• Aucun résultat trouvé

Gestion des médicaments à l’officine

a. Gestion des stocks des médicaments dits courants

La gestion des stocks est un enjeu majeur pour l’économie de l’officine. En effet, le sur stockage peut mettre à mal la trésorerie tandis qu’une rupture d’approvisionnement des médicaments a une conséquence directe pour le patient et la gestion de sa pathologie.

Grâce aux différents logiciels proposés aux pharmaciens tels que WinPharma, Leo ou LGPI, il devient de plus en plus facile de gérer les stocks théoriques. En effet, pour un médicament donné, le pharmacien peut décider de définir un stock minimal et un stock maximal. Grâce aux analyses statistiques fournies par ces logiciels, ces valeurs peuvent être modifiées à tout moment pour s’ajuster au mieux à la consommation réelle des patients. Ce système permet à la fois de répondre aux besoins des patients et d’éviter d’avoir des stocks trop importants.

Cependant, dans le contexte actuel de tension d’approvisionnement, ces stocks théoriques diffèrent de plus en plus des stocks réels de l’officine. Le pharmacien d’officine doit quotidiennement rechercher des solutions alternatives afin de répondre aux besoins des patients. Malgré les différents moyens mis en place, il devient difficile de trouver de nouvelles solutions pour certains médicaments.

b. Gestion des stocks des médicaments couteux

Dispensation initiale

En ce qui concerne la prise en charge d’un patient cancéreux traité avec une chimiothérapie orale, la gestion des stocks est différente d’une officine à une autre. En effet, à cause de leur coût élevé, le médicament inscrit sur l’ordonnance du patient est rarement en stock, à l’exception des anti-estrogènes.

Une enquête a été conduite auprès d’ une vingtaine de pharmaciens afin d’avoir un aperçu des différentes façons de procéder. Il en ressort trois principales :

- Après le passage du patient : l’ordonnance est tarifiée et le produit est commandé en même temps. Le patient revient chercher son traitement a posteriori avec un bon de « promis ». Cette méthode est avantageuse pour l’officine car le médicament est commandé et payé par l’assurance maladie de façon quasi-instantanée. Cependant, le patient est obligé de se déplacer une deuxième fois.

- Après tarification de l’ordonnance envoyée par l’hôpital ou le patient : cette méthode est avantageuse aussi bien pour le patient qui ne se déplace qu’une seule fois que pour l’officine qui peut commander le produit et être remboursée dans la foulée.

- Après appel du patient ou de l’hôpital : dans ce cas-là, l’officine commande le

traitement mais ne pourra être remboursée par l’assurance maladie qu’après passage

du patient avec son ordonnance et sa carte vitale. D’autre part, si le patient décide finalement de se procurer son traitement dans une autre officine ou que le protocole de chimiothérapie est modifié, l’officine doit pouvoir renvoyer le médicament à son grossiste. Ce dernier ne reprend des médicaments que sous certaines conditions convenues avec l’officine. Dans tous les cas, les produits

appartenant à la chaine du froid ne sont pas repris. Pour les autres médicaments, il y a un

délai à respecter qui diffère selon les grossistes.

Renouvellements des ordonnances

Si le patient doit prendre son traitement pendant plusieurs mois, il est possible de commander le produit à une date décidée par le pharmacien puis de faire en sorte que ce produit se recommande sous trois ou quatre semaines. Ce système est proposé en général aux patients réguliers de l’officine car il faut être certain que le patient viendra prendre son traitement. Cependant, en cas de modification de traitement ou autre imprévu, il faut s’assurer auprès des grossistes qu’il est encore possible de renvoyer le produit non délivré et non utilisable pour un autre patient.

2. Vers une possible remise en question de la gestion des anticancéreux à l’officine : l’arrivée de la sérialisation

(136)(137)(138)(139)

La sérialisation ou « traçabilité à la boite » est mise en place depuis février 2019. Ce système permet d’assurer une sécurité supplémentaire à la chaine du médicament. En effet, la sérialisation donne à chaque médicament un identifiant unique codé dans le DataMatrix. Celui-ci comprend le numéro de série, le code CIP, le numéro de lot et la DLU. D’autre part, toutes les boîtes seront pourvues d’un dispositif d’inviolabilité.

Au moment de la délivrance du médicament à l’officine, la sérialisation impose deux nouvelles opérations :

- Le pharmacien doit s’assurer que la boite de médicament est inviolée. - En scannant le DataMatrix, l’identifiant unique est désactivé.

Cette traçabilité à la boite permet donc de garantir l’intégrité du médicament.

Cependant, cela implique une remise en question des stocks à l’officine. En effet, si le pharmacien commande une boite d’un médicament anticancéreux pour l’un de ses patients : pourra-t-il toujours la facturer sans l’avoir physiquement en mains ? Pour le moment, cela ne semble pas encore poser de problème. Mais, en théorie, l’identifiant unique étant désactivé lors de la délivrance, au moment où la boite est scannée, il ne serait plus possible de tarifier un produit « promis ».

Dans ce cas, le pharmacien peut mettre en place quelques systèmes pour éviter de mettre à mal la prise en charge de son patient et sa trésorerie. Parmi eux, on retrouve ceux cités précédemment :

- Commande après appel ou mail puis tarification à la réception du produit - Commande programmée via les logiciels pharmaceutiques.

B. Les outils à disposition des professionnels de santé pour assurer une