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2. SCIENCE, FICTION ET POLITIQUE

3.2 La Grille de Codage

Une fois le corpus de films à analyser établi, j’ai élaboré une grille de codage. Cette élaboration s’inscrit dans une approche combinée, déductive et inductive, notamment pour la partie analytique.

L’aspect déductif vient de la littérature qui nous informe à priori sur les éléments qui doivent figurer dans cette grille considérant les objectifs de recherche, l’aspect inductif vient de la matière (les films) en tant que telle qui génère des réflexions et des points focaux à ajouter à la grille. Propre à l’analyse qualitative, cette étape est marquée par un dialogue constant entre collecte de données, analyse et développements théoriques.

31 Hors-échantillon

La grille de codage est en premier lieu inspirée par la littérature consultée en amont de l’analyse (et discutée ci-dessus, section 2) et les objectifs de la recherche, qui indiquent des éléments et thèmes à prendre en compte. Parmi eux, la distinction ambiguë entre réalité et fiction, que j’ai essayé de capter par le code « Ambiance générale » sous lequel j’ai décrit en plusieurs points pour chaque film certaines caractéristiques sur le monde, sur le système dans lequel l’intrigue se déroule ; ou encore les représentations du politique, se matérialisant dans la grille par un code sous lequel sont notées pour chaque film le(s) type(s) d’institutions présentes dans la narration, et la façon dont-celles sont décrites et perçues par le spectateur. Les mises en scène de la menace sont au cœur de cette recherche. La grille de codage comprend donc un certain nombre de catégories permettant de décrire la façon dont la menace est représentée, mais également la façon dont celle-ci survient et les solutions qui y sont apportées. On s’intéresse ainsi particulièrement aux dialogues, mots-clés, mises en scènes, symboles, et récits qui contribuent et entourent ces axes narratifs. Le travail d’autres auteurs comme JM Valantin (2004) par exemple, ayant travaillé sur les liens spéciaux entre Hollywood et Washington, nous encouragent à considérer la description de l’Armée et son rôle dans la solution apportée. De plus, c’est dans ce genre de configuration que l’on peut voir se développer des éléments ayant trait à la géopolitique internationale et aux rapports interétatiques.

Comme évoqué précédemment, la mise en place de la grille de codage suit aussi une logique inductive dans la mesure où elle est informée par les donnée et ce dès la phase de familiarisation.

Cette phase est celle d’un premier contact avec le corpus : premiers visionnages des films (complets ou partiels) et bandes annonces, et lecture d’articles journalistiques servent à s’immerger dans la matière et à en capter l’étendue et la diversité. Cette familiarisation a permis d’intérioriser les structures narratives communes à ces films et de développer la section descriptive de la grille de codage. Celle-ci se compose d’éléments basiques de l’intrigue à garder en tête lors de l’analyse, afin de ne pas trop s’éloigner de la matière : qui sont les personnages, quel est l’élément déclencheur, quand et où se déroule l’action. C’est également à cette occasion que se forment les pistes initiales

par rapport à la question de recherche et qu’apparaissent grands thèmes, récurrences, particularités, éléments qu’on aurait pu oublier. Les idées et remarques qui surgissent sont notées et ces notes de recherche déjà constituées jouent un rôle important dans la création de la grille de codage. Par la suite, ce processus est itératif. Afin de donner lieu à des phases de réflexion et d’affinage des cadres d’analyse, les films sont visionnés par vagues de cinq. Cette méthode permet de revenir sur la grille en parallèle à la récolte de données afin de la perfectionner en ajoutant ou précisant des codes.

Deux éléments ont ainsi été ajoutés à postériori. Premièrement, des codes catégoriels ont été créés afin de pouvoir évaluer la diversité et/ou l’homogénéité thématique du corpus. A partir des tentatives de définition de la science-fiction de Roberts (1965), qui proposait une liste de sujets, objets et thèmes susceptibles de faire entrer un film dans le genre de la science-fiction, j’ai formé six catégories thématiques : Avancée Technologique, Contact avec des Alien, Conquête Martienne, Catastrophes Naturelles, Virus, et Dystopies. Les distinctions entre ces groupes sont parfois difficiles à tracer à priori. En effet, il arrive qu’un film sur le Contact Alien s’accompagne d’une infection par un virus, ou encore qu’une dystopie soit celle d’une société marquée par des avancées technologiques. L’argument permettant d’opérer ces distinctions et celle de la primauté scénaristique, de l’élément déclencheur. Pour les films « Avancée technologique », par exemple, c’est l’introduction de cette technologie qui déclenche l’action. A postériori a aussi été ajouté un code permettant de rendre compte de la place importante qu’avait le trope narratif du complot et du conspirationnisme dans ces films. Pour chaque film, la cellule correspondant au code est remplie si celui-ci contient ce type d’événement. On précise également les acteurs concernés : complot militaro-industriel, politico-militaire ou politico-industriel.

Cette grille de codage prend la forme d’une matrice, qui se compose de trois parties distinctes : 1) Identification :

Cette section joue le rôle d’un répertoire, elle contient le titre du film, l’année, le nom du réalisateur ou de la réalisatrice, le code assigné au film sur le site IMDb, un court résumé du film, son synopsis et le groupe dans laquelle je l’ai classé.

2) Description :

Cette section permet de séparer et décrire les principaux éléments d’intrigue du film afin de créer des repères utiles pour l’analyse. Elle contient le lieu et la date auxquels se situe l’action, ainsi que les descriptions du héros, de l’ennemi, des autres personnages et de l’élément déclencheur.

3) Analyse :

Cette section permet de décomposer le film selon les thèmes et dimensions intéressantes pour l’analyse. Il s’agit des éléments précédemment identifiés : type de gouvernement en place, ambiance générale, antagoniste, institutions présentes, ce qui est désigné comme « autre ». Egalement, les colonnes mots-clés, et commentaires permettent d’avoir un aperçu rapide des thématiques abordées par le film ainsi qu’un espace pour des notes résiduelles. Il s’agit d’une démarche plus interprétative et ces colonnes sont restées malléables, évolutives (comme nous avons pu le voir plus haut avec l’exemple du code complot/conspirationnisme).

Ci-dessous un exemple, non exhaustif, permettant d’avoir une idée de la structure de la grille de codage (voir aussi Annexe 2):

Identification Description Analyse

Titre Réalisateur Nationalité Résumé Lieu, date Héros Ennemi ... Ambiance générale Antagoniste Solutions ...

La grille de codage est un outil essentiel pour relever, organiser et réduire de façon systématique la masse de données à disposition afin de la rendre intelligible pour l’analyse. Inscrits dans la matrice, les cas sont réarrangés par références thématiques et dimensions qui facilitent le repérage de récurrences, la visualisation de patterns et d’associations.