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Mémoire de fin d études. Etude des jardins collectifs de l île de la Réunion : Diagnostic de leur fonctionnement, gouvernance et perspectives

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Academic year: 2022

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Mémoire de fin d’études

Présenté par Marjolaine Dos Santos

Dans le cadre de la dominante d’approfondissement : Ingénierie des Espaces Végétalisés Urbains (IEVU) Spécialité : Agriculture Urbaine et Périurbaine

Etude des jardins collectifs de l’île de la Réunion :

Diagnostic de leur fonctionnement, gouvernance et perspectives

Pour l’obtention du :

DIPLÔME D'INGÉNIEUR D’AGROPARISTECH

©CAUE Stage effectué du 16/03/2020 au 11/09/2020

Au Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’ Environnement (CAUE) de La Réunion, 12 Rue Monseigneur De Beaumont Saint-Denis 97400, La Réunion

Enseignantes référentes : Christine Aubry et Ségolène Darly Maître de stage : Clément Aquilina

Soutenu le 13/10/2020

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Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier Catherine Morel, directrice du CAUE de La Réunion, pour son accueil et cette opportunité de stage.

Je remercie mon maître de stage, Clément Aquilina, paysagiste au sein du CAUE, pour son accompagnement, ses conseils et sa confiance tout au long du stage.

Je remercie également toute l’équipe du CAUE qui a su m'accueillir chaleureusement pendant ces 6 mois de stage et plus particulièrement Gilberte Labache pour sa bonne humeur et ses documents bibliographiques qui m’ont aidé dans la rédaction de ce mémoire.

Je remercie aussi ma collègue de travail Manon Argouin pour tous ces bons moments passés lors de ce stage.

Je remercie mes enseignantes référentes Christine Aubry et Ségolène Darly pour leur accompagnement, leur disponibilité et leur écoute. Nos échanges et réflexions m'ont permis de me guider dans la rédaction de ce mémoire.

Je remercie aussi tous les membres des associations qui m’ont partagé leurs expériences et qui m’ont ouvert les portes de leurs jardins collectifs. Cela a été très enrichissant.

Merci à tous ceux qui ont contribué de près ou loin à la rédaction de ce mémoire, je pense notamment à mes amis et à ma famille pour leur conseils et leur relecture.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 1

I. Les jardins collectifs : typologie, histoire et définitions 2 1. Les jardins collectifs, une forme d’agriculture urbaine 2

2. Comment définir les jardins collectifs ? 4

a. Le cadre juridique 4

b. Du juridique à la réalité mouvante 6

3. Un bref historique des jardins collectifs 7

4. Les têtes de réseau 9

II. La Réunion : Une île volcanique en transition 11

1. Contexte géographique 11

2. Contexte historique 14

3. Contexte social 14

4. Transition d’une société traditionnelle, agricole vers une société de consommation 15

III. Méthodologie 17

1. Méthode de l’étude 17

2. Entretiens semi-directifs 18

3. La création d’un guide pratique 19

4. La création d’un site internet interactif 19

IV. Analyse des résultats de l’étude 20

1. Les typologies de jardins 20

2. Le rôle crucial du porteur de projet et du gestionnaire 23 3. Des équipements similaires au sein des différentes organisations de jardins 25

a. L’organisation spatiale des jardins 25

b. Les équipements essentiels des jardins 27

4. Gestion administrative et gestion de l’humain 29

a. La gestion : un élément essentiel à la pérennité d’un jardin 29

b. L’animation 31

c. La production 32

5. Nécessité de fédérer un réseau et de le rendre visible 33 6. Limites de l’étude et perspectives 34

CONCLUSION 36

Bibliographie 37

ANNEXES 39

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Table des abréviations

ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie ACI : Atelier Chantier d’Insertion

AU : Agriculture Urbaine

CAUE : Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement

DEAL: Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement FNJFC : Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs

JTSE : Jardin dans Tous Ses États

SAFER : Société d'aménagement foncier et d'établissement rural UDJCR : Union Départementale des Jardins Collectifs de La Réunion Liste des tableaux

Tableau 1 : Tableau synthétique représentant les différents types d’agriculture urbaine et leur enjeux

4

Tableau 2 : synthèse des différents types de jardins possibles 7

Liste des figures

Figure 1 : Les dates clés des jardins collectifs 9

Figure 2 : Carte de La Réunion 12

Figure 3 : Cumul (mm) des précipitations sur le territoire réunionnais en 2019 13

Figure 4 : Photographie d’une maison traditionnelle créole 16

Figure 5 : Graphique montrant l’évolution de la création des jardins collectifs à La Réunion 21 Figure 6 : Réponses des gestionnaires animateurs à la question : de quel type de jardin s’agit-il? 21 Figure 7 : Types d’implantations des jardins collectifs à la Réunion 22 Figure 8 : Les différents types de propriétaires des terrains des jardins 23 Figure 9 : Les interactions des différents acteurs pouvant intervenir lors de la phase de création d’un jardin collectif

24

Figure 10 : Les interactions des différents acteurs pouvant intervenir lors de la phase de gestion d’un jardin collectif

25

Figure 11 : Photographie du jardin ACEF 26

Figure 12 : Répartition des différentes types de parcelles des jardins collectifs 26 Figure 13 : Les différents types d’équipements observés dans les jardins collectifs 28

Figure 14 : Les différents types de gestionnaires 28

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Liste de annexes

Annexe 1 : Diagramme de gantt, organisation des différentes tâches au cours du temps 38

Annexe 2 : Guide d’entretien 39

Annexe 3 : Formulaire Jardins 41

Annexe 4 : Tableau récapitulatif aménagement des jardins 44

Annexe 5 : Exemple de fiche jardin tirée du site internet S-Pass territoire 46 Annexe 6 : Carte représentant la localisation des différents jardins de l’étude, tiré du site internet

S-pass

46

Annexe 7 : Exemple de fiche thématique (version non définitive) 47

Annexe 8 : Schéma global réalisé pour le guide pratique 49

Annexe 9 : Retours d’expériences Jardin partagé de l’association Bien Vivre à Fayard 50 Annexe 10 : Retours d'expériences Jardin partagé de l’Association Culturelle environnementale

Fayard(ACEF)

51

Annexe 11 : Retours d’expériences Jardin solidaire de la maison Valliamée 52

Annexe 12 : Retours d’expériences du jardin partagé de l'hôtel de Région 53

Annexe 13 : Retours d’expériences du potager Calixte 54

Annexe 14 : Retours d’expériences du jardin pédagogique de l'association ADICA 55

Annexe 15 : Retours d'expériences du jardin partagé Capucine 2 et 3 56

Annexe 16 : Retours d'expériences de la micro-ferme urbaine du Port 57

Annexe 17 : Retours d'expériences du jardin Mont fleuri 58

Annexe 18 : Retours d'expériences du jardin familial de Maison Rouge 59

Annexe 19 : Liste des contacts 60

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Glossaire

CAUE de La Réunion :Le CAUE de la Réunion est une association issue de la loi sur l'architecture du 3 janvier 1977. Il en existe dans 93 départements Français. Il assure la promotion de la qualité architecturale, urbaine et paysagère. Il organise ses interventions autour de quatre missions : -Sensibiliser les jeunes et le grand public à l'architecture, à l'environnement et au patrimoine, -Animer le milieu professionnel,

-Informer et sensibiliser les particuliers porteurs de projets, -Accompagner les collectivités locales et les organismes publics.

DEAL de La Réunion : Sous l’autorité du préfet, la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) a pour mission de mettre en œuvre localement, les politiques de l’État impulsées par le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) et le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales (MCTRCT).

Micro-fermes urbaines : elles représentent un intermédiaire entre les jardins collectifs et les fermes maraîchères. Elles sont portées, le plus souvent par des structures associatives et peuvent mêler maraîchage, insertion sociale, pédagogie etc.

Bailleur social : organisme qui loue un logement social à des publics aux faibles revenus.

Parcelle : partie d’un jardin collectif dédiée à la culture. Les parcelles peuvent être individuelles ou collectives.

Porteur de projet : personne physique ou morale qui propose un projet sans forcément avoir toutes les compétences techniques. Il a en particulier la responsabilité de trouver le budget et le terrain pour réaliser le jardin.

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INTRODUCTION

Face à une urbanisation croissante, de nouvelles thématiques émergent afin de rendre les villes plus agréables et durables. Les volontés de reconnecter l’humain à la terre, de relocaliser les productions agricoles et la consommation alimentaire ainsi que de favoriser le lien social sont au cœur des problématiques actuelles. Depuis les années 2000, un rebond de création de jardins collectifs dans les pays industrialisés est observé et plus particulièrement une explosion de projets a eu lieu ces 5 dernières années sur l’île de La Réunion. Ces jardins fleurissent un peu partout : en pied d’immeubles, sur des terrains vagues ou encore des friches agricoles et prennent des formes très diversifiées. Ils constituent de nouveaux projets dans l’aménagement urbain. Un des objectifs du Plan Régional Santé Environnement de la Réunion (PRSE3)1 est d’ailleurs de “promouvoir les expériences et initiatives liées à l’agriculture urbaine et péri-urbaine”. En 2019, la DEAL (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) de La Réunion, porteuse de cette action, a établi un partenariat avec le CAUE (Conseil en Architecture Urbanisme et Environnement) de La Réunion afin de recenser les projets et retours d’expériences des jardins collectifs de l’île.

L’objectif est de mutualiser toutes les données et de permettre ainsi une connaissance commune aux acteurs institutionnels et in fine d’aider les futurs porteurs de projets.

Cette étude fait suite à une étude réalisée en 2015 commanditée par la commune de Saint-André intitulée “Prospective pour les jardins collectifs à Saint-André” réalisée par le CAUE dont le but était d’apporter des éléments de réponse aux questionnements soulevés par la création et la gestion de jardins collectifs. A cette époque, 11 jardins collectifs avaient été recensés sur l’île, ils sont aujourd’hui plus de 70 identifiés par le CAUE.

L’étude que j’ai menée au sein de l’équipe du CAUE de La Réunion a pour objectif de décrire et d'analyser les caractéristiques des jardins collectifs de La Réunion en étudiant leur fonctionnement, leur gouvernance ainsi que les freins et leviers à leur développement. Le but est de réaliser un état des lieux afin d’évaluer ce qui fonctionne ou pas pour permettre de mettre en place des outils pour guider les porteurs de projets (fiches, site internet etc).

L’objectif final est d’établir une carte des acteurs à mobiliser dans le cadre d’un réseau réunionnais de support au développement des jardins collectifs.

Ce mémoire vise à répondre à la problématique suivante : quelles sont les caractéristiques des jardins collectifs réunionnais en termes de gouvernance, de fonctionnement et de perspectives?

La première partie de ce rapport sera essentiellement bibliographique et documentaire, elle expose le contexte et les enjeux du développement des jardins collectifs en les replaçant dans l’histoire du jardinage urbain. La seconde partie se focalise sur le contexte réunionnais pour saisir ses spécificités, notamment dans le développement des jardins, qui justifient aujourd’hui cette étude. La troisième partie explique la méthodologie employée pour recueillir les données sur les jardins collectifs. L’étude a été réalisée à partir d’une approche qualitative sur la base d’entretiens semi directifs et d’enquêtes exploratoires réalisées auprès de différents acteurs du territoire (collectivité, bailleurs sociaux, gestionnaires etc), et d’observations sur le terrain via des visites de jardins. Cette partie détaille également les différents supports réalisés afin de mettre en évidence les caractéristiques principales de ces retours d’expériences.

1PRSE3 : http://www.reunion.prse.fr/IMG/pdf/rapport_prse_a4_v4_bd.pdf, p60-61

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Enfin, une dernière partie est consacrée à l’analyse des données et la présentation des résultats sur l’organisation des jardins collectifs de La Réunion et leurs caractéristiques.

I. Les jardins collectifs : typologie, histoire et définitions

Cette première partie a pour objectif de définir les différents types de jardins collectifs et de retracer leur histoire. Tout d’abord en rappelant qu’il s’agit d’une forme d’agriculture urbaine (1) puis en énonçant les définitions existantes (cadre législatif et de terrain) (2). Un bref historique de l’évolution de ces jardins est ensuite décrit (3), suivi d'une partie concernant les têtes de réseaux (4).

1. Les jardins collectifs, une forme d’agriculture urbaine

Le terme “agriculture urbaine” fleurit un peu partout depuis quelques années. Il est de plus en plus utilisé dans les médias, ou encore dans les programmes de politiques publiques pour communiquer sur divers projets à finalités variées mettant en jeu des végétaux comestibles (parfois des animaux) en milieu urbain plus ou moins dense. Cette expression n’est pas propre à la recherche (Pourias, 2014), il n’existe pas une définition stricte, mais plutôt une dizaine sont recensées (Aubry, Pourias 2013). Nous pouvons nous appuyer sur l’une de ces définitions établies par Moustier et M’baye en 1999 qui est relativement consensuelle et qui qualifie l’agriculture urbaine comme “l’agriculture localisée dans la ville ou à sa périphérie, dont les produits sont majoritairement destinés à la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et non agricole des ressources (sol, main d’œuvre, eau, etc.), l’alternative ouvre sur des concurrences mais également des complémentarités entre ces usages”. Cette définition met en évidence les grands principes liés à l'agriculture urbaine.

Ainsi, l'agriculture urbaine permet une circulation des ressources et des produits entre la ville et l'agriculture et facilite ainsi l’approvisionnement local en produits frais des citadins. Cette définition peut être complétée par celle de Van Vennhuizen qui annonce que “l'agriculture urbaine [...] comprend une grande diversité de systèmes de production depuis ceux d’auto-subsistance à l’échelle du ménage jusqu’à des systèmes entièrement dédiés à la commercialisation”(Van Veenhuizen, 2006).

Cette activité n’a pas vocation à nourrir la planète ni à remplacer l’agriculture rurale mais apporte des complémentarités en termes alimentaires et autres, à l’agriculture traditionnelle (en milieu rural). Elle peut avoir une fonction alimentaire très variable suivant sa forme et son contexte. De ce fait, elle permet aux consommateurs urbains de se réapproprier même partiellement la phase de production de l’alimentation, d’avoir accès à des produits frais et locaux (ADEME, 2017). L’agriculture urbaine peut se caractériser par sa multifonctionnalité. En effet, selon ses formes, celle-ci a une fonction alimentaire mais aussi économique (création de valeur et d’emplois), sociale, environnementale (réduction des îlots de chaleurs, favorise la biodiversité), paysagère, pédagogique et récréative (Aubry, Pourias

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2013). Les scientifiques estiment qu’il existe des différences significatives entre l’agriculture urbaine pratiquée dans les pays du Nord et du Sud.

Les pays dits “du Nord” sont caractérisés par un développement industriel ancien et une urbanisation avancée de la population. La grande distribution a un rôle important dans la consommation des citadins. En revanche, les pays dits “du Sud”, à la croissance industrielle et à l'urbanisation plus récente, peuvent souffrir du manque de canaux de distribution ou d'accès (terrestre ou économique) et sont peu équipés en moyens et infrastructures, notamment pour transporter et/ou stocker des produits alimentaires frais. (Ba, 2007 ; Dubbeling et al., 2010) Ainsi, dans les pays du Sud, l’agriculture urbaine joue un rôle alimentaire beaucoup plus important que dans les pays du Nord notamment sur les produits frais. Dans les pays plus industrialisés, c’est la fonction récréative et pédagogique qui a un rôle prédominant.

Cependant, les chercheurs relèvent qu’il existe de plus en plus une volonté de donner plus d’importance au rôle alimentaire de l’agriculture urbaine dans les pays du Nord. En effet, cette agriculture peut être un bon moyen de garantir un accès à une alimentation de proximité et de qualité. Son rôle se révèle très important en situation de crise (guerre, crise économique ou encore crise sanitaire comme nous le vivons actuellement avec le COVID-19). Ce rôle alimentaire peut permettre de limiter les dépendances aux importations (Aubry, Pourias 2013). En revanche, même s' il existe peu de données sur la quantité de production que peut permettre l’agriculture urbaine, cette agriculture est quantitativement moins importante que l’agriculture traditionnelle. Effectivement, son développement est plus faible en termes de structures et de surfaces dédiées. Les données d’une étude récente (Weidner et al, 2019) montrent des capacités actuelles très variables de participation à l’autonomie alimentaire des villes, et des potentialités le plus souvent dans les pays du nord entre 3 et 15% de l’approvisionnement en produits frais. L’agriculture urbaine est loin de détrôner la grande distribution dans les pays industrialisés mais son développement est de plus en plus important et marque la volonté d’une possible reconnexion à l’alimentation pour les urbains. On assiste par exemple à l'émergence de nombreux projets permettant l’autoconsommation à travers les jardins collectifs ou encore le développement de micro fermes urbaines.

L’agriculture urbaine se caractérise par sa diversité de formes et sa multifonctionnalité.

L’ADEME a établi un tableau récapitulatif (Tableau 1)

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Tableau 1 : Tableau synthétique représentant les différents types d’agriculture urbaine et leur enjeux

Les typologies d’agriculture urbaine sont variées selon le point de vue privilégié (Lelièvre et al, 2018). L’ADEME pour sa part distingue trois grands types d’agriculture urbaine : l’AU servicielle, l’AU professionnelle à vocation marchande (entreprise, start up etc) et l’AU non professionnelle à vocation non marchande (jardins familiaux, partagés ou encore privés).

Dans ce mémoire, nous allons nous consacrer à l’étude des jardins collectifs (familiaux et partagés essentiellement), et plus particulièrement ceux de l’île de La Réunion.

2. Comment définir les jardins collectifs ?

a) Le cadre juridique

En 2003, une proposition de loi relative aux jardins collectifs a été adoptée par le Sénat mais n’est toujours pas entrée en vigueur. En effet, celle-ci n’a pas été adoptée par l’assemblée nationale. Cette proposition vise à étendre le régime légal déjà existant des jardins d’insertion et de faire exister légalement les jardins partagés.

Le terme “jardins collectifs” se décline en jardins familiaux, partagés et d’insertion. Ces termes sont définis dans la proposition de loi comme suit dans l’article L 561-1 du code rural.

«On entend par jardins familiaux les terrains divisés en parcelles, affectées par les collectivités territoriales ou par les associations de jardins familiaux à des particuliers y

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pratiquant le jardinage pour leurs propres besoins et ceux de leur famille, à l'exclusion de tout usage commercial. En outre, dans un but pédagogique ou de formation au jardinage, certaines parcelles de jardins familiaux peuvent être affectées à des personnes morales par convention conclue entre celles-ci et les collectivités territoriales ou les associations de jardins familiaux.”

« On entend parjardins partagésles jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité par le biais d'activités socioculturelles et étant accessibles au public”.

« On entend par jardins d'insertion les jardins créés ou utilisés en vue de favoriser la réintégration des personnes en situation d'exclusion ou en difficulté sociale ou professionnelle. Ces jardins peuvent être, le cas échéant, divisés en parcelles affectées à ces personnes à titre temporaire.”

On distingue deux formes de jardins d’insertion :

- les jardins d'insertion « par le social » cherchent avant tout à réintégrer socialement les personnes éloignées de l’emploi. L’objectif principal de ces jardins est de redonner à ces personnes confiance en eux et de les habituer à respecter de nouveau certaines règles.

L'activité de production est pour la plupart du temps mise en second plan, derrière la vocation thérapeutique du jardin. Les produits récoltés sont soit consommés par les jardiniers, soit destinés à des structures caritatives (Banque alimentaire, Secours populaire, Restaurants du cœur).

- les jardins d’insertion par l’Activité Économique, définis dans le code du travail, par l’article L5132-1 comme ayant « pour objet de permettre à des personnes sans emploi, rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières, de bénéficier de contrats de travail en vue de faciliter leur insertion professionnelle. Ce type d‘insertion met en œuvre des modalités spécifiques d’accueil et d’accompagnement ». Dans le cas des jardins collectifs, il s’agit de maraîchage salarié avec l’exemple des Jardins de Cocagne.

Jusqu’à récemment, seuls les jardins familiaux étaient, avec les jardins d’insertion, mentionnés dans le code rural.

Les jardins familiaux sont reconnus par le code rural, à travers la loi Royer du 10 novembre 1976. Elle favorise la création de jardins familiaux et leur apporte une protection en accordant aux SAFER (Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural) et aux collectivités locales le droit de préemption pour acquérir et aménager ces jardins. Elle permet également aux associations expropriées d'exiger la mise à disposition d'un terrain équivalent.

Aujourd’hui, le cadre légal des jardins collectifs est défini par les articles L.561-1, L.561-2 et R.561-1 du Code rural.

Les jardins d’insertion ont été reconnus et réglementés par la loi d’orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, ainsi que par ses textes d’application, qui les intègrent dans le cadre plus large des chantiers d’insertion. 2

2 https://www.senat.fr/rap/l02-376/l02-3761.html

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b) Du juridique à la réalité mouvante

Ces définitions, bien que rigoureuses, ont du mal à être appliquées dans la pratique. En effet, il est difficile de distinguer aussi nettement un jardin “partagé” d’un jardin “familial”. On assiste aujourd’hui à une diversification des formes de jardins collectifs ce qui conduit à une hybridation de formes (Pourias, 2014). Certains jardins familiaux peuvent comme les jardins partagés disposer de parcelles communes à côté de parcelles dévolues aux familles. Au contraire, certains jardins partagés peuvent comme beaucoup de jardins familiaux disposer de parcelles individuelles même de petite taille, à côté de parcelles gérées collectivement. Il existe donc un certain flou entre ces différentes terminologies et des évolutions de formes qui tendent à les hybrider. La différence la plus notable entre jardins “partagés” et “familiaux”

semblerait provenir des porteurs de projets : les jardins familiaux sont le plus souvent à l’initiative d’une collectivité ou d’un bailleur alors que les jardins partagés sont généralement à l’initiative d’un groupe de jardiniers structuré ou non en collectif, ou association.

Même si leurs objectifs restent proches, les jardins familiaux se tournent davantage vers la production alimentaire, et les jardins partagés vers le lien social.

Par ailleurs, de nombreux jardins collectifs possèdent une mixité d’usage en mettant à disposition à la fois des parcelles pour les habitants mais aussi à destination des écoles (rôle pédagogique) et pour les personnes à mobilité réduite ou pour des activités d’insertion.

Les jardins pédagogiques sont des espaces où les activités de jardinage participent à une méthode d’enseignement multidisciplinaire (biologie, écologie, pédologie…) et de sensibilisation à une organisation collective et autonome . Il est très fréquent de retrouver une 3 ou plusieurs parcelles à vocation pédagogique soit pour les écoles ou pour des animations au sein de jardins partagés ou familiaux. Ces jardins peuvent aussi être situés directement au sein d'une école ou d’un collège.

Ainsi, il semble intéressant de mettre à jour le cadre juridique afin de se rapprocher de la réalité de terrain et permettre de faire reconnaître légalement toutes les formes de jardins collectifs de manière égalitaire. La Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs (FNJFC) travaille sur ce point, en lien avec des associations de jardins partagés.

3 Guide pratique,transition écologique et énergétique, CDC habitat,p8

https://www.cdc-habitat.com/fileadmin/medias/Groupe/doc/Guide_Espaces_partages_CDC_Habitat.pdf

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Tableau 2 : synthèse des différents types de jardins possibles, des hybridations peuvent être observées entre ces différents types, (DEAL-CAUE de La Réunion 2020)

3. Un bref historique des jardins collectifs

C’est en1896que l’abbé Lemire crée “la ligue française du coin de terre et du foyer”, dont l’objectif était « d’établir la famille sur sa base naturelle et divine qui est la possession de la terre et du foyer ». Des parcelles étaient alors attribuées aux familles modestes (jardins ouvriers) afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins et ainsi accéder à une certaine autonomie alimentaire en cultivant la terre. (Asaad, 2017)

Cette ligue a été rebaptisée en 2007 “Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs”. (FNJFC, 2014)

Les jardins ouvriers vont connaître un véritable essor au cours des premières décennies du 20ème

siècle et sont rebaptisés à la suite de la seconde guerre mondiale : jardins familiaux.

Les jardins familiaux vont être reconnus d’un point de vue législatif et être inscrits dans le code rural en 1952. A partir de là, tous les jardins familiaux doivent être gérés par des associations loi 1901 à but non lucratif. Cette même loi prévoyait également l'exonération de l’impôt foncier pour les jardiniers et leur association (FNJFC, 2014).

Les années 1960-80 sont marquées par une forte urbanisation. Ce sont les trente glorieuses caractérisées par une période de fort développement économique. De ce fait, un grand nombre de jardins familiaux disparaissent au profit de constructions. (Baudelet et al, 2008)

En parallèle, dans les années 1970, alors que New York traverse une crise économique et sociale sans précédent qui marque une dégradation de la qualité de vie dans la ville, Liz Christy va être à l’origine d’un mouvement citoyens “Green Guerrilla” de réappropriation de l’espace urbain. Ainsi, des terrains en friches vont êtres investis et transformés en

“community garden” par les habitants. L’idée est de transformer les lieux laissés vacants en terrains cultivables et lieux de rencontre (Baudry, 2011).

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La loi de Royer votée en 1976 et inscrite dans le code rural permet une première réelle reconnaissance des jardins familiaux et permet notamment de les protéger en cas d’expropriation.

“En cas d’expropriation de jardins, ils doivent être recréés sur d’autres espaces.

Parallèlement, l’intérêt pour le jardinage se développe dans toutes les classes sociales et amorce la revalorisation des jardins familiaux. De plus, une nouvelle mixité sociale est favorisée au sein des jardins. De nombreuses villes lancent des programmes de création de jardins familiaux, le plus souvent en périphérie des villes mais aussi près des centres urbains, quand les opportunités foncières le permettent » (Scribe, 2009).

Cette loi va par la même occasion octroyer un droit de préemption aux SAFER ainsi qu’aux 4 collectivités locales pour la création de jardin.

En 1997 le premier jardin partagé voit le jour à Lille : au départ les jardins partagés ont été construits en opposition aux jardins familiaux, critiqués pour leur conservatisme. En 1997 parallèlement se crée le réseau français des jardins partagés le Jardin dans Tous Ses Etats (JTSE).Ce réseau est à l’origine du mouvement des jardins partagés en France, s’inspirant de ce qui se fait déjà aux Etats Unis avec les community gardens. Les jardins partagés se veulent en effet dans leurs principes fondateurs de nouveaux « territoires citoyens » dans les interstices de la ville (Demailly, 2010), des lieux de revendication d’un modèle d’aménagement urbain fondé sur la participation des habitants (Basset et al., 2008).

Les demandes de jardins collectifs explosent à partir des années 2000 avec la montée en puissance des préoccupations environnementales dans les grandes villes afin de les rendre plus durables et améliorer le cadre de vie des citadins. La fonction recherchée évolue par la même occasion. En effet, de plus en plus d’urbains veulent renouer avec la terre et la nature, manger plus sainement et recréer du lien social. Ainsi, de nombreux types de jardins collectifs vont alors être construits, dont beaucoup sont à l’origine d’habitants d’un même quartier, afin de redynamiser la vie de quartier.

Comme expliqué précédemment, une proposition de loi a été votée par le sénat en 20035afin d’inclure dans le code rural les notions de jardins partagés et d’insertion et ainsi de renforcer la loi Royer. Cependant, à l’heure actuelle, cette proposition n’a pas été validée par l’assemblée nationale.

Le but de faire reconnaître juridiquement les notions de jardins partagés et d’insertion dans le code rural est de les faire bénéficier de plus de protection comme cela est le cas pour les jardins familiaux et d’avoir plus de reconnaissance pour les demandes de subventions ou autres partenariats. Il reste alors tout un travail de sensibilisation auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître juridiquement les jardins collectifs dans leur ensemble.

4 Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural

5 Texte n368 (2001-2002), consultable sur le site http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl01-368.html. Rapport n 376 (2002-2003) de Hilaire Flandre fait au nom de la commission des Affaires économiques sur cette

proposition de loi. Le texte voté par le Sénat et transmis à l’assemblée nationale le 14 octobre 2003 (texte n 117).

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Figure 1 : Les dates clés des jardins collectifs, (DEAL/CAUE de La Réunion, 2020)

4. Les têtes de réseau

A l’échelle nationale, il existe des têtes de réseau qui peuvent apporter leurs expériences et accompagner les porteurs de projets. Ils ont pour rôle de conseiller, accompagner, défendre les diverses associations de jardins collectifs et de participer au développement de ces jardins.

Cependant, un jardin peut très bien exister en tant que jardin “partagé”, “familial” ou

“d’insertion” sans appartenir à l’un de ces réseaux.

La Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs (FNJFC) est l’unique réseau national contribuant à la défense et au développement des jardins familiaux auprès des pouvoirs publics. Il a pour but de développer le nombre de jardins familiaux, de participer aux actions en faveur de la sensibilisation aux activités de jardinage en promouvant des pratiques respectueuses de l’environnement. La fédération accompagne, soutient, défend et informe les associations adhérentes . 6

6 http://www.jardins-familiaux.asso.fr/accueil.html

(20)

Le Jardin dans tous ses États (JTSE) : Réseau national des jardins partagés. Il agit pour la mise en oeuvre et le développement par les habitants de jardins partagés . 7

Si t’es jardin : Initié par le Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ), cette association a pour rôle d’accompagner le développement de jardins et projets d’agriculture urbaine avec et pour les habitants des quartiers populaires . 8

Le réseau Cocagne : Ce réseau compte plus de 130 jardins de Cocagnes.

Ces jardins produisent des fruits et légumes biologiques via l’insertion par l’activité économique. Les productions maraichères sont vendues sous forme de paniers solidaires à des consomm’acteurs” . 9

A des échelles plus réduites, il existe au niveau régional et départemental des réseaux qui permettent d’aider localement les porteurs de projets et de proposer des chartes communes.

Par exemple, Graine de jardinsest un réseau régional qui anime le réseau de jardin partagé d’Ile de France.

Conclusion partie I

La place et la fonction des jardins collectifs ont beaucoup évolué au cours du temps. Même si leur vocation première reste la production de légumes pour l'autoconsommation, ils s’ouvrent aujourd’hui vers de nouveaux objectifs comme l’éducation à l’environnement, la solidarité, le lien social ou encore l'accueil de personnes handicapées. Les jardins collectifs sont des lieux de partage et participent à l’amélioration du cadre de vie des citadins. Il n’y a pas de modèle unique de jardin collectif, on assiste aujourd’hui à une multiplicité de projets et à une hybridation des formes. La partie suivante s'intéresse plus particulièrement au contexte réunionnais.

7 http://jardins-partages.org/

8 https://www.regiedequartier.org/chantiers/si-tes-jardin/

9 http://www.reseaucocagne.asso.fr/

(21)

II. La Réunion : Une île volcanique en transition

En 2012 la commune du Tampon à la Réunion a créé l’Union Départementale des Jardins Collectifs de La Réunion (UDJCR) afin d’initier la création d'un réseau sur l'île et d’aider les porteurs de projets. Cette union rejoint la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs en 2013. Cependant, depuis 2014, l’union est moins active. La mise en place de jardins collectifs est une procédure qui nécessite du temps et des moyens humains et financiers. Dans la plupart des cas, les collectivités font appel à ces têtes de réseau pour les aider dans les démarches et les accompagner dans la conduite du projet (Baudelet et al, 2008).

Or, à La Réunion on remarque qu’il y a un manque d’aide de la part d’organismes extérieurs au développement des jardins collectifs ainsi qu’un défaut de réseau d’acteurs pour mutualiser les expériences et aider les futurs porteurs de projets.

Fort de ce constat, la DEAL a missionné le CAUE afin de recueillir des retours d’expériences sur les jardins collectifs de l’île. La mission a pour objectif de recenser les jardins, les acteurs afin de mutualiser les expériences et de définir les clés de la réussite à la création et à la gestion d’un jardin collectif. A la suite de cela, un séminaire sera organisé afin de présenter l’étude et d’informer tous les acteurs des freins et leviers au développement des jardins collectifs de l’île.

Cette deuxième partie vise à exposer le contexte réunionnais à la fois sur le plan géographique, historique et social.

1) Contexte géographique

La Réunion est une île d’origine volcanique d’actuellement 2 512 km2, située à l’ouest de l’océan indien. Elle forme avec l’île Maurice et l’île de Rodrigues l’Archipel des Mascareignes.

(22)

Figure 2 : Carte de La Réunion (géoportail, 2019)

La Réunion est constituée de deux massifs volcaniques : - Le Piton des neiges culminant à 3069 m (inactif)

- Le Piton de la fournaise culminant à 2632 m, l’un des volcans les plus actifs du monde. Il s’agit d’un volcan effusif.

L’intérieur de l’île est marqué par la présence de 3 cirques (espace circulaire entouré par des montagnes, créés par l’érosion et l’effondrement de la roche volcanique) : Salazie, Mafate et Cilaos. Composés de ravines, remparts, falaises et vallées, ils offrent un relief exceptionnel.

Le parc National de La Réunion occupe 42% (1054 km2)10 de la superficie de l’île. Depuis 2010 le coeur du parc est classé au patrimoine mondial de l’Unesco sous l’appellation

“Pitons, cirques et remparts de l’île de La Réunion” en raison de leur Valeur Universelle Exceptionnelle . 11

Le climat de l’île est tropical humide et l’année est divisée en deux périodes :

- l’été austral marqué par des pluies fréquentes et par la saison des cyclones (janvier-mars)

- l’hiver austral ou saison sèche (mai -novembre)

Le reste de l'année est marqué par des mois de transition entre les deux saisons.

10http://www.reunion.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Charte-V4-2-28-06-12-Basse-def_cle751d74.pdf

11 http://46.29.123.56/IMG/pdf/D97415A06.pdf

(23)

Les températures varient entre 20 et 30 °C tout au long de l’année dans les bas et le littoral et peuvent chuter jusqu'à 0 °C dans les Hauts (>500 mètres d’altitude).

La pluviométrie est très variable d’un endroit à un autre. A l'ouest, les précipitations sont peu abondantes. En revanche, plus on se décale vers l'est, plus les cumuls de pluie augmentent, jusqu'à atteindre des valeurs dépassant 10 mètres par ans (figure 3). 12

On peut expliquer ce phénomène par le fait que “les précipitations tendent à se concentrer sur les régions directement exposées à l'humidité océane apportée par les alizés de secteur Est. On parle de région "au vent”. A l'inverse, les régions "sous le vent" à l’Ouest, qui bénéficient de l'abri du relief, sont beaucoup plus sèches et les régimes de brise y sont prédominants10. De par sa localisation et sa géographie, l’île compte de nombreux micro climats. Les climatologues en ont recensé plus de 100 entre le littoral, les montagnes, la côte est (côte au vent), la côte ouest (côte sous le vent) etc. Cette multitude de microclimats en fait une caractéristique de l’île. 13

Figure 3 : Cumul (mm) des précipitations sur le territoire réunionnais en 2019, Météo France

Compte tenu de la morphologie de terrain et de la pression urbaine, l’agriculture ne couvre que 17% du territoire mais joue un rôle économique incontournable. La principale production agricole est la canne à sucre, essentiellement destinée à l’exportation, elle occupe en 2019 près de 56% de la Surface Agricole Utile (SAU), sa culture est localisée sur le littoral . Les 14 Hauts sont utilisés pour l’élevage et la prairie. A ces deux grands ensembles s'ajoutent les

12 http://www.meteofrance.re/climat/description-du-climat

13 http://www1.onf.fr/la-reunion/@@display_advise.html?oid=IN0000000142

14 http://daaf.reunion.agriculture.gouv.fr/Canne,105

(24)

cultures maraîchères en fruits, légumes et plantes aromatiques etc. De par la diversité des situations pédoclimatiques de l’île, l’agriculture réunionnaise est très diversifiée.

Alors que la production de canne à sucre est essentiellement destinée à l’exportation, la production de fruits, légumes et animaux est davantage tournée vers le marché local en produits frais. Elle couvre à 75% le marché intérieur. 15

2) Contexte historique

L’île de La Réunion anciennement nommée “l’île Bourbon” a été façonnée par des vagues migratoires librement choisies ou contraintes (Wolff, Watin, 2010). Elle a été marquée par l’esclavage de 1735 à son abolition en 1848. Les esclaves étaient notamment envoyés de Madagascar, d’Afrique et en proportion moindre d’Asie pour cultiver le café puis la canne à sucre. Les années qui suivirent ont été marquées par une période nommée “l’engagisme”.

Cela consistait à remplacer les esclaves et proposer un contrat de travail de 5 ans à des travailleurs étrangers (indiens, africains et chinois majoritairement). Ces travailleurs “libres”

étaient destinés à travailler dans les cultures de canne à sucre essentiellement. En effet, tout le système économique continue de reposer sur les produits destinés à l’exportation et le sucre et le rhum représentent les premières sources de revenu. Ainsi, les exploitations deviennent de plus en plus grandes et les besoins de main d'œuvre s'intensifient. Les travailleurs “libres”, bien que disposant de plus de droit que les esclaves, beaucoup d’entre eux ont subi des conditions de travail abusives (salaire non versé; journée de travail prolongé etc). Peu à peu les mentalités ont évolué et ce concept qui ne faisait pas l'unanimité a pris fin en 1934.

(Vaxelaire,1999).

Après plus de 300 ans de colonie, La Réunion marquée par une situation économique et sociale difficile devient Département français d’Outre Mer (DOM) en 1946. L’île va alors connaître une accélération de son développement et une “occidentalisation” des modes de vie.

De par son histoire, ce territoire abrite une grande diversité ethnique: européenne, malgache, indienne, asiatique et africaine. C’est l’exemple du vivre ensemble où, de nombreuses, religions et cultures se côtoient dans une apparente harmonie. 16

3) Contexte social

La société réunionnaise est marquée par un taux de chômage important, un coût de la vie élevé combinés à des inégalités persistantes . En effet, du fait de son insularité et de la 17 faiblesse des liens économiques avec ses voisins, le coût de la vie à La Réunion est plus élevé qu’en métropole. Une note de l'Insee basée sur les prix de 2017 indique que les prix sont 10,6% plus élevés que dans l'Hexagone . Le taux de précarité est aussi plus élevé à la18 Réunion avec un taux de chômage 3 fois plus important qu’en métropole. A cela s’ajoute un taux de diabétiques presque deux fois plus élevé que la moyenne nationale . Ce taux de19 diabétiques important est lié à l'évolution des habitudes de vie : activité physique insuffisante et sédentarité, alimentation déséquilibrée, surpoids et obésité. Une vulnérabilité génétique est

15 https://agriculture.gouv.fr/entre-mer-et-volcans-la-reunion-une-ile-de-grande-tradition-agricole

16 https://www.reunion.fr/pratique/l-ile-de-la-reunion/la-population

17 https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1998-v42-n116-cgq2688/022737ar/

18 https://la1ere.francetvinfo.fr/data-cinq-chiffres-comprendre-crise-sociale-reunion-655291.html

19

https://www.lareunion.ars.sante.fr/system/files/2019-12/Le%20diab%C3%A8te%20et%20les%20personnes%20diab%C3%A9tiq ues%20%C3%A0%20La%20R%C3%A9union-%20chiffres%20cl%C3%A9s.pdf

(25)

aussi évoquée, ainsi que des conditions socio-économiques plus défavorables qu'en métropole. On remarque aussi des inégalités de niveau de vie importantes au sein de la population.

Le développement des jardins collectifs à la Réunion apparaît comme un excellent moyen de permettre aux personnes de bénéficier d’une activité physique et de répondre aux difficultés sociales en permettant aux personnes modestes de produire leurs propres fruits et légumes et ainsi de faire des économies sur les achats en denrées alimentaires et d’être moins dépendantes de la grande distribution. Cela permet aussi un accès et une sensibilisation aux produits frais, locaux et de qualité.

4) Transition d’une société traditionnelle, agricole vers une société de consommation

L’île compte aujourd’hui près de 860 000 habitants . Il s’agit d’un territoire densément 20 peuplé où la population est inégalement répartie.

Il existe au niveau géographique de l'île, deux entités bien distinctes : les Bas (<500 mètres d’altitude) et les Hauts (>500 mètres d’altitude). Les Bas sont davantage concernés par l'urbanisation, c’est là que l’on retrouve les villes de l’île (de Saint-Denis à Saint-Pierre), en revanche les Hauts (à l’intérieur de l’île, dans les cirques etc) sont encore préservés de l’urbanisation du fait de la morphologie de terrain, On observe ainsi un mélange entre zones rurales et périurbaines où les modes de vie “traditionnels” sont plus présents et l’activité économique moins importante. Cette urbanisation dans les Bas peut être mise en rapport avec :

« La loi de 1946, instituant La Réunion en Département français, entraîne un projet de développement économique et social essentiellement inspiré par l’idéologie d’un retard à rattraper pour atteindre l’égalité avec la Métropole. » (Wolff, Watin, 2010)

On note une forte augmentation de la population à partir de cette période, accompagnée d’un exode rural important.21 Les façons de manger, de se soigner et de se déplacer vont considérablement changer à La Réunion ( Wolff, Watin, 2010).

Ainsi, depuis les années 1950, la Réunion est le lieu d’une urbanisation sans précédent accompagnée d'une densification du milieu urbain préexistant . Les habitations ont été22 repensées, on note une augmentation du nombre de logements collectifs et beaucoup d’habitants ne possèdent plus de potager dans leur “kour”. Les premiers logements sociaux sont créés dans les années1960-70. Ils marquent un changement dans les modes de vie de la population. En effet, ils sont généralement habités par des populations provenant d’anciens bidonvilles qui doivent alors apprendre à vivre ensemble, à créer des liens et ne plus avoir un accès direct à un petit lopin de terre etc. (Leveneur, 2009)

Les premiers supermarchés font leur apparition dans les années1980. Les nouveaux produits de consommation de seconde nécessité (sucrerie, gâteau, sodas etc) font irruption dans les

20 https://www.populationdata.net/pays/reunion/

21 https://journals.openedition.org/eps/238?file=1

22 http://www.reunion.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/densite_livret_web.pdf

(26)

régimes alimentaires pouvant être corrélés au développement de certaines pathologies (obésité, diabète etc)(Wolff, Watin, 2010).

Pour pallier au manque d’espace destiné à l'autoconsommation, aux mauvaises habitudes alimentaires des associations, habitants et bailleurs sociaux se mobilisent pour créer des jardins collectifs en accord avec les décideurs publics.

Alors que les premiers jardins urbains cultivés en métropole arrivent pendant la révolution industrielle à la fin du 19ème siècle, sur l'île de la Réunion c’est encore l’agriculture vivrière qui prédomine. La maison créole traditionnelle appelée localement “Lakaz” est entourée d’un terrain “kour” constitué pour la majorité d’un jardin d’agrément associé à des arbres fruitiers à l’avant et d’un espace consacré à l’élevage et au potager à l’arrière. 23

Figure 4 : Photographie d’une maison traditionnelle créole 24

Ainsi, s’occuper d’un petit lopin de terre fait partie des traditions réunionnaises. Il est d’ailleurs très courant que les habitants s’approprient l’espace public pour réaliser leur plantation “à la sauvage”. Ainsi au coin d’une rue, au pied d’un arbre on peut trouver des plantations d’aromatiques, de brèdes (légumes feuilles) etc. L’aménagement de jardins collectifs est très récent dans l’histoire de l’île. Le premier jardin collectif daterait de 1993, il s’agit du jardin familial “Maison Rouge” situé à Saint-Louis. En 2015, l’étude menée par la CAUE dénombre 11 jardins collectifs sur le territoire réunionnais. On constate une accélération du nombre de projets de création de jardins collectifs depuis environ 5 ans.

23 https://reporterre.net/Culture-et-jardin-partage-a-la-Reunion-la-dynamique-alternative-de-Kaz-Maron

24atasteofmylife.fr/2013/05/15/cases-creoles-ile-reunion/

(27)

Conclusion partie II

L’île de La Réunion possède un passé agricole proche. Les modes de vie ont changé rapidement à partir des années 60 pour s’aligner sur ceux de la métropole. Beaucoup de réunionnais ont perdu le lien à la terre à laquelle ils étaient attachés. De plus, à l’heure où les inégalités sociales et les écarts de richesse sont de plus en plus importants, les jardins collectifs apparaissent comme un bon remède pour retrouver un peu de douceur et de partage entre citoyens. Les jardins permettent de renouer avec les traditions d’antan, d’échanger sur les savoir-faire et de produire ses propres fruits et légumes dans le respect de l’environnement.

L’objectif de cette étude est d’analyser les jardins collectifs de l’île de La Réunion et d’impulser la création d’un réseau d’acteurs. Un recensement non exhaustif a été établi afin de mutualiser les retours d’expériences de jardins collectifs. Différents acteurs ont été interrogés (association, bailleurs sociaux, collectivités) à travers des entretiens semi-directifs. Cette méthodologie est détaillée dans la partie suivante.

III. Méthodologie

Dans cette partie, il est exposé la méthodologie employée pour mener à bien cette étude à travers la mise en place d’entretiens semi directifs, la production de fiches thématiques et d’un site internet interactif.

1. Méthode de l’étude

Une convention de partenariat sur la question des jardins collectifs entre la DEAL et le CAUE établie en 2019 est à l’origine de cette étude. La convention présente les deux principales missions : “Mise à jour et enrichissement de l’étude de 2015” et “Conception et animation de deux journées d’information des acteurs des jardins collectifs”. La première étape fut de rassembler des retours d’expériences notamment en visitant des jardins existants afin d’interroger les gestionnaires, bailleurs sociaux etc. L’objectif était d’identifier un maximum de jardins collectifs sur l’île et d’avoir un minimum de vingt jardins bien identifiés avec des informations sur leur création, fonctionnement, gestion etc. Cette étape fut réalisée en grande partie avant mon arrivée. Cependant, afin d’avoir davantage de retours d’expériences j’ai tout de même visité 10 autres jardins, soit parce que leur fonctionnement semblait intéressant ou bien parce qu’ils se démarquaient des autres jardins recensés. Afin de mettre en forme ces retours d’expériences, il avait été décidé de créer des fiches thématiques ainsi qu’un site internet. Cette étape de création de support pédagogique fut la mission principale de ce stage de fin d’études. La création de ces différents supports a été réalisée grâce à différents échanges, soit avec des membres des associations gestionnaires, des chefs de projets etc.

directement sur le terrain afin de rassembler les retours d’expériences mais aussi en interne

(28)

entre le CAUE, la DEAL et AgroParisTech. Afin d’avoir plus de retours d’expériences, nous avons interrogé des acteurs de métropoles : William Mhadjou, directeur de la FNJFC, Jean-Noël Consales, urbaniste et chercheur en agriculture urbaine. Un diagramme de Gantt (Annexe 1) a été réalisé afin d’avoir un aperçu des différentes missions et de leur durée.

2. Entretiens semi-directifs

Le guide d’entretien conçu par le CAUE sous la direction de la DEAL (service connaissance, évaluation et transition écologique), (Annexe 2) était composé de 7 thèmes eux même divisés en plusieurs questions (i) les informations générales sur le jardin (nom, adresse, superficie, date de création etc), (ii)la conception et le financement du jardin (la genèse du projet, le coût d’opération, les financements etc), (iii) le fonctionnement du jardin (l’animation, l’organisation du jardin, les employés, règle d’attribution et de pertes de lots etc), (iii) les équipements ( individuel, partagé, délimitation entre les lots etc), (iiii) les pratiques culturales (l'accès aux plants, la gestion des déchets, pratiques agronomiques, consommation en eau etc) (iv)l’accès au jardin(horaires, accueil du public etc) et enfin (v) les résultats (production obtenue, satisfaction des jardiniers, ce qui marche/ne marche pas).

L’idée était d’avoir un aperçu global du jardin depuis l’idée de départ jusqu'à son fonctionnement actuel.

Ce sont généralement les membres des associations gestionnaires et les bailleurs sociaux qui ont été interrogés.

Le but de l’étude n’était pas d’obtenir des informations précises sur le suivi au cours du temps d’un jardin en termes de production par exemple, mais de proposer une méthodologie aux futurs porteurs de projets,pour voir quelles sont les clés de la réussite et surtout les erreurs à éviter.

La crise sanitaire liée au coronavirus a freiné la phase de terrain. Des entretiens ont tout de même pu avoir lieu par téléphone pendant le confinement et quelques jardins ont pu ensuite être visités post confinement.

Les entretiens se sont déroulés en suivant le guide d’entretien mais ont été plutôt effectués comme un dialogue avec les questions importantes à poser. Les réponses ont ensuite été écrites dans une fiche synthèse (Annexe 3) et dans un tableau comparatif (Annexe 4) afin de pouvoir comparer et analyser les résultats.

J’ai ainsi pu réaliser 6 entretiens téléphoniques (complétés ou non par des visites de jardins) et visiter 10 jardins (Annexe 9 à 18). 20 jardins avaient déjà été visités avant mon arrivée avec la grille d’enquête plus ou moins complète suivant les jardins. Des compléments d’informations ont été récupérés auprès des personnes concernées (coûts, surface etc). Cela a aussi permis d’approfondir certains points discutés lors de la première visite. Par exemple, un jardin souhaitait mettre en place un poulailler, un autre souhaitait faire de la vente etc. Les appels ont permis d’en savoir plus sur ces projets. Les nouveaux jardins visités avaient, pour certains, déjà été identifiés avant mon arrivée, des rendez vous n’avaient pas pu avoir lieu j’ai donc pris le relais. Pour d’autres, comme un jardin situé sur un lieu de travail (jardin de la région), un jardin “solidaire” (du site de la maison Valliamée) ou encore la micro ferme du Port ont été visités pour avoir plus d’information sur leur fonctionnement qui diffère de la majorité des autres jardins.

(29)

3. La création d’un guide pratique

Afin de permettre aux futurs porteurs de projets ou toutes autres institutions intéressées par la création de jardins collectifs, le CAUE a réalisé un guide pratique (Mener à bien un jardin collectif à La Réunion) constitué de fiches thématiques et synthétiques sur les jardins collectifs de la Réunion. Ces fiches permettent d’avoir une idée des thèmes à aborder pour créer un jardin dans les meilleures conditions possibles. Elles donnent une méthodologie de projet de création de jardins collectifs.

Les fiches ont été écrites par Clément Aquilina (paysagiste), Emmanuelle Bernat Payet (architecte) et moi même (agronome). Nous nous sommes appuyés sur les retours d’expériences des jardins existants à la Réunion, nos propres connaissances ainsi que de la bibliographie.

Les différentes réunions avec d’une part la DEAL mais aussi mes enseignantes référentes (Christine Aubry et Ségolène Darly) ont permis d’arriver à une bonne organisation des fiches et à un support pertinent pour les futurs porteurs de projets, et notamment les communes qui souhaiteraient favoriser la création de jardins sur leur territoire et/ou des collectifs d’habitants qui souhaiteraient construire un projet.

4. La création d’un site internet interactif

Afin de rendre plus de visibilité à l’étude, il a été décidé de publier un site internet sur la

plateforme S-Pass Territoire :

https://s-pass.org/fr/portail/426/jardins-collectifs-de-la-reunion.html, gérée par le CAUE du Nord, déjà utilisée par le CAUE de La Réunion dans d’autres projets, les différents supports et informations récoltées sur les jardins. Cette plateforme a pour ambition de favoriser la mise en réseau des acteurs et des publics. Actuellement, la plateforme n’est toujours pas visible au public. Il est prévu de la rendre visible à la suite du séminaire normalement prévu en octobre. Pour le moment, seuls les membres du groupe de travail (DEAL et CAUE) ont accès à son contenu et peuvent l’actualiser. La localisation des jardins a été rentrée sur la carte de la Réunion (Annexe 6). Pour chaque jardin, des champs minimums ont été entrés afin d’avoir les informations de base sur le jardin concerné. Nous avons aussi ajouté 3 photos afin de rendre compte de l’organisation du jardin et de son environnement.

Les champs minimums retenus sont les suivants : Le nom du jardin

La date de mise en service Le type de jardin

La superficie du terrain Les objectifs du jardin Le porteur de projet Le gestionnaire Le nombre de lots La superficie des lots

La présence de lots pour les personnes à mobilité réduite

(30)

A cette description, il a été ajouté des vidéos, des coupures de journaux ainsi que la charte et/ou le règlement du jardin quand cela était possible.

Les différents acteurs ont également été présentés brièvement (associations, bailleurs, organismes de formation et communes) ayant participé aux différents projets de jardins.

Le but de créer ce site internet est l'évolutivité de l'outil qui peut être modifié en fonction de l'évolution des jardins, et de proposer un endroit où tous les acteurs peuvent se retrouver.

CONCLUSION PARTIE III

L’étude a été réalisée à partir d’une approche qualitative sur la base d’entretiens semi directifs et d’enquêtes exploratoires réalisées auprès de différents acteurs du territoire (collectivité, bailleurs sociaux, gestionnaires etc), et d’observations sur le terrain via des visites de jardins. La méthodologie employée a donc permis de créer divers supports afin d’aider les futurs porteurs de projet et de favoriser la mise en réseau des acteurs et publics grâce à la création du site internet. La partie suivante vise à étudier les résultats de l’étude.

IV. Analyse des résultats de l’étude

Cette partie a pour objectif d’analyser le fonctionnement, la gouvernance et les perspectives des jardins collectifs de La Réunion.

1 . Les typologies de jardins

Comme dit précédemment, depuis 2015, La Réunion voit naître une multitude de jardins collectifs sur son territoire (Figure 5). Le CAUE en dénombre aujourd’hui 72 (dont 8 au stade de projet) mais il est évident que de nombreux autres existent ou soient en cours de développement.

Nous n’avons pas de données précises pour tous les jardins connus. En effet, nous disposons d’informations exploitables pour 40 jardins, 24 jardins ont des informations partielles voire sommaires car les porteurs de projets n’ont pas pu être interrogés (manque de temps, absence de réponses, coordonnées non trouvées etc.) les informations proviennent donc d’articles de journaux ou de leur site internet et 8 jardins sont en projet.

Plus d’exhaustivité demanderait plus de temps, d’où l’intérêt de la création du site internet interactif actualisable avec la possibilité pour les personnes de signaler un jardin collectif.

Les résultats sont donc exploités sur des échantillons variables en fonction des informations connues.

(31)

Figure 5 : Graphique montrant l’évolution de la création des jardins collectifs à la Réunion depuis 1993 à partir des jardins répertoriés par le CAUE (cette information est connue pour 43 jardins).

Figure 6 : Réponse des gestionnaires animateurs à la question : de quel type de jardin s’agit-il? sur un échantillon de 53 jardins

Distinguer jardin “partagé” et “familial” est très difficile car les deux formes se recoupent et s’hybrident. Cependant, l’étude nous a amené au résultat suivant sur un échantillon de 53 jardins : 58% de jardins partagés, 32% de jardins familiaux, 2% de jardins pédagogiques et 7% de jardins d’insertion par l’activité économique. Il faut noter que les jardins d’insertion par le social ne se distinguent pas totalement des jardins partagés ou familiaux car beaucoup n’ont pas le statut de jardin d’insertion mais réalisent tout de même de l’insertion par le social. Cela passe par les chantiers d’insertion, la volonté de permettre aux plus démunis de

(32)

cultiver une parcelle, de créer une activité dans le quartier etc. La majorité des jardins référencés lors de cette étude, sont des jardins “partagés”. Ils représentent plus de la moitié des jardins identifiés.

Aussi, il est important de noter une très grande diversité de formes au sein de ces grandes catégories de jardins. Par exemple, il existe des jardins davantage tournés vers la pédagogie.

C’est le cas du jardin pédagogique de l’association ADICA (Association pour le Développement et l'Insertion à Cambuston) qui accueille les scolaires sur son potager pédagogique (Annexe 14).

On remarque aussi une grande diversité de jardins partagés. Certains sont accessibles en continu par les habitants jardiniers qui cultivent leur propre parcelle. C’est le cas du jardin Bois de Nèfles Coco ou encore du jardin d’Amédée en pied d’immeubles, les jardiniers possèdent la clé du jardin et peuvent y accéder quand ils le désirent. D’autres jardins comme ceux de l’association ACEF (Association Culturelle Environnementale Fayard) et de Bien Vivre à Fayard sont gérés par une association d’habitants de quartier mais les habitants (hors membre du bureau de l'association) ne cultivent pas eux-mêmes les parcelles. Ils peuvent toujours avoir accès aux activités et aux productions en faisant appel à l'association (Annexe 9 et 10).

Un jardin se distingue des autres par son ouverture sur le quartier : le jardin “Mont fleuri” au Port. Il a évolué vers une micro pépinière. Les plants sont élevés par un membre de l’association An Grèn Koulèr, Écriture Sociales, puis servent à reverdir le quartier et les balcons des habitants. (Annexe 17)

La création des jardins est essentiellement impulsée par des associations et des bailleurs sociaux. Il faut savoir que certains bailleurs sociaux ou associations prennent comme initiative de créer un jardin collectif à la suite de demandes directes des habitants. C’est généralement lorsque les porteurs de projet répondent à une réelle envie des habitants que le jardin a le plus de chance de fonctionner.

Figure 7 : types d’implantations des jardins collectifs à la Réunion à partir des résultats de l’étude menée par le CAUE sur un échantillon de 40 jardins

La moitié des jardins de l’étude pour lesquels nous avons l’information sont situés en pied d’immeubles (Figure 7). En effet, une part importante de jardins est implantée sur des terrains appartenant à des bailleurs sociaux (Figure 8) aux pieds de leurs immeubles. La majorité des

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