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C. Analyses statistiques des thèmes gravés et comparaison des gravures d’armes

1. Les gravures

Le sens des gravures, c’est-à-dire leur orientation sur la surface de la roche, n’est pas un paramètre que nous avons cherché à vérifier systématiquement.

Deux travaux, l’un portant sur le secteur des Merveilles (Barral, Simone 1991), et l’autre sur le secteur de Fontanalba (Chippindale 1988), ont montré que le sens était une des seules régularités dans la disposition des gravures sur les surfaces gravées.

Pour le secteur des Merveilles, L. Barral et S. Simone ont montré statistiquement que la disposition des gravures vers le haut de la roche a été recherchée plus que la normale ne l’impose (Barral, Simone 1991 p. 139, 140)271.

Pour le secteur de Fontanalba, C. Chippindale remarque que l’orientation normale (± 45° gauche/droite) concerne 80 % des effectifs de chaque population, donc largement au-dessus du seuil du hasard. L’étude des rares cas de disposition anormale montre que la disposition de ces gravures a suivi les contraintes naturelles de la surface (trous, pente,…) ou encore dans des dispositions liées à la présence d’autres gravures (personnages encadrant un attelage et têtes tournées vers ce dernier) (Chippindale 1988 p. 229). Pour C. Chippindale, le sens des gravures est l’une des seules « régularités fortes » dans la disposition des gravures.

D’après nos observations, les Poignards à garde cerclée sont régulièrement représentés avec la pointe de la lame dirigée vers le bas de la roche. Pour savoir si cette tendance pourrait être significative, nous avons étudié le sens de 277 Poignards dont les 9 occurrences ayant une garde cerclée272.

271 L. Barral et S. Simone travaillent sur un contingent de 201 dalles équivalant à 2 327 signes. Parmi ces 201 dalles, 103 ont plus de 50 % de gravures verticales (V+ compris entre N et N ± 15° avec N comme étant le haut de la roche) et/ou obliques (O+ compris entre N ± 15° et N ± 45°). Sur ces 103 dalles, la distribution des signes verticaux suit celle d’une courbe de Poisson avec une probabilité proche de 1 d’avoir un signe vertical. Pour les signes verticaux (V+) on obtient M=1,6 et 2=20,1. Pour les signes verticaux et obliques (V+ et O+) on a M=1,29 et 2=41.

272 La variable « sens de la gravure » n’ayant pas fait l’objet d’un renseignement systématique de notre part, nous nous sommes servis des données enregistrées par T. Serres (2001) dans l’étude des associations (cf. p. 53).

Direction Poignards cerclés Poignards Autres Totaux ↑ vers le haut 4 224 228 ↓ vers le bas 4 22 26 ← vers la gauche 0 9 9 → vers la droite 0 11 11 ? indéterminé 1 2 3 Totaux 9 268 277

Tableau 9. Comparaison des orientations des Poignards à garde cerclée avec le reste des Poignards (d’ap. Serres 2001).

Les Poignards non-cerclés sont à 80 % dirigés la pointe vers le haut de la roche. Les Poignards cerclés sont quant à eux dirigés la pointe vers le bas de la roche pour la moitié d’entre eux. Nous verrons plus loin quelles hypothèses peuvent être tirer de cette observation.

a) Dimensions des thèmes gravés

Les dimensions enregistrées dans la BD « Mont Bego » et reprises dans la BD « Micaschiste » sont généralement correctes, bien que la présence d’attributs pour certaines gravures puisse induire des confusions273. Il a donc fallu mener un certain nombre de

vérifications274. Pour pouvoir effectuer des comparaisons sur les principaux thèmes gravés,

deux possibilités s’offraient à nous : effectuer une série de mesures supplémentaires n’impliquant que la figure principale en dehors de ses attributs, ou bien, ne considérer que les gravures n’ayant pas d’attribut augmentant de manière significative sa taille (typiquement une ligne de cupules supplémentaire). Dans cette partie, cette seconde solution, faute de temps a été choisie. L’étude des dimensions a porté sur leur longueur maximale de gravures (Figure 277) 275.

273 Pour un Personnage tenant une hallebarde, la mesure de la longueur prendra l’ensemble Personnage et hallebarde. Pour une ligne sortant d’une Plage régulière ou d’une Peau, c’est généralement l’ensemble Plage et ligne de cupules, ou Peaux et ligne de cupules, qui sera mesuré. Toutefois nous avons trouvé certains enregistrements où ce n’était pas le cas, et où seule une partie de la gravure avait été mesurée.

274 Dans la BD « Micaschiste », l’utilisation de champs calculés comme « longueur maximale » et les outils de classification par ordre croissant ou décroissant ont permis d’identifier facilement les valeurs extrêmes des dimensions des gravures. Ce sont elles qui ont été vérifiées en priorité.

275 La longueur maximale d’une gravure est la plus grande valeur enregistrée dans l’un de ses deux champs « longueur » ou « largeur ».

Entre les deux principaux secteurs, les Corniformes sont, en moyenne, près de 5 cm plus petits aux Merveilles (= 12,7 cm) qu’à Fontanalba (= 17,5 cm). La présence d’appendices (queues et cou notamment) sur ces derniers en est peut-être le principal facteur. Les Attelages, équitablement représentés dans les deux secteurs, ont en moyenne les mêmes dimensions. Les Poignards sont en moyenne plus grands de 7 cm aux Merveilles (= 21,5 cm) qu’à Fontanalba (= 14,5 cm). Cette différence s’accentue pour les Hallebardes, beaucoup plus grandes aux Merveilles (17 cm de différence entre les Merveilles et Fontanalba). Rappelons que nous étudions ici les Hallebardes isolées. À Fontanalba, celles-ci semblent donc avoir été figurées à l’échelle des Personnages276. Les Haches sont également plus grandes aux Merveilles qu’à

Fontanalba. Toutefois, considérant les difficultés de classification et le petit nombre de ces gravures à Fontanalba (n=7), il est nécessaire relativiser la portée de ce résultat. Les Figures géométriques, bien que recouvrant une grande diversité de formes, apparaissent nettement plus grandes à Fontanalba (=30,2 cm) qu’aux Merveilles (=15,3 cm). Les Réticulés sont en moyenne 11 cm plus grands à Fontanalba qu’aux Merveilles. Ce résultat est confirmé par l’étude de leur superficie (longueur x largeur). Les Personnages de Fontanalba sont en moyenne plus petits que ceux des Merveilles.

Au sein d’un même secteur, on remarque que les Haches isolées sont plus petites que les Poignards malgré la présence d’un manche plus important pour ces premières. À Fontanalba, les Topographies et les Peaux ont des dimensions moyennes approchantes (entre 26 et 28 cm). Pour C. Chippindale, il existe une relation entre la dimension des gravures et la dimension des faces gravées. D’après lui, plus la taille du support gravable est importante, plus la gravure aura tendance à être de grande taille. Toutefois, selon l’avis de cet auteur, ce lien est subordonné à d’autres facteurs dont notamment la qualité de la surface (Chippindale 1988 p. 234 sq.)277. Nous avons pu estimer ces relations dans le cadre d’une régression logistique

(Tableau 95).

Dans les deux principaux secteurs, la relation entre le type des supports (blocs ou affleurements) et la longueur maximale des gravures apparaît très nettement positive : les

276 Nous avons mesuré les dimensions de 27 Personnages portant un instrument (attelages, hallebardes, etc.) dont 9 portent des hallebardes. Les 9 hallebardes tenues par des Personnages font en moyenne 18,3 cm de long. 277 Cette relation entre le support et le signe débuterait d’ailleurs avec la taille des cupules, tendanciellement d’autant plus grandes que la taille finale de la gravure le nécessiterait (Chippindale 1988 p. 79 sq.).

gravures seront tendanciellement plus grandes sur les affleurements278. À l’inverse, la

régression indique que l’aspect n’est pas un facteur explicatif de la taille des gravures279. Cette

corrélation entre la taille des gravures et la taille des supports est un effet prévu par la loi de Poisson (p. 92). Si cette corrélation taille des gravures/taille des supports peut paraître triviale au premier abord, elle va permettre, comme nous le verrons, d’expliquer les regroupements de Hallebardes isolées sur les ciappes du Sorcier et sur les ciappes de Fontanalba.

b) Technologies et superpositions des gravures

La technique de réalisation et les superpositions de gravures n’ont jamais fait l’objet d’une recherche aussi poussée que l’interprétation des thèmes gravés, ce qui peut paraître inhabituel tant l’archéologie s’appuie sur l’étude technique et la chronologie pour ordonner ses objets280.

En fait, le nombre élevé de gravures a conduit les chercheurs vers une « lecture » d’ensemble plutôt qu'une étude précise des modes de réalisation d’une partie seulement des gravures, la question de la représentativité des gravures sélectionnées restant nécessairement subordonnée à la réalisation d’un corpus suffisamment étayé. D’autres difficultés viennent décourager l’étude technologique des gravures : d'une part l’érosion qu’ont subie la plupart d'entre elles, d'autre part les difficultés d’enregistrement et, de fait, de vérification281.

(1) Techniques de réalisation des gravures

Si les gravures piquetées sont conventionnellement attribuées à la Protohistoire, les gravures incisées ou linéaires, exceptées celles qui participent à la construction des gravures piquetées, ont été attribuées aux périodes historiques (Lumley et al.1976, Lumley et al. 1995, entre autres).

278 Pour un échantillon de 1 000 gravures prises sur des blocs et de 1 000 gravures prises sur des affleurements. A titre d’exemple, pour le secteur des Merveilles la longueur moyenne des gravures situées sur des affleurements est de 16 cm, et seulement de 11,1 cm pour les gravures situées sur des blocs.

279 Pour un échantillon de 1 000 gravures prises sur des surfaces lisses et de 1 000 gravures prises sur des surfaces rugueuses. La taille de l’échantillon a été ramenée à 500 pour le secteur de Fontanalba compte-tenu des données manquantes.

280 Chez Lumley et al., l’étude des superpositions tient en quelques lignes à la suite de l’étude des associations, des constructions, et des compositions (Lumley et al. 2003a p. 372, Lumley et al. 2003b p. 304) : les auteurs indiquent que la présence d’un type de superposition pourrait « représenter un mythogramme si elle se répète » (Lumley et al. 2003a p. 582). En ce sens, l’usage fréquent chez Lumley et al. du terme « chevauchant » pour parler de deux gravures se superposant (généralement une arme sur un Réticulé ou un Corniforme) est très significatif de cette vision synchrone des gravures.

281 Le travail de l’équipe de recherche actuelle est essentiellement tourné vers l’amélioration des relevés avec, comme méthode, le traçage du contour des gravures (p. 29). Sur le terrain, cette équipe ne dispose pas des moyens permettant d’enregistrer correctement la technologie des gravures. Si l’utilisation de la photographie permet d’archiver des informations relatives à la morphologie des surfaces gravées, elle ne permet pas de systématiser les mesures (qualitatives ou quantitatives) permettant de les situer les unes par rapport aux autres et d’effectuer un travail statistique. La vérification des superpositions est également rendue difficile par la capacité des photographies à mettre en évidence la superposition de deux types de surfaces gravées distinctes.

Tous les auteurs travaillant sur les gravures se sont interrogés sur leur technique de réalisation. En résulte un grand nombre d’observations, parfois contradictoires, dont les dernières publications de Lumley et al. (2003a, 2003b) rendent bien compte282. Le travail le

plus poussé sur les techniques de réalisation des gravures est celui effectué par L. Mano (1991, 1995a).

Ce dernier a étudié au microscope électronique à balayage (MEB) les empreintes de quelques gravures des zones I, VII - dont la Stèle du Chef de Tribu - VIII, IX et X aux Merveilles, XVI, XVII, XVIII à Fontanalba, et finalement XXI à Sainte-Marie. Un certain nombre de variables ont été renseignées :

-la dispersion des cupules autour de la gravure ; -la typologie des cupules bordant la gravure ; -la morphologie des cupules ;

-la dimension moyenne (ou statistique) des cupules ; -la direction ou l'inclinaison des cupules ;

-la présence d'éventuelles stries de contour.

Le corpus de comparaison a été établi grâce à une série d'expérimentations sur des surfaces identiques à celles gravées sur le site, au moyen d’instruments en pierre, en métal ou en os. Les résultats obtenus par L. Mano montrent que la majeure partie des gravures a été réalisée au moyen d’une percussion directe à l’aide d’un instrument en pierre. Il apparaît également qu’au cours de la réalisation d’une gravure, l’utilisation de l’eau pouvait permettre d’éliminer la poussière et servir de lubrifiant pour l’incision (Mano 1995a p. 31).

(2) Utilisation de la technique de l’incision dans la réalisation de gravures piquetées

Comme il a été dit, la technique de l’incision, produisant des stries, peut se combiner à celle du piquetage dans la réalisation des gravures. Les stries peuvent être liées à la préparation du contour de la gravure ou être des stries de rainurage. Elles ont surtout été relevées sur des pélites. Pour les deux principaux secteurs, ces techniques de gravure ne concernent qu’une faible proportion de gravures (Figure 278 et Figure 279).

282 Cette « cacophonie » est bien résumée par les deux observations suivantes : pour C. Bicknell, « presque toutes les gravures ont été incisées à coups répétés avec un outil à pointe mousse probablement de quartz ou d’une autre pierre dure, non pas par du métal, dont on ne trouve aucune trace » (Bicknell 1913 p. 47). Pour M. Louis et G. Isetti : « les incisions ont été, à peu près toutes, obtenues par les coups répétés d’un instrument à pointe mousse, peut-être en quartz ou en toute autre pierre dure, mais plus vraisemblablement avec un outil de métal » (rapporté dans Mano 1995a p. 29).

Aux Merveilles, très peu de gravures piquetées montrent des stries (n=20). Ces dernières concernent principalement les gravures d’armes (2,2 % des Hallebardes et 0,8 % des Poignards). À elles deux, ces familles représentent plus de la moitié des gravures ayant des stries alors qu’elles ne représentent qu’environ 8 % des gravures figuratives. Parmi les autres thèmes, la proportion de gravures striées reste très faible : Corniformes (n=5), Figure géométrique (n=1), Plages régulière (n=1). Il faut également noter qu’un Personnage sur les dix présents dans ce secteur est en partie strié (non représenté sur la Figure 280) 283.

À Fontanalba, cette technique est plus fréquemment observée (n=49) et concerne principalement les Hallebardes isolées (7,3 %), les Personnages (5,2 %) et les Attelages (2,5 %). Dans ce secteur, environ 37 % des gravures incisées sont des hallebardes (isolées ou tenues par des Personnages). Rapportées au nombre total de Hallebardes isolées (n=456) ou de hallebardes tenues par des Personnages (n=35), les stries caractérisent mieux les hallebardes tenues par des Personnages (environ 17 %) que celles qui sont représentées isolées (environ 4 %).

Il apparaît donc que les hallebardes, et plus particulièrement celles tenues par des Personnages, sont plus étroitement liées à cette technique d’exécution que le reste des gravures.

La carte de répartition des gravures piquetées qui ont des stries montre que ces dernières sont localisées sur la Terrasse des hallebardiers (à Fontanalba) et dans le haut de l’Arpette (aux Merveilles) (Figure 282), à l’instar des hallebardes striées.

Ces observations concordent parfaitement avec les découvertes de gravures entièrement incisées figurant des thèmes identiques aux gravures piquetées : petits poignards incisés de la

Roche de l’anthropomorphe aux bras en zigzag, attelages incisés sur la Roche des attelages linéaires (Saulieu 2001 fig. 28), Hallebarde incisée de la Roche de l’Autel (Lumley et al.,

rapport d’activité 2008, p. 51)284. De plus, N. Bianchi nous a signalé la découverte de

nombreux nouveaux Poignards incisés en zone VIII.

(3) « Styles » des gravures piquetées

Avec le début des recherches initiées par H. de Lumley, les gravures piquetées ont été relevées avec une description technique relative à la morphologie et à la disposition des cupules formant leur surface. Ces différentes variables, forme, taille, disposition, profondeur, etc. ont permis à Lumley et al. d’attribuer chacune des gravures au style A, B, C ou D et à

283 On compte également deux Poignards en partie incisé dans le secteur de Valmasque.

divers sous-styles (Lumley et al.1976 p. 98 sq., Lumley et al. 1995 p. 54, Lumley et al. 2003a p. 573).

Corrélations « styles / chronologie »

Lumley et al. ont « mis en évidence quatre grands styles d’exécution » des gravures, puis ont proposé que ces styles puissent avoir une valeur chronologique. Il était selon eux possible d’établir une « chronologie relative des différents styles, soit A les plus anciens puis B, puis C » (Lumley et al. p. 98 sq.).

Cette hypothèse a d’abord été critiquée par C. Chippindale, qui a commencé par établir que la chronologie des Poignards, déduite des comparaisons avec des modèles archéologiques, ne suivait pas celle des styles telle qu’indiquée par Lumley et al. (Chippindale 1988 p. 76 sq.). C. Chippindale observe ensuite que certains styles de piquetages peuvent se combiner sur une même gravure en fonction du rendu souhaité. Ainsi, pour Fontanalba où se concentrent ses recherches, les cornes d’un Corniforme sont souvent réalisées plus finement que le corps ; de même pour les lames de Hallebardes, plus finement gravées que le manche de l'arme dans huit cas sur dix.

Plus tard, J. Bégin a également critiqué la valeur chronologique des styles (1993). Malgré ces travaux, les styles ont encore été considérés un temps comme pouvant être des indicateurs de la chronologie des gravures (Lumley et al. 1995 p. 59).

L’hypothèse d’une corrélation entre les styles A, B, C et D et une évolution chronologique a définitivement été abandonnée aux vues d’inversions dans des superpositions impliquant des gravures d’un style identifié comme ancien (style A), recouvrant des gravures d’un style considéré comme plus récent (style B ou C)285. De même, Lumley et al. ont reconnu que des

cupules de différents styles pouvaient participer à la réalisation d’une même gravure286

(Lumley et al. 2003a p. 582).

Corrélations « styles / thèmes gravés »

Dernièrement, Lumley et al. concluaient qu’aucun style ne pouvait être attribué à un type de gravure en particulier, hormis les corniformes de Fontanalba, caractérisé par le style A (Lumley et al. 2003a p. 582). Pour ce secteur, C. Chippindale note bien des différences dans les cupules composant différents thèmes gravés, mais les attribue à une série de facteurs qui

285 C’est par exemple le cas pour la Roche rouge, sur laquelle T. Serres note que les Corniformes de style A recouvrent des Figures à franges de styles B et C (Serres 2001 p. 435).

286 La Hallebarde (fig. 9) du Dos de Baleine présente une lame de style A et un manche de style B1 (Lumley et

ne sont pas exclusivement liés au thème représenté : nature géologique du support, dimension finale de la gravure ou d’une composante particulière de la gravure (corne, manche, etc.). Après échantillonnage de 175 corniformes pour lesquels il existe différents types de cupules, l’auteur observe que dans la quasi-totalité des cas, les cornes sont figurées par des cupules plus petites que celles composant le corps. Le choix des cupules semble donc bien reposer sur l’aspect final de la gravure (Chippindale 1988 p. 77 sq.).

Corrélations « styles / natures géologiques des supports »

C. Chippindale avait estimé que la nature géologique pouvait faire varier la typologie des styles. J. Bégin parvient aux mêmes conclusions en établissant que la forme des cupules dépend étroitement des caractéristiques du support (Bégin 1993 p. 66).

Types

de cupules Description des cupules Nature géologique du support cupules

rondes En forme de bol, elles proviennent certainement d’une usure par rotation Roches à grain fin mais à schistosité peu marquée

cupules subarrondies

La taille des cupules est grande (de 3 à 6 mm), le fond présente plusieurs impacts : elles doivent résulter de la fusion de plusieurs petites cupules, ou ont été réalisées par plusieurs chocs complémentaires

Supports moins sélectifs

cupules irrégulières

La réalisation de la cupule a fait éclater la (les) pellicule(s) de surface, d’où la tendance « étoilée »

Schiste (la gravure entame de nombreux

feuillets de la roche)

cupules allongées

Celles aux bords irréguliers résultent de la coalescence de plusieurs cupules rondes (ou plusieurs coups alignés resserrés). D’autres (plus rares), régulières, qui présentent une profondeur progressive d’une extrémité à l’autre, ont dû être obtenues par l’utilisation d’un outil tenu en biais

-

cupules aux formes variées

Triangulaires, cordiformes, etc. Obtenues par percussion directe, leur forme est strictement liée à

celle de l’outil -

Tableau 10. Corrélations entre la morphologie des cupules et la nature géologique du support (d’ap. Bégin 1993).

La technologie des gravures est une information difficilement exploitable sans l’établissement d’un nouveau protocole d’enregistrement. L’exploitation des données déjà renseignées dans les bases de données « Mont Bego » et « Micaschiste » doit passer par une vérification au moins partielle. Vérifications que nous n’avons pas eues le temps de réaliser.

(4) Superpositions de gravures

Notre travail, essentiellement axé vers l’étude quantitative des thèmes gravés, ne nous a pas permis d’approfondir l’étude technologique des gravures. Cependant, nous avons tâché de renseigner systématiquement les superpositions de gravures.

Comme le note C. Chippindale, si on peut facilement observer que deux gravures sont adjacentes, l’identification de celle qui se superpose à l’autre est rendue difficile par l’érosion des surfaces gravées. Selon lui, sans une analyse individuelle des caractéristiques morphologiques des cupules impliquées dans des superpositions et un bon état de conservation de la roche, il n’est pas possible d'établir des conclusions sur la chronologie relative des gravures, particulièrement en ce qui concerne le secteur de Fontanalba (Chippindale 1988 p. 87). C. Bicknell, auparavant, n’avait fait d’ailleurs état que d’un exemple de superposition (Bicknell 1913 p. 76)287.

Quand elles ont servi, les superpositions ont donné parfois des indications chronologiques différentes. Selon nous, le meilleur exemple serait celui de la Roche du faux Sorcier (Figure