEdoit satisfaireO+u∈G. Donc [w]∈ι(E) caruE. De plus [w]∈Gˆcaru0+u∈vect(G), o `u l’on regardeGcomme une partie de ˆE.

R´eciproquement, on consid`ere un ´el´ement [w] deι(E)∩G. Ainsiˆ w∈vect(G) dans ˆE, i.e.

w=x0u0+uavecx0∈KetO+u∈G. AlorsuGE doncα(u) = 0 carE= ker(α), ainsi α(w) =x0. Par ailleurs [w]∈ι(E) doncα(w) = 1 i.e.x0 = 1. Par cons´equentw=u0+u et commeO+u∈Gon aw∈Gvu comme partie de ˆE.

SoitG⊂Esous espace affine. On peut d´efinirGpar des ´equations de la forme : G=

\k

i=1

V(ϕi),

o `uϕi:E→Kest une forme affine, pouri∈~1, k. Ici,V(ϕi) ={P ∈E|ϕi(P) = 0}.

Remarque 3.I.16. — FixonsO∈Eet consid´erons ˆE etu0E. Pourˆ ϕ :E→K affine, on d´efinit ˜ϕ: ˆE→Kpar :

ϕ(x˜ 0u0+u) =ϕ#—(u) +x0ϕ(O).

On obtient alors :

Gˆ=

\k

i=1

P(Ker( ˜ϕi)).

D´emonstration. — En effetP(Ker( ˜ϕi)) est un sous espace projectif de ˆEdont l’intersection avecι(E) co¨ıncide avecι(G), puisque :

ι(G) ={[u0+u]|uE, O+u∈G}={[u0+u]|ϕi(O+u) = 0, uE,i∈~1, k}=

={[u0+u]|uE,#—ϕi(u) +ϕi(O) = 0,∀i∈~1, k}=

={[u0+u]|uE,ϕ˜i(u0+u) = 0,i∈~1, k} ∩ι(E) =

=

\k

i=1

P(ker( ˜ϕi))∩ι(E).

Remarque 3.I.17. — SoitEespace affine de directionE. AlorsP(E) est l’hyperplan `a l’in-fini de ˆEpar rapport `a l’ouvert affineι(E).

En effet, l’hyperplan `a l’infini de ˆE par rapport `a l’ouvert affine ι(E) est P(ker(α)) et s’identifie donc `aP(E).

3.I.D.4. Compl´et´e d’un sous espace d’un ouvert affine. — Un autre point de vue sur le compl´ete projectif est de consid´erer l’espace affine ambiant comme ouvert affine d’un es-pace projectif. SoitEunK-espace vectoriel de dimension finien+ 1 etαE\ {0}. Notons :

F=FαE, SoitGun sous espace affine deF. On pose :

Gˆ =P(vect(G))⊂P(E).

On consid`ereFetGcomme parties deP(E) `a travers l’inclusion : F,→P(E),

qui envoieFsurU⊂P(E) paru7→[u].

Remarque 3.I.18. — Le sous espace projectif ˆGdeP(E) satisfait ˆG∩F=G.

D´emonstration. — D’abord,G⊂vect(G) etG⊂F, doncG⊂vect(G)∩F. Autrement dit, ´etant donn´eu∈G, l’inclusionF,→P(E) envoieusur [u]∈Gˆ∩F, i.e.G⊂Gˆ∩F.

Pour l’implication r´eciproque, on consid`ere un ´el´ementu0∈Fdoncα(u0) = 1. On a#—F= ker(α) doncF=u0+ ker(α). Aussi,G= #—G est un sous espace vectoriel de ker(α) ; soitm= dim(G). On choisit une base (u1, . . . , um) deGpuis on la compl`ete `a une base (u1, . . . , un) de ker(α). Remarquons par ailleurs que (u0, . . . , un) est une base deE, que vect(F) = vect(u0)⊕ ker(α) =Eet que vect(G) = vect(u0)⊕G.

Ainsi, soit [u]∈Gˆ∩F. Comme [u]∈Fon aα(u) = 1 et nous voulons montrer queu∈G, sachant queu∈vect(G). CommeuEet (u0, . . . , un) est une base deE, il existe (x0, . . . , xn)∈ Kn+1 tel queu=Pn

i=0xiui et en faitui= 0 pourim+ 1 caru∈vect(G). CommeuiG⊂ ker(α) pouri≥1 etα(u0) = 1, on a :

1 =α(u) =

m

X

i=0

xiα(ui) =α0. Ainsiu=u0+Pm

i=1xiuiu0+G=G, ce qui ach`eve la preuve.

3.I.D.5. ´Ecriture en coordonn´ees. — SoitAn=AnKetPn=PnK. Consid´erons des coordonn´ees (y1, . . . , yn)∈An.

— Pourj∈~0, nnous d´efinissons l’applicationιj:An→Pnpar : ιj(y1, . . . , yn) = (y1:. . .:yj: 1 :yj+1:. . .:yn).

Nous avons alors les ouverts affinesUj= Im(ιj).

— On aUj=Pn\Hj, o `uHj=P(ker(ej)) etej :Kn+1→Kvautej(x0, . . . , xn) =xj.

— Pour H hyperplan affine de An d’´equation V(a1y1+· · ·+anyn+a0), on trouve le compl´et´e projectif ˆH = V(a0x0+a1x1+· · ·+anxn) ⊂ Pn par homog´en´eisation de l’´equation.

— De mˆeme si F est un sous espace affine de An, on trouve son compl´et´e par ho-mog´en´eisation des ´equations d´efinissantF.

Exemple 3.I.19. — SoitF=V(a1y1+a2y2+a0) etG=V(b1y1+b2y2+b0) droites deA2R. Alors les compl´et´es ˆF=V(a0x0+a1x1+a2x2) et ˆG=V(b0x0+b1x1+b2x2) se recoupent `a l’infini, i.e.

surH0=V(x0), ssia1b2=a2b1, i.e. ssiFetGsont parall`eles. Dans ce cas ˆF∩Gˆ = [0 :a2:−a1], la direction commune deFetG.

Pour comprendre que ce point est la direction, on supposea2,0 et on ´ecrity2=−a1

a2y1+c, c´etant une constante, donc [0 :a2:−a1] = [0 : 1 :−a1/a2] repr´esente la direction.

On voit aussi que, si par exemplea0=a2= 1,a2=a(donc la droite est de direction−a), alors on param`etreFpart7→(−t, at−1) i.e., en projectif (et pour tout,0) par :

t7→(1 :−t:at−1) = 1

t :−1 :at−1 t

.

Si on fait tendretvers +∞, on obtient (0 :−1 :a) = (0 : 1 :a). De mˆeme sitvers−∞. Ceci confirme l’intuition que la direction deFest bien le point`a l’infinide la droite ˆF.

3.I.E. Rep`eres projectifs. —

D´efinition 3.I.20. — Soit (P0, . . . , Pk) points de P(E). On dit que (P0, . . . , Pk) sont libressi dim(proj(P0, . . . , Pk)) =k.

Ceci est ´equivalent `a dire quePi = [vi], avec (v0, . . . , vk) libres dansE.

Remarque 3.I.21. — Soit (P0, . . . , Pn+1) points de P(E). Alors on a ´equivalence entre ces deux assertions :

i) pour toutj∈~0, nles points (P0, . . . , Pj1, Pj+1, . . . , Pn+1) sont libres ;

ii) il existe une base (u0, . . . , un) deEtelle que, si on poseun+1=u0+· · ·+un, alorsPi= [ui] pour touti∈~0, n+ 1.

D´emonstration. — Supposons i) v´erifi´ee. Comme (P0, , . . . , Pn) sont libres, on choisit une base (u00, . . . , u0n) deEtelle quePi= [ui0] pour touti∈~0, n. On ´ecrit ensuitevEtel que [un+1] = Pn+1 sous la formeun+1=x0u00 +· · ·+xnun0 pour certainsxi ∈K. Maintenant, quel que soit j∈~0, n, on axj,0, car autrement la propri´et´e i) ne serait pas v´erifi´ee pourj. Donc si on poseui=xiu0i pour touti∈~0, non obtient la base cherch´ee.

Si ii) est v´erifi´ee, alors pour toutj∈~0, n, les vecteurs (u0, . . . , uj1, uj+1, . . . , un+1) forment une base, donc i) est v´erifi´ee.

D´efinition 3.I.22. — Si les conditions de la remarque pr´ec´edente sont v´erifi´ees, alors (P0, . . . , Pn+1) est unrep`ere projectifdeP(E).

Remarque 3.I.23. — Soit (P0, . . . , Pn+1) un rep`ere projectif de P(E) et P ∈ P(E). Alors, si (u0, . . . , un) est une base associ´ee `a (P0, . . . , Pn+1) satisfaisant la condition ii) de la remarque pr´ec´edente, il existe (x0, . . . , xn) ∈ Kn+1\ {0} tel que [v] = [x0u0+· · ·+xnun]. Le vecteur (x0, . . . , xn) est d´etermin´e `a un scalaire multiplicatif non nul pr`es.

D´emonstration. — Bien s ˆur (x0, . . . , xn) existe simplement puisque (u0, . . . , un) est une base deE, ce vecteur ´etant ´evidemment non nul. Pour l’unicit´e, siv=x0u0+· · ·+xnunetx00e00+

· · ·+x0nen0 repr´esententP, les bases (u0, . . . , un) et (u00, . . . , un0) satisfaisant la condition ii) de la remarque pr´ec´edente, alors il existeλ0, . . . , λn+1∈K tels queui0=λiui pour touti∈~0, n

etλn+1(u00+· · ·+un0) =u0+· · ·+un. Doncλi=λn+1pour touti∈~0, n. Aussi,∃λ∈Ktel que x00λn+1u0+· · ·+x0nλn+1un=λ(x0u0+· · ·+xnun),

donc (x00, . . . , x0n) =λ/λn+1(x0, . . . , xn).

3.I.F. Dualit´e. —

3.I.F.1. Dualit´e vectorielle. — SoitEunK-espace vectoriel de dimension finien+1<∞. On d´efinit le dualEdeEcomme l’ensemble des applications lin´eairesα:E→KdeEversK, muni de sa structure ´evidente deK-espace vectoriel.

Cette d´efinition estcontravariante, dans le sens que, si E et F sont deux espaces vectoriels etf :FEest une application lin´eaire, alors il existe une application lin´eaire naturellef:EF, qui consiste `a composerβFavecf, i.e. :

f(β) =βf .

Rappelons queE ´etant de dimension finie,E est r´eflexif, c’est-`a-direE s’identifie avec E∨∨par l’application d’´evaluation:EE∨∨d´efinie, pour toutuEpar :

u7→u, o `uu(α) =α(u),αE.

D´efinition 3.I.24. — ´Etant donn´e un sous espace vectoriel F de E, notons jF l’inclusion jF:FE.L’orthogonaldeFdansEest :

F= Ker(jF).

Remarquons quejFest l’application de restriction des formes `aF. Ainsi : F={αE|α|F= 0}.

Proposition 3.I.25. — SoitF,Gsous espace vectoriels deE. Alors : i) `a travers l’identificationEE∨∨, on aF⊥⊥=F;

ii) FGsi et seulement siGF; iii) (F+G)=FG;

iv) (F∩G)=F+G.

D´emonstration. — Montrons i). Soitf :FEl’inclusion et consid´erons : g:E−→ E∨∨ f

−−→(F). On veut montrer que Ker(g) =F. On a :

Ker(g) ={uE|f(u) = 0}=

={uE|u|F= 0}=

={uE|u(α) = 0,∀αF}=

={uE|α(u) = 0,αF}=

={uE|α(u) = 0,αtels queα(v) = 0 pour tout vecteurvF}. Donc, sivFalors clairementv∈Ker(g) puisqueα(v) = 0 quelque soitαF.

R´eciproquement, si nous ´ecrivons une base (u1, . . . , uk) deF et nous la compl´etons `a une baseB= (u1, . . . , un) deE, nous pouvons construire la base dualeB= (u1, . . . , un) deE, d´efinie par la conditionui(uj) =δi,j pour touti, j∈~1, n. Alors un vecteurvE\Fs’´ecrit v=Pn

i=1aiui avecai ,0 pour au moins un indicei∈~k+ 1, n. Ainsiα=ei s’annule surF mais pas env. Doncvn’appartient pas `a Ker(g).

Montrons ii). On a, si FG et αE n’annule sur G, alors α|F = 0. Donc GF. Ensuite, siGFen utilisant i) on obtientFG.

Pour iii), il est clair queαEs’annule enF+Gsi et seulement siα|G = 0 etα|F = 0.

Pour terminer la preuve, en appliquant iii) `aF0=FetG0=Gnous obtenons par i) : (F+G)= (F0+G0)=F0G0=FG,

donc en utilisant de nouveau i) :

F+G= (F∩G).

3.I.F.2. Dualit´e projective. —

D´efinition 3.I.26. — L’espace dualdeP(E) estP(E). On le note ˇP(E).

Remarque 3.I.27. — L’espace dual est identifi´e `a l’ensemble des hyperplans deP(E).

D´emonstration. — Un hyperplanH deP(E) est d´efini commeH=P(K), o `uK est un hy-perplan deE. Il existe une forme lin´eaireαnon nulle surEdont le noyau estK, on associe donc [α] `aH.

Si 0,αE, alors on associe `a P(ker(α)) `aα. Cela est bien pos´e, car pour toutλ ∈ K, ker(λα) = ker(α) donc P(ker(α)) ne d´epend que de la classe de α dans ˇP(E). Cette correspondance est bijective.

Remarque 3.I.28. — ´Etant donn´eFE, l’espaceP(F) est l’ensemble des hyperplans de P(E) qui contiennentP(F).

D´emonstration. — On a [α]∈P(F) ssiα|F= 0, i.e. ssiα(v) = 0 pour toutvF, ouα|vect(v) pour toutvF. Autrement dit, [α]∈P(F) ssiP(ker(α)) contient toutes les points deP(F), i.e. ssiP(F)⊂P(ker(α)).

On notera, siLest un sous espace projectif deP(E),L⊂P(E) l’ensemble des hyperplansˇ deP(E) qui contiennentL.

Proposition 3.I.29. — SoitL, Msous espaces projectifs deP(E). Alors : i) (L)=L;

ii) LMssiML; iii) (L∪M)=LM;

iv) (L∩M)= proj(LM).

D´emonstration. — Tout d´ecoule de la proposition 3.I.25.

3.I.G. Th´eor`emes classiques. — Nous allons traiter deux th´eor`eme classiques de la g´eom´etrie du plan projectif. Fixons donc un K-espace vectoriel E de dimension 3 et le plan projectifP(E).

3.I.G.1. Th´eor`eme de Pappus. —

Th´eor`eme 3.I.30. — SoitD et D0 deux droites projectives distinctes d’un plan projectif. Soit A, B, CD et A0, B0, C0D0 points distincts. Alors les trois points γ = (AB0)∩(A0B),α = (BC0)∩(B0C)etβ= (CA0)∩(C0A)sont align´es.

Remarquons avant de commencer la preuve que les pointsα, β, γ sont bien d´efinis, au-trement dit, les droites (AB0), (A0B) sont distinctes, aussi bien que (BC0), (B0C) et de mˆeme (AC0), (A0C). En effet, par exemple si (AB0) = (A0B) alors (A, B, A0, B0) sont align´es donc D=D0, ce qui est exclu.

D´emonstration. — SoitO=DD0. Si deux parmi les pointsα, β, γ co¨ıncident, il n’y a rien

`a d´emontrer. Remarquons que ceci arrive siOest l’un des pointsA, B, C, A0, B0, C0. En effet, par exemple siO=Aalors (AB0) = (AC0) =D0doncγ=D0∩(A0B) =A0etβ=D0∩(A0C) =A0. Nous pouvons d´esormais exclure ce cas et supposerα ,β. Choisissons la droite (αβ) comme droite `a l’infini, donc consid´erons le plan affineA2comme ouvert affineUδdeP2, o `uδest une forme lin´eaire qui d´efinit la droite (αβ). Il s’agit de montrer queγ appartient

`a cette droite. Bien s ˆur, les traces des droites (AC0) et (C0A) (i.e. les intersections de ces droites avecUα) sont parall`eles dansA2, aussi bien que les droites (BC0) et (B0C). Comme

b1

A

B0

C0 B

C

A0

γ β α

Figure 1. Th´eor`eme de Pappus

il s’agit de montrer queγ= (AB0)∩(A0B) appartient `a la droite `a l’infini (αβ), nous devons montrer que (AB0) et (A0B) sont parall`eles. Nous examinons deux cas.

SiO<(αβ): Comme O est suppos´e distinct de A et C, nous pouvons consid´erer l’ho-moth´etie ϕ de centre O qui envoie A sur C puis l’homoth´etie ψ de centre O qui envoieC sur B. On aψ(ϕ(A)) =B. Puisque (AC0) est parall`ele `a (CA0), le th´eor`eme de Thal`es dit queϕ(C0) =A0. De mˆeme on aψ(B0) =C0. Orϕetψcommutent, ´etant homoth´eties de mˆeme centre, doncψ(ϕ(B0)) =ϕ(ψ(B0)) =A0. Ainsi (AB0) et (A0B) sont parall`eles d’apr`es la r´eciproque de Thal`es.

En termes de rapports de similitude, nous pouvons ´ecrire cela de la fac¸on suivante.

Comme (AC0) est parall`ele `a (CA0), Thal`es dit que, siλ∈Kest tel que # —

OC =λ# —

OA, alors # —

OA0=λ# —

OC0. De mˆeme, siµ∈Kest tel que # — OB=µ# —

OCalors # —

OC0=µ# — OB0. Ainsi,

# —

OB=λµ# —

OAet # —

OA0=λµ# —

OB0, ce qui veut dire que (AB0) et (A0B) sont parall`eles.

b1

A B

C

O

B0

A0 C0

Figure 2. Pappus siO<(αβ)

SiO∈(αβ): Dans ce cas on consid`ere la translationϕ de direction #—

D qui envoieAsurC puis la translationψtoujours de direction #—

D qui envoieC surB. On aψ(ϕ(A)) =B.

Du parall´elisme entre (AC0) et (A0C) on d´eduitϕ(C0) =A0, puis de mˆemeψ(B0) =C0. De nouveau les translationsϕetψcommutent doncψ(ϕ(B0)) =A0, ainsi (AB0) et (A0B) sont parall`eles.

b1

A B C

B0 A0 C0

Figure 3. Pappus siO∈(αβ)

3.I.G.2. Th´eor`eme de D´esargues. —

Th´eor`eme 3.I.31. — Soit (A, B, C) et(A0, B0, C0) deux triplets de points distincts non align´es deP(E)et supposonsA,A0,B,B0,C ,C’,(BC),(B0C0),(AC),(A0C0)et(AB),(A0B0).

Posons :

α= (BC)∩(B0C0), β= (AC)∩(A0C0), γ= (AB)∩(A0B0).

Alors(AA0),(BB0)et(CC0)sont concourantes si et seulement siα,βetγsont align´es.

D´emonstration. — Remarquons d’abord que les droites (BC), (B0C0) sont bien d´efinies car B,C,B0,C0 et de mˆeme pour les autres droites d´efinissantα, β, γ; ces trois points sont donc bien d´efinis. De plus,α,βcar siβ= (AC)∩(A0C0) est ´egal `aα= (BC)∩(B0C0) alors α=βappartient (donc est ´egal `a) (AC)∩(BC) =Cet `a (A0C0)∩(B0C0) =C0doncC=C0, ce qui est absurde. De mˆemeα,γ,β.

De plus on pourra remarquer que (AA0),(BB0) car sinon on aurait A, B, A0, B0 align´es donc (AB) = (A0B0), ce qui est exclu. De mˆeme (AA0),(CC0),(BB0).

D´emontrons une premi`ere implication : supposons queα,βetγsoient align´es et mon-trons que alors les droites (AA0), (BB0) et (CC0) sont concourantes.

Choisissons la droiteH(unique, car on a observ´e queα, β, γsont distincts) contenantα, βetγcomme droite `a l’infini, autrement dit, consid´erons le plan affineF=P(E)\H. Nous avons trois couples de droites parall`eles deF, que l’on note de la mˆeme mani`ere que leurs compl´et´es projectifs :

((BC),(B0C0)), ((AC),(A0C0)), et ((AB),(A0B0)).

Montrons que (AA0), (BB0) et (CC0) sont parall`eles ou concourantes. Ceci terminera la preuve de la premi`ere implication, car si (AA0), (BB0) et (CC0) sont parall`eles, cela veut dire que ces trois droites ont un point d’intersection commun qui se trouve surH. Pour conclure

O

A0 A

C B

B0

C0 β

γ

α

Figure 4. Th´eor`eme de D´esargues

il suffit de montrer que, si deux parmi les trois droites (AA0), (BB0) et (CC0) sont incidentes – disons (AA0) et (BB0) – alors (AA0), (BB0) et (CC0) sont concourantes.

O

A0 A

B

B0 C

C0

Figure 5. Th´eor`eme de D´esargues

SoitO= (AA0)∩(BB0). Consid´erons la dilatationϕqui envoieAsurA0. Par le th´eor`eme de Thal`es, comme (AB) et (A0B0) sont parall`eles, le rapport de dilatation deϕest :

OA0 OA =OB0

OB,

doncϕ(B) =B0. On applique de nouveau Thal`es pour calculerϕ(C). On voit queϕ(C) se trouve sur la droite parA0parall`ele `a (AC), i. e., sur (A0C0), et bien s ˆur sur (OC) donc :

ϕ(C) = (A0C0)∩(OC).

De mˆeme en partant deB, on trouveϕ(C) = (B0C0)∩(OC). Ainsi,ϕ(C) = (B0C0)∩(A0C0) =C0 se trouve sur (OC). Autrement dit, (AA0), (BB0) et (CC0) sont incidentes enO.

Montrons maintenant l’implication r´eciproque, en faisant appel `a la dualit´e. Posons :

X= (BC), Y = (AC), Z= (AB),

X0= (B0C0), Y0= (A0C0), Z0= (A0B0).

On trouve donc deux triangles deP(E). Ils sont non d´eg´en´er´es car les triangles de d´epart n’´etaient pas d´eg´en´er´es. On aA= (AB)∩(AC) donc :

A= proj((AB),(AC)) = (Y Z), B= (XZ), C= (AX).

Posons aussi :

ξ= (Y Z)∩(Y0Z0), η= (XZ)∩(X0Z0), ζ= (XY)∩(X0Y0).

Regardons l’effet de la dualit´e surα. On a :

α= ((BC)∩(B0C0))= proj((BC),(B0C0)) = (XX0).

On obtient ´egalement :

α= (XX0), β= (Y Y0), γ= (ZZ0).

´Etudions aussi la dualit´e sur (AA0). On a :

(AA0)= proj(A, A0)=A∩(A0)= (Y Z)∩(Y0Z0) =ξ.

De mˆeme :

(AA0)=ξ, (BB0)=η, (CC0)=ζ.

La deuxi`eme implication est maintenant une cons´equence de la premi`ere, appliqu´ee aux triangles dansP(E). En effet, rappelons que trois droites du plan projectif sont concou-rantes si et seulement si les trois points correspondant dans le plan dual sont align´es. Alors, si (AA0), (BB0) et (CC0) sont concourantes, les trois pointsξ,ηetζsont align´es. Donc (XX0), (Y , Y0) et (Z, Z0) sont concourantes. Ainsi,α,βetγsont align´es.

3.II. Applications projectives

3.II.A. Applications projectives et lin´eaires. — SoitEetF espaces vectoriels surK. Soit f :EF. Alorsf envoie une droite deEsur une droite deFsi et seulement si celle-ci n’est pas contenue dans le noyau def.

D´efinition 3.II.1. — L’application projectiveϕassoci´ee `af est l’application : P(E)\P(Ker(f))→P(F),

qui, `a une droite [v] engendr´ee parvE\Ker(f) associe [f(v)].

On noteP(E)dP(F) une application d´efinie surune partiedeP(E).

On voit que, si on choisit v0 =λv comme repr´esentant de [v], λ ´etant dansK, on a [f(v0)] = [f(λv)] = [λ(f(v))] = [f(v)], doncϕest bien d´efinie.

Remarque 3.II.2. — Soitf etf0applications lin´eaires deEversF. Alorsf etf0d´efinissent la mˆeme application projective si et seulement sif =λf0pour unλ∈K.

D´emonstration. — S’il existeλ∈K tel quef =λf0, alors clairement Ker(f) = Ker(f0) et, pour toutvE\Ker(f), on aϕ([v]) = [f(v)] = [λf(v)]) = [f0(v)] doncf etf0 induisent la mˆeme application projective.

R´eciproquement, si f et f0 d´efinissent la mˆeme application projective, alors d’abord P(Ker(f)) =P(Ker(f0)) car les deux applications projectives doivent avoir le mˆeme domaine de d´efinition. Ainsi Ker(f) = Ker(f0). Soit doncB = (u0, . . . , un) une base de E telle que (u0, . . . , uk) est une base de Ker(f), posonsAi = [ui]∈P(E) pour touti∈~k+ 1, netAn+1= [u0+· · ·+un] = [un+1] o `uun+1=u0+· · ·+un.

On aAi ∈P(E)\P(Ker(f)) pourik+ 1 doncϕ(Ai) = [f(ui)] = [f0(ui)], ainsi pour tout i∈~k+ 1, n+ 1il existeλi∈Ktel quef(ui) =λif0(ui). De plus, une base de ¯E=E/Ker(f) est constitu´ee de ( ¯uk+1, . . . ,u¯n) et l’application ¯f : ¯EFd´efinie par ¯f( ¯v) =f(v) est injective.

Ainsi, (f(uk+1), . . . , f(un)) est une base de Im(f)⊂F. Donc, de la relation : λn+1f(un+1) =λn+1(f(uk) +· · ·+f(un)) =λk+1f(uk) +· · ·+λnf(un) on d´eduitλn+1=λi pour touti∈~k+ 1, n. Nous avons montr´ef0=λn+1f.

Soit R= (A0, . . . , An+1) et S= (B0, . . . , Bm+1) sont des rep`eres projectifs deP(E) et P(F), nous pouvons choisir (u0, . . . , un+1) et (v0, . . . , vm+1) vecteurs deE etF tels que Ai = [ui] et Bj= [vj] pour toutietj. Nous avons des basesB= (u0, . . . , un) deEetC= (v0, . . . , vm) deF.

Nous consid´erons alors la matrice MatC,B(f). Cette matrice est d´etermin´ee `a un scalaire non nul pr`es, nous notons MatS,R(ϕ) une quelconque des matrices.

Exemple 3.II.3. — SoitFetGsous espaces deEtels queE=FG. Alors laprojection sur P(F)parall`ele `aP(G) est l’application projective :

π:P(E)\P(G)→P(F) associ´ee `a la projection lin´eairepdeEsurF parall`ele `aG.

De fac¸on g´eom´etrique, l’image d’un pointP ∈P(E) parπest le point d’intersection de l’espaceGP, que l’on d´efinit comme proj(P(G), P) avecP(F) :

π(P) =GP∩P(F).

Posons c= dim(G) et remarquons que dim(F) =n+ 1−c i. e. codim(P(F)) =c. Aussi, si P < P(G) et P = [v], pour un certain vE, on a bien dim(G⊕Kv) = c+ 1 et bien s ˆur F+G+Kv=E. Donc :

dim(F∩(G+Kv)) = (n+ 1−c) + (c+ 1)−(n+ 1) = 1.

De ce fait, on voit que l’intersectionGP ∩P(F) est bien un point, qui appartient `aP(F). Si l’on ´ecritv=u+w, avecuF etwGalorsp(v) =uetπ([v]) = [u] etu=−w+vG+Kv, donc le pointGP∩P(F) est bienπ([v]).

3.II.B. Applications projectives et affines. — Nous allons explorer le lien entre appli-cation affine et projective, d’abord en consid´erant le compl´et´e projectif d’une appliappli-cation affine, ensuite en ´etudiant `a quelle condition une application projective induit une appli-cation affine.

3.II.B.1. Compl´et´e projectif d’une application affine. — SoitEetGespaces affines etϕ:E→G une application affine. Nous allons compl´eterϕ `a une application projective ˆϕ: ˆEdG.ˆ

ChoisissonsO∈EetQ∈G. Consid´erons les espaces directeursE et GdeEetGet les espaces ˆE=K×Eet ˆG=K×G. On noteu0l’´el´ement (1,0) de ˆEetv0l’´el´ement (1,0) de ˆG.

PouruEet vGon identifieu `a (0, u)∈Eˆ etv `a (0, v)∈G. D´efinissons sur ˆˆ E et ˆGles

D´efinition 3.II.4. — L’applicationhomog´en´eis´eefϕ: ˆEGˆest d´efinie par : fϕ(x0u0+u) =x0v0+x0w+ϕ#—(u), pour toutx0∈KetuE.

Lecompl´et´e projectif ϕˆdeϕest l’application projective associ´ee `afϕ. C’est une application : ϕˆ: ˆE\P(Ker(ϕ#—))→G.ˆ

Remarque 3.II.5. — La restriction de ˆϕ `aEestϕ.

D´emonstration. — En effet,Eest identifi´e `a la partie de ˆEconsistant des points de la forme P = [u0+u] avecuE. Sur ces points, ˆϕprend valeur :

ˆ

ϕ([u0+u]) = [v0+w+ϕ(u)],#—

ce qui repr´esente le pointϕ(P) =Q+w+ϕ#—(u) = ˆϕ([u0+u]) = ˆϕ(P) dansG⊂G.ˆ

D´ecrivons ˆϕ en coordonn´ees. Notons E la direction de E et G celle de G. Soit R = (O, u1, . . . , un) un rep`ere cart´esien de Eet S= (Q, v1. . . , vm) un rep`ere cart´esien de G. On consid´er´ee comme matrice de l’application projective associ´ee `aϕ. On notera MatS,ˆRˆ( ˆϕ).

Toutefois, cette matrice n’est d´efinie qu’`a un scalaire multiplicatif non-nul pr`es.

3.II.B.2. Application affine induite par une application projective. — Soitϕ :P(E)d P(G) une application projective,HetK des hyperplans deP(E) etP(G), posonsE=P(E)\Het G=P(G)\K. On se demande quandϕest le compl´et´e d’une application affineE→G.

Soit f :EG lin´eaire induisantϕ,αE et βG tels queH =P(Ker(α)) et K = P(Ker(β)). On consid`ere aussif:GE.

Proposition 3.II.6. — L’application ϕ se restreint `a une application affineϕ0 :E → G in-duisant ϕ si et seulement si ϕ(H)K. Ceci arrive si et seulement s’il existe λ∈ K tel que f(β) =λα.

D´emonstration. — Pour que ϕ soit d´efinie sur E il faut et il suffit que, pour tout vE\Ker(α), on ait f(v)∈G\Ker(β). Autrement dit, il faut quef(v)∈Ker(β) = Ker(f(β)) impliquev∈Ker(α), i. e. :

Ker(f(β))⊂Ker(α).

Ceci arrive si et seulement si il existeλ∈Ktel quef(β) =λα.

L’application restreinteϕ0:E→Gest alors affine. En effet, d’abord on remplaceβ par β0=λ1βde sorte queβ0f =α. Puis, on identifieE`aFα={vE|α(v) = 1}par l’application

D´efinition 3.II.7. — Une homographie est une application projective bijective, i. e., une application projective induite par un isomorphisme lin´eaire.

Proposition 3.II.8. — Soit (A0, . . . , An+1) et (B0, . . . , Bn+1) rep`eres projectifs de deux espaces projectifsP(E)etP(F)de dimensionn. Alors il existe une et une seule homographieϕ:P(E)→ P(F)telle queϕ(Ai) =Bi pour touti∈~0, n+ 1.

Sig:EFest une deuxi`eme application lin´eaire dont l’application projective associ´ee ψ est une homographie telle queψ(Ai) =Bi pour touti ∈~0, n+ 1, alors pour tout i

~0, n+ 1il existeλi ∈K tel queg(ui) =λivi etg(u0+· · ·+un) =λn+1(v0+· · ·+vn). Donc

λn+1(v0+· · ·+vn) =λ0v0+· · ·+λnvn. Comme (v0, . . . , vn) est une base de F, on en d´eduit λi=λn+1pour touti∈~0, n+ 1. Ainsig=λn+1f doncϕ=ψ.

3.II.D. Groupe des homographies. —

D´efinition 3.II.9. — Legroupe des homographiesPGL(E) est le groupe des applications pro-jectives bipro-jectives de l’espace projectifP(E), muni de la loi de composition, avec ´el´ement neutre idP(E). On ´ecrit PGLn+1(K) = PGL(Kn+1).

Proposition 3.II.10. — On aPGL(E) = GL(E)/KidE, o`u le groupe des homoth´etiesKidEest le centre deGL(E).

D´emonstration. — Une homographie est d´etermin´ee par un automorphisme deE, et cela

D´emonstration. — Une homographie est d´etermin´ee par un automorphisme deE, et cela

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