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3.3 Singularit´es r´eguli`eres

4.1.3 Formules de connexion

Pour d´ecrire explicitement “la” repr´esentation de monodromie, il suffit de d´ecrire l’effet sur l’une des trois basesB0,B1,Bde deux des trois lacetsγ01. Comme on connait l’effet de chaqueγasur la base Ba(monodromie locale), il suffit de connaitre une formule de connexion, c’est-`a-dire une matrice de pas-sage entre deux de ces bases.

On va suivre ici deux m´ethodes (parmi de nombreuses possibles, voir [26], chap. 2, §2.4). La premi`ere repose sur la formule int´egrale de Barnes et ne sera donc pas enti`erement justifi´ee. Elle est totalement explicite ; elle fournit tous les coefficients d’une matrice de passage entre deux bases connues. Elle est transcendante, comme toutes les m´ethodes qui fournissent des r´esultats explicites. Elle est providentielle puisqu’elle utilise des informations auxquelles on ne peut esp´erer avoir acc`es en g´en´eral.

La deuxi`eme m´ethode est due `a Riemann, [43]. Elle est alg´ebrique et syst´ematique, en ce qu’elle n’uti-lise que l’information contenue dans le sch´ema de Riemann. Elle n’est pas explicite en ce que la base dans laquelle est exprim´ee la monodromie n’est connue qu’`a un facteur constant pr`es sur chaque fonction. Elle d´etermine donc le groupe de monodromie (`a conjugaison pr`es) mais ne d´ecrit pas son action : on ne peut mˆeme pas en d´eduire la monodromie de la s´erie hyperg´eom´etrique ; ce genre d’information n’est accessible que par voie transcendante. En substance, elle dit `a quoi ressemblent toutes les repr´esentations de rang 2 du groupe libre `a deux g´en´erateurs. Ce point de vue est d´etaill´e, par exemple, dans [26], chap. 2, §2.4.2, ainsi que dans [2] et [54]mais nous nous en tiendrons `a la d´emarche artisanale de Riemann.

Monodromie via la formule de Barnes

On proc`ede encore par d´eformation de contour. On introduit le contour CNsuivant, d´efini pour N>0 entier suffisamment grand. Il longe l’axe ıR de−ı∞`a−ıN ; il est horizontal de−ıN `a−ıN−N, vertical de

−ıN−N `a+ıN−N sauf au passage des s´eries de pˆoles−α−N (resp.−β−N), o`u il effectue des petits d´ecrochements pour passer entre−α−N et−α−N−1 (resp. entre−β−N et−β−N−1), horizontal de+ıN−N `a+ıN ; enfin, il longe l’axe ıR de+ıN `a+ı∞. On v´erifie `a l’aide de l’estimation de Stirling que l’int´egrale le long de CNtend vers 0 lorsque N→∞. L’int´egrale le long de C est donc (au signe pr`es) la somme des r´esidus de la fonction Γ(α)Γ(β)Γ(γ) Γ(α+s)Γ(β+s)Γ(−s)

Γ(γ+s) (−z)s en les pˆoles compris entre les deux contours. Ces pˆoles sont les−α−n et les−β−n, pour les entiers naturels n≤N et les r´esidus en ces points sont donn´es par l’exercice suivant.

Exercice 4.1.12 Montrer que le r´esidu de la fonctionΓ(α)Γ(β)Γ(γ) Γ(α+s)Γ(β+s)Γ(−s) cette derni`ere ´egalit´e venant de la formuleΓ(x−n) = (−1)n(−x+1)Γ(x)

n. Proposition 4.1.13 On a la formule de connexion :

F(α,β,γ; z) = Γ(γ)Γ(β−α)

Preuve. -Utiliser l’exercice (et la formule correspondante pourβ) et sommer pour tous les pˆoles.

Corollaire 4.1.14 On consid`ere les basesB0etBrestreintes au demi-plan de Poincar´eH. On a la formule de connexionB0=BP, avec :

Preuve. -Outre les sym´etries d´ej`a ´evoqu´ees dans l’´ecriture des solutions, on a utilis´e les ´egalit´es(−z)α=

e−ıπαzαet(−z)β=e−ıπβzβvalables dansH.

Corollaire 4.1.15 La monodromie est d´ecrite par l’effet des lacetsγ0etγsur la baseB0: M(γ0)B0=B0

La m´ethode de Riemann : la monodromie sans calcul Elle s’applique `a une ´equation de Riemann g´en´erique : P

 facteur non nul pr`es. On jouera sur cette ind´etermination. On les suppose d´efinies sur un ouvert simplement connexe de S, obtenu apr`es avoir pratiqu´e une coupure, par exemple le long de abc et l’on ´ecrit les formules de connexion :

Pα = aβPβ+aβ0Pβ0

= aγPγ+aγ0Pγ0, Pα0 = a0βPβ+a0β0Pβ0

= a0γPγ+a0γ0Pγ0,

les coefficients aβ, . . . ,a0β0 ´etant constants. En termes de bases :

Exercice 4.1.16 D´ecrire le groupe de monodromie exprim´e dans la baseBa`a l’aide des matrices de connexion B et C et des matrices de monodromie locale : Aa= Si l’on applique (l’automorphisme de monodromie associ´e au lacet)λc−1a λ−1b `a la premi`ere relation de connexion, on voit que : On introduit un complexe non pr´ecis´eσ, que l’on fixera plus tard. En calculant :

eσıπ×(la premi`ere relation)−e−σıπ×(la deuxi`eme relation) et en remarquant que eσıπ−e(2τσ)ıπ=2ı sin(σ−τ)π×eτıπ, on obtient :

aβsin(σ+α+β)πe−(α+β)ıπPβ+aβ0sin(σ+α+β0e−(α+β0)ıπPβ0=aγsin(σ−γ)πeγıπPγ+aγ0sin(σ−γ0eγ0ıπPγ0. Les mˆemes calculs men´es `a partir des formules de connexion pour Pα0 donnent :

a0βsin(σ+α0+β)πe−(α0+β)ıπPβ+a0β0sin(σ+α00e−(α00)ıπPβ0=a0γsin(σ−γ)πeγıπPγ+a0γ0sin(σ−γ0eγ0ıπPγ0. Hypoth`ese : nous supposerons dor´enavant que l’on est dans le cas irr´eductible, autrement dit, qu’aucun

des coefficients de connexion aβ, . . . ,a0γ0 n’est nul. La signification de cette hypoth`ese peut ˆetre approch´ee comme suit. Dans le cas contraire, on aurait une mˆeme fonction P vecteur propre de la monodromie pour deux des trois lacets, donc aussi pour le troisi`eme. Elle serait donc de la forme(z−a)α(z−b)βQ avec Q uniforme, d’o`u, `a une conjugaison pr`es (par la fonction(z−a)α(z−b)β), la possibilit´e de factoriser notre

´equation de d´epart (plus pr´ecis´ement, l’op´erateur diff´erentiel correspondant) sur le corps des fonctions m´eromorphes C(z). En premi`ere approche, on peut consid´erer ce cas comme d´eg´en´er´e : la repr´esentation de monodromie est r´eductible, voir [2], [26], [54].

Remarque 4.1.17 Pour des compl´ements sur la signification de cette hypoth`ese, voir l’examen de fin d’ann´ee.

Revenant `a notre calcul, on fait respectivementσ=γetσ=γ0dans les deux derni`eres relations obtenues.

On a deux ´egalit´es reliant deux bases, et, avec l’hypoth`ese d’irr´eductibilit´e : aγ

Exercice 4.1.18 V´erifier que ces ´egalit´es fournissent deux expressions distinctes pour le rapportaaβ0 β/aaβ00

β0 et que ces expressions ont mˆeme valeur grˆace `a la relation de Fuchs.

Nous utilisons maintenant notre libert´e de choix des fonctions Pα, . . . ,Pγ0 `a un facteur d’´echelle pr`es.

Cela permet de prescrire arbitrairement, par exemple, aβ, aβ0, aγ, aγ0et l’une des autres constantes. Voici les choix de Riemann :

Th´eor`eme 4.1.19 La repr´esentation de monodromie dans la baseBaest donn´ee par : λa 7→

Exercice 4.1.20 V´erifier que ces images sont compatibles avec la relationλcλbλa=1 entre les clasees d’homotopie de ces lacets.

Exercice 4.1.21 D´ecrire la repr´esentation de monodromie dans les basesBbetBc.

Exercice 4.1.22 Comparer ces r´esultats avec ceux obtenus pour l’´equation hyperg´eom´etrique.

Exercice 4.1.23 Reprendre l’´etude dans le cas r´eductible, en supposant, par exemple, que Pα=Pβ=Pγ. Indication : on pourra distinguer le cas compl`etement r´eductible, o`u l’on peut prendre Pα0=Pβ0 =Pγ0, du cas r´eductible g´en´erique, o`u la monodromie n’admet qu’une droite stable.