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1 . Les typologies de jardins

4. Gestion administrative et gestion de l’humain

a) La gestion : un élément essentiel à la pérennité d’un jardin

Le gestionnaire joue un rôle crucial pour le bon fonctionnement du jardin. S’il n’est pas le porteur lui-même, il est missionné par ce dernier. Il doit pouvoir être polyvalent pour gérer le jardin sur le plan technique, administratif, financier et social. Le choix de son statut est décisif pour mener le projet à bien. Son statut peut évoluer dans le temps en fonction des évolutions du jardin.

À La Réunion, la plupart des jardins sont gérés par une association gestionnaire (Figure 14).

Celle-ci est missionnée pour ces compétences par le porteur de projet et ne compte pas forcément d’habitants dans son équipe. Le reste se partage entre associations d’habitants, communes/régions et collectifs.

Figure 14 : Répartition des différents types de gestionnaires à partir des résultats de l’étude menée par le CAUE sur un échantillon de 40 jardins

La majorité des bailleurs fait appel à un prestataire ou une association pour gérer le jardin dans un premier temps et accompagner les habitants. L’objectif dans la plupart des cas est que l’association gestionnaire se retire pour laisser place à une association d’habitants autonomes.

Aujourd’hui, très peu de jardins ont réalisé cette passation mais les retours d’expériences de Métropole montrent que cela se passe généralement difficilement et qu’il est très important d’avoir des personnes “moteurs” pour maintenir la dynamique. Il faut que ce processus d’accompagnement dure suffisamment longtemps pour permettre aux jardiniers d’être les plus autonomes possibles.

La gestion financière du projet est très importante et c’est souvent la partie la plus difficile à gérer notamment lorsque le porteur de projet n’a pas l'habitude de traiter ces aspects là. Le porteur de projet se doit de bien anticiper les coûts de fonctionnement et d’investissement sur

le long terme. Il doit savoir trouver les fonds nécessaires via des appels à projets, des subventions, des ventes de prestations etc. Une participation financière (env 7 euros) est généralement demandée aux jardiniers permettant de couvrir les dépenses en eau. Le budget varie en fonction des caractéristiques des jardins et de leurs objectifs. Dans certains jardins, les coûts sont rationalisés car les jardiniers fabriquent eux-mêmes les équipements, utilisent des matériaux de récupérations etc.

b) L’animation

De nombreux jardins proposent des activités, des formations etc. L’animation est l’un des rôles du gestionnaire qui peut ponctuellement s’appuyer sur des intervenants extérieurs. Elle apparaît comme un levier essentiel au bon développement d’un jardin. En effet, la gestion de l’humain apparaît tout aussi importante que la gestion du lieu. L’animateur a un rôle essentiel au sein du jardin et permet de créer une certaine dynamique. Il a un rôle de médiateur, de personne ressource, il permet notamment d’aider les jardiniers à cultiver et entretenir le jardin et propose des animations (plantations, reconnaissance d’essences, etc.)

Les retours d'expériences ont montré qu’il existe plusieurs formes d’animations et plusieurs façons d’impliquer un animateur. L’animateur peut être salarié d’une collectivité ou d’une association, ou un membre bénévole d’un collectif ou association gestionnaire. L’animation peut fonctionner au début sur le mode du bénévolat. Toutefois, l’expérience à La Réunion, montre que celle-ci s’essouffle au bout de quelques années par manque de reconnaissance pour un poste chronophage et complexe. Trouver des fonds pour prendre en charge le salaire d’un animateur est donc crucial dans la plupart des jardins.

Des financements peuvent être sollicités pour assurer un temps partiel à minima. Le temps de présence dépend de la taille du jardin et du nombre de jardiniers. Un poste d’animateur en CDD ou CDI peut être complété par des contrats aidés comme des Services Civiques.

● Exemples d’animations

Le Jardin de La Châtoire a organisé un concours d’épouvantails venant « gratuitement » embellir le jardin et créant une dynamique entre jardiniers le temps de cet événement.

©CAUE

Le Jardin “Cultiv' Ansanm”, géré par le Secours Catholique, a mis en place un atelier palette afin de fabriquer du mobilier utile pour le jardin (bancs, bacs, tables...). Toute personne désireuse d’y participer est la bienvenue.

©Secours Catholique Au Jardin de Bras Creux, l’association « Les Colibris de l’espoir » bénéficie de deux parcelles pour jardiner. Des pique-niques sont organisés au moins une fois par mois avec tous les membres de l’association pour partager lors d’un moment convivial les produits du jardin.

Au Jardin partagé de l’ACEF (Association Culturelle Environnementale Fayard), des activités de tressage de feuilles de cocotier pour habiller la clôture, des ateliers de semis ou de peinture sont proposés aux habitants du quartier.

©ACEF

Les animations sont généralement organisées de manière hebdomadaire afin de garder un certain dynamisme.

c) La production

On retrouve lors des visites de jardins, des productions qui reviennent fréquemment : piments, brèdes (légumes feuilles) , bringelles (aubergines), herbes aromatiques, tomates, bananes, manioc. En ce qui concerne les plantes autorisées, dans les chartes des différents jardins on constate que l’accent est mis sur l’importance de ne pas utiliser des espèces invasives ainsi que de varier les plantations en semant aussi des fleurs pour attirer les pollinisateurs. La charte du jardin Eucalyptus précise que “ Les parcelles pourront recevoir des légumes et des fleurs avec obligation de diversification des cultures”. Ce règlement permet de varier les productions mais aussi de limiter la propagation des maladies plus facile au sein des monocultures.

Dans la plupart des jardins, les jardiniers doivent se fournir eux-mêmes en semences et en plants. D’autres jardins fonctionnent grâce à des dons et peuvent, quand le jardin dispose d’une serre, réaliser leur semis. On remarque que beaucoup de jardiniers échangent leurs semences ou leur production au sein d’un même jardin.

Les jardins collectifs apparaissent comme un bon moyen de permettre aux habitants jardiniers de subvenir à leur besoin en termes de consommation de fruits et légumes dans le respect de l’environnement. Une jardinière du Jardin d’Amédée témoigne : « Je n'ai plus besoin d'acheter piment, thym, oignons verts, brèdes, salades, aubergines, persil ». Au Jardin l’olivier à Bois d’olive, selon le responsable du jardin, des économies de 100 à 200 euros par mois sont possibles grâce à la production du jardin.

Au jardin familial Europe, il est encore trop tôt pour estimer le bénéfice économique pour les jardiniers. Selon l’association gestionnaire ABDESS (Association Bénédictine pour le Développement de l'Économie Sociale et Solidaire), l’économie pour les jardiniers est de 10 à 20 euros par mois et par famille pour le moment. Au Jardin permacole de Beauséjour, selon la directrice du centre social de l’association gestionnaire Adésir, les jardiniers ont besoin de faire moins de dépenses : certains n’ont plus besoin d'acheter des légumes dans le commerce.

En 2011, une étude a été menée au jardin de la Châtoire afin de déterminer l’économie réalisée par les jardiniers. L’étude a été réalisée sur 4 parcelles. Le résultat est éloquent. Un jardinier qui aurait dépensé 548 euros en un an sur sa parcelle (semence, eau, loyer) aurait effectué une plus-value de 1 158 euros (nombre de kilos récoltés comparé aux prix du marché). 25

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