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Écrire les mentions d’un générique, soit à la machine à écrire ou à l’ordinateur, ou encore sur les feuilles sorties de l’imprimante peut s’identifier comme d’autres modèles d’ouverture de film plus courants. Malgré leurs différences, machine à écrire et ordinateur sont considérés tous les deux comme des appareils à écrire, raison pour laquelle nous les avons placés dans la même catégorie.

Cependant, taper les mentions avec une machine à écrire peut être considéré comme un

générique imprimé alors que ce n’est pas le cas de l’ordinateur. Des caractères écrits sur l’écran d’un ordinateur donnent un effet numérisé ou informatisé au générique. Cet effet correspond aux sujets liés à la technologie et l’informatique alors qu’une machine à écrire ne donne jamais une telle impression, même quand elle est utilisée dans les images de sa propre époque.

Un exemple de ce modèle se trouve dans la séquence d’ouverture du film Desk Set, réalisé en 1957 par Walter Lang, le réalisateur hollywoodien. Le premier plan montre un travelling plongeant vers une imprimante IBM. L’image montre les éléments d’un système informatique avec d'autres disposés de part et d’autre et constituant les composants et les périphériques d’un ordinateur des années 1950. L'ensemble de ces éléments sont placés sur un sol effectivement inspiré par la peinture géométrique de Piet Mondrian. Suite au mouvement de travelling vers l’imprimante, on voit sortir une feuille où sont écrits dessus les noms des deux acteurs principaux et ensuite le titre du film et les autres mentions, le tout avec une police de caractère du genre « machine à écrire ».

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Il faut remarquer que l’idée d’employer de la typographie du genre « machine à écrire » semble assez convaincante à cette époque pour évoquer le sens de la technologie. Il est intéressant de savoir que justement vers 1955, IBM fit appel à trois typographes américains dans le but de proposer, pour des machines à écrire de haute qualité technique, un caractère de très grande qualité typographique.247 Ces trois typographes sont Roger Roberson qui dessina le « Letter Gothic », John Schappler le « Delegate » et Howard Ketter la « Prestige Elite » et la fameuse police de caractère « Courier ».248 Ce dernier est devenu le caractère le plus populaire dans le style « machine à écrire » et a été employé pendant des années en format imprimerie ainsi que sur les écrans.

En 1966, on voit également ce genre de caractère typographique, dans Fantastic voyage, un film de Richard Fleischer. Le concepteur Richard Kuhn a proposé un générique avec une ambiance scientifique correspondant à l’aspect technologique du film avec les crédits qui se tapent sur les images tout seuls.

Figure 76 – Plan de titre, Fantastic voyage, 1966

À partir des années 1970, les technologies informatiques s'introduisent dans les créations des génériques. En 1975, Three Days of the Condor, film américain réalisé par Sydney Pollack, s’ouvre sur l’image d’une imprimante d’ordinateur en train d’imprimer des textes, avec la typographie de genre « informatique » et en surimpression les titres s’affichent sur ces images.

Dans le genre « ouverture informatisée », on peut citer également celui de Terminator de James Cameron sorti en 1984. Ici deux séries de lettres transparentes et en bleu apparaissent

247 Jacques André, Courier, Histoire d’un caractère De la machine à écrire aux fontes numériques, Janvier 2010, http://jacques-andre.fr/fontex/courier.pdf

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sur fond arrière en s’approchant pour se croiser et sortir l’une de l'autre. Ces lettres finissent par former le titre en reculant. Avec une typographie de genre « informatique », les crédits apparaissent sous la forme d'un texte dactylographié sur un écran d'ordinateur avec le curseur carré, caractéristique très reconnaissable des années 80. Le compositeur Brad Fiedel complète ces images typographiques en effet technologique avec un thème électronique et des effets digitaux, ce qui devient d’ailleurs, le thème principal de Terminator.

Figure 77 – Plans de générique, Terminator de James Cameron (1984)

En 2009, resté fidèle au premier film de Terminator, Karin Fong, avec son équipe en Imaginary forces, conçoit le générique d’ouverture de Terminator Salvation. Porté par une technologie avancée, ce dernier a une texture métallique dans une ambiance virtuelle tout comme l’ambiance du film. Les crédits apparaissent de façon dactylographiée, mais, bien évidemment, exécutés de manière plus moderne que le premier Terminator.

D’autres exemples plus modernes, mais inspirés par l'ambiance d'une machine à écrire, se retrouvent dans The Number 23 de Joel Schumacher sorti en 2007. Son générique a également été réalisé par Imaginary Forces et sous la direction artistique de Michelle Dougherty. Il est l’un des génériques de début esthétiquement étudié et vraiment réussi, particulièrement pour sa cohérence avec le genre thriller psychologique du film. De plus, grâce à son côté à la fois étrange, froid et mystérieux, il attire tout de suite l’attention du spectateur. Par ailleurs, notons que ce générique, comme nous allons l'expliquer dans la dernière partie de cette thèse, est inspiré par le style de Kyle Cooper qui avait une incidence indéniable, particulièrement sur la conception des génériques du genre horreur.

Sur un fond de papier légèrement froissé, les mentions avec un style grunge machine à écrire se montrent parmi des caractères (particulièrement le chiffre 23) qui se propagent et se multiplient à l’écran en se répétant. Le titre se remarque en rouge sombre entouré par des chiffres « 23 » et des « X ». Puis il s'estompe, de manière comparable au déversement du

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sang. Des gouttes de sang coulent sur les caractères écrits et finissent par recouvrir tout l’écran. À la fin du générique, une fois que l'écran est totalement saturé par le sang, un grand nombre 23 s’affiche au centre de l'image.

Figure 78, Plan de générique, The Number 23 de Joel Schumacher (2007)