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Formes quadratiques binaires ` a coefficients entiers

5.3 Formes quadratiques et nombre de classes

5.3.1 Formes quadratiques binaires ` a coefficients entiers

ϕ(x, y) =ax2+bxy+cy2, (a, b, c)∈Z.

Le forme ϕ sera not´ee (a, b, c). Le discriminant de la forme (a, b, c) est D = b2 −4ac; elle est d´efinie positive si D<0 et a >0. Dans ce cas on aussic >0 et ϕ(x, y)>0 si (x, y)6= (0,0).

On dira que l’entier n est repr´esentable par la forme (a, b, c) s’il existe (x, y) ∈ Z tels que n=ax2+bxy+c.

Soit f :Z2 7−→Z2 une application. Elle est dite unimodulaire si son d´eterminant vaut 1. En notantf(x, y) = (px+qy, rx+sy), cela se traduit parps−qr = 1. En particulierf est inversible.

Les exemples les plus simples de transformations unimodulaires sont

f1(x, y) = (y,−x) ; f2(x, y) = (x+y, y) et f3(x, y) = (x−y, y).

Si, dans ϕ(x, y) =ax2+bxy+cy2, on remplacex par px0+qy0 et y par rx0+sy0, on obtient une nouvelle forme quadratique ϕ0(x0, y0) =a0x02+b0x0y0+c0y02 avec

   a0 =ap2+bpr+cr2 =ϕ(p, r) b0 = 2apq+b(ps+qr) + 2crs c0 =aq2+bqs+cs2 =ϕ(q, s). (5.1)

5.11 D´efinition. — Deux formes quadratiques ϕ et ϕ0 sont dites ´equivalentes s’il existe une transformation unimodulairef telle que ϕ◦f =ϕ0. On notera ϕ∼ϕ0.

Par exemple en utilisant f1, f2 etf3, on a les transformations suivantes. (T1) (a, b, c)∼(c,−b, a) ;

(T2) (a, b, c)∼(a, b+ 2a, a+b+c) ; (T3) (a, b, c)∼(a, b−2a, a−b+c).

5.12 Proposition. — La relation∼est une relation d’´equivalence qui conserve le discriminant.

Preuve. — Posons M = a b/2 b/2 c et X = x y . On a ϕ(X) = XtM X ou Xt d´esigne la transpos´ee de X. Soit U une matrice unimodulaire et Y = U X le changement de variables correspondant. Alors ϕ0(Y) = YtM0X avec M0 = UtM U. Ainsi ϕ et ϕ0 sont ´equivalentes si et seulement si leurs matrices sont li´ees par la relation M0 = UtM U o`u U est unimodulaire. La relation est

(i) r´eflexive car M = Idt2MId2;

(ii) sym´etrique car M0 =UtM U ⇐⇒M = (U1)tM0U1 etU1 est unimodulaire ;

(iii) transitive car M0 = UtM U et M00 = VtM V implique M00 = (U V)tM(U V) et U V est unimodulaire car det(U V) = det(U) det(V) = 1.

Enfin si M0 =UtM U, on a det(M0) = det(M), donc D = D’ car D = −4 det(M) par un calcul imm´ediat.

5.13 Remarque. — Soit ϕ une forme d´efinie positive ; en rangeant les valeurs v0 = 0 < v1 6

v2 6 v3 6 . . . de le forme ϕ dans l’ordre croissant (chaque valeur figurant autant de fois qu’elle est atteinte), nous voyons que deux formes d´efinies positives ´equivalentes ont la mˆeme suite vn. En particulier, elles repr´esentent les mˆemes entiers.

5.14 Th´eor`eme. — Toute forme quadratique d´efinie positive est ´equivalente `a une forme(a, b, c) v´erifiant

−a < b 6a < c ou 06b6a =c. (5.2)

Preuve. — La transformation (T1) ´echangeaetcen laissant|b|inchang´e, et les transformations (T2) et (T3) diminuent |b| en laissant a inchang´e. En appliquant alternativement ces transfor-mations, on voit que toute forme d´efinie positive est ´equivalente `a une forme (a0, b0, c0) avec

−a0 6b0 6a0 6c0. Si b0 =−a0, la transformation (T2) montre que (a0, b0, c0)∼(a1, b1, c1), avec

−a1 < b1 6a1 6c1, car alors c1 =c0. Si a1 =c1, la transformation (T1) permet de remplacer b1 par −b1.

5.15 Exemple. — R´eduisons la forme (10,34,29) ; on a

(10,34,29)T3 (10,14,5)T3 (10,−6,1)T1 (1,6,10)T3(1,4,5)T3 (1,2,2)T3(1,0,1) o`u on a indiqu´e les transformations `a appliquer.

5.16 Th´eor`eme. — Deux formes quadratiques d´efinies positives r´eduites sont non ´equivalentes.

Preuve. — Soit ϕ = (a, b, c) une forme quadratique d´efinie positive r´eduite, donc |b| 6 a 6 c. Si|x|>|y|>1, on a

ϕ(x, y)>|x|(a|x| − |by|) +cy2 >|x|(a− |b|) +cy2 >a−b+c.

Par sym´etrie, cette in´egalit´e est vraie si (x, y)6= (0,0). Donc les premi`eres valeurs de ϕsont v0 = 0, v1 =a, v2 =a, v3 =c, v4 =c et v5 =a− |b|+c

atteintes respectivement pour (x, y) = (0,0),(1,0),(−1,0),(0,1),(0,−1) et (1,1).

Siϕ0 = (a0, b0, c0), r´eduite, est ´equivalente `aϕ, elle a mˆeme suite de valeurs, donca0 =a,c0 =c eta0 − |b0|+c=a− |b|+c d’o`u |b0| =|b|. Il reste `a montrer b0 =b. Distinguons plusieurs cas et utilisons (5.2).

(i) Si b=a, on a b>0, donc |b0|=a et puisqueϕ0 est r´eduite,

−a0 =−a < b0 6a0 =a =⇒b0 =a=b. (ii) Si a=c, alors a0 =c0 donc b>0 et b0 >0, d’o`ub =b0.

(iii) En vertu de (5.2), il reste le cas −a < b < a < c. Notons x=px0 +qy0 et y =rx0 +sy0 avecps−qr = 1 la transformation unimodulaire qui tranformeϕetϕ0. Le premi`ere ´equation de (5.1) s’´ecrit

a0 =a=ϕ(p, r) = v1 =v2 < v3.

Donc p = ±1, r = 0 ; par suite ps = 1. La deuxi`eme relation de (5.1) entraˆıne b0

bmod (2a). Mais −a < b < a et −a < b0 6a, donc −2a < b−b0 60 et b=b0.

5.17 Th´eor`eme. — Il n’existe qu’un nombre fini de classes d’´equivalences de formes quadra-tiques de discriminants D < 0 donn´e. Ce nombre, not´e hD est ´egal au nombre de solution (a, b, c)∈N×Z×N du syst`eme d’´equation

   b2−4ac=D a 6p−D/3 −a < b 6a < c ou 06b6a =c.

Preuve. — Toute forme ´etant ´equivalente `a une forme r´eduite et les formes r´eduites ´etant non ´equivalentes entre elles, le nombre de classe d’´equivalence de forme de discriminant D est donc le nombre de formes r´eduitesϕ= (a, b, c) de discriminant D.

On a alors b2−4ac= D. Par les formules (5.2),

|b|6a et|b|6c=⇒b2 6ac,

d’o`u −3ac>D puis ac6−D/3. Mais 06a 6c, donc a 6p−D/3 et a ne peut prendre qu’un nombre fini de valeurs ; il en est de mˆeme deb puisque |b|6a, et de cpuisque b2−4ac= D.

Donnons trois exemples.

5.18 Exemple. — Prenons D =−20. Alors a6p20/3 montre que a = 1 oua= 2.

(i) Supposons a = 1. Alors −1 < b 6 1 ou 0 6 b 6 1, donc b = 0 ou b = 1. Si b = 0, on a

−20 = b2−4ac=−4c, donc c= 5. Le cas b= 1 est impossible car 4 ne divise pas 21. (ii) Supposons a = 2. On obtient b = 0,±1 ou 2. Alors c v´erifie respectivement −8c =−20,

1−8c=−20 ou 4−8c=−20 ; seule la derni`ere ´equation convient ; ainsi c= 3, b= 2. Il n’existe donc que deux formes r´eduites de discriminant −20, eth−20 = 2.

5.19 Exemple. — Prenons D =−163. Alorsa 6p163/3 montre que a= 1,2,3,4,5,6 ou 7 et les valeurs possibles deb sont 0,±1,±2,±3,±5,±6 et 7 avec b2−4ac=−163 et |b|6a.

(i) Pour tout a, le cas b= 0 ne peut se produire puisque 163 est impair.

(ii) Le casb =±1 m`ene `a 4ac= 164 = 4×41 ; il ne peut se produire que si a= 1 et dans ce cas b= 1 et c= 41 ;

(iii) le casb =±2 m`ene `a 4ac= 167 qui est premier ;

(iv) le casb =±3 m`ene `a 4ac= 172 = 4×43, incompatible avec a>3 ; (v) le casb =±4 m`ene `a 4ac= 173 qui premier ;

(vi) le casb =±5 m`ene `a 4ac= 188 = 4×47, incompatible avec a>5 ; (vii) le casb =±6 m`ene `a 4ac= 199 qui est premier ;

(viii) le casb±7 m`ene `a 4ac= 212 = 4×53, incompatible avec a>7.

Par cons´equent il n’existe qu’une seule forme quadratique r´eduite de discriminant −163, c’est (1,1,41).

La valeur −163 est remarquable, on verra d’ailleurs plus loin que c’est la plus petite valeur possible de D telle que hD = 1. Prenons maintenant une valeur de D qui, `a l’inverse, fournit beaucoup de formes quadratiques r´eduites.

5.20 Exemple. — Prenons D = −47. Alors a 6 p47/3 montre que a = 1,2,3 ou 4 et les valeurs possibles deb sont 0,±1,±2,±3 et 4 avec b2−4ac=−47 et |b|6a.

(i) Pour tout a, le cas b= 0 ne peut se produire puisque 47 est impair.

(ii) Le casb =±1 m`ene `a ac= 12. Sia = 1, alors c= 12, puis b= 1. Si a= 2, on a c= 6 et b =±1. Si a = 3, on a c= 4 et b =±1. Pour les autres valeurs de a qui divisent 12, on a a > c, impossible.

(iii) le casb =±2 m`ene `a 4ac= 51 qui est premier ;

(iv) le casb =±3 m`ene `a 4ac= 56 = 4×14, incompatible avec 36a 64 ; (v) le casb =±4 m`ene `a 4ac= 63 qui est impair.

Il existe donc cinq formes quadratiques r´eduites de discriminant−47, ce sont (1,1,12), (2,±1,6) et (3,±1,4).

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