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4.2 La correspondance de Riemann-Hilbert

4.2.3 Equations fuchsiennes

X(z),

les matrices r´esiduelles Ai ´etant constantes. La matrice r´esiduelle `a l’infini est : Am+1=−

m i=1

Ai.

En 1908, Plemelj a r´esolu positivement le probl`eme dans ce cas. Il construit d’abord une solution fuch-sienne partout sauf en∞, o`u elle est singuli`ere r´eguli`ere (voir supra). Puis il montre comment rendre le syst`eme fuchsien partout ; mais cette partie de la preuve est incorrecte, ce qui n’a ´et´e remarqu´e que plu-sieurs d´ecennies plus tard. Voici les cas o`u une solution positive a ´et´e (correctement) trouv´ee.

1. L’une des matrices de monodromie Miest semi-simple : dans ce cas, les preuves de Plemelj et de Birkhoff marchent.

2. Si toutes les matrices Misont “suffisamment proches de In”, Lappo-Daniliewski a construit une solu-tion explicite en 1928.

3. Si n=2 et m quelconque, Dekkers a obtenu la solution en 1979.

4. Si la repr´esentation est irr´eductible, Kostov (1991) et Bolibruch (1992) ont obtenu une solution posi-tive.

Bolibruch a obtenu, entre 1989 et 1992, des contre-exemples avec 3 singularit´es en dimension 4, et aussi avec 4 singularit´es en dimension 3, et analys´e pr´ecis´ement les conditions de r´esolubilit´e du probl`eme ; voir [26] et surtout [2] (ainsi que [5] pour un survey).

4.2.3 Equations fuchsiennes

Il est connu depuis avant Hilbert, que, pour (m,n)6= (2,2), la solution n’est pas possible avec des

´equations fuchsiennes : cela r´esulte d’un “comptage des constantes”, autrement dit, d’un argument de di-mensions. Sans vouloir en donner une d´emonstration compl`ete, on va tout de mˆeme essayer de pr´eciser les raisons math´ematiques de cette impossibilit´e. Comme aucun argument de dimension ne peut empˆecher une application quelconque d’ˆetre surjective, il faut bien ´etablir que l’application “repr´esentation de mo-nodromie associ´ee” ou l’application “classe de conjugaison de la repr´esentation de momo-nodromie associ´ee”

poss`ede quelque propri´et´e sp´eciale. La continuit´e ne suffirait pas, comme le montrent les exemples de courbes qui remplissant un carr´e (Hilbert, Peano, Von Koch ...) et la lin´earit´e serait sans doute trop deman-der. On va montrer qu’elle est analytique. On introduit d’abord l’ensembleEndes ´equations fuchsiennes `a pˆoles dansΣ.

Exercice 4.2.8 Montrer qu’une telle ´equation est de la forme f(n)+a1f(n−1)+· · ·+anf , o`u chaque aiest de la forme Pi/[(z−z1)· · ·(z−zm)]i, Pi ´etant un polynˆome de degr´e≤(m−1)i. En d´eduire queEnest un espace affine de dimension mn(n+1)/2−n(n−1)/2.

Il d´ecoule alors de l’exercice 4.2.2 que l’application “repr´esentation de monodromie associ´ee” est analy-tique deEndansRn. Comme la dimension deRnest bien sup´erieure `a celle deEn, l’application n’a aucune chance d’ˆetre surjective. Cependant, ce qui nous int´eresse est la possibilit´e de r´ealiser une repr´esentation

`a conjugaison pr`es. Il faudrait donc munirCnd’une structure de vari´et´e analytique telle que la surjection canonique deRnsurCnsoit analytique et permette de calculer la dimension de ce quotient. En fait, l’action de conjugaison de GLn(C)surRnn’est pas assez “bonne” pour cela, en tout cas, pas partout. On va donc se restreindre `a une classe de repr´esentations qui se comporte bien.

NotonsRn0le sous-espace deRnform´e des repr´esentations irr´eductibles (aucun sous-espace autre que 0 et l’espace total n’est stable). On peut montrer que c’est un ouvert dense deRn, donc une vari´et´e analytique ; voir par exemple [20], §9.

Exercice 4.2.9 Le d´emontrer lorsque n=2.

On peut montrer ´egalement que l’imageCn0 deRn0 dansCnpeut ˆetre munie d’une unique structure de vari´et´e analytique de dimension n2m−(n2−1)telle que la projectionRn0→Cn0 est une fibration (loc. cit., th. 27).

Exercice 4.2.10 Montrer que le noyau de l’action par conjugaison de GLn(C)surRnest C: c’est donc PGLn(C)qui op`ere. Montrer que l’action de ce dernier surRn0est sans point fixe et en d´eduire la dimension des fibres de la fibrationRn0Cn0.

Indication : cela d´ecoule du lemme de Schur sur les morphismes de repr´esentations irr´eductibles.

SoitEn0l’image r´eciproque deRn0par l’application deEndansRn. On peut montrer qu’elle est constitu´ee des ´equations fuchsiennes dont l’op´erateur associ´e est factorisable, et que c’est un ouvert dense deEn. Exercice 4.2.11 Le d´emontrer lorsque n=2.

L’application deEn0 dansCn0ne peut ˆetre surjective que si celle deEndansCnl’est. Cela n’est possible que si n2m−(n2−1)≤mn(n+1)/2−n(n−1)/2, ce qui entraine m≤(n+2)/n, donc m=n=2.

Exercice 4.2.12 D´eduire de l’´etude faite en 4.1 que, pour m=n=2, on a bien la surjectivit´e.

Indication : la section 4.1 est loin d’ˆetre suffisante `a elle seule, car elle ne permet de traiter que le cas g´en´erique d’une repr´esentation irr´eductible avec des g´en´erateurs semi-simples.

Remarque 4.2.13 Un contournement classique de l’obstruction ci-dessus (dimension de l’espace de d´epart insuffisante) est l’introduction de singularit´es apparentes : on autorise des ´equations fuchsiennes ayant des pˆoles suppl´ementaires, mais en lesquels la monodromie des solutions est triviale. Bolibruch a d´emontr´e que, si l’on ajoute exactement le nombre de singularit´es apparentes n´ecessaire pour que la dimension de l’espace de d´epart soit suffisante, alors la r´eponse est positive ; voir [2].

Deuxi`eme partie

Equations aux q-diff´erences

Chapitre 5

Introduction et boite `a outils

Dans toute cette partie du cours, q d´esigne un complexe non nul de module diff´erent de 1 : cette condition est essentielle si l’on veut faire de l’analyse. Cependant, deux conventions sont r´epandues : 0<|q|<1 et

|q|>1. Elles jouent un rˆole parfaitement sym´etrique, mais donnent lieu `a des formules diff´erentes.

Exercice 5.0.14 Trouver dans [13] des incoh´erences dues au m´elange de ces deux conventions.

Dans la section 5.1, nous supposerons que 0<|q|<1, pour pouvoir ´etudier les s´eries hyperg´eom´etriques basiques avec les formules r´epandues dans la litt´erature [16], etc ... Puis, pour la th´eorie g´en´erale, on prendra

|q|>1, comme dans [47] qui est le support des chapitres qui vont suivre.

5.1 Equation hyperg´eom´etrique basique

Dans cette seule section, on a 0<|q|<1 ; on peut donc ´ecrire q=e2ıπτavecτ∈H. Chaque fois que l’on lira x=qξ, resp. q1, il faudra donc comprendre x=e2ıπτξ, resp.τ→0, τ∈H.