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A la gorge, on note une poussée congestive intense, accompagnée

d'hypertrophie desamygdales.

Observation II.

PauleG..., vingt-deux ans, estincarcérée à

l'hôpital Saint-Jean, le

5 mars 1899, pour une «érosion suspecte» siégeant au

niveau de la

grande lèvre droite.

Lisse, vernissée,régulière de bords, s'accompagnant

d'œdème dilTus

de lagrande lèvresurlaquelle elle repose, ellen'est le siège

d'aucune

réaction douloureuse.

Quelquespetits ganglions inguinaux des deux côtés

roulant

sous

le

doigt.

Un peuau-dessous, trois petites vésicules d'herpès, très nettes.

Les antécédents de la malade sont peuintéressants;la mèrevitencore

enbonnesanté, le père estmortde pneumonie.

Apartquelquespertes blanches qui précèdent ses règles,

la malade

nie toute maladie; à l'examen attentif, cependant, on décèle une

uréthrite.

Le diagnosticétait hésitant. Était-ce une plaque d'herpès comme on

envoittant, irritée pardescaustiques? était-ceun chancre

induré?

Ilestvraiqu'en pressant la lésion, on en faisait sourdre un peu

de

liquidecitrin, maisen trèspetite quantité.

Onportanéanmoins, vu le manquede suppuration, vu son caractère aprurigineux, la présencede l'adénite bi-latérale indolore, le

diagnostic

de chancre induré.

L'ulcération avait débuté il y avait environ quatre jours, nous

dit la

patiente. A l'examende la gorge, noustrouvâmes une rougeur nette de

1arrière-cavité buccale, rougeur qui resta stationnaire pendant toute

l'évolutiondel'ulcération, qui jamais ne suppura et guérit en laissant

après elleuneinduration parcheminée.

La malade, ne présentant pas d'autre accident, futexeatée, porteuse

encore de son énanthème bucco-pharyngé,dont ilnous a été

impossible

ainsi de suivretoutel'évolution.

Le 1er juin,arrêtée de nouveau,elle revenait à l'hôpital municipal,

porteuse de deux plaques sur les amygdales et niant toute

ulcération

autreque cellequenousavions vue.

Uest à noterque, vul'incertitudedudiagnostic, on n'avait pas pres¬

crit demercure à cette malade.

Observation III.

D. M..., vingt-sept ans, employé de commerce, vientà laconsultation le 7janvier1899; il porteuneulcération à la partie inférieuredu four¬

reau de la verge, presque à la limite supérieuredu prépuce,ulcération de la taille d'unepièce de 50 centimes, déterminantun œdème considé¬

rable de la verge. Cette ulcération suinte peu; elle est d'un rougemal¬

heureux, le fondassez lisseest unpeu surélevé, les bords sont un peu taillés à pic,on trouve de l'adénite bi-latéraleavec ungangliondeRicord àgauche.

Le malade nous racontequ'à dix-huit ans, il a eu des écorchuresqui

ont guéri au bout d'une quinzaine de jours, qu'elles ne l'ont pas fait beaucoup souffrir, qu'il aété soigné parun médecin qui lui a conseillé l'emploi du vin aromatique. Depuis cette époque, à part une blen¬

norragie chronique qu'il traîne depuis l'âgede vingt-trois ans,il n'au¬

rait jamais été malade. Le malade, en outre, était sujet fréquemment

aux maux de tète; il a perdu pas mal deses cheveux, maisne présente cependant pas d'alopécie en clairière nette. En présence de ces symp¬

tômes, et ne retrouvant rien sur son corps qui puisseêtreun indice, le diagnosticétait hésitant entreun chancre induréet une gomme.

A l'examen de lagorge, nous retrouvâmes de l'énanthème localiséau

voile du palais et au pharynx.

Ce symptôme leva nos doutes et nous diagnostiquâmes un chancre induré.

Nous devons ajouter que le malade, fumeur enragé, n'avait pas renoncé à ses habitudesinvétérées, et que certainement le tabac devait

être pourquelque chose dansl'énanthème que nous observions.

Après un traitement de trois semaines, traitement constitué par du sirop de Gibert àl'intérieur et de l'onguent napolitain mis discrètement

sur salésion, lemaladevit son exulcération se cicatriser complètement.

Quantà l'énanthème, quoique le malade n'ait jamais cessé de fumer,

il disparutaubout de dixjours.

Ce malade est revenu dans ces derniers temps à l'hôpital, porteurde plaques muqueusesaux lèvres.

Observation IV.

T. M..., charpentier, quarante-deux ans, vient le 2 août àlaconsul¬

tation; il présentesurle fourreaudeux ulcérations de lasuperficie dune pièce de dix sous environ; pléiade ganglionnaire bilatérale indolente

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roulant sous le doigt,induration typique des ulcérations; apparition de

cesdernièresseizejoursaprès un coït suspect; il n'y a pas d'hésitation possible: on a bien affaire à deux chancres indurés.

On examine la

gorge,eton trouveunénanthème localisé à la partie inférieure du

voile

dupalais, auvestibule etau pharynx. On prescrit des pansements

anti¬

septiques sur les chancres. Le malade revient sept jours après, le

9.

Lesulcérations vont beaucoup mieux, l'énanthème n'a pas disparu.

Le 14, il revient àlaconsultation : les chancres sont en pleine cicatri¬

sation,l'énanthèmen'existe plus. Le 41 septembre, le malade revient à l'hôpital,porteur d'une roséoleet d'une poussée congestivesurla gorge.

On institue le traitementclassique.

Observation V.

Le 11 janvier, A. R... se présente à l'admission. Il porteà gauche,

dans le sillon balano-préputial, une exulcération elliptique suppurant

peuetindurée. Elle s'estconstituée, nous dit le malade, depuis quatre jours,etseraitapparuedix-huiljoursaprèsuncoïtsurla natureduquel

le malade nous déclare classiquement qu'il n'avait aucun doute. Nous

n'enlevons pas ses illusionsau malade, et nous constatons une adénite

bilatérale inguinale, un ganglion de Ricord typique. A l'examen de la

gorge,nouslatrouvons rouge,maislalangueest légèrementsale. Admis

à l'hôpitaldès lelendemain, nous le purgeonsavec40 grammes de sul¬

fate de magnésie. Le surlendemain, la langue s'est nettoyée, mais

l'énanthèmeapersisté. Danslesquinze joursqui suivent, nousassistons

alarégrèssionduchancre et de l'énanthème; au dix-septième jour, le chancre estcicatriséetl'énanthème n'estplusappréciable. (Ilestà noter

quecemaladene fumait pas.)

Observation VI.

Joseph X..., vingt-huit ans, préparateur à l'Université, nous est adressé parun camarade commun. Ce jeunehommeestporteurdune exulcérationsur le limbe du prépuce. Cetteexulcération s'étend surtout

surlapartie muqueuse;elleestde lataille d'un pois tout au plus et est

apparue il y a déjà douze jours. Quant à la date du coïtinfectieux, le

malade ne peut nous donner aucun renseignement. Il nous dit, en outre, avoir cautérisé cette ulcération au nitratel'avant-veille; adénite

^•inguinale indolente. Nous examinons sa gorge et nous trouvons de

1énanthème; nousportons le diagnosticde chancre induré.Septouhuit

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joursaprèslemaladerevient. Sonexulcérationestcicatrisée,l'énanthème

a disparu; deuxmois après seulementnous avons revule malade, por¬

teur de plaques muqueuses. La roséole a passé inaperçue. Ce malade fumait.

Observation VII.

P. G..., manœuvre et surtout ivrogne de profession, âgé de trente-quatre ans, ayant déjà fait deux séjoursà l'hôpital Saint-Jean, pourdes chancres nrious une première fois et une blennorragie compliquée de cystite laseconde.

Il revientau mois demars et nous présente, au niveau de l'ombilic,

uneulcération arrondie suintant assez peuet qui,nousdit le malade,ne veut pas guérir. En même tempsilestcourbaturé, surtout la nuit; mais,

commeil nous le fait remarquer, sonulcérationest absolumentindolore, elle le gène pour boutonner ses pantalons. Nous trouvons, à l'examen

de la gorge, un énanthème qui nous met sur lavoie dudiagnostic, eten

interrogeant lemaladecelui-ci nous racontequ'il aachetéd'occasionune

paire de pantalons. Il se sert deces pantalons pour travailler sur les quais, etlorsqu'il travaille il enlève son pantalon quiportedirectement

sur la peau. La boucle dupantalon l'aécorché. Sansadmettrecette étio-logie, plutôt fantaisiste, nous demandons au malade l'emploi deson temps pendantles nuits qui ont précédé l'apparitio.n de son ulcération.

Régulièrement, notre malade passait ses nuits dans les basquartiers.

Quela boucledupantalon aitété lacausedel'éraflure,nousl'admettons;

maisqu'elle ait contagionné notre manœuvre, nous ne le croyons pas;

pournous, l'individua contractésa syphilisavec une femme. Quoiqu'il

ensoit, le malade est admis à l'hôpital et, au bout d'une huitaine de jours, le chancre arrive à cicatrisation. A ce moment-là,l'énanthème a

disparu. Le malade sort guéri, et revint sept semaines après avec des plaques muqueusesmultipleset énormes, étant fumeurincorrigible.

Observation VIII.

G. S..., quarante-quatre ans, vient à la consultation porteur d'un

chancre dans le sillon balano-préputialdroit, presque au niveaude

la

fossette du frein. Cette ulcération, allongée, fortement indurée, estbien caractéristique: c'estbien àun chancre induré que l'ona affaire. Il

est

environ au sixième jour de son évolution. En examinant lagorge, on

trouve de l'énanthème du voile du palais et du pharynx. Nous avons

suivi ce malade pendant quatorze jours, au bout desquels le chancre

étantcicatrisé etl'énanthème disparu, il quittel'hôpital.

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Observation IX.

H. G..., cinquante-sept ans, employé,

vient

à

la consultation le

5septembre, etil nousmontre une verge en «

battant de cloche

».

La

suppurationqui s'écoule du prépuce esttrès peu

abondante. C'est plutôt

de la sérosité. Aupalper,on observe uneinduration

ligneuse

au

niveau

du frein, induration assez peu douloureuse; la verge est assez peu

tuméfiée, on ne peut faire sourdre auchn liquide par

le

méat.

Adénite

bi-inguinale en chapelet, indolente. Au niveau de la gorge,

congestion

légère; ilestimpossible de fairedécalotter le malade.

Du reste,le malade nous dit qu'il estainsidepuis huitjours, et que

peu de temps auparavant il avait une petite

ulcération

au

niveau du

frein; maiscomme ellene lui faisaitpas mal, il n'yapasprêté attention.

Huitjours après, l'œdèmede la verge a bien diminué; le

malade

com¬

mence àpouvoir retirer son prépuce un peu en arrière ;

l'énanthème

bucco-pharyngé adisparu, l'induration persiste.

Nous avons suivi ce malade, etles accidents secondaires que nous

avonsobservéssont venusjustifier notre diagnostici

Vu BON À IMPRIMER :

Le Président de la thèse,

ARNOZAN.

Vu:

LeDoyen, B. de NABIAS.

VU ET PERMIS DIMPRIMER :

Bordeaux, le 7juillet1899 Le Recteurdel'Académie,

Gaston BIZOS.

Bordeaux. Imprimerie G.Gounouilhou, rueGuiraude, 11.

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