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Genèse de protections juridiques

Les Grecs ont donné le nom de Libye à cette région surélevée en forme de carré située entre la mer Méditerranée au nord, le grand Sahara au sud, l’océan Atlantique à l’Ouest et jusqu’à Tripoli, Bergua et l’oasis de Siwa à l’Est. C’est alors toute l’Afrique du Nord111.

Ensuite cette appellation de Lybie, en relation avec la tribu des El-Libou, s’est adressée à l’ensemble du pays situé entre l’Egypte et la Tunisie. Cette tribu a résidé dans cette région pendant des milliers d’années. Elle était habitée anciennement par les berbères112. Le côté occidental était fréquenté par les Phéniciens venus du Liban qui se sont installés dans des golfes bien abrités des escales rudimentaires, telles Leptis ou Sabratha, occupées plus tard par les Carthaginois qui les transformeront en riches cités. Arrivent ensuite les Grecs, au milieu du septième siècle avant Jésus-Christ, venant de l’ile de Santorin. Ils fondent de nouvelles villes à l’image de Pentapoles et Sirnak, très prospères113, mais surtout Cyrène qui deviendra un important pôle économique dans l’Afrique de cette époque. Avec eux une première et longue phase de colonisation se met en place.

Carthage domine la Méditerrané et ses alentours jusqu’à son affrontement avec les Romains durant une longue période qui s’est achevée par sa défaite et sa soumission à Rome au deuxième siècle avant Jésus-Christ114. Un siècle plus tard, le nouvel empire romain intègre

les provinces libyennes de Cyrénaïque et Tripolitaine et développe l’agriculture et les villes. L’empereur Septime Sévère (145-211), enfant du pays, fait de Leptis Magna une des villes les plus riches et les plus fastueuses du monde méditerranéen.

Au cinquième siècle de notre ère, la Libye subit l’invasion et la domination vandale. Elle passe par la suite, au VIe siècle, sous l’autorité des Byzantins qui tentent de réorganiser les provinces romaines, construisent des aqueducs, restaurent les grands monuments des villes qu’ils fortifient en raison des attaques des tribus locales et de la menace des armées arabes.

Au VIIe siècle, les Musulmans conquièrent la Libye115. Les Aghlabides et Baní Ziri dominent les terres libyennes116. Les Ziri sont d’origine berbère. Ils étaient auparavant dépendants des Fatimides. En 1050, ils se sont révoltés contre ces derniers qui sont des chiites et ont adopté la doctrine sunnite. Les Fatimides, pour se venger, ont envoyé, pour punir et éradiquer les Ziri, les tribus de Bani Hilal117. Profitant des rivalités le roi normand Roger II

111 Alfred Bel, Les tribus musulmanes en Nord d’Afrique, traduction BADAWI Abderrahmane, Dar Al-Gharb

Al-Islami, éd 3, Beyrouth 1987, p. 39.

112 DESANGE Jihane, Les berbères d’origine, op.cit, p. 431.

113 R.A. BONTOFT, Cyrenaica. Traduction EL MAHDAOUI Ibrahim, éd 3, Bibliothèque 17 février, Benghazi,

2013, p. 12.

114 Warmanjton, L’époque carthaginoise, l’Histoire ancienne de l’Afrique, op.cit. p. 453 sq. 115 R.A. BONTOFT, op.cit., p. 18.

116 Voir ISMAEL Mahmoud, Les Aghlabides (leur politique étrangère). Etudes et recherches humaines et

sociales. 3e éd., Le Caire, 2000.

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occupe Tripoli de 1146 à 1158. La ville, devenue très riche devient à partir du XIVe siècle un nid de pirates et de corsaires venus d’horizons les plus divers.

En 1510, les Espagnols s’emparent de la forteresse de Tripoli mais ne peuvent dominer la totalité du pays et devant la pression ottomane se résignent à céder cette citadelle ainsi que l’île de Malte aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1530. En 1551, les Ottomans, sous le commandement de Sinan Pacha assiègent la forteresse de Tripoli jusqu’à ce que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem se soient rendus. A partir de ce moment les Ottomans s’installent à Tripoli pour gouverner l’ensemble de la Libye devenue partie intégrante de la Sublime Porte118. En 1711, un officie turc, descendant de corsaires, aidé par la population, prend le pouvoir à Tripoli. Il instaure le pouvoir de la famille des Karamanides restée aux affaires jusqu’en 1835 date à laquelle les Ottomans reprennent le pouvoir sur cette ville. En 1911, les Italiens déclarent la guerre aux Turcs dans un esprit de conquête profondément inspiré par l’Empire romain, les hostilités durent deux ans et se soldent par la signature du traité d’Ouchy le 17 octobre 1912 qui permet aux Italiens d’avoir la main sur la Libye, en réalité ils ne contrôlent véritablement que la bande côtière où ils tentent de créer une colonie de peuplement.

Les Libyens mènent alors, sous l’autorité de Omar Muktar, surnommé le Lion du désert, une longue guerre contre les Italiens pendant vingt ans. Malgré tout, en 1935, naît la Colonie italienne de Lybie. A cette époque des archéologues sont envoyés sur le territoire pour retrouver et mettre en valeur l’héritage antique, particulièrement celui de Rome.

La Seconde Guerre mondiale transforme la Libye en un gigantesque théâtre de combats entre l’Axe et les Alliés. A la suite de ce conflit, l’Italie perd la Libye qui entre sous une domination militaire franco-britannique jusqu’en 1951, date de son indépendance. Le 7 octobre une Constitution est promulguée, instituant une Fédération gouvernée par une monarchie parlementaire. Le 24 décembre 1951 le roi Idriss 1er proclame l’indépendance du pays.

Parmi les populations qui l’ont occupé, il y a celles qui ont participé à la construction de sa civilisation et ont sauvegardé son patrimoine, mais d’autres l’ont abîmé. Les Grecs et les Romains ont façonné une belle civilisation sur les côtes libyennes, ses vestiges sont toujours présents. On impute aux Vandales tous les dégâts qui ont touché ensuite ce pays. De même, les Byzantins ont pu détruire des statues et certaines constructions romaines suite à des conflits religieux et sectaires. Quant aux arabes musulmans, ils n’ont accordé aucun intérêt au patrimoine existant. Nous ne trouvons aucune construction liée à la présence des Arabes en Libye. Cela s’explique par le fait qu’ils sont en perpétuel déplacement ou bien en raison des conflits qui les ont opposés aux Berbères. Ces conflits ont duré bien longtemps, jusqu’à ce que les indigènes berbères adoptent la manière de vivre des Arabes. Là, les conflits ont cessé. La période concernant la présence ottomane à Tripoli présente un assez grand intérêt. La ville connait un certain progrès en raison des réformes conduites au sein de l’Etat. Ces réformes avaient pour but de développer et faire évoluer l’empire ottoman qui a, ainsi, accordé plus d’importance à un patrimoine qu’il juge digne d’intérêt. L’administration ottomane rassemble alors tous les vestiges trouvés sur les terres de ses provinces et elle construit des musées afin d’exposer ce patrimoine culturel. Si elle vend un certain nombre de ces vestiges elle fait aussi voter des lois punissant tout acte de dégradation en 1869 posant les premières bases d’une protection (Chapitre 1). Puis vient le temps de la présence européenne (Chapitre 2). L’occupation italienne fait de la mise en valeur du patrimoine culturel un de ses objectifs s’intéressant alors surtout aux ruines grecques et romaines. En 1914, un décret royal organisant la gestion de ce patrimoine est voté. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’administration militaire britannique a ensuite pris le relais. Elle fait appel aux fonctionnaires

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italiens déjà sur place mais sous sa direction. Son rôle sera très important dans la préservation et l’organisation du patrimoine libyen.

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Chapitre I

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