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2.3 Acoustique Picoseconde

2.3.2 G´ en´ eration d’impulsions acoustiques

L’objectif de cette partie est d’expliquer comment l’absorption d’une impulsion lumineuse ultracourte conduit `a la g´en´eration d’une impulsion acoustique. Dans tous les cas l’´energie de la pompe est d´epos´ee dans la premi`ere couche absorbante rencontr´ee. Si bien qu’il est possible par exemple de g´en´erer de l’acoustique en profondeur au travers d’un film transparent. Cette ´energie est c´ed´ee aux ´electrons du m´etal puis convertie suivant diff´erentes voies d´ependant de la nature du mat´eriau. C’est pourquoi en acoustique picoseconde il existe plusieurs m´ecanismes de g´en´eration.

Thermo- ´elastique

Le principal de ces m´ecanismes, dit thermo-´elastique, concerne tout mat´eriau sus-ceptible d’absorber l’impulsion de pompe. Les m´etaux, le plus souvent tr`es absorbants pour les longueurs d’ondes utilis´ees, sont principalement concern´es. La pompe p´en`etre et s’att´enue dans le m´etal suivant un profil exponentiellement d´ecroissant avec une longueur caract´eristique ξ, c’est l’effet de peau :

ξ = λ

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o`u k est la partie imaginaire de l’indice optique n + ık et λ la longueur d’onde. L’´energie transmise aux ´electrons suit ce mˆeme profil exponentiel. Les ´electrons se d´esexcitent sur une dur´ee inf´erieure `a la picoseconde en cr´eant un ´echauffement du m´etal. Ainsi sur une ´echelle de temps tr`es courte par rapport `a tout mouvement m´ecanique le m´etal est ´echauff´e sans avoir eu le temps de se dilater, il est contraint thermiquement. Cette contrainte thermique donne naissance `a une impulsion acous-tique dont l’extension spatiale est l’´epaisseur de peau ξ. Dans l’aluminium avec une longueur d’onde de 800 nm cette ´epaisseur est de 7.5 nm. Grˆace `a la vitesse du son cl = 6.4 nm.ps−1 on d´eduit une dur´ee d’impulsion τ = 1.2 ps dont l’ordre de grandeur explique le terme d’acoustique picoseconde. Par ailleurs on remarquera que la fr´equence centrale du spectre d’une telle impulsion est de 425 GHz. Pour ces raisons l’acoustique picoseconde est une technique adapt´ee en termes de fr´equence `a l’´etude d’objets de taille nanom´etrique.

Dans certains cas les ´electrons diffusent dans le mat´eriau avant de c´eder leur ´

energie aux phonons `a une certaine distance de leur lieu d’excitation. Ceci a pour effet d’´elargir l’impulsion acoustique g´en´er´ee [83]. Dans l’aluminium l’effet de cette diffusion n’est pas tr`es important [75] il concerne essentiellement les m´etaux nobles.

Propri ´et ´es de ces impulsions acoustiques

La g´en´eration d´etermine le profil de l’impulsion acoustique. La description d´etaill´ee du m´ecanisme thermo-´elastique et la r´esolution de l’´equation de propaga-tion sont dus `a White [94] et ont ´et´e adapt´es au cas de l’acoustique picoseconde par Thomsen [86].

Ici quelques ´el´ements de cette r´esolution sont pr´esent´es ainsi que le profil des impulsions usuellement g´en´er´ees. L’accroissement de temp´erature qui r´esulte de l’ab-sorption de la pompe a un profil exponentiel et s’´ecrit :

∆T (z, t) = (1 − R) Q Sξce

−z

ξH(t), (2.6) o`u R est le coefficient de r´eflexion de la surface, Q l’´energie de l’impulsion pompe, S la surface de la tache focale, c la capacit´e calorifique volumique et H(t) la fonction de Heaviside. Cette description suppose que la diffusion de la chaleur est suffisamment faible. La contrainte thermique σth induite est dirig´ee suivant l’axe normal `a la surface. σth= −3Bβ∆T (z, t), (2.7) o`u B est le module de compressibilit´e et β le coefficient de dilatation. Cette contrainte initiale sert de terme source `a l’´equation de propagation des ondes sonores.

2η ∂t2 − c2 l2η ∂z2 = 1 ρ ∂2σth ∂z2 (2.8)

Sa r´esolution se fait dans l’espace de Fourier avec une condition de contrainte nulle `a la surface libre σ(z = 0, t) = 0. On retiendra que la solution comporte deux parties indiqu´ees sur la figure 2.11 par :

Page 58 Chapitre 2 - Aspects exp´erimentaux

1 La premi`ere partie est non propagative et localis´ee en surface, c’est la dilatation thermique de la surface. En pr´esence de diffusion thermique cette ´elongation va d´ecroitre. Elle contribue `a la lente d´ecroissance exponentielle sur la courbe de r´eflectivit´e2.10. La d´ecroissance thermique est ´egalement due `a la thermo-r´eflectance

2 La seconde, propagative, est l’onde acoustique proprement dite. Cette impul-sion acoustique comporte une dilatation suivie d’une compresimpul-sion on parle d’im-pulsion bipolaire. En effet la dilatation initiale proche de la surface se propage vers la profondeur de l’´echantillon mais aussi vers la surface. Elle rencontre donc imm´ediatement la surface et s’y r´efl´echit en changeant de signe car l’in-terface solide/air a un coefficient de r´eflexion acoustique de valeur -1. L’onde qui se propage dans le m´etal est donc `a int´egrale nulle, elle n’induit pas de d´eplacement de la surface. Profondeur z (nm) 0 20 40 60 80 100 fo rm a ti o n η cl = 6.4 nm.ps-1 t = 10 ps Compression Dilatation 1 2 (a) Temps (ps) -10 -5 0 5 10 R (u .a .) (b)

Figure 2.11: (a) Profil de l’impulsion g´en´er´ee en surface dans une couche d’aluminium. La d´eformation est form´ee d’une zone de compression suivie d’une dilatation. Son d´eplacement total est nul. Son extension est d´efinie par l’absorption optique de la pompe. (b) Change-ment de r´eflectivit´e occasionn´e par la d´etection en surface de l’impulsion acoustique 2 dans l’aluminium.

Notons que si la g´en´eration op`ere en profondeur au travers d’une couche transpa-rente la r´eflexion acoustique n’est pas totale et il est possible d’obtenir une impulsion acoustique dont le d´eplacement est non nul. Le d´eplacement δ est d´efini par :

δ =

Z 0

η(z)dz (2.9)

Ces d´eplacements sont `a l’origine d’un m´ecanisme de d´etection d´ecrit en2.3.3.

Autres m ´ecanismes

D’autres m´ecanismes de g´en´eration existent et parfois s’ajoutent au thermo-´

elastique notamment dans les semi-conducteurs dans lesquels on parle de potentiel de d´eformation. Donnons quelques ´el´ements sur la g´en´eration par potentiel de d´eformation. Dans un semi-conducteur, l’excitation des ´electrons de la bande de valence vers la bande de conduction est responsable de la forte absorption de la pompe si l’´energie des photons

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incidents est sup´erieure `a celle de la bande interdite. Ces ´electrons perdent de l’´energie et tombent dans le bas de la bande de conduction en cr´eant des phonons thermiques. Cet ´echauffement g´en`ere de l’acoustique suivant le m´ecanisme d´ecrit pr´ec´edemment. Mais les ´electrons sont toujours dans la bande de conduction et cet ´etat hors d’´equilibre cr´ee par couplage ´electron-phonon une contrainte ´elastique. Ce lien entre ´electrons ex-cit´es et contrainte, c’est le potentiel de d´eformation. Une contrainte proportionnelle `a ce potentiel et `a la densit´e d’´electrons excit´es, donc `a la puissance de pompe, apparaˆıt. Le potentiel de d´eformation peut prendre des valeurs n´egatives ce qui signifie que l’impul-sion r´esultante peut-ˆetre une dilatation contrairement au m´ecanisme thermo-´elastique qui donne toujours une compression.

Enfin citons ´egalement un m´ecanisme pi´ezo´electrique [35,58]. Dans un mat´eriau simultan´ement semiconducteur, pi´ezo´electrique et si`ege d’un champ ´electrique perma-nent, l’excitation des porteurs de charge peut ´ecranter le champ. Le mat´eriau ´etant pi´ezo´electrique un d´eplacement r´esulte de cette variation brutale du champ ´electrique.