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Fracture de l’implant

Dans le document Gestion des complications en implantologie (Page 130-134)

TROISIEME PARTIE

3 Les complications techniques et matérielles

3.2 Les différentes complications mécaniques rencontrées et leur gestion

3.2.1 Les fractures

3.2.1.1 Fracture de l’implant

Un implant se divise en 3 parties : le col, le corps, l’apex. La fracture de l’implant peut se situer au niveau d’évents apicaux (aujourd’hui plus utilisés car fragiles), au niveau du col de l’implant (comme le Screw-Vent) ou à n’importe quelle hauteur du corps de l’implant. Nous avons vu précédemment que ces fractures pouvaient être dues à un diamètre insuffisant, la présence d’extension prothétique trop longue, un défaut de fabrication, un nombre insuffisant d’implant, un descellement de la prothèse…

Figure 140 : fracture d'un implant maxillaire.

Dans tous les cas, la fracture d’un implant représente un échec. Sa dépose, le plus rapidement possible, et son remplacement immédiat ou différé sont donc essentiels. Certains systèmes ne permettent pas une dépose aisée et doivent par conséquent être éliminés du marché. Nous partons du principe qu’en cas de nécessité de dépose d’un implant rare, le patient sera adressé à un service chirurgical spécialisé. Nous allons donc nous concentrer sur la dépose d’un implant fracturé classique conique. La technique de dépose est choisie en fonction de la situation de l’implant (maxillaire ou mandibulaire), de la hauteur intra-osseuse de l’implant et de la disponibilité ou non du filetage interne de l’implant (Bert et Leclerq, 2012).

129 3.2.1.1.1 Le tourne-à-gauche ou « queue de cochon »

Cet instrument prend ancrage dans le filetage intérieur de l’implant et va permettre le dévissage de l’implant. L’utilisation de cet outil demande de respecter certaines conditions :

Figure 141 : tourne-à-gauche ou queue de cochon.

 L’implant à déposer doit être obligatoirement une vis avec le filetage de

l’implant accessible (pas de vis fracturée à l’intérieur).

 Une longueur minimale de 2 à 3mm de filetage est nécessaire pour son bon

fonctionnement en cas de fracture du col.

 L’utilisation d’un tourne-à-gauche est possible uniquement dans un os de

faible densité, ou lorsque l’implant est peu ostéo-intégré.

 Son usage se fait principalement pour les implants maxillaires. Pour la dépose

d’un implant mandibulaire, les conditions précédentes doivent être respectées : si l’ostéo-intégration est bonne, le retrait de l’implant à l’aide du tourne-à-gauche est impossible.

Figure 142 : action dans le sens du dévissage.

Cet instrument est actif dans le sens du dévissage d’une vis. Une clé peut être insérée au niveau de son manche grâce aux méplats présents, permettant ainsi d’exercer une forte pression dans le sens du dévissage de l’implant. Les suites

post-130 opératoires sont simples et peu douloureuses, similaires à une extraction dentaire. La réimplantation immédiate d’un implant de plus gros diamètre peut être réalisée. Si ce n’est pas possible, une cicatrisation osseuse de 6 à 8 semaines est nécessaire, sauf en cas de reconstruction alvéolaire pour lequel un délai de 6 mois est obligatoire (Morgan et coll, 1993 - Davarpanah et coll, 2008).

3.2.1.1.2 La tréphine ou trépan

Lorsque l’utilisation du tourne-à-gauche est impossible ou inefficace (os dense, filetage non accessible…), la mise en œuvre d’une tréphine permet la dépose aisée de l’implant fracturé. La perte osseuse autour de l’implant après passage de l’instrument, doit être la plus minime possible, c’est pour cette raison que le praticien choisit son diamètre en fonction de l’implant.

Figure 143 : tréphine.

L’utilisation d’une tréphine est simple, mais demande certaines précautions d’emploi (Bert et Leclerq, 2012) :

 Choisir le bon diamètre de la tréphine en fonction du diamètre de l’implant. Si

le col de l’implant persiste, il peut être judicieux de le supprimer à l’aide d’une fraise diamantée : ceci réduit le diamètre de la tréphine à choisir et permet de réimplanter le patient immédiatement avec un implant de 5mm de diamètre.

 L’instrument est monté sur contre-angle réducteur et est utilisé entre 800 et

1000 tours par minute.

 Sa rotation est activée avant de le placer sur l’implant, et son refroidissement

est assuré par irrigation abondante au sérum physiologique.

 Le praticien travaille de manière séquentielle (quelques secondes de travail),

en laissant l’irrigation externe refroidir l’extrémité de l’instrument.

 La progression de la tréphine est très rapide même dans un os dense, ainsi le

praticien sent tout de suite s’il attaque le titane de l’implant et peut réajuster sa trajectoire.

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 Le praticien n’utilise pas l’instrument sur toute la longueur de l’implant (sauf en

cas d’évents apicaux), il s’arrête à 2mm de l’apex. C’est à l’aide d’un élévateur, ou d’un syndesmotome faucille qu’il va luxer l’implant afin de le retirer avec un davier à mords fins de la même manière qu’on avulse une dent. L’appui des instruments se fera sur les faces mésiales ou distales pour éviter toute fracture de table osseuse.

 Enfin, il est préférable de choisir une tréphine neuve, non utilisée pour avoir le

meilleur effet de coupe possible sans risque d’échauffer l’os.

Figure 144 : passage de la tréphine, mobilisation implantaire à l'aide d'un élévateur puis retrait de l'implant.

Une fois l’implant retiré, le praticien peut réimplanter dans la séance s’il possède un implant de gros diamètre et qu’il juge que la stabilité primaire sera suffisante.

3.2.1.1.3 Piézo-chirurgie

On utilise de plus en plus en odontologie les ondes ultrasonores notamment dans le domaine de la chirurgie osseuse pré-implantaire. Dans le cas de dépose d’un implant fracturé, les ultrasons vont réaliser des tranchées additionnelles de quelques millimètres afin « d’assouplir » l’os en vestibulaire. Ainsi, la force nécessaire au dévissage est réduite. L’os péri-implantaire est alors préservé permettant une ré-implantation plus rapide (Poblete-Michel et coll, 2008).

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Figure 145 : tranchées réalisées à l'aide des ondes ultrasonores.

3.2.1.1.4 Rappel

Toute fracture implantaire doit obligatoirement, en France, faire l’objet d’une déclaration à la commission de Matériovigilance dépendant du ministère de la santé, Bureau EM1 de la direction des Hopitaux : (Par lettre recommandée avec A.R.) 8 avenue de Ségur 75450 PARIS 07 SP.

Le code de la santé publique prévoit que le défaut de déclaration est un délit qui peut entraîner jusqu’à 75000€ d’amende et/ou jusqu’à 4 ans d’emprisonnement.

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