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Chapitre III : Le Lez, un système karstique complexe

1. Présentation générale du bassin

1.1. Géographie et hydrographie

Le système karstique du Lez fait partie du vaste système des garrigues nord-montpelliéraines compris entre le fleuve Hérault { l’Ouest et le fleuve Vidourle au Nord et { l’Est (Figure 18). Le bassin est assez fortement urbanisé, avec plus de 412 000 habitants pour l’agglomération de Montpellier et une densité de 160 habitants par km² pour le département de l’Hérault qui couvre la plus grande partie de la zone considérée, alors qu’elle est de 114 habitants par km² sur l’ensemble de la France métropolitaine. Le fleuve Lez est long de 26 km et se jette dans la mer Méditerranée après avoir traversé la ville de Montpellier.

1.1.1. Climat : des épisodes pluvieux intenses

L’aquifère du Lez est sous l’influence d’un climat typiquement méditerranéen. Les étés sont chauds et secs : la température minimale en moyenne pour cette saison dépasse les 14°C et la

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pluviométrie est la plus basse de l’année avec moins de 40 mm en moyenne. Les hivers sont doux : la température moyenne pour le mois le plus froid (janvier) est de 2°C.

Le cumul annuel moyen de pluies varie entre 700 mm au Sud-Est du bassin (Mauguio) et 1120 mm au Nord-Ouest du bassin (Saint-Martin-de-Londres), en comparaison, la pluviométrie moyenne à Paris est de 600 mm. En termes de répartition temporelle, ces pluies tombent généralement de façon abondante (environ 100 à 140 jours de pluie par an) avec en moyenne 40% du cumul total qui tombe entre les mois de septembre et novembre.

La pluviométrie subit des variations interannuelle qui vont du simple au double sur la période 1979 – 2003 ; par exemple le pluviomètre de Montpellier-Mauguio situé au sud de la ville de Montpellier peut enregistrer moins de 600 mm pour les années les plus sèches (1988 et 1992) et plus de 1200 mm pour les années humides (1995, 1996, 2003).

La région est soumise au vent marin, vent violent du Sud-Est qui est impliqué dans la formation d’orages cévenols ou méditerranéens, qui sont des épisodes pluvieux diluviens se produisant à l’automne (voir paragraphe suivant). De plus, ce vent peut entraîner une surcote marine, c'est-à- dire augmenter la crue des fleuves en entraînant une importante montée des eaux à leur embouchure.

Concernant plus particulièrement les précipitations, l’arc méditerranéen est fréquemment soumis à des évènements pluvieux très intenses. Les conséquences hydrologiques de ces épisodes dits méditerranéens peuvent s’avérer catastrophiques : catastrophe du Var en juin 2010 (23 morts, plus de 400 mm de pluie en 24h), inondations du Gard en septembre 2002 (23 morts et plus d’un milliard d’euros de dégâts, près de 700 mm de pluie en 24h) ou encore épisode diluvien de novembre 1999 dans l’Aude qui a causé la mort de 35 personnes, sont autant d’exemples attestant du risque hydrométéorologique présent dans ces zones (E. Gaume et al., 2009 ; F. Vinet, 2008). On distingue deux grands types d’épisodes pluvieux intenses : les épisodes où le forçage orographique est dominant et les épisodes où les forçages atmosphériques sont dominants. L’automne est particulièrement propice { ces phénomènes du fait de la température élevée de la mer Méditerranée.

Dans le premier cas, ce sont des flux marins doux et humides qui viennent buter sur un relief, se présentant généralement perpendiculairement { ces flux. Le soulèvement de cette masse d’air de basse couche et la présence d’éléments d’instabilité en altitude (divergences d’altitude, anomalies froides...) permettent d’initier une convection profonde et durable (24 { 96h) pouvant se positionner du piémont aux crêtes. Ces épisodes sont généralement appelés “épisodes cévenols” du nom du massif des Cévennes qui les voit très souvent se produire en automne. L’initiation du phénomène est directement liée au relief. Ce genre d’épisode influence quelquefois l’extrême amont du bassin d’alimentation de la source du Lez.

Dans le second cas, c’est la dynamique atmosphérique régionale, parfois aidée de forçages orographiques locaux mais non essentiels dans l’initiation et l’entretien du phénomène, qui va permettre à des orages de se manifester. Plus précisément, c’est l’association d’un contexte convergent en basse couche, impliquant une élévation de l’air, et divergent en altitude, impliquant une aspiration de l’air situé en-dessous dans un flux cyclonique (qui tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) marqué, qui va déclencher la convection. On explique ce phénomène par un excellent phasage entre convergence au sol et divergence d’altitude. Ces deux

87 éléments en phase permettent la régénération des orages. Dans la plupart des cas, ces orages sont à régénération arrière* ce qui provoque la stationnarité des précipitations très intenses qui sévissent au sol. Parfois, ces orages peuvent adopter des structures particulières : orages « en V » lorsque l’association convergence/divergence stationne plusieurs heures et est parfaitement phasée, ou systèmes convectifs de méso-échelle quand l’orage prend une dimension importante et s’auto-entretient. Les précipitations sont souvent moins durables que dans le cas des épisodes cévenols mais assez nettement plus intenses (parfois près de 150 mm en 1h). Ce genre d’épisode est plus fréquemment rencontré sur le bassin d’alimentation de la source du Lez.

Figure 18 : Hydrographie, bassin versant topographique.

1.1.2. Hydrographie

Plusieurs affluents rejoignent le Lez en aval de la ville de Montpellier (Figure 18) : la Mosson qui est le seul affluent pérenne, le Verdanson, la Lironde tandis que d’autres arrivent en amont de la ville : principalement le Lirou qui lui-même comporte plusieurs affluents (le Terrieu et l’Yorgues notamment). La superficie du bassin versant topographique du Lez { son exutoire est d’environ 540 km², en tenant compte du bassin de la Mosson. Pour le Lez seul, à la station de Lavalette, c'est-à-dire { l’entrée de la ville de Montpellier, le bassin versant topographique a une superficie de 120 km² environ.

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