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Comme toutes les entreprises, l’organisme Les Fourchettes de l’espoir a une structure administrative qui soutient son développement et assure le respect de sa mission. Cette structure de gouvernance est au centre des décisions prises au sein de l’organisation. Sa gouverne s’appuie autant sur ses principaux dirigeants que sur les usagers.

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4.2.1 La structure

La gouvernance de l’organisation Les Fourchettes de l’espoir est à la fois hiérarchique et concertée. Le conseil d’administration est composé de sept membres Les rôles et les fonctions sont clairement définis avec au conseil d’administration un président, deux administrateurs, une secrétaire trésorière-citoyenne, la directrice générale, un représentant des employés et une administratrice-citoyenne, l’organisme fonctionne de manière hiérarchique.

La structure administrative de l’organisme est composée de personnes ayant des origines socioprofessionnelles diversifiées: «[…] on a des personnes qui vient de milieu communautaire, qui vient de milieu éducatif, qui vient du milieu privé…» (Entrevue 1, avec une responsable administrative). La présidente, Caroline Boucher, est issue du milieu éducatif. Le vice-président et administrateur, Roger Renaud provient du milieu privé; Emilio Panetta, le second administrateur, provient du milieu sociocommunautaire. Le poste de secrétaire trésorière- citoyenne est occupé par une citoyenne du quartier. La directrice générale, Brunilda Reyes, occupant cette fonction depuis la création de l’organisme, est celle qui joue le rôle le plus important au sein de l’organisation (Entrevue 12, avec un responsable du milieu institutionnel). Les employés ont aussi leur représentant au conseil. Ils sont représentés par Jean-Pierre Richard. Celui-ci s’occupe des tâches administratives. Chantal Chelner, une citoyenne, occupe la fonction d’administratrice au sein du conseil d’administration.

Outre la directrice, les activités quotidiennes de l’organisation sont assurées par la coordonnatrice: «Et puis on a une coordonnatrice pour la coordination de toutes les activités, [elle] est quand même très, très ancienne ici. Ça fait 7-8 ans qu’elle est là», nous dit une interviewée (entrevue 1, avec une responsable administrative). Outre la coordination des activités, elle est également responsable de la réinsertion sociale

des détenus et des jeunes contrevenants à qui l’organisme Les Fourchettes de l’espoir offre l’opportunité d’effectuer des travaux compensatoires au sein de l’organisation.

4.2.2 La prise de décisions

En matière de prise de décisions, c’est le conseil d’administration qui joue le rôle le plus important au sein de l’organisation. La directrice ou la présidente ne sont pas les seules à décider des actions et des stratégies à adopter dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Aucune décision concernant les suivis de la gestion financière et administrative de l’entreprise n’est prise sans la consultation au préalable du conseil d’administration (Les Fourchettes de l’espoir, 2011). En fait, il ne s’agit pas uniquement d’une consultation, affirme notre interviewée, puisque «on s’assoit, on discute, on dit la situation est telle, la chose est telle, on veut faire ça, qu’est-ce que vous pensez ? C’est plus un genre d’échange qui se fait. Et puis, mais on peut te dire on fait rien rien sans demander à notre C.A.» (Entrevue 1, avec une responsable administrative). Il faut donc lui rendre compte des activités qui sont effectuées dans l’organisation parce qu’il s’agit d’une instance de gouvernance qui a les compétences requises pour diriger Les Fourchettes. En ce sens, la directrice: «[…] est allée chercher des personnes qui pouvaient faire avancer la mission de l’organisation […]» (Entrevue 4, avec une organisation du milieu institutionnel). Même si les postes et les fonctions sont bien définis, des décisions peuvent être prises par d’autres membres différents de la présidente ou la directrice.

Les décisions concernant Les Fourchettes de l’espoir sont aussi prises en assemblée générale (Entrevue 1, avec une responsable administrative). Elle se tient une fois par année au mois de juin. L’assemblée générale est l’occasion pour l’organisme d’établir le bilan des activités de l’année écoulée, mais aussi de celui de

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son état financier. Les individus sont invités à y participer et à émettre leurs opinions sur leurs besoins et ceux de la collectivité ainsi que sur le développement de l’organisation. Ceci amène à dire qu’en matière de prise de décision, l’organisation a un mode de fonctionnement hybride, c’est-à-dire à la fois hiérarchique et décentralisé.

4.2.3 La participation des populations locales

Nous avons vu qu’au sein des Fourchettes de l’espoir, la participation de la population locale est formalisée, puisque un poste de citoyen, celui de trésorier, lui est réservé. À travers ce poste, mis à la disponibilité des citoyens, ce que recherche l’organisme est un moyen qui lui permette de recueillir les réactions des citoyens de l’arrondissement. À ce titre, les résidents seraient actifs tant au sein du conseil d’administration que pendant les assemblées générales (Entrevue 1, avec une responsable administrative). Cependant, selon une répondante, ce poste n’est pas suffisant pour permettre une véritable participation citoyenne (Entrevue 14, avec une usagère). Selon elle, les opinions des résidents ne sont pas considérées à leur juste valeur, ce qui expliquerait leur faible participation.

Il semblerait aussi que la cause de la faible participation des citoyens de Montréal-Nord serait due à leur peur de la stigmatisation: «Quand qu’on fait l’assemblée générale, bon on fait des annonces dans les journaux, ces choses-là mais le monde, je pense qu’ils ont peur de se faire étiqueter qu’ils sont pauvres» (Entrevue 2, avec une intervenante). C’est pourquoi l’organisme adopte des stratégies comme des déjeuners-causeries afin d’inciter les personnes à participer et à partager leurs opinions avec l’organisation. Ces stratégies ne donnent pas les résultats escomptés puisque, souvent, dans une rencontre citoyenne, seules deux personnes se présentent, ce qui entraîne l’annulation de la réunion. Pourtant, en tant qu’individus, ils ont un

réel pouvoir de décisions sur les sujets et les projets qui les concernent et c’est en participant à la gestion de l’organisation qu’ils peuvent mieux l’exercer (Entrevue 15, avec un organisme partenaire). Cependant, les citoyens trouvent d’autres moyens de faire connaître leurs besoins à l’organisme. L’un de ces moyens est le bouche-à- oreille:

Ben par exemple, il y a une personne qui vient me dire ‘‘Tu sais là, j’ai eu un tas de difficultés aujourd’hui. Puis, vous aviez pas ça, fait que si la semaine prochaine, vous avez ça, si c’est possible, ça serait super cool. Fait que moi, j’ai eu les commentaires, je passe ça à mon supérieur: ‘‘Regarde il y a une personne qui m’a dit ça aujourd’hui, je ne sais pas si on serait capables, je ne sais pas si on a les ressources ou bien je ne sais pas si c’est faisable, mais j’ai un commentaire comme ça qu’est-ce que t’en dit ?’’ (Entrevue 1, avec une responsable administrative).

Donc, si les citoyens sont représentés de manière formelle au conseil d’administration, ils participent peu aux assemblées générales et aux soupers- causeries. Au moyen de bouche-à-oreille, cependant, ils transmettent leurs revendications et leurs besoins à l’organisation.