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Genèse, évolution sémantique et avènement métaphorique du réseau

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a consultation d’un dictionnaire suffit à constater la diversité sémantique du terme « réseau » et nombreuses sont les disciplines qui y ont recours (Bakis,1993). L’étendue de ses acceptions nécessite par conséquent d’être précisée dans l’objectif de repérer les différentes représentations susceptibles d’y être associées.

Dans une définition spontanée, le travail en réseau désigne pour bon nombre de travailleurs sociaux une modalité de traitement de situations complexes dont la possible résolution ne s'entrevoit qu'à travers la coopération de plusieurs professionnels ou plusieurs institutions. Affiner cette qualification se révèle difficile et le recours à un rapport de synonymie entre travail en réseau et partenariat permet de réaliser une économie définitionnelle.

Définir le terme « réseau » peut sembler un exercice aisé tant les domaines d’utilisation du mot sont nombreux, offrant une palette de références pluridisciplinaires et multi-contextuelles à même de soutenir la démarche de clarification du terme. Cette démarche prend souvent appui sur les registres suggérés par l’insertion de l’item « réseau » dans une locution: réseau d’affinités, réseau de télécommunication, réseau informatique, réseau industriel, etc.

Cette approche sémantique est toutefois incomplète, le recours aux seules définitions référencées à un domaine spécifique d’utilisation du terme signant son caractère polysémique mais ne permettant pas l’élaboration d’une définition singulière. Dans le domaine du travail social, une définition du travail en réseau ramenée à des notions proches telles que la coopération, la réciprocité, la relation à l’autre, etc., constitue une démarche par défaut et à ce titre insatisfaisante. L’écueil d’une définition générique doit être évité et la réduction du réseau à une dynamique d’échanges s’avère imprécise.

Poser le lien indéfectible existant entre dynamiques réticulaires et organisations humaines constitue un

préambule intéressant : « L’ensemble des organisations sociales repose depuis la plus haute Antiquité

sur la nécessité des échanges et des collaborations entre des individus confrontés à des problèmes qui dépassent leur capacité isolée de résolution. » (Dumoulin et al. 2003, p.9), à condition de ne pas agréger dans une même définition du réseau toute action humaine basée un tant soit peu sur une dimension d’échanges, une analogie trop rapidement consentie entre dimension relationnelle de l’échange et démarche réticulaire étant peu opérante en ne permettant pas une approche univoque des caractéristiques du réseau.

L’étude des représentations des Assistants de Service Social sur le travail en réseau nécessite ainsi au préalable que soient précisées les significations du terme « réseau », les différents sens lui étant conférés ne pouvant qu’influer sur les orientations sous-tendues par les locutions régulièrement usitées dans le secteur social, le travail en réseau et le travail de réseau en étant les plus significatives. L’intérêt d’une approche diachronique des différents sens du mot "réseau" et de la diversité de ses domaines d'utilisation se justifie pleinement car elle permet de mettre à jour le passage qui s'est progressivement opéré entre un réseau attaché à un signifié matériel concret et un réseau porteur d’une dimension métaphorique désignant certaines organisations sociales et sociétales. L’avènement du réseau en tant que nouveau paradigme d’une intervention sociale fortement territorialisée et d’une appréhension concertée des problématiques apparaît la résultante des déclinaisons sémantiques du terme et de leur symbolisation en tant que schémas figuratifs des structures et des modalités de coopération mises en œuvre dans l’exercice des missions.

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L’étude sémantique et étymologique du terme montre plusieurs orientations venant influer sur le travail en réseau, et par conséquence sur les différentes appréciations à même d’être entretenues par les Assistants de Service Social quant à son opportunité et sa portée. L’image du réseau symbolise ainsi :

- la circulation des flux,

- la double fonction de rétention et de passage inhérente à tout maillage,

- l’intelligence des contraires issue d’une mise en parallèle des points de vue des acteurs

concernés,

- la conjonction parfois problématique entre horizontalité d’un fonctionnement réticulaire

s’affranchissant des positions hiérarchiques et verticalité d’un contexte institutionnel duquel le travail en réseau ne peut totalement s’exclure,

- le lien de réciprocité et d’interdépendance entre circulation des données et configuration du

réseau.

Le caractère polysémique du terme et l’insuffisance d’une définition minimale consensuelle imposent la nécessité de parcourir les différents registres sémantiques à l’œuvre dans la construction diachronique des modèles théoriques référés au réseau22. Un détour par l’étymologie sera dans un premier temps effectué dans le souci d’éclairer les liens entre le sens originel du mot et ses déclinaisons ultérieures. La mythologie grecque permettra de mesurer l’importance de sa portée métaphorique. Nous nous transporterons ensuite au siècle des Lumières, théâtre d’une mise en exergue du terme et de son extrapolation symbolique, avant de nous attacher aux travaux majeurs de Saint-Simon initiant le sens et la portée des organisations réticulaires. Nous mesurerons ensuite les conséquences de cet avènement métaphorique sur l’emploi du terme « réseau » dans la sociologie et plus particulièrement dans le domaine du travail social.

22 La figure du réseau est depuis quelques temps l’objet d’un intérêt conséquent des historiens à travers l’exploration du rapport entre la temporalité de sa mise en œuvre et ses différentes déclinaisons. (Bertrand, Bidart, Grossetti et Lemercier, 2013 ; Lemercier, 2005).

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CHAPITRE 1. Approche diachronique du réseau : un terme ancien marqué par un symbolisme fort.

L’étymologie montre que le terme « réseau » est dérivé du mot « rets » issu du latin retis. Apparu dans

la langue française vers les années 1300, il remplace les mots « resel » (vers 1180), et « roisel » ou « rayseau » usités au 13ème siècle, et désigne dans son sens initial « un petit filet pour prendre des oiseaux ou du menu gibier. » (Rey et al., 2006).

A partir de la fin du 16ème siècle, le mot définit « un ouvrage formant un filet à mailles plus ou moins

larges et, par analogie, un tissu formé de petites mailles (fin 16ème) appelé plus tard résille. » (Rey et al., 2006). Il désigne, sous le terme « réseuil » les filets enserrant les coiffures des femmes et, au 17ème

siècle, une pièce de vêtement posée par celles-ci sur leur chemise.

Le réseau est ainsi à l’origine clairement marqué par sa référence aux techniques de tissage, et l’image de maillage, de nœuds, de croisements et d’entrecroisements va durablement accompagner le mot dans son usage métaphorique, depuis les philosophes anciens dans leur élaboration de la Cité idéale structurée à partir d’un entrelacement des forces, des caractères et des compétences :

« Car c’est là l’ouvrage que doit, dans son unité et son entièreté, réaliser le tissage royal : ne jamais laisser une séparation s’établir entre les caractères modérés et les caractères fougueux, mais les tisser ensemble avec une navette correspondant à la commande des opinions, des honneurs, des gloires, par l’échange mutuel de gages, pour fabriquer à partir d’eux un tissu lisse et, comme on dit, bien serré, et enfin leur confier toujours en commun les magistratures dans les cités.» (Platon, 2011, p.210),

jusqu’aux innovations les plus marquantes de la société contemporaine, tel le Web (World Wide Web), toile d’araignée mondiale composée de nœuds, de connexions et d’interconnexions, constituant l’archétype actuel de la métaphore réticulaire.

1. Réseau et filet : de la dimension fonctionnelle à l’usage métaphorique.

Auteur d’ouvrages remarqués sur le réseau, Musso s’inspire des travaux de Gille (1978) et de Daumas (1996) sur l’histoire des techniques, pour mettre en lien l’apparition et l’utilisation des filets avec les techniques ancestrales de tissage repérées dès la période néolithique, puis développées en Egypte (vers

3190 av. J-C), et en Chine dès le 1er siècle. Les techniques ont été profondément remaniées autour des

12ème et 13ème siècles avec l’apparition des premiers mécanismes et du cardage à pointes métalliques

qui signent l’émergence du terme « reseul » dans la langue française.

Nonobstant les évolutions techniques majeures qui ont marqué sa longue histoire et permis le passage d’une activité artisanale à une activité industrielle, l’activité de tissage reste fondamentalement basée sur un mouvement alternatif d’entrelacement de fils. Ce mouvement de va-et-vient permanent inscrit la figure contemporaine du réseau dans une dimension dynamique fondée sur l’échange et l’entrecroisement : échanges de données, d’informations, de conseils, etc. ; entrecroisement de personnes, de fonctions, d’enjeux institutionnels, etc. Musso montre habilement combien la généalogie des figures du réseau en tant que filet et entrelacement de fils s’est maintenue jusqu’à nos jours : l’image du filet, soit en tant que dispositif matériel, soit en tant qu’image symbolique, illustre avec force une double fonction : retenir et laisser passer, à travers la dimension de circulation qui lui est étroitement associée (Musso et al., 2003).

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Le filet opère en effet une sélection : capturer une certaine catégorie de poissons dans le domaine de la

pêche, et d’animaux dans celui de la chasse. Arme du rétiaire23, il enveloppe l’adversaire sans l’occire

immédiatement. Le réseau se définit dans sa capacité à « capturer vivant » et par une fonction sélective active marquée par le flux et la circulation d’éléments à l’intérieur d’une structure organisationnelle spécifique. Rapportée au travail social, le réseau initie un modèle d’intervention combinant une double fonction de circulation et de sélectivité d’informations, dans une organisation collective structurée autour d’un usager dont il conviendra de mesurer la place qui lui est conférée, l’autonomie dont il dispose, ainsi que le rapport établi entre l’expression de ses choix individuels et les orientations pressenties par le travailleur social.

La référence étymologique pose ainsi les prémices des futures déclinaisons métaphoriques du terme et suggère les différents enjeux qui lui seront associés, enjeux que la mythologie grecque illustre dans une portée symbolique conséquente. La présence récurrente dans les mythes grecs des activités de tissage et de ses dérivés élargit en effet le cortège des métaphores qui symbolisent le destin de figures emblématiques : le filet endosse une dimension originelle liée au temps et à la durée de l’existence comme en témoignent les trois Moires : Clotho, Lachésis et Atropos, filles de Zeus et déesses du tissage et des destinées, qui fixent le destin des hommes en filant. Le fil de la vie, filé sur le fuseau de Clotho, mesuré par Lachésis et coupé par les ciseaux d’Atropos, est attaché à l’homme et déroulé par les Moires jusqu’à ce que survienne le moment de le couper en confiant l’individu à la mort. Symbole temporel du passage de l’homme sur terre, le fil de lin signe également l’origine et la place du nouveau-né dans la société en étant utilisé pour broder les insignes d’appartenance à son clan sur les

bandelettes servant à l’emmailloter (Graves, 1967, p.167). Pénélope, au nom déjà évocateur – dont le

visage est couvert d’un filet- tisse son ouvrage le jour et le défait la nuit dans l’attente du retour d’Ulysse, suspendant le temps et repoussant ses prétendants par le caractère inachevé de son tissage puisque: « tant que le métier est dressé, il n’est pas permis de solliciter en mariage »

(Papadopoulou-Belmehdi, 1994, cité par Musso, 2003, p.46). Arachnée se distingue par son habileté dans l’art de filer et s’attire la jalousie d’Athéna : ne parvenant pas à déceler l’existence d’un défaut dans une étoffe réalisée par Arachnée, Athéna entre dans une violente colère et déchire le tissu. Arachnée tente de se pendre mais Athéna lui refuse la mort et transforme la corde en toile d’araignée, condamnant Arachnée à tisser et à rester au bout de son fil (Graves, 1967, p.85).

Parmi l’ensemble de ces personnages associés à la métaphore du tissage, une figure, Mètis, se détache en raison d’un registre métaphorique conséquent et de points de convergence avec le positionnement des Assistants de Service Social au sein des fonctionnements réticulaires.

2. La mètis ou l’intelligence des contraires : le réseau entre croisement et entrecroisement.

Première épouse de Zeus, Mètis se caractérise par son intelligence déductivo-pratique et devient l’éponyme d’un mode particulier de raisonnement et d’appréhension des difficultés :

«La mètis est bienune forme d’intelligence et de pensée, un mode du connaître; elle implique un ensemble complexe, mais très cohérent, d’attitudes mentales, de comportements intellectuels qui combinent le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise; elle s’applique à des réalités fugaces, mouvantes,

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déconcertantes et ambiguës, qui ne se prêtent ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux. » (Detienne et Vernant, 1974, p.10).

Mètis n’a pas fait l’objet d’une littérature conséquente, notamment à cause de son existence relativement brève - première épouse de Zeus, elle est avalée par ce dernier alors qu’elle était enceinte d’Athéna -, mais ses facultés intellectuelles et ses capacités particulières de raisonnement sont régulièrement évoquées. Symbole de l’intelligence pratique et de la ruse, Mètis se distingue en effet par sa grande maîtrise des arts de la chasse et de la pêche24, et par sa faculté de s’adapter aux circonstances en inversant les forces en présence et en entrecroisant les contraires. Dans le sens commun, Mètis se caractérise par :

« (…) un continuel jeu de bascule, d’aller et retour entre pôles opposés; elle renverse en leur

contraire des termes qui ne sont pas encore définis comme des concepts stables et délimités, exclusifs les uns des autres, mais se présentent comme des Puissances en situation d‘affrontement (…)» (Detienne et Vernant, 1974, p.11).

A travers Mètis, la place conférée au filet-réseau dans la mythologie grecque dépasse une simple considération techniciste du terme en initiant des considérations métaphoriques illustrant les formes d’intelligence à l’œuvre face à certaines situations complexes :

« (…) l’individu doué de mètis, qu’il soit dieu ou homme, lorsqu’il est confronté à une réalité

multiple, changeante, que son pouvoir illimité de polymorphie rend presque insaisissable, ne peut la dominer, c'est-à-dire l’enclore dans la limite d’une forme unique et fixe, sur laquelle il a prise, qu’en se montrant lui-même plus multiple, plus mobile, plus polyvalent encore que son adversaire. » (Detienne et Vernant, 1974, p.11).

Les déclinaisons ultérieures du réseau dans des domaines techniques ou professionnels variés, dont le champ du travail social, élargiront la dimension du réseau en tant que filet pour élaborer une matrice métaphorique à même de rendre compte des activations de l’intelligence du lien et des stratégies à l’œuvre dans les démarches de coopération.

En d’autres termes, la mètis symbolise la convocation de la dimension réticulaire comme intrinsèquement liée à la mise en œuvre d’une intelligence du changement, et l’image du filet se retrouve au centre d’élaborations métaphoriques servant le dessein des hommes à travers la mobilisation de leur intelligence et de leur ruse, à l’instar du renard et du poulpe, symboles dans la mythologie grecque des deux faces de la mètis.

En raison de la coexistence chez lui de qualités à première vue contradictoires, le renard symbolise la

complexité des hommes, « actif, inventif mais en même temps destructeur ; audacieux mais craintif ;

inquiet, rusé et pourtant désinvolte, il incarne les contradictions inhérentes à la condition humaine.»

(Griaule et Dieterlen, 1965, p.81), retournant en sa faveur, grâce à sa ruse, des situations lui étant de

prime abord défavorables. Il inverse les rôles, et de proie devient prédateur en organisant le retournement des données en présence. Capable de singer l’animal mort, il se couche sur le flanc, attirant ainsi la convoitise des oiseaux avant de se précipiter sur eux, et ce n’est qu’au prix de la transformation de son apparence menaçante en attitude flatteuse qu’il parvient à saisir le fromage convoité dans la célèbre fable de La Fontaine.

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Le poulpe se distingue du renard par « (…) un nœud de mille bras, un réseau vivant d’entrelacs (…) »

(Detienne et Vernant, 1974, p.45) et se présente comme un animal insaisissable, capable de se confondre avec la pierre sur laquelle il se pose ou d’épouser les formes de sa proie en l’entourant de

ses tentacules, tel un filet . Capable également de disparaître derrière un écran d’encre25 pour inverser

une situation de danger et lui permettre de prendre le dessus sur ses agresseurs. Les grecs le définissent

comme un polùplokos, adjectif également attribué au serpent à travers les ondulations de son corps, et

aux labyrinthes de par leurs enchevêtrements de dédales et de couloirs, deux images signant une nouvelle fois le lien entre la mètis et l’imagerie réticulaire.

Renard et poulpe sont dotés d’une même mètis, cette capacité d’analyse rapide et de retournement à leur avantage d’une situation initialement peu favorable. Ils symbolisent la ruse nécessaire aux hommes pour triompher de leurs adversaires et surmonter les épreuves envoyées par les dieux. Célèbre pour son habileté à déjouer les pièges qui lui sont tendus, Ulysse est associé dans les récits à l’image du poulpe et Pittacos se montre rusé comme un renard pour terrasser le général athénien Phrynon en lui jetant par surprise le filet qu’il dissimulait sous son bouclier (Detienne et Vernant, 1974, p.51).

La mètis représente l’expression d’une logique d’intervention vive et pratique, largement mobilisée dans la conduite des affaires, que ces dernières soient de l’ordre privé ou public. La mètis de l’artisan confronté à une difficulté d’ordre technique est similaire à la mètis du politique s’efforçant de convaincre son auditoire par une rhétorique finement ciselée. Considérée par d’aucuns comme une qualité intrinsèque au génie humain, condamnée par d’autres tel Platon s’inquiétant de la valorisation

de cette forme d’intelligence basée sur « des procédures obliques, des cheminements détournés et des

ruses de l’approximation » (Detienne et Vernant, 1974, p.304), la mètis se définit comme une forme d’intelligence fondamentale largement influente dans les modes de coopération humaine et dans le rapport des hommes aux difficultés présentées par leur environnement immédiat.

La figure de la mètis rend de fait impossible la réduction de la définition du réseau à une formalisation mathématique des liens existant entre différents acteurs. S’opposant au logos qui construit un monde ordonné et rationnel issu des vérités scientifiques, elle représente selon Autès (1999) :

« (…) tout ce qui s’échappe de cet ordre, tout ce qui se passe dans les interstices. C’est la

logique des chemins de traverse : l’urbaniste a prévu les voies, les passages, les circulations, mais l’individu coupe les virages, traverse les pelouses, et inscrit ses passages déviants sur l’herbe foulée où apparaît la trace de son chemin. » (p.252)

et illustre par extension la réalité du travail social, avec ses acteurs, ses « bricoleurs », ses passeurs, ses médiateurs, ses porte-parole de l’entre-deux, ses agents de mise en liaison de réalités différentes et

d’enjeux parfois contradictoires. Erigée en modèle d’action et de reconnaissance professionnelle26

, elle correspond « (…) à la logique d’action du travail social. » (Autès, 1999, p.252), en même temps

qu’elle constitue un symbole puissant de la pensée réticulaire actuelle : « Cette définition de la mètis

grecque coïncide avec la conception moderne du réseau : poser des pôles opposés et penser leur jeu de déséquilibre dynamique. » (Musso et al., 2003, p.24). Le travail en réseau comme réponse à la

25 Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant observent à ce propos que le mot « nuée » désignant l’encre de la seiche ou du poulpe correspondait chez les grecs à une sorte de filet de pêche.

26 « Je nous fais un dernier vœu : puissions-nous nous approprier la force de Mètis pour affirmer notre positionnement professionnel et mobiliser nos compétences. Pour cela, ne restons pas isolés, la force de Métis est aussi la force collective, la force du groupe. » (De Robertis, 2007b).

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complexité d’une situation donnée constitue dès lors un espace d’articulation et de confrontation des mètis des acteurs concernés.

Support de l’expression des mètis, le réseau est pleinement associé au fonctionnement de la pensée