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A ce jour, aucun insecticide n’est homologué en France vis-à-vis des ravageurs du sol sur gazons de graminées. La principale difficulté dans la gestion sanitaire est que bien souvent les gestionnaires attendent d’avoir vu les dégâts pour intervenir alors que l’on se situe à des stades avancés de la biologie du ravageur. Lors de l’utilisation des nématodes entomopathogènes il est donc primordial de connaitre les espèces de ravageurs auxquelles on est confrontées ainsi que leur biologie pour pouvoir intervenir au bon moment.

L’IMPORTANCE DES CONDITIONS D’APPLICATION

Outre la date d’application qui conditionne l’efficacité des nématodes en fonction du stade biologique des ravageurs ( Peters et Vlug, 2005), d’autres facteurs rentrent en compte :

Structure et texture du sol :

Une unité de recherche américaine (Cornell university) a travaillé sur l’influence de la structure du sol (densité volumétrique et porosité) et sa texture (terreau sableux, terreau, terreau limoneux) (Portillo-Aguillar et al., 1999). Pour ce faire des larves de Galleria mellonella ont été positionnées à différentes distance et dans différents type de sol pour évaluer la capacité de déplacement de 3 espèces de nématodes dans le sol : H. bacteriophora, S. carpocapsae, S. glaseri ; leur capacité à parasiter et se reproduire, et leur persistance dans le sol. Les résultats sont que plus la densité volumétrique est élevée moins le parasitisme est bon. En effet, on considère que le mouvement des nématodes est rendu optimal si la porosité correspond au diamètre des nématodes. Néanmoins, la structure du sol n’influence pas beaucoup le déplacement de S. carpocapsae qui a tendance à se mouvoir plutôt en surface que dans le profil de sol et à attendre sa proie. Ainsi, les mouvements sont facilités et le parasitisme augmente dans une texture plus sableuse. En revanche dans un sol de densité volumétrique importante (ex : sol argilo-limoneux), la

persistance est meilleure car les nématodes restant localisés dans un même endroit. La compaction joue donc un rôle important aussi.

Dans ces conditions, il est donc primordial d’appliquer les nématodes tôt en saison avant que la compaction en soit trop importante ou bien que les nématodes soient apportés au plus prêt de leurs cibles dans le sol pour s’affranchir au maximum de ces contraintes.

Conditions d’humidité du sol :

Dans ces travaux sur l’impact de l’humidité du sol sur la virulence des nématodes, Grant en 2003 montre le taux d’humidité de sol nécessaire à une bonne virulence des nématodes et leur capacité à la restaurer en réhydratant le sol. L’humidité du sol est primordiale pour la survie des nématodes et un film d’eau permet leur déplacement. Par comparaison, avec une humidité de sol de 14%, on observe un parasitisme de 100% jusqu’à la 4ème semaine d’inoculation des larves de G. mellonella ; alors qu’à une humidité de sol de 5%, elle est seulement de 40% sur la 2ème semaine, puis décline rapidement. Par ailleurs, c’est à des humidités de sol élevées que l’on observe le plus un impact dépréciatif de la température de sol sur la virulence des nématodes. Ainsi, à 30°C et une humidité de sol de 15% le parasitisme en 5 semaines chute de 80% alors qu’il ne chute que de 20% à 20°C.

Au vu de ces résultats, il apparait donc nécessaire de prévoir une application des nématodes sur sol humide mais surtout de maintenir cette humidité dans les semaines qui suivent l’application.

Les facteurs abiotiques pouvant influer sur la densité de nématodes :

Une étude menée en Ohio (USA) en 2006 sur 19 golfs, a montré l’influence de la gestion différenciée de 3 zones du golf (green, fairways, rough) sur l’occurrence naturelle de nématodes entomomopathogènes (Alumai, 2006). Ces 3 zones se distinguent pas les caractéristiques suivantes : 1) Green : insecticides fréquents, apports de fertilisants fréquents, irrigation régulière, tonte entre 2,5 et 5 mm, 2) Fairways : insecticides et apport de fertilisants moins fréquents, tonte entre 8 et 20 mm, 3) Rough : pas de fertilisation ni irrigation, tonte entre 1.3 et 10 cm.

Des nématodes entomopathogènes de 3 espèces : S. carpocapsae, H. bacteriophora et S. glaseri, ont été retrouvés sur 42.9% des fairways de golfs échantillonnés et 57.1% des rough contre 0% des greens. Or, le taux moyen de matière organique était plus élevé sur les fairways et rough que sur les greens. De plus, le pH moyen, taux moyen de calcium et phosphore étaient plus élevés sur les greens que les fairways et rough. Aucune corrélation n’a pu être mise en lumière entre l’âge du terrain de golf et la présence de nématodes. Il semble que finalement la présence des nématodes soit plus particulièrement liée à un sol riche en sable, phosphore et potassium et un pH faible, de même qu’un taux de magnésium, calcium et une présence de limon faible. La structure du sol et ses caractéristiques physico- chimiques sont des paramètres importants dans la présence naturelle de nématodes auxiliaires. Plusieurs auteurs rapportent aussi l’effet négatif des fertilisants (Shapiro et al., 1996 ; Bednarek et Gaugler, 1997) qui réduisent le potentiel infectieux et la virulence des nématodes.

Tous ces éléments sont donc à prendre en considération pour une utilisation optimisée des nématodes. Il est donc déconseillé de mélanger les nématodes à une application de fertilisants et de procéder à une gestion raisonnée global des greens afin d’en optimiser l’efficacité. De plus, devant l’absence de persistance des nématodes dans de telles conditions, il est primordial de bien cibler les stades du ravageur pour intervenir, ainsi que de répéter les applications chaque année.